Le quatrième congrès |
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Le forum européen (2 octobre 1999) |
Avec le désistement de dernière minute, pour des raisons indépendantes de leur volonté, de deux importants invités de ce forum, Jean-Yves COZAN et Etienne ANDRIONE, on aurait pu craindre que la substance des débats en soit appauvrie. Il n'en a heureusement rien été : les développements sur l'avenir de l'Europe des Peuples et du fédéralisme, vus de différents points de vue géographiques et historiques ont tenu en haleine les 150 personnes qui avaient trouvé place dans l'auditorium Ralph LEWIS pour participer au colloque. Devant tant de matière, et tant d'intérêt, la pause-repas fut même écourtée, réduite à un peu plus d'une heure seulement et le forum s'acheva un peu après 18 heures, au détriment de la visite à pied des vieux quartiers d'Annecy, moment touristique auquel nos hôtes durent renoncer pour se rendre directement au restaurant "Super-Panorama", qui mérite bien son nom. A la faveur du jour finissant, ils purent admirer la somptueuse vue plongeante sur le Lac et son arrière-plan de montagnes éclairées par les rayons du soleil, avant de partager un repas amical permettant de créer ou de renforcer des liens d'amitié entre les délégations.
Tout au long de la journée, le "modérateur" des débats, Pascal GARNIER, s'est peu à peu imposé comme un véritable professionnel, connaissant bien ses dossiers et capable de resituer les interventions et les questions dans leur contexte, apportant des précisions fort utiles.
Le programme et les délégations invitées 09h00 - La Bretagne bouge : vers quel statut
? 10h30 - Entre France et Europe : le cas de
l'Alsace-Lorraine 11h30 - les Pieds-Noirs : un peuple d'Europe
? 14h00 - l'Italie, entre centralisme et
fédéralisme : quel avenir pour le Val d'Aoste et le Piémont ? 15h30 - le PDPE-ALE : nouveaux moyens
d'action au parlement européen ? 16h00 - La Suisse : un fédéralisme en crise
ou un modèle pour l'Europe ? 16h45 - intervention de Patrice ABEILLE, Secrétaire Général de la Ligue savoisienne. Plusieurs autres invités sont également intervenus
durant l'après-midi : |
Sans qu'il soit possible ici de resituer l'ensemble des communications, seront développés en sept points les enseignements que le mouvement savoisien devra tirer de tous les témoignages qui ont été apportés.
![]() | les Pieds-Noirs et les peuples sans territoire |
Quelques mots d'abord sur les "invités-surprise", MM. COURBIS et SCHEMBRÉ, domiciliés respectivement à Cannes et Montpellier et fondateurs d'un tout nouveau parti, le parti Pied-Noir. Dans son exposé, M. COURBIS retraça brillamment les origines de la communauté Pied-Noir, formée d'apports espagnols, italies, juifs, maltais, alsaciens, allemands, suisses et français (et même savoisiens). Cette communauté, contrainte à l'exil en 1960-1962, après avoir affronté pendant trente ans les difficultés de son insertion dans la société française qui lui était inconnue, désire aujourd'hui se considérer comme un peuple, avec son histoire et sa culture particulières, et même son dialecte, le pataouète. Le parti Pied-Noir entend oeuvrer pour la reconnaissance, au sein de l'Europe des Peuples, des Pieds-Noirs, comme l'un des peuples européens sans territoire. Il se dit sensible aux difficultés identitaires d'autres peuples déracinés, tels les harkis et les immigrés, ou les tsiganes.
Le parti Pied-Noir devra lutter contre la folklorisation réductrice de ce peuple, symbolisée peut-être par Enrico Macias ou Roger Hanin, afin d'acquérir un statut de peuple européen à part entière.
Cet exposé nous donnait à réfléchir sur la manière dont seront traités, dans la Savoie souveraine, les populations allogènes. Car il ne faudrait pas singer les français et enseigner sans nuance une culture nationaliste où "nos ancêtres les allobroges" remplacerait "nos ancêtres les gaulois"...
![]() | le redécoupage régional |
Le forum européen, pour sa partie hexagonale, a démontré l'inconsistance des arguments qui sont opposés à la création d'un Région Savoie.
Ici, on nous dit que la Région Savoie serait trop petite par rapport à la "taille européenne".
Là, lorsque les alsaciens voudraient le rattachement du département de la Moselle, germanophone, on les maintien dans leur région à deux départements.
Les bretons n'obtiennent pas le rattachement de Nantes et de la Loire-Atlantique à la région Bretagne. Il faut rappelé que Nantes fut séparée de la Bretagne par un décret de Vichy, toujours en vigueur.
La Normandie, cinq départements, est divisée entre Haute et Basse-Normandie, deux départements d'un côté et trois de l'autre.
Le sud de l'Ardèche, naturellement et culturellement tourné vers le Languedoc et le sud de la Drôme, tournée vers la Provence, ne parviennent pas à quitter Rhône-Alpes.
Et ainsi de suite, ce qui démontre la totale mauvaise foi de ceux qui, au service de Paris ou de leurs petites carrières, contrecarrent l'aspiration des peuples de l'hexagone à trouver des institutions à leur mesure.
![]() | la situation en Italie |
Un débat particulièrement animé à eu lieu. Le député BARRAL, le conseiller régional ROSSO et le conseiller municipal MOLINO, épaulés par Giorgo FILOGRANA, ami piémontais de la Ligue savoisienne, nous ont expliqué la création, par d'anciens membres de la Ligue du Nord, du Mouvement Fédéraliste Piémontais "Piémont", qui a des homologues dans d'autres régions d'Italie du Nord et cherche des soutiens également au centre et au sud de la péninsule. Une sorte de retour aux origines de la Ligue du Nord, avec l'abandon du projet de Padanie, la proposition de fédéraliser la République italienne et la rupture avec une politique extérieure aventureuse qui vit Umberto BOSSI tenter de s'allier avec JIRINOVSKI, MILOSEVIC ou LE PEN.
Le valdôtain Joseph HENRIET, qui vient d'obtenir de rebaptiser la branche valdôtaine de la Ligue du Nord en "Ligue valdôtaine pour l'indépendance de l'Arpitanie" (un territoire s'étendant sur les Alpes nord-occidentales) prit la défense de l'intégrité politique d'Umberto BOSSI. De leur côté, les indépendantistes valdôtains restent fidèles à leur option de l'indépendance du Val d'Aoste, en relaiton étroite avec la souveraineté de la Savoie.
La situation politique en Italie est donc à la fois confuse et mobile. La Ligue savoisienne, qui a cessé de travailler avec la Ligue du Nord, dont la politique devenait incompréhensible, devra attendre un peu, avec l'espoir d'y voir plus clair.
![]() | la France, intermédiaire inutile et coûteux entre les Régions et l'Europe |
La formule est de Thierry JIGOUREL, qui se définit, en tant que breton, comme "indépendantiste par rapport à la France et autonomiste par rapport à l'Europe".
Une formule que nous pourrions reprendre à notre compte pour la Savoie, à ceci près que seule une négociation sparée avec Bruxelles pourrait convaincre le peuple souverain de Savoie d'adhérer à l'Union Européenne, surtout si celle-ci parvenait à se réformer en devenant une structure fédérale dans laquelle chaque peuple trouverait son compte.
Dans l'avenir, nos revendications savoisiennes trouveront de plus en plus d'expression au sein du PDPE-ALE, parti européen dont la Ligue est membre observateur. L'exposé de son Secrétaire général, José-Luis LINAZASORO fut suivi avec une attention toute particulière. Il précisa très nettement que le droit d'autodétermination des peuples figure explicitement dans l'accord qui vient de fonder la création du groupe parlemenaire européen commun Verts-ALE.
Une autre organisation était représentée au forum : l'UFCE, Union Fédéraliste des Communautés Européennes, qui regroupe de nombreux mouvements des peuples de l'Atlantique à la Mer Caspienne. M. SOBIELA-CAANITZ nous a transmis les chaleureuses salutations du Président de l'UFCE, M. Romedi ARQUINDT, qui se trouve être, comme lui, un Suisse du canton des Grisons.
![]() | l'avenir institutionnel de la Savoie doit faire l'objet d'un large débat |
A l'évidence, la Savoie ne peut se satisfaire, alors que l'Europe des régions progressen de son statut actuel de division en deux départements dont le pouvoir central exacerbe les rivalités. La région Rhône-Alpes n'est pas qualifiée pour représenter, à Bruxelles, le peuple savoisien.
En Bretagne, le débat sur l'avenir institutionnel traverse la plupart des courants de pensée. Des élus de gauche et de droite se prononcent pour un statut particulier, un statut de territoire autonome dont l'UDB vient de rédiger un projet qui rappelle étroitement, à certaines différences près, notre Projet de Constitution.
En Savoie, il doit être possible de débattre sur ce sujet et de confronter les différentes options : souveraineté, autonomie, région Savoie,... Il faut absolument prolonger l'unique débat qui a eu lieu à Annemasse grâce à Robert BORREL, le 6 avril 1999. Peut-être une association des élus savoisiens ou une structure plus neutre de réflexion politique pourraient-elles être les agents d'un débat nécessaire et non politicien.
Extraits du
message de soutien de M. Jean-Yves COZAN, Chers amis, Des difficultés de dernière heure en Bretagne m'empêchent de participer à vos travaux. Je m'en faisais une joie, me félicitais de la pertinence de ce forum et de l'intérêt de votre action politique qui illustre le seul chemin réaliste de nos régions : plus d'autonomie et de souveraineté afin d'être "nous-mêmes" dans un cadre français jacobin, dépassé et recroquevillé sur lui-même. La rencontre ne peut que conforter la recherche de chacun et je suis frustré de ne pouvoir aujourd'uui que vous exprimer mon point de vue par ce court message (...). (suit ensuite un exposé argumenté sur les insuffisances de la décentralisation à la française, sur l'imposture que constituent les contrats de plan Etat-Région et sur les défis auxquels est confrontée la Bretagne). Il faut constater que partout dans le monde les pays qui gagnent et réussissent sur le plan économique sont les communauté qui ont une raison de faire aboutir leur projet. Ces raisons sont essentiellement le sentiment d'appartenance à une expression culturelle spécifique qui donne envie de faire réussir le pays. La force de l'identité culturelle est au départ du ressort du développement économique et non pas la fin, comme la cerise sur le gateau. Elle assure de surcroît la cohésion sociale de la "communauté" pour réussir. Chaque région a son chemin, mais la mise en commun des expériences et la volonté de réussir ensemble sur le plan local, en dehors des manifestations jacobines, renforcera la recherche d'une structure spécifique adaptée à sa propre région. Cette affirmation de l'identité culturelle permettra d'être "soi-même" face aux manipulations jacobines. L'action de la Ligue savoisienne est importante pour l'avenir de votre peuple. Elle l'est aussi pour l'avenir de la Bretagne qui sait que le combat de ceux qui se battent ici pour l'autonomie rejint en Europe les démarches identiques qui sont celles du réalisme de l'enracinement et, à travers cette affirmation, de l'universel. |
![]() | Fédéralisme et mondialisation |
Les peuples souffrent simultanément de deux oppressions : celle, politique, des Etats centralistes et celle, économique, des multinationales qui conçoivent la mondialisation des échanges à leur seul profit, comme une uniformisation totalitaire des modes de consommation, de pensée et de vie.
Joseph HENRIET utilisait la formule saisissante de l'insectification de la planète, qui tend à se transformer en une vaste ruche (ou fourmilière) dans laquelle l'activité de chaque être humain est mise au service d'un vaste plan global qui les aliène.
Contre une uniformisation effrayante, l'organisation de type fédéraliste est-elle une protection plus efficace que celle des Etats-Nations ? Certes, on observe que les Etats-Nations (France, Italie, Espagne,...) ne nous protègent plus contre l'"horreur économique". Mais sommes-nous capables, par exemple avec une Savoie souveraine, de mettre en échec les puissantes logiques qui ont pour but ou pour effet de détruire l'identité de notre peuple ? Vaste question, qu'il nous faudra affronter, avec lucidité et courage.
![]() | Une réussite du fédéralisme : la Suisse |
Le forum européen s'est achevé sur une note d'optimisme, après tant de récriminaitons de peuples maintenus dans un état de dépendance et d'infériorité politique, culturelle et économique. Il revenait à Eric CABOUSSAT, pour le Canton de Vaud et Guiu SOBIELA-CAANITZ, pour le canton des Grisons, de décrire sommairement le fonctionnement des institutions helvétiques.
Ils le firent très bien, à partir d'exemples très concrets, tirés de leurs expériences respectives, aux deux extrémités occidentale et orientale de la Confédération. Il se dégageait de leurs deux exposés une impression de sérénité modeste, de bonheur social raisonnable, qui démontrait que le fédéralisme n'a rien d'une de ces utopies dont les deux derniers siècles ont été riches et qui, une fois mises en pratiques, se sont révélées catastrophiques. Le fédéralisme, allié à la démocratie directe, est cette philosophie qui permet de parler des pouvoirs publics en disant "nous" plutôt qu'"ils" : "nous sommes en train de rénover le centre-ville", plutôt que "ils ont décidé de creuser un nouveau parking".
Le pragmastisme savoisien peut encore puiser de l'inspiration dans l'observation de nos voisins helvétiques, au lieu de tomber dans le dénigrement dicté par la jalousie des "élites" parisiennes.
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L'activité des provinces (3 octobre 1999) |
Tout le Congrès, ainsi que le Forum de la veille, s'est déroulé sous le symbole du magnifique étendard de Savoie, "Savoie, coeur d'Europe", c'est à dire le drapeau bleu avec les étoiles du Conseil de l'Europe, frappé en son centre de l'oriflamme de Savoie. Encore une belle découverte destinée à entrer dans l'histoire, estampillée et brevetée par Jean-Paul CAVALIÉ !
Programmé de 9h00 à 10h30, avant la conférence de presse publique, le rapport de six chanceliers était une nouveauté du quatrième Congrés. Cette partie studieuse a permis avant tout de se rendre compte combien l'activité de la Ligue avait été soutenue partout en Savoie tout au long de l'année et combien les équipes de militants étaient en train de s'étoffer.
Le Faucigny, sous la direction
de Jo DUPRAZ, avec tous ses délégués, conserve encore une bonne longueur d'avance, avec
toujours des repas dansants très réussi (on annonce le prochain pour le samedi 4
décembre à Marnaz, puis le réveillon de l'an 2000 à Collonges sous Salève, avant
l'organisation d'une nouvelle fête nationale à Cluses le 19 février). Mais ce n'est
qu'une petite partie des activités faucignerandes. Il y a eu le record du monde du plus
grand drapeau (avec aussi sans doute le record de participation du public à une activité
de la Ligue depuis sa création, ce qu'il faut souligner), la présence sur les foires et
les marchés, l'opération sur la distillation de gnôle à Passy (grâce à l'habileté
de Jean-Luc DACHAUX). Mais aussi la commémoration de la bataille de Méribel. Comme dans
les autres provinces, se préparent maintenant activement les élections cantonales et
municipales de 2001. Des cartons en prespective...
Le Comité Provincial du Faucigny représente le Faucigny au Conseil des Provinces.
Ensuite, René
ARPIN, pour la Savoie Ducale, faisait état des progrès considérables
accomplis par cette province au cours de l'année écoulée, grâce au travail des
militants de plus en plus aguerris au combat politique, que ce soit à Albertville, ux
aciéries d'Ugine, à Aix-les-Bains ou même dans le petit Bugey où la Ligue a été bien
représentée à l'élection cantonale partielle de Saint-Genix-sur-Guiers en juillet, par
un de ces nouveaux responsables qui monent à la Ligue, Yvan CARLASSARE. Ici aussi les
actions ont pris de l'ampleur, comme la manifestation du 11 novembre 1998 ou le blocage du
Tunnel du Chat, mais, du fait de la lâcheté d'une certaine classe politique locale,
d'autres seront nécessaires dans un avenir proche, par exemple sur la restructuration du
système hospitalier en cours ou l'insécurité à la ZUP de Chambéry. La verve du
chancelier s'exprime aussi dans son bulletin humoristique, "le cheptel des
montagnes", où l'on peut apprécier toute sa causticité : vraiment un exemple à
suivre. René ARPIN constitue l'archétype même de la nouvelle génération de cadres de
la Ligue en train de s'imposer comme de vrais leaders politiques. Allant directement à
l'essentiel, sans fioritures inutiles, il en vient à revendiquer l'étiquette de
populiste. Populiste est un bien beau terme puisqu'il contient le mot 'peuple'.
Malheuresement, en ce moment, des esprits bien mal intentionnés essaient d'y voir des
concepts qui échappent totalement à la Ligue...
Le Comité Provincial de la Savoie Ducale représente la Savoie Ducale au Conseil des Provinces.
En Tarentaise, s'est produit un
passage de témoin, puisque Guy MARTIN remplace Joseph DUCHOSAL au poste de chancelier.
Encore un homme qui devrait réaliser de grandes choses en politique (cf. son discours
ci-après). Après le test électoral de l'élection cantonale partielle de
Bourg-Saint-Maurice où le président de l'association Pierre II de Tarentaise montera au
créneau, il y aura une soirée dansante à Moûtiers. La structuration avec une union
locale par canton se poursuit et les liens naturels avec le Val d'Aoste sont très
étroits.
Intervention de Guy MARTIN Mesdames, Messieurs, A l'occasion de ce quatrième Congrès, la Province de Tarentaise adresse un hommage tout particulier à notre ami Joseph DUCHOSAL. Le travail qu'il effectua et les responsabilités qu'il prit au sein de la Ligue, notamment comme chancelier de Tarentaise, depuis plus de trois ans, sont dignes d'éloges. Il sera difficile de remplacer un homme dont la disponibilité souriante attire la sympathie de tous les adhérents. Joseph, nous te souhaitons bonne chance dans tes nouvelles fonctions au Conseil Consultatif. Mais n'oublie pas que la province de Tarentaise a toujours besoin de ton expérience et de tes conseils avisés. Notre province compte 407 adhérents, dont 202 sont à jour de cotisation... Grâce aux associations Pierre II de Tarentaise pour la Province et Saint-Maurice de Tarentaise pour l'Union Locale de Bourg-Saint-Maurice, notre action fut soutenue et nos activités nombreuses, tout au long de l'année. Ainsi, tous les maires reçoivent l'Echo de Savoie. Dernièrement, nous nous sommes inscrits dans les comités de soutien aux hôpitaux de la Vallée et nous avons apporté notre aide aux habitants de Val d'Isère face à la boulimie et au chantage de l'Etat et du Parc National de la Vanoise. Actuellement, notre participation derrière Pierre MONT-JOVET à l'élection cantonale de Bourg-Saint-Maurice, qui désignera le successeur de Michel BARNIER, est une priorité. Notre souhait pour l'année qui vient est d'avoir une Union Locale par canton. Pour cela, et pour l'énorme travail qu'il nous reste à faire pour obtenir l'indépendance, je demande à tous nos adhérents de se mobiliser (...). Nous avons besoin de tous le monde ! Les gens de Tarentaise-Vanoise se sentent un peu exclus. Exclus de Savoie, exclus de l'Europe, exclus du monde. En effet, sept mois sur douze, la moyenne et haute vallée est enclavée, isolée. Notre seul échappatoire est ce long goulot qui se termine sous Conflans, ar le bouchon d'Albertville. Notre vallée a besoin d'air. Nous pourrons respirer quand nous aurons trouvé un débouché sur le haut à travers le Petit Saint-Bernard. Toute la vallée reprendra vie. Le commerce prendra un nouvel essor, les statons de ski augmenteront leur fréquentation en clientèle haut-de-gamme, les stations thermales seront relancées. C'est pour cela que nous sommes demandeurs d'un tunnel ferroviaire. Par contre, nous ne voulons pas transformer notre vallée en gaine de liaisons internationales. La majorité de nos problèmes a une solution commune avec le Val d'Aoste. La Tarentaise-Vanoise a plus d'intérêts avec lui qu'avec la France. Mais surtout, c'est un besoin de communiquer, de renouer des contacts plus régulièrement, comme avant le tunnel du Mont-Blanc. De retrouver enfin cette culture, ces traditions qu'ils sont su conserver mieux que nous et qui ressemblent tellement aux nôtres ! C'est pourquoi notre province a l'intention de nouer des liens de plus en plus étroits avec les gens du Val d'Aoste. Pour un mouvement jeune comme le nôtre, il est important de savoir choisir ses alliés. Le forum européen démontre que beaucoup de peuples ont les mêmes préoccupations que nous. La Savoie a la chance d'avoir à sa porte le Val d'Aoste. L'histoire, la géographie, l'économie, la culture et la langue sont partagées entre nous, puisque nous sommes issus d'un même peuple. C'est donc avec eux qu'il est urgent et primordial de collaborer. Tous les valdôtains sont nos alliés. Les indépendantistes valdôtains sont plus que nos alliés, ils sont nos amis. Ils sont adopté le pas du montagnard, lent et endurant, ils savent où ils vont. Il n'y a pas un virgule à changer entre leur discours envers Rome et celui que nous tenons envers Paris. Leur désir d'indépendance est le même que le nôtre. Leur aide et l'intérêt qu'ils nous portent peuvent nous être utiles. Qui était présent à la naissance de la Ligue ? Qui a toujours soutenu nos manifestations, au Mont-Blanc ou ailleurs ? Qui assiste à tous nos congrés, à toutes nos fêtes nationales ? Qui, malgré les distances, est présent à la majorité de nos Conseils des provinces ? Qui retrouve-t-on à nos réunions informelles, dernièrement encore pour la journée du patois à Méribel ou pour le grand drapeau à Samoëns ? Qui par la presse et les médias suit nos activités et notre progression ? Oui, Mesdames, Messieurs, les indépendantistiques valdôtains sont des frères pour les savoisiens. C'est avec eux, mais aussi avec tous les représentants du Val d'Aoste, qu'il nous faut développer des contacts. Je vais vous dire : plus fort que leur économie ou leur monnaie, plus fort que leur géographie ou leur histoire, plus fort que leur cultureou leur langue, ce qui unit deux peuples c'est leur idéal ! Celui qui a un idéal lève la tête. Et dans les Alpes, les savoisiens à l'ouest, les indépendantistes valdôtains à l'est, nous relevons la tête. Et chez nous, quand nous relevons la tête, nous voyons les villages, les forêts. Plus haut, les alpages, les sommets enneigés. Et plus haut encore, nos yeux embués et éblouis voient une lueur, une lueur qui s'avance et qui grandit, une lueur qui s'appelle LIBERTE ! Vive le Val d'Aoste ! |
Le Comité Provincial de la Tarentaise représente la Tarentaise au Conseil des Provinces.
Thierry BOIS, secondé par Henriette VILLETON,
quant à lui, a expliqué que la Maurienne, elle aussi, s'était
éveillée, puisque -grâce notamment à Jean BLANC- il a été possible de mener campagne
sur des thèmes divers comme les transports, la gestion du Parc de la Vanoise ou encore
les dégâts causés par le loup dans les troupeaux. La présence dans les manifestations
a été très importante et le sera plus encore à l'avenir pour dénoncer
l'inconséquence de l'état hexagonal.
Le Comité Provincial de la Maurienne représente la Maurienne au Conseil des Provinces.
Milaure RIGUINI, suppléante d'Annie MAYER,
empêchée, a souligné l'importance du score de Pierre MUDRY à la cantonale partielle de
Thonon en octobre 1998 (7,5 %), le nombre de réunions locales et provinciales, les
abondantes actions sur les foires et marchés du Chablais.
Intervention de Milaure RIGHINI Bonjour à tous ! Depuis un an et demi, le Chablais se réveille. Il y a eu plusieurs facteurs qui nous ont mobilisés : les élections régionales, avec le succès de Patrice ABEILLE et les cantonales en mars 1998 avec la proposition de Pierre MUDRY pour le Canton de Thonon. Par chance, sur Thonon-Ouest; avec l'annulation du vote, une deuxième campagne a pu être menée et le nom de Pierre MUDRY, associé à la Ligue, a été une nouvelle fois diffusé. Toujours autant de succès, plus de 7 % pour une région encore fermée à la renaissance de la Savoie. Il est certain qu'avec ces évènements l'équipe de travail s'est soudée. Pourtant, nous avons nous aussi nos obligations et nos soucis personnels, mais, pour faire avancer la Savoie, la mobilisation a été sérieuse. Tous les mois se déroule une réunion du Comité avec les délégués de secteurs. Ces réunions ont commencé tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre et, depuis cet hiver, un adhérent de Thonon nous réserve une grande pièce de son rez-de-maison. Cet adhérent, M. FALLETO, nous le remercions vivement. Il est évident que c'est un excellent départ, car les délégués de la Vallée de Morzine, de la Vélle d'Abondance et de Novel nous rejoignent, malgré les kilomètres. Par contre, il serait bon de déplacer de temps en temps ce pôle, une fois dans chacune des vallées. Pour ce faire, les délégués de ces secteurs éloignés doivent nous trouver une salle et nous aider à organiser ces réunions d'adhérents. Au travers de ces rencontres, le compte-rendu du Conseil des Provinces est diffusé, commenté, ainsi que des informations diverses. Nous prions les adhérents de la Vallée d'Abondance de nous excuser car, à deux reprises ont été programmées des réunions qui n'ont pu se tenir faute de disponibilité. Qu'ils ne perdent pas patience et qu'ils restent en liaison avec les autres délégués. Le calendrier à l'approche du Congrès n'était pas facile. Ce mois de septembre, nous avons tenu un banc à la foire de Crête : nous avons bénéficié d'un emplacement généreusement cédé par notre cnacelier, Annie MAYER-LEBOSSÉ devant son magasin. Nous avions aussi profité de cet emplacement pour les campagnes électorales les jours de marché. Merci, Annie ! Pour la deuxième année, nous étions présents à la foire de Larringes, grâce à notre adhérent Jean-Pierre GAUD, que nous remercions chaleureusement car il nous prête une partie de sa place. Cette année, nous y avons vendu les diots au vin blanc. Hélàs, la pluie a été trop abondance et la foule n'y tait pas. Toutes ces journées de permanence sur les bancs de foire nous ont permis d'abreuver le public en tracts et en réponses diverses, sous l'oeil agacé des élus qui nous ont refusé la possibilité de louer une place. Ce sont donc des expériences à renouveler. Mais voilà : nous ne pouvons être toujours les mêmes présents aux manifestations. L'équipe de travail a besoin d'être secondée, voire renouvelée. Lors de notre dernière réunion, nous n'avons pas pu choisir un chancelier, car nous savions combien ce poste doit être pris avec disponibilité, malgré l'entourage d'une équipe volontaire. Le poste de chancelier demande aussi une connaissance en arguments politiques sérieux pour être prêt à répondre. Nous remercions Annie MAYER, qui a dû démissionner, pour des raisons professionnelles : elle a su tenir ce poste avec sagesse et dévouement pendant deux ans. Nous remercions aussi Jean-Charles LOUIS, qui a bien oeuvré dans un poste de trésorier et de secrétaire avec une grande disponibilité. Hélas, pour des raisons familiales, il quitte la Savoie pour la France voisine. Nous sommes certains qu'il fera connaître notre cause au loin. Nous déplorons aussi le départ d'Erik DUCROT, notre vice-chancelier, pour raisons familiales. Il laisse un grand vide. Prenant la parole pour le Chablais, j'en profite ce jour pour faire appel aux bonnes volontés qui voudraient donner un peu de leur temps à l'avenir de la Savoie et du Chablais trop enclavé ! Nous avons besoin de coups de main sincères et d'idées nouvelles. Adhérents chablaisiens, venez nous rejoindre! Rallions de bons et vrais savoisiens. Les gens qui "gnarent", laissons-les être français et assistés. Merci pour votre attention. |
Le Comité Provincial du Chablais représente le Chablais au Conseil des Provinces.
Enfin, pour le Genevois,
l'organisateur de cette journée, Alain DUPUIS, soulignait que la Ligue, par ses positions
d'avant-garde, notamment dans le domaine des transports, était parfaitement en phase avec
la construction européenne.
Le Comité Provincial du Genevois représente le Genevois au Conseil des Provinces.
Autant de compte-rendus riches par la diversité de leurs contenus et de leurs approches, qui permettent de prendre conscience de l'étendue du champ social de couvre la Ligue savoisienne.
Une conférence de presse boudée par les journalistes Prévue à 10h30, la conférence de presse qui, pour la première fois cette année, était publique, ne put commencer qu'après 11h00, faute de journalistes. FInalement, seuls le Faucigny et le Dauphiné Libéré étaient représentés. Visiblement, les autres médias, locaux ou parisiens, se sont découragés quand ils ont appris qu'ils ne parviendraient pas à nous tourner en ridicule. Patrice ABEILLE, secrétaire général de la Ligue savoisienne, livra les dernières données disponibles sur les adhésions. Le chiffre annuel des nouvelles adhésions reste stable à 480. Les cotisations de 1 750 membres environ auront été encaissées fin 1999, en projetant la moyenne des trois derniers mois, contre 1 942 l'an passé, en raison d'un rattrapage. Au 30 septembre, la Ligue comptait 4 431 adhérents, dont 3 137 étaient plus ou moins à jour de leur cotisation. Seulement 1 830 d'entre eux étaient rigoureusement à jour (sans compter ceux, très nombreux, qui ont payé leur écot le jour du Congrès), les autres accusant un retard d'un jour à douze mois. Tels qu'ils sont, ces chiffres ne sont pas satisfaisants pour les militants savoisiens; mais ils demeurent extraordinairement supérieurs aux effectifs réels de l'ensemble des partis politiques français en Savoie. On espère que la presse saura exiger des autres mouvements d'opinion la même transparence. Le reste de la conférence de presse, animée par les questions d'un seul des deux journalistes présents, permit un survol des débats du forum européen de la veille, ainsi que des activités de la Ligue pendant l'année écoulée depuis le troisième Congrès, et d'aborder les tâches qui attendent le mouvement savoisien. Ces tâches furent détaillées à nouveau devant l'assemblée plénière de l'après midi. |
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L'assemblé statutaire (3 octobre 1999) |
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![]() | Allocution de Jean de Pingon, fondateur de la Ligue |
Savoisiennes, Savoisiens, vous avez devant vous un homme qui, il y a à peine un mois, avait le coeur empli d'amertume.
Il n'est pire chose que de voir ses espoirs déçus.
J'en veux beaucoup à quelqu'un qui habite depuis peu en Savoie, de l'autre côté du Lac. Je veux parler de Paco RABANNE. Il nous avait promis l'anéantissement de Paris pour le 11 août. A cette date, la station spatiale MIR devait choir sur la capitale de la France et l'atomiser à tout jamais.
Hélas, la prophétie du coutier ferrugineux ne s'est pas accomplie ! Songez un instant : Paris anéantie, mais c'était la liberté retrouvée pour tous les peuples que la France a annexés. Sans Paris, la France était décapitée. Quoique... il resterait encore Vichy ! Il est vrai que la France ne manque pas de capitale de rechange.
Je me suis donc fait une raison et me suis dit qu'il ne fallait pas attendre après l'écroulement de la France pour faire renaître la Savoie et rendre aux savoisiens leur souveraineté.
Je reprenais ainsi peu à peu le moral, quand soudrain la plus terrible des nouvelles me fit de nouveau sombrer dans le plus noir des pessimismes... L'illustrissime professeur Paul GUICHONNET, invité par le Club de la Presse lors de la Foire de Chambéry, venait de déclarer qu'"il n'y avait pas de peuple savoyard".
Mes amis, nous n'existons pas !
Ces bannières ne signifient rien, notre combat est sans objet, le peuple savoisien n'ayant jamais existé ne peut donc revendiquer une terre qui est française depuis la nuit des temps !
Le peuple savoisien... Le peuple savoisien...
Mais le professeur GUICHONNET a parlé du peuple savoyard ! Il a raison : le peuple savoyard n'existe pas ! Que vive le peuple savoisien !
Trève de plaisanterie. Paul GUICHONNET est un bien mauvais français et un piètre républicain puisqu'il ose aller à l'encontre de ce qu'a proclamé la première république française, le 27 novembre 1792 par un décret de sa Convention, à savoir la reconnaissance du peuple souverain de la Savoie.
Cet acte juridique constitue une pièce fondamentale de notre argumentation, une pièce que nul n'a jamais osé réfuter.
Il n'en est pas de même des documents par Paul GUICHONNET pour argumenter sa thèse.
Je me souviens avoir fait publier, dans l'ECHO DE SAVOIE, un texte historique que GUICHONNET avait fait figurer dans un ouvrage traitant de l'annexion. J'avais montré alors comment celui-ci avait grossièrement falsifié ce document en effaçant une ligne substantielle afin d'en modifier le sens et de rendre ce texte favorable à sa thèse pro-française. Comment des journaux dignes de ce nom peuvent-ils encore ouvrir leurs colonnes à un tel falsificateur ?
Toujours lors de la Foire de Chambéry, donc toujours dans le cadre de ses déclarations foireuses, Paul GUICHONNET, interrogé sur ce qu'il aurait été s'il avait vécu à l'époque de la révolution française finit par déclarer "j'aurais peut-être été nommé sous-préfet à Saint-Jean de Maurienne, avant de retourner ma veste pour Napoléon". En d'autres termes, "j'aurais trahi mon pays pour servir l'envahisseur français, puis trahi la république pour servir un mégalomane qui s'était fait proclamer empereur et qui allait mettre l'Europe à feu et à sang...". Nul doute que Paul GUICHONNET se serait alors couvert de gloire sur les champs de bataille et qu'il aurait finit maréchal d'empire. Malheureusement pour lui, Paul GUICHONNET vit au vingtième siècle et, pour l'heure, il ne s'est couvert que de ridicule !
Mais passons à un sujet plus réjouissant ; j'aimerais évoquer un évènement extraordinaire qui se produisit dans nos montagnes le 19 septembre dernier. Je veux parler du déploiement du plus grand drapeau du monde, notre bannière que près de cent savoisiens ont hissée sur une montagne de Samoëns à l'initiative de Laurent MICHELIN, Thierry DUNAND et Thierry BÉNÉ, qui avaient décidé de relever ce défi.
Ce jour-là, ce petits ennuis de santé ne m'ont pas permis d'assister à l'évènement; c'est pourquoi je veux aujourd'hui dire l'immense fierté et la très grande joie que cet exploit a fait naître en moi comme chez tous les savoisiens dignes de ce nom. Et cela d'autant plus que ce lieu était merveilleusement choisi. Samoëns est en effet un lieu extraordinaire, pas seulement à cause de la beauté des montagnes qui l'entourent mais aussi parce que Samoëns est un haut lieu burgonde.
L'origine du nom Samoëns n'est pas "sept montagnes" ainsi que l'ont établi des historiens à la petite semaine que les origines scandinaves dérangent. Les découvertent archéologiques dans la haute vallée du Giffre montrent une implantation certaine des burgondes, ce qui est loin d'être le cas pour les romains.
Mais la France ayant cimenté son nationalisme avec la haine du "boche", un peuple gothique ne pouvait être à l'origine de la Savoie , et cela faisait plutôt mauvais français que d'affirmer qu'en Savoie, pas plus qu'en Afrique, on ne peut dire "nos ancêtres les gaulois" sans être le dernier des menteurs. Les burgondes n'étaient aucunement ces barbares envahisseurs que se sont plu à dépeindre les historiens français. Penchons nous un instant sur l'incroyable épopée burgonde.
Au quatrième siècle de notre ère, les premiers occupants de nos montagnes peuplaient les vallées de Savoie, alors appelée Sapaudia. Ils étaient celtes ou celto-ligures et c'est avec confiance et soulagement que ces allobroges, médulliens et autres centrons accueillirent parmi eux, en l'an 443, un peuple fabuleux qui venait chercher asile au pays des sapins. C'était le peuple burgonde. Il venait des bords du Rhin qu'il avait dû quitter au lendemain d'une cruelle défaite que lui avait infligée Attila, suite à une trahison des romains.
Ils étaient 80 000. C'étaient des guerriers-paysans. Ils poussaient devant eux de longs troupeaux de vaches qui sont à l'origine de nos troupeaux. Dans leurs chars bâchés, tirés par des boeufs, il y avait leurs familles et leurs outils. Ces défricheurs étaient aussi charpentiers, menuisiers et forgerons. Leurs chevaux étaient ferrés, comme le soc de leurs charrues. Mais ce qui impressionna le plus les historiens de cette époque c'était l'allure des guerriers burgondes.
Guilham MUNINOS reprend Sidoine APPOLINAIRE pour décrire leurs dignitaires : "flamboyants d'écarlate, possédant armes et belles armures (...), chevaux richements harnachés de pierres précieuses étincelantes, pourpre, or, soieries blanches, pourpoints de peaux garnis de boutons, lourdes épées, fixées à un baudrier, manteaux verts bordés de pourpre, armes redoutables, dans la main droite un angon et plusieurs javelots, dans la gauche un bouclier dont l'ambon est d'or et le champ blanc comme neige...".
En cette époque incertaine où s'écroulait l'empire romain corrpompu de l'intérieur, attaqué sur ses lointaines frontières par des hordes barbares et cédant peu à peu ses anciennes colonies, l'arrivée des burgondes en Savoie fut la sauvegarde de ce pays.
Ces guerriers-paysans formaient un peuple sage qui méprisait les richesses et mettait ses biens en commun. La royauté -à l'origine- était élective et le roi pouvait être destitué, voire exécuté, lors d'une défaite ou d'autres événements préjudiciables au peuple dont il avait la responsabilité. Cela peut sembler cruel, mais avait le mérite de ne pas perpétuer des dynasties d'imbéciles capables seulement de trahir leur peuple à la première occasion.
Les burgondes étaient également des juristes : le roi Gondebaud promulgua une constitution dès l'année 480 (elle sera révisée en 502). Il s'agit du Liber Constitutionorum Gondubada, plus connu sous le nom de la loi Gombette. Le manuscrit original de la Loi Gombette est conservé au Vatican; c'est le plus ancienne constitution d'Europe Centrale.
Dans le domaine de culture, les burgondes furent aussi de grands novateurs. Beaucoup ignorent que c'est ici, dans ce pays qui s'appelait alors Sapaudia, que l'on doit placer la formation d'un poème considéré comme la clé de voûte de la culture germanique. Ce poème, composé par un lettre burgonde au lendemain de l'installation de ce peuple en Sapaudia, retrace la longue saga de ce peuple scandinave tout en la mêlant de ses plus anciennes légendes. Des légendes qu'évoquait déjà Homère neuf siècles avant la naissance du Christ. Il s'agit du cycle burgonde des nibelungen, Das Nibelungenlied, dont les Alémaniques feront le plus beau poème de l'Allemagne médiévale, un poème qui sera la source d'inspiration de Goethe et de Wagner.
Le peuple burgonde s'intégra parfaitement aux Celtes plus ou moins romanisés qui vivaient en Savoie et qui acceptèrent de céder deux tiers de leur territoire à ces nouveaux venus.
D'autres familles burgondes suivirent la première vague. Elles venaient de l'ancien royaume de Worms, sur les rives du Rhin, ou même de la lointaine Bornholm, cette île de la mer Baltique où les burgondes, originaires de la Norvège, s'étaient installés deux siècles avant notre ère et où un village porte aujourd'hui encore le même nom qu'un village de Savoie. Il s'agit d'Allinges, le village chablaisien, qui fut fondé au cinquième siècle par ces fils du Nord, soit sept siècles après le premier Allinges, qui est aujourd'hui un village du Danemark. A cet égard, il serait bon de jumeler ces deux villages, le danois et le savoisien, afin de montrer qu'être attaché à ses racines peut ouvrir à de nouveaux horizons. Dans l'hebdomadaire "Le Messager" du 3 novembre 1995, Paul GUICHONNET, dans un article pompeusement intitulé "l'énigme des noms en -inge" nous explique l'origine du mot Allinges. Selon l'illustre professeur, "Allinges pourrait venir d'un gallo-romain dénommé Alius ou du lieu-dit Aliacum; ou bien du nom propre germanique Alethius". L'éminent géographe GUICHONNET serait bien avisé d'ouvrir son atlas de géographie plutôt que d'asséner à ses crédules lecteurs des pédanteries en latin de cuisine !
"Pejor est senex qui mentitur quam vir copiosus qui pecuniam rapit". Voilà du bon latin. Je crois que cela veut dire : "un vieillard qui ment c'est pire qu'un riche qui vole".
Contrairement aux alémances qui avaient pris possession de la Suisse aujourd'hui alémanique, les burgondes abandonnèrent peu à peu leur dialecte germanique et adoptèrent le latin. C'est à ce fait que la Savoie doit d'être resté un pays de langue romane. Ce que l'on appelle aujourd'hui, à tort, le franco-provençal, est un dialecte qui n'a jamais été parlé en France ou en Provence et qui n'est pas plus issu du français que du provençal. Le franco-provençal doit son nom à la grossière erreur d'un linguiste italien qui le baptisa ainsi. Les linguistes et historiens qui suivirent s'accommodèrent parfaitement de cette appellation totalement erronée en l'adoptant aussitôt. C'est pourtant une langue propre qu'il conviendrait peut-être d'appeler le savoisien si les savoisien n'avaient choisi et façonné la langue française bien avant que la France ne l'adoptât sur tout son territoire. C'est ainsi que les savoisiens, à l'image des burgondes, abandonnèrent peu à peu leur premier langage pour la langue française, tandis que l'ancien dialecte était perpétué par la paysannerie qui, toujours en communion avec la nature, conserve le trésor des premiers mots au coeur des premières montagnes. Il est bon de se souvenir de ce dialecte que l'on nomme aussi patois. Il est important de le conserver et de l'étudier car il témoigne de toutes les origines savoisiennes. Mais, à l'image des burgondes du cinquième siècle et des svoisiens du quinzième siècle, nous devons aussi être pragmatiques et novateurs en recherchant toujours le vecteur de communication le plus performant. Il ne s'agit pas plus de s'enfermer dans une langue que dans une histoire. Selon nous, la culture, l'histoire, permettent d'affirmer une identité en retrouvant la source et les racines, mais cela uniquement afin de mieux maîtriser sa destinée.
Sidoine APOLLINAIRE, dans sa description des guerriers burgondes, évoque leurs boucliers : ils étaient parfois ronds, plus souvent rectangulaires, bloancs comme neige et portaient un symbole runique tracé en rouge. Il s'agissait de la rune Algiz qui signifiait la protection et l'elan vital, deux choses bien nécessaires au combattant. Cette rune avait la forme d'une croix dont les bras étaient relevés en V, une croix victorieuse.
En somme, la croix de Savoie ce n'est rien d'autre que le symbole burgonde qui aurait baissé les bras.
Il faut dire que les burgondes furent défaits par les francs et que ce n'est qu'aux alentours du dixième siècle que Sapaudia renaîtra en devenant Savoie. Savoie libre jusqu'en 1860 où les héritiers de ces maudits francs mirent de nouveaux la main sur notre pays. Le danger c'est l'histoire. Mais l'élan vital des Burgondes est toujours là, les couleurs burgondes, le rouge et le blanc, la braise et la neige, fleurissent de nouveau partout en Savoie et sur ses plus belles montagnes. Ces couleurs ont ponctué la longue marche des burgondes jusqu'à leur sanctuaire savoisien. Nous les retrouvons sur le drapeau de Norvège, celui du Danemark, de la Pologne, de la Suisse et enfin sur notre bannière.
Ceux qui ont mis la main sur notre pays peuvent légitimement s'inquiéter.
Paul GUICHONNET, leur ultime allié, le seul fantoche qu'on nous oppose aujourd'hui, s'est trahi en révélant sa crainte. Lors de ses dernières déclarations, il a en effet affirmé : "Le danger est que notre identitié s'est faite par l'histoire. Longtemps, nous n'avons pas été français, mais il ne faut pas arrêter l'histoire. Ma fête nationale, moi c'est le 14 juillet".
GUICHONNET voudrait que nous n'existions pas, mais il sait bien qu'une histoire plus que millénaire dit le contraire. Le 14 juillet 1789 nous n'étions pas français; trois ans plus tard la France envahissait militairement la Savoie. Cette invasion causera la disparition de 80 000 savoisiens sur une population de 400 000 habitants. Il faut être le dernier des collaborateurs pour faire sienne la fête nationale d'un pays qui massacra nos aïeux !
La direction du Dauphiné Libéré n'est pas neutre en cette affaire. Elle s'affirme ouvertement comme notre ennemie en contraignant ses journalistes à se faire les porte-voix et les porte-plumes de nos adversaires, ou en censurant ses correspondants locaux en ne les publiant pas lorsqu'ils évoquent l'une de nos réunions ou manifestations.
Il y a déjà quelques temps, le directeur de la rédaction du Dauphiné Libéré, M. PALAGI, auquel j'avais téléphoné pour lui dire mon indignation, m'avait répond en me disant qu'il n'évoquerait jamais la Ligue savoisienne dans son journal. Si ce n'est pour en dire du mal, aurait-il dû rajouter. Ce corse exparié sert bien la France en desservant la Savoie.
Cela fait beaucoup de trahisons pour une seule veulerie. Le Dauphiné LIbéré offre sa Une quand il s'agit de nous porter préjudice et pas une ligne lorsque près de cent savoisiens hissent sur une montagne de Savoie le plus grand drapeau du mondeet qu'ils sont plus de mille à accomplir cet exploit dans une grande fête populaire ! Il faudra attendre une semaine -et les protestations de nombreux lecteurs- pour que le Dauphiné se décide enfin à passer un articulet sur cet événement. Cet articulet était intitulé "une croix de Savoie cousue de fil blanc".
Le Dauphiné est le seul quotidien d'infos/information en Savoie. Quand sa direction choisit délibérément d'occulter un événement qui ne lui plaît pas -comme le déploiement du plus grand drapeau du monde - elle pratique la pire des désinformations. Si ce drapeau avait été français, il aurait fait la première page ! Le Dauphiné peut toujours se prétendre "Libéré", les faits nous prouvent le contraire : grâce à Monsieur PALAGI et à ses pairs, ce journal sera toujours l'auxiliaire du pouvoir en place, quel que soit ce pouvoir !
Cette dernière affaire, suivie du retentissement donné aux déclarations foireuses de Paul GUICHONNET peu avant notre Congrès, constitue la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
De telles provocations sont insupportables.
Nous sommes patients, mais pas soumis.
Remarquez : à force de provocations, si nous devenions violents, ce serait peut-être une nouvelle voie qui s'ouvrirait à nous. Lionel JOSPIN n'a-t-il pas déclaré qu'il accepterait de dialoguer avec les nationalistes corses si ceux-ci abandonnaient la violence ? Nous savons ce qu'il nous reste à faire si nous voulons gagner le respect de nos adversaires. Ca marche somme cela avec les français. S'il n'y avait pas eu le massacre de la grotte d'Ouvéa, la France n'aurait jamais mis en oeuvre un processus d'indépendance en Nouvelle-Calédonie. En Savoie aussi nous avons des grottes et des gendarmes ! Et puis après, nous pourrions faire plaisir à CHEVÊNEMENT : nous renoncerions à la violence et nous deviendrions enfin responsables !
Bien sûr, cela n'est pas sérieux, pas plus que l'attitude française en Corse ou en Nouvelle-Calédonie.
Pour ce qui regarde la Savoie, ceux qui me connaissent savent bien que la seule violence que j'ai jamais pratiquée en verbale. Mais cela fait longtemps que les Savoisiens ont le poing dans la poche. 139 ans, c'est long, très long...
Nous sommes patients, mais pas soumis à la France et la France ne restera pas en Savoie plus d'un siècle et demi!
Si j'ai évoqué ce peuple premier que fut le peuple burgonde, c'est parce qu'il ne ne s'est pas effacé avec les siècles. Dans certaines provinces de Savoie, près de soixante pour cent des noms de lieu sont d'origine burgonde, et beaucoup de nos patronymes ont la même origine que ces toponymes. Les burgondes n'ont donc pas disparu, ils sont devenus la Savoie. En 1860, lors de l'annexion par la France, la population était l'héritière directe des celtes, plus ou moins romanisés, et de leurs alliés burgondes. Aujourd'hui encore, elle est constituée pour une grande part de ces lointaines ethnies. A l'image des premiers habitants de la Savoie qui accueillirent le peuple burgonde, les savoisiens demeurent ouverts et accueillants à toutes les différences qui sont toujours enrichissements mutuels.
Mais à condition de ne pas perdre notre identité et notre pays !
Les savoisiens constituent un peuple premier au vrai sens du terme.
Nul n'ignore l'intérêt que porte aux peuples premiers M. Jacques CHIRAC, le Président de nos voisins français. Au début du mois de septembre, M. CHIRAC, lors d'un voyage au Canada, rendait hommage au peple inuit, ces esquimaux du Canada. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, un peu autochtone parvenait de façon pacifique à récupérer son territoire avec, en prime, 1,15 millions de dollars versés en guise de dédommagement par le gouvernement d'Ottawa qui avait spolié les inuits de leurs terres. C'est ainsi que Jacques CHIRAC leur rendit hommage : "Je salue la détermination des inuits à faire reconnaître leurs droits, je salue les efforts et la volonté qui ont conduit à cette reconnaissance institutionnelle, je salue les femmes et les hommes qui en furent les artisans". En lisant ces lignes je me pris à rêver. J'imaginais M. CHIRAC rendant hommage au peuple savoisien et proclamant: "Je salue la détermination des savoisiens à faire reconnaître leurs droits".
On peut rêver...
En 1997, John AMAGOALIK, considéré aujourd'hui comme le père du Nunavut, le pays des inuits, écrivait : "la colère et la haine ne sont pas des réponses. Nous avons besoin de nous montrer patients et ouverts à l'égard de nos frères blancs. Si nous attendons d'eux ces qualités, nous devons offrir les mêmes en retour. Les inuits, par essence, ne sont pas violents". Ce sont là paroles de très grande sagesse. Nous devons les faire nôtres : les savoisiens, par essence, ne sont pas violents.
Je sais que plusieurs d'entre vous, comme moi, ont été indignés par certaines provocations de nos adversaires. Je sais que plusieurs d'entre vous partagent ma colère. Mais je sais aussi que jamais un seul d'entre vous n'a sombré dans une violence qui nous est étrangère.
Il faut continuer ainsi, continuer ce combat pacifique et exemplaire que nous avons commencé, sans jamais céder aux provocations, et en particulier à celle de ces petites gens sans courage qui agissent dans l'ombre afin de nous provoquer, tel ce préfet qui utilise pour cela la gendarmerie ou ce rédacteur en chef qui ne sait pas écrire mais s'entend parfaitement à trahir la déontologie de sa profession. Il importe de ne jamais céder à ces provocations. Ceux qui ont pu tenir d'autres propos et préconisé une autre voie sont des irresponsables.
La souveraineté d'un peuple ne peut renaître que dans la paix, du moins si on la veut définitive.
Le 27 novembre 1993, dans une tribune libre intitulée "Renaissances" et qui s'étendait sur quatre pages de l'hebdomadaire le Faucigny, je lançais la Ligue savoisienne et j'avançais qu'en matière de droit international les peuples premiers étaient fondés à réclamer la restitution de leurs territoires. Même si ces peuples étaient minoritaires sur leurs terres, ainsi que l'étaient les inuits qui représentaient à peine le septième de la population vivant sur leur territoire d'origine.
J'avais alors pris cet exemple et cela avait faire rire plus d'un imbécile. Ce sont les mêmes imbéciles qui applaudissent aujourd'hui béatement lorsque M. CHIRAC rend hommage au peuple inuit !
Trois ans après le texte fondateur de notre mouvement, je concluais mon message "Savoie française, histoire d'un pays annexé" par ces lignes : "Faut-il se résoudre au malheur des peuples? Peut-on accepter de voir bientôt sombrer le navire sans rien tenter pour éviter le naufrage? Et à quoi bon élever une voix solitaire alors que le vent se lève? Nul ne l'entendra, et quand bien même, qui est le maître du vent? Les temps viennent. Sur les flots sombres roulent de lourds orages précurseurs de tempête... Le naufrage est imminent ! Le paquebot France va au-devant des flots qui l'engouffreront. Il entraîne dans son sillage la goélette Savoie, derrière lui arrimée. La goélette Savoie est, certes, bien moins impressionnante que le paquebot France; pourtant elle est mieux taillée pour affronter la tempête que ce paquebot dont les moteurs s'arrêteront bientôt et qui ne tiendra plus aucun cap lorsque les flots gronderont. Mais la Savoie ne saura affronter la tempête que si l'on tranche le lien qui l'arrime au paquebot France. Ce lien unique, c'est le Traité d'Annexion : huit articles sur une page, cela fait 136 ans que l'Empire français a ainsi lié la Savoie. 136 ans que la France l'entraîne en de mauvaises eaux de tristes aventures ! Plus d'une savoisien a ainsi péri. Qu'importe, il n'a jamais manqué de français pour les remplacer sur la goélette ! Si l'on savait la fragilité de ce lien ! Au fil des années, la France a tant tiré dessus qu'il est aujourd'hui possible de le rompre sa grande difficulté. Et cela parce qu'il est de fait déjà rompu; en supprimant les clauses essentielles du Traité d'Annexion en 1919 et 1923, la France l'a rendu caduc, c'est elle qui a rompu le lien ! Qu'on établisse les voiles sur la goélette Savoie, qu'on hisse le pavillon à croix de neige sur fond de braise, qu'on change de cap... Et le lien se brisera ! Rien, pas même les puissantes machineries du paquebot France ne résistera à la force du vent et à la volonté des quelques hommes qui sauront faire connaître et reconnaître la vérité".
Savoisiennes, savoisiens, vous avez retrouvé l'élan vital des burgondes. Cet élan vital qu'ils firent naître en Savoie il y a de cela exactement 1556 ans.
Cet élan anime la Ligue savoisienne, mouvement pacifique et prospère, armée de libération d'un peuple humilié, bafoué, à qui l'on refuse même le droit d'exister.
Mais qui donc a le droit de définir les peuples ?
Si nous nous sommes enfin retrouvés et assemblés pour déclarer que nous voulons vivre libres, sans la tutelle de la France, avec ceux qui nous ont rejoint sur la terre de nos aïeux et qui soutiennent notre combat sur cette terre qui n'a jamais été française, qui donc a le droit de nous dénier cette légitime aspiration ?
Savoisiennes, savoisiens, portez partout avec vous les couleurs burgondes devenues celles de la Savoie, continuez à les faire vivre sur nos plus belles montagnes.
A faire vivre cette bannière qui est devenue la plus grande du monde afin que chacun sache que la Savoie n'est pas la France, qu'elle n'a pas disparu suite à un traité et quelques trahisons et que rien ni personne ne saura briser l'lan vital de ceux qui combattent aujourd'hui pour que vive la Savoie libre !
![]() | Rapport d'orientation du Bureau Exécutif, présenté par Jean-Paul CAVALIÉ |
Il m'appartient de vous parler des projets de la Ligue pour l'année qui vient. Tous les projets dont je vais vous parler ont déjà eu des ébauches de commencement. C'est en fonction de l'intérêt pour l'indépendance de la Savoie que le Bureau exécutif et le Conseil des Provinces décident que ces projets seront pris comme lignes directrice d'une action qui doit être appuyée et mise en pratique par vous tous, les adhérents.
Le premier de ces projets c'est le développement de notre présence au sein de tous les organismes internationaux, nécessaires pour faire connaître la Savoie et son peuple. Vous avez déjà lu dans l'Echo les premières amorces de ces prises de contact avec différentes organisation européennes. Nous sollicitons tous les adhérents qui circulent partout en Europe et qui parlent plusieurs langues, de prendre contact avec le bureau, afin d'établir des visites de ces organisations européennes et mondiales. Ainsi chaque savoisien voyageur deviendra ambassadeur de son pays. Dans le même ordre d'idées, nous devons développer d'une manière très forte des liens politiques avec nos proches voisins : la Suisse, le Val d'Aoste, le Piémont.
Le deuxième de ces projets, c'est l'extériorisation vers les associations, les universités, les représentations de ce que l'on appelle la société civile. Comme vous ne le savez peut-être pas, la Ligue savoisienne a fait l'objet de deux mémoires dans les universités de Grenobles. L'un à l'université de droit administratif et l'autre à Sciences Po; ce dernier doit normalement donner lieu à un débat, à la rentrée, entre le bureau de la Ligue et la classe où sont les deux étudiants auteurs du mémoire. A tous les professeurs adhérents de la Ligue, nous demandons, dans la mesure du possible, d'organiser dans leurs collèges et lycées, des débats historiques et même, pourquoi pas, sur les fameuses valeurs républicaines. Le Bureau de la Ligue enverra des débatteurs à ces réunions.
Un autre axe de notre extériorisation, c'est l'ouverture vers les associations.
D'abord les patoisants. Certes, l'éradication des langues régionales a fait partie du dispositif d'unification forcée de la France. C'est ce que l'on pourrait appeler la colonisation intérieure. Cette éradication des âmes régionales continue encore aujourd'hui. Souvenez vous des discours des sommités de l'Etat français sur une Charte européenne concernant, justement le respect des langues régionales. Souvenez-vous des actions des préfets au Pays Basque, en Corse et ailleurs dans les provinces de France. Le Bureau de la Ligue savoisienne connaît parfaitement la puissance de la langue pour unifier un peuple : c'est pourquoi plusieurs actions ont été menées vers les sociétés patoisantes. Nous pouvons aider ces sociétés à s'extérioriser par notre journal ca nos premiers contacts avec ces patoisants nous ont surpris par leur inhibition, leur timidité, leur frilosité et leurs chamailleries d'une vallée à l'autre. Je dois dire aussi que, dans les instances de la Ligue, certains ne sont pas d'accord avec le développement du patois. Ils pensent, et je partage leur point de vue, que la langue de Savoie est le français. Ils pensent aussi que la France subventionne, très mal, tous les patois de France, pour mieux endormir le peuple aux réalités. "Parlez patois, dans un bistro, autour d'une vieille table recouverte d'une toile cirée, parlez du passé en patois c'est très bien, c'est folklorique, racontez des histoire en patois c'est rigolo; pendant ce temps nous nous occuperons des choses sérieuses : la politique, les impôts, le prestige, la manière de penser, les nouvelles valeurs du melting pot, etc.". Nous suggérons à ces sociétés de nous donner des articles, pour l'Echo, en patois sans la traduction sur, justement, la politique, sur la façon de concevoir l'avenir dans le pays de leurs ancêtres. Nous verrons bien si les maigres subventions tombent aussi facilement. A ce propos, plusieurs mouvement identitaires se sont suicidés par cette technique de subvention au patois. Je pense aux occitans et à certains mouvements alsaciens et lorrains.
Nous pensons aussi nous rapprocher de toutes les associations qui sont pour ou contre quelque chose. Nous avons observé que bien souvent ces associations avaient des projets qui étaient soit totalement conformes, soit très proches des vues de la Ligue sur des problèmes comme les autoroutes, les lignes à haute tension, le passage des camions au tunnel du Mont-Blanc et en Maurienne, le désenclavement du Chablais, les résidences secondaires dont les habitants prennent bien souvent les postes de maires au détriment de la vie locale. Le Conseil des Provinces demande donc aux adhérents de rentrer dans ces associations et d'influer à des actions communes avec la Ligue.
Le troisième de ces projets serait la
création d'une association ou d'une amicale des élus savoisiens.
Dans la Ligue, il y a une cinquantaine d'élus : conseillers municipaux, maires,
conseiller régional. Toutes ces énergies ne sont pas encore utilisées. C'est pour cela
que nous voudrions rassembler toutes ces personnes et ensemble définir une ligne d'action
pour désenclaver la Savoie et la faire rayonner vers nos voisins les plus proches ;
Aoste, la Suisse Lémanique, avec lesquels nous pourrions faire un bout de chemin
ensemble, une fois la Savoie libérée du carcan de Paris. Cette association ou amicale
des élus pourrait suggérer des actions ou des réflexions aux conseils municipaux,
s'opposer -légalement- aux projets conçus dans les préfectures pour, paraît-il, le
bien-être de la population ! Les exemples ne manquent pas. Citons pêle-mêle :
- le préfet d'Annecy contre les pêcheurs;
- les problèmes du Parc de la Vanoise;
- la responsabilité du Préfet dans sa manière de gérer l'incendie du tunnel du
Mont-Blanc en refusant le secours des pompiers genevois;
- la responsabilité des élus qui, sous la conduite de M. BARNIER, sabotent le projet
d'une région Savoie, alors qu'avec les nouveaux modes de scrutin prévus pour les
prochaines élections régionales, au lieu de 28 élus à Charbonnières, il n'y en aura
plus que 10 pour représenter la Savoie et bien entendu plus aucun élu de la Ligue savoisienne;
- le massacre légalisé des mauriennais, commencé en 1900 avec Péchiney et qui se
termine par les gaz toxiques des camions;
- le désenclavement du Chablais;
- l'échec de l'A41;
- ...
Enfin ! Les sujets d'action ne manqueront pas pour que ces élus du peuple puissent vraiment représenter ce peuple savoyard.
Le quatrième et dernier de ces projets c'est, bien évidemment, les élections municipales et cantonales de 2001. Là également, le bureau de la Ligue a choisi des axes, très importants, pour l'avenir de la Savoie. Tout d'abord, en parallèle avec notre constitution fédérale, nous allons rédiger (... enfin, Patrice va Rédiger) les constitutions provinciales. Nous invitons tous les adhérents à nous écrire ou à nous dire ce qui ne va pas dans leur commune. Alors, nous rédigerons une charte de gestion municipale qui devra être signé par tous les candidats à l'élection investis par la Ligue. Dans cette charte, outre les observations des adhérents, nous mentionnerons : la liberté de débat et de vote, la transparence de l'information, le référendum populaire, la communication aux conseillers de toute la correspondance administrative. Bien entendu, les constitutions provinciales et la charte seront soumises au vote du prochain congrès (le cinquième déjà) et, quant à la charte, immédiatement mise en application. Non, nous ne demandons pas aux adhérents de la Ligue de se présenter comme tête de liste dans toutes les communes de la Savoie. Nous vous demandons, simplement, de vous faire inscrire comme candidat indépendant sur toutes les listes : de gauche, de droite, des verts, et surtout sur les listes d'intérêt local et apolitiques dans la plupart des petites communes. Il serait excellent qu'il y ait beaucoup de remiers adjoints. Ce serait un excellent poste d'apprentissage de ce qu'il ne faut pas faire pour gérer demain la Savoie. Surtout, n'ayez aucun complexe devant les qualités des élus, qualités que vous n'auriez pas. Tous vos élus, tous ceux que j'ai été amené à connaître, n'ont qu'un seul et immense souci : celui de leur carrière. Point de charisme, point de fraternité, l'honneur à dose homéopathique, point de bien ni de beau dans leurs actes. Une seule chose compte : comment se faire réélire et comment cumuler les postes ? Alors, je peux vous assurer que vous ferez, sinon mieux, du moins aussi bien qu'eux. Car vous, vous aurez un but : la liberté de la Savoie.(...)
Enfin, je voudrais simplement conclure que pour qu'une oeuvre soit, il faut le concours de trois moyens : il faut que la sagesse la conçoive, la faut que la force l'achève, il faut que le beauté l'orne. Je peux vous assurer que le projet de la Savoie libre c'est bien la sagesse qui l'a conçu. Non pas que nous soyons, vous tous et nous les cadres de la Ligue, des sages. Non, nous sommes simplement des serviteurs, des ministres de la sagesse. Car quoi de plus sage que d'accompagner un peuple vers sa liberté où les individus qui le composent pourront établir de nouveaux liens en toute conscience pour faire éclore l'homme dans l'individu. Donc la sagesse ayant conçu le projet de la Savoie libre, il manque la force pour l'achever ! La force, forte d'elle-même, ne peut être que le choix et la volonté des savoisiens de renouer avec leur passé d'hommes libres dans un Etat libre. Faites donc connaître notre projet aux savoisiens. Quant à la beauté nécessaire pour orner notre projet, nous en avons bien plus que nécessaire...
![]() | La conclusion de Patrice ABEILLE |
Il revenait à Patrice ABEILLE, Secrétaire général de la Ligue savoisienne et Conseiller Régional, de faire la synthèse de ces deux journées de Congrès.
A tous les congressistes, il dit "Nous pouvons maintenant rentrer chez nous avec le sentiment d'avoir bien travaillé, d'avoir accompli une oeuvre constructive et utile pour l'avenir de notre peuple". Sur Paul GUICHONNET, le Secrétaire Général eut le mot de la fin : "M. GUICHONNET estimait récemment que la Ligue savoisienne qui revendique 3000 adhérents (il avait calculé très court !) soit 0,3 % de la Savoie, ne devrait pas bénéficier d'une attention supérieure à 0,3 %. Mais je considère que M. GUICHONNET, lui, ne représente pas plus de 0,0001% de la Savoie !"
Lyon, capitale de la région Rhône-Alpes, aime la Savoie d'un amour étouffant. Patrice ABEILLE ironisa sur la présidene du Conseil Régional, Anne-Marie COMPARINI, qui vient de baptisé "Rhônalp" un nouveau gypaète introduit dans les Aravis et qui déclarait récemment au Conseiller Régional savoisien : "vous savez, nous sommes bien ensemble...".
A ceux qui estiment que la Ligue, pour ne pas effrayer l'opinion, devrait parler d'autonoie plutôt que de souveraineté, Patrice ABEILLE fit remarquer qu'une revendication d'autonomie est tout aussi scandaleuse pour les tenants de la République "une et indivisible" que celle de souveraineté. Rien ne sert, donc, de se cacher derrière des mots.
Abordant la question qui va mobiliser l'énergie des savoisiens pendant les mois à venir, les élections, le Secrétaire Général fit un développement sur le problème de la corruption. Le dévoiement de l'argent public à des fins privées semble s'être généralisé dans les municipalités. Tel fait goudronner sa cour aux frais de la collectivités, tel autre fait entretenir sa chaudière par l'entreprise adjudicataire de la chaufferie de l'école, et ainsi de suite. Il ne s'agit pas, pour les savoisiens, de jouer aux incorruptibles, qui en politiques se révèlent souvent comme les pires dictateurs. Mais s'il ne faut pas jouer avec l'argent public, c'est d'abord parce que c'est l'argent des contribuables, ensuite parce que ce jeu finit toujours par une dépendance des élus vis-à-vis de l'Etat qui sait tout et use de chantages. "Nous tous qui sommes sur cette tribune, nous prononçons depuis quatre ans des propos qui sont considérés comme des horreurs par la puissante annexante. Pourtant, nous sommes toujours là, parce que nous n'avons rien à nous reprocher et qu'il est impossible de faire pression sur des gens honnêtes".
Patrice ABEILLE lança ensuite un appel aux femmes de Savoie, encore trop peu nombreuses à rejoindre notre mouvement. Il les exhorta à penser à l'avenir de leurs enfants, qui sont actuellement confrontés à l'exil, au chômage, à la délinquance, au suicide, à la désespérance. "Les femmes représentent une force à laquelle aucun gouvernement n'osera jamais s'opposer. Bien des évênements d'une importance capitale sont advenus quand les femmes sont descendues en première ligne : la révolution française, la révolution russe de 1917, la fin de la guerre du Vietnam... Que les femmes de Savoie se prononcent massivement pour la souveraineté de notre pays, dans la paix et la concorde (cela n'a rien à voir avec une révolution mettant en péril les libertés), et nous gagnerons sans tarder !".
Pour conclure le Congrès, Patrice ABEILLE évoqua une enquête récente faite dans le cadre du Parc National de la Vanoise dont il est administrateur. On a demandé à 27 agriculteurs de montagne pourquoi ils s'obstinaient à faucher des prairies d'altitude, au dessus de 1 800 mètres, au prix des pires difficultés de transport. Ils ont répondu par deux arguments : "c'est de la bonne herbe" et "c'est plus beau quand c'est fauché". Magnifique exemple de la philosophie qui anime les savoisiens. "La Savoie d'aujourd'hui, colonisée par la France, nous paraît entachée d'une laideur absolue qui contraste avec la beauté de son héritage naturel. Si nous agissons, dans la Ligue savoisienne, pour notre souveraineté, c'est non seulement pour défendre les intérêts matériels des savoisiens, mais aussi par goût de la beauté et de l'harmonie, valeurs que nous voulons restaurer au plus haut point sur ce territoire que nous entendons léguer dans le meilleur état possible aux générations futures".
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Election des organes dirigeants de la Ligue savoisienne (24 octobre 1999) |
Lors de sa première réunion, le 24 octobre 1999, le Conseil des Provinces, élu par le quatrième Congrès, a procédé à l'élection des organes dirigeants du mouvement.
Le bureau exécutif a été réélu à l'unanimité dans sa composition précédente. La répartition des tâches tient compte de la modification des statuts intervenue au quatrième congrès.
Dernière mise à jour - Last update - Ultima modificación : 10/03/02