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Echo de Savoie n°76 (novembre 2004)
A - Sommaire :
 
1 La une:
    1_1 Turquie et Constitution: ne pas mélanger!
2 Joseph de Maistre, écrivain savoisien (suite)
    2_1 Livre III: La deuxième émigration.
3 Magazine
    3_1 La Gerbe cachait l'épitaphe.
    3_2 Mots croisés: le cruciverbiste ducal.
    3_3 La TV 8 Mont-Blanc bientôt reçue partout?
    3_4 Football en Savoie. Ce "petit" club qui monte...
    3_5 Tribune libre. OGM: une autre analyse. Par Adrien Fournier.
    3_6 Histoire vécue. Par Vincent Guérou.
    3_7 Français avant vous.
4 Les échos de la Ligue
    4_1 Les Savoisiens au Pays Basque: un accueil exceptionnel!
    4_2 La bataille de Méribel.
    4_3 Petites annonces savoisiennes.
    4_4 Carnet.
    4_5 Les rendez-vous savoisiens.
    4_6 Programme des courses du club alpin savoisien
5 Congrès
    5_1 Neuvième congrès de la Ligue Savoisienne
6 Actualités
    6_1 Sénatoriales: première percée de la Ligue savoisienne.
    6_2 Gaston Flosse tente un retour au pouvoir à Papeete.
    6_3 Un nouvel État entre au Conseil de l'Europe.
    6_4 Arrangements entre ignares sur le calendrier électoral de 2007.
    6_5 Encore une réformette signée Sarkozy: timide allègement de l'impôt successoral.
    6_6 Hervé, n'avoue jamais!
    6_7 France: la grande braderie continue.
    6_8 Brèves de "alpmedia" Espace Diamant"
         En panne au pays du Mont-Blanc.
         Suisse: les NLFA plus chères, idem en Autriche
          Les canons à neige ne sont plus un tabou
          Avenir du loup dans les Alpes.
       
 
B - Dossiers :
 
1_1 Turquie et Constitution: ne pas mélanger!
par Patrice Abeille,
Secrétaire général de la Ligue savoisienne.
Parmi les Savoisiens comme parmi les Savoyards et aussi les Français, une assez grande confusion demeure quant aux questions européennes du moment. Deux débats, en particulier, se télescopent: la candidature de la Turquie et le projet de Constitution de l'Union européenne.
Le 10 octobre à Paris, le Journal du Dimanche publiait un sondage indiquant ceci:
- 58% des personnes interrogées n'ont pas encore d'avis sur la Constitution européenne;
- 18% voteraient oui pour "aller de l'avant" et accessoirement pour donner plus de poids à l'Europe par rapport aux États-Unis et aux autres grandes puissances;
- 15% voteraient non, principalement pour exprimer leur hostilité à l'adhésion de la Turquie, secondairement pour s'engager contre la menace des délocalisations et pour une Europe sociale.
Ces indications sont consternantes; elles résultent du manque d'information sur les réalités de l'Union européenne. Or les Savoisiens ont tout intérêt à se placer dans le courant dominant de la construction européenne, du côté des petits peuples d'Europe qui s'y trouvent à l'aise et y obtiennent des réussites éclatantes.
Pourquoi certains mêlent-ils la candidature de la Turquie au débat sur la Constitution? L'article I-58 du projet de Constitution définit précisément les modalités de candidature et d'adhésion d'un nouvel État membre: elles sont rigoureusement les mêmes que dans la situation actuelle! Voici le texte:
 
Article I-58: Critères d'éligibilité et procédure d'adhésion à l'Union.
1. L'Union est ouverte à tous les États européens qui respectent les valeurs visées à l'article I-2 et s'engagent à les promouvoir en commun.
2. Tout État européen qui souhaite devenir membre de l'Union adresse sa demande au Conseil.
Le Parlement européen et les parlements nationaux sont informés de cette demande. Le Conseil statue à l'unanimité après avoir consulté la Commission et après approbation du Parlement européen, qui se prononce à la majorité des membres qui le composent. Les conditions et les modalités de l'admission font l'objet d'un accord entre les États membres et l'État candidat. Cet accord est soumis par tous les États contractants à ratification, conformément à leurs règles constitutionnelles respectives.
En quelques lignes, ce texte pose une règle bien plus claire que le fatras qui résulte de 40 ans de discussions entre les Européens et la Turquie.
Il dit que l'Union est européenne et ne peut accueillir que des États européens. Comme celui de la Russie, le cas de la Turquie fait débat: son plus gros centre urbain, Istamboul, est en Europe, mais l'essentiel de son territoire et de sa population est en Asie.
L'article ne supporte en revanche aucune discussion quant au mode de décision: c'est bien l'unanimité des États membres qui est requise, tant lors du vote au Conseil que lors de la ratification finale, par référendum ou vote parlementaire selon ce que prescrivent les Constitutions internes des États.
Il est donc parfaitement possible de dire non à l'adhésion de la Turquie, de refuser même d'accepter sa candidature (tout en estimant nécessaire de renforcer les coopérations déjà établies), et en même temps de dire oui au Projet de Constitution. Telle est la position que j'argumenterai au Neuvième Congrès de la Ligue savoisienne, où tous les Savoisiens pourront s'exprimer et se prononcer.
Les échéances de ces deux choix importants ne sont pas les mêmes. C'est dès 2005 que les Européens choisiront de se doter ou non d'une Constitution, qui en cas de succès entrera en vigueur dès 2009. La candidature de la Turquie, quelle que soit la décision du Conseil européen de décembre prochain, n'a aucune chance d'aboutir à une adhésion avant une quinzaine d'années. Raison de plus pour bien distinguer les deux questions.
P.A.
 
 
2_1 La vie de Joseph de Maistre.
Pour faire suite à l'article de Gérard Vallet, "Joseph de Maistre, écrivain savoisien", paru dans le n°71 de L'Écho de Savoie (avril-mai 2004, pages 6 et 7), nous publions de larges extraits d'un ouvrage devenu introuvable: la biographie de Joseph de Maistre par François Vermale, parue en 1927 dans les Mémoires et Documents de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie.
Livre III: La deuxième émigration.
(suite)
Chapitre II: Les lettres d'un royaliste savoisien.
L'installation de J. de Maistre à Lausanne fut d'abord des plus sommaires. Il eut une pension de 48 francs et un garni pour un louis par mois. Le 20 mai, il améliora cette installation en louant, de compte et demi avec M. de Thônes et sa fille, un appartement moyennant 5 louis. Le 23, Anne, sœur de J. de Maistre, et son propre fils vinrent le rejoindre à Lausanne, via Genève. Ce jour-là, il constata avec mélancolie qu'il n'avait plus en poche que 26 louis. Dès le 15 mai, la Première lettre d'un royaliste savoisien à ses compatriotes était imprimée. Le 16 mai, il envoyait à Berne, chez son ami Vignet des Étoles, le manuscrit de la deuxième lettre pour qu'il l'approuvât. Le 1er juin, cette deuxième lettre était imprimée... Le 21 juin, la troisième lettre paraissait. Le 5 juillet, Vignet des Étoles recevait le manuscrit de la quatrième lettre. Le 13, l'impression en commençait.
Dans ces Lettres, J. de Maistre assurait aux Savoisiens le retour du roi de Sardaigne en Savoie comme prochain, car les Français venaient de subir des revers graves en Hollande et en Belgique. Leur victoire de Valmy n'a pas eu de conséquence durable. Leur défaut national, qui est le manque de ténacité, vient d'entraîner leur défaite. Les Français, battus sur leurs frontières du Nord et de l'Est, devront évacuer la Savoie. Cet évènement est si certain que la France négocie, monnaye cet abandon de la Savoie auprès des puissances coalisées afin d'obtenir la paix ou la neutralité de l'Angleterre.
Que les Savoyards ne croient donc pas dans la parole de la Convention, dans sa promesse de ne pas déposer les armes avant d'avoir assuré la liberté aux Allobroges! Pour le retour du Roi, J. de Maistre promettait amnistie aux Savoyards, pardon général pour leur manque de fidélité. C'était le prétexte pour faire, dans la Quatrième lettre, une étude détaillée des réformes sociales réalisées depuis vingt-cinq ans par la monarchie sarde.
Nous savons par les rapports de Chépy, chef de l'espionnage français près l'armée des Alpes, que l'effet de ces brochures de J. de Maistre fut considérable. Colportées dans les villages par les prêtres réfractaires, les nobles ou les espions sardes qui rentraient en Savoie, commentées par tous ces agents de défaitisme, ces lettres contribuèrent à pousser les royalistes savoyards à organiser la rébellion. En mai 1794, Chépy écrivait au ministre des affaires étrangères à Paris: "que les habitants du Mont-Blanc sont très persuadés du retour prochain du Piémontais".
Fin juin, le baron Vignet des Étoles demandait à Turin une récompense pour les services de plume que J. de Maistre venait de rendre à la cause royaliste en composant ses brochures dont le succès en Savoie n'était pas niable. Il conseillait à son ministre d'utiliser un tel talent à Turin, dans un emploi secret. "Il me paraîtrait précieux d'avoir, sous votre main, une plume capable de bien exposer tout ce que vous jugeriez dans votre sagesse réfléchie devoir l'être selon les circonstances. Deux mots lui indiquant votre idée ou votre but suffiraient pour que son esprit épuise la matière avec le touché le plus convenable au sujet. Il est également docile pour réformer ce que vous croiriez devoir retrancher de ce qu'il aurait jeté. Enfin, vous auriez une personne de confiance cachée et sûre, telle que j'ai vu, dans les circonstances épineuses, tous les ministres de votre délicat département en avoir tenu. Vous avez en outre l'avantage dans celui-ci de ne donner aucun ombrage à votre bureau où il ne prétend rien, et où il ne travaillerait même pas, mais dans vos chambres d'en haut ou chez lui. Il me paraît presque inutile à Lausanne où il ne manque pas de nos personnes comme M. Bigex, pour parler à ce bon homme de nouveau bailli, et ce que le roi ne peut se dispenser de lui fournir là, lui suffirait à Turin, où il a de bons parents: aussi le service et l'économie s'y rencontreraient, et lorsque la justice et la paix renaîtront sur la terre, Sa Majesté aura un excellent sujet formé à de plus sûrs principes que ceux des parlementaires qui avaient pénétré dans le Sénat de Savoie. Comme les hommes n'ont pas des qualités sans quelque mélange de défauts et l'amitié ne doit pas, à mon sens, cacher ceux-ci qui peuvent influer au service en parlant à un Ministre. Aussi je vous préviendrai que M. Maistre montre trop son esprit et peut en faire inconsidérément dans les compagnies où on le goûte infiniment et il faut l'éloigner par conséquent. C'est par cette supériorité qu'il s'est fait beaucoup d'ennemis, ainsi que je lui ai reproché depuis très longtemps. Je le gronde aussi de ce qu'il se laisse abattre aisément".
Le ministre, M. le comte d'Hauteville, répondit: "Je connais ses talents: c'est comme vous dites, Monsieur, un homme de beaucoup d'esprit. Je ne crois pas cependant pouvoir tirer de sa plume d'aussi grands avantages que vous imaginez, toute bonne qu'elle soit".
J. de Maistre néanmoins reçut une récompense du Roi. Le 3 juillet, le baron d'Erlach l'informait qu'il avait reçu avis de sa nomination officielle comme "correspondant des bureaux du Ministère des Affaires étrangères de Turin". C'était peu reluisant, mais, tout de même, J. de Maistre cessait d'être un émigré pour être un personnage de la carrière, un diplomate. Il retrouvait, par là-même, un appointement qui, si minime fût-il, pouvait dans une certaine mesure atténuer son impécuniosité. De ce point de vue, J. de Maistre accueillit avec joie sa nomination.
Chapitre III: J. de Maistre correspondant à Lausanne du Ministère des Affaires étrangères de Turin (1793-1797). Les Considérations sur la France (1797).
À Lausanne, les émigrés savoisiens se préparaient ouvertement à la guerre. Le 22 juin, le marquis de Sales, attaché à l'état-major du duc de Montferrat, venait dîner avec son ami J. de Maistre. Le 25, celui-ci demandait au baron d'Erlach l'autorisation de tenir une réunion de tous les émigrés savoisiens. Le 26 au matin eut lieu "l'assemblée de tous les sujets du roi, résidents à Lausanne à Belle-vue; messe pour le roi, bénédiction et discours préliminaire de M. l'abbé Bigex, vicaire général de l'évêque d'Annecy". C'était comme une messe avant l'attaque. Maurice de Sales était venu distribuer les rôles pour que, malgré la neutralité de la république du Valais, une colonne de l'armée austro-sarde, destinée à envahir le département du Mont-Blanc par le Faucigny, puisse emprunter le territoire de cette république. D'autre part, il était venu assurer le recrutement d'un régiment suisse et donner des instructions pour faciliter les désertions dans l'armée française. Le 27, J. de Maistre marque qu'à cette date Maurice de Sales quittait Lausanne.
En juillet, l'offensive de l'armée austro-sarde ne se déclenchant pas, J. de Maistre bout d'impatience. Il aurait voulu que, profitant de la révolte de Lyon, des troubles fédéralistes du Midi, de la lutte entre les Girondins et les Montagnards dans le reste de la France, son Roi s'avançât hardiment en Savoie et portât secours aux Lyonnais assiégés. Mallet du Pan, alors à Bruxelles, était dans le même état d'esprit et envoyait des lettres d'injures au baron Vignet des Étoles, lui reprochant l'inertie de l'armée austro-sarde. Transmettant ces lettres à Turin, Vignet des Étoles ajoutait: "Je ne vous envoie pas la lettre de Mallet, parce qu'elle est pleine d'injures sur notre inaction et notre négligence à faciliter la réunion des Marseillais et des Lyonnais et ainsi à séparer tout le Midi de la Convention. Nous avions entre nos mains, dit-il, plus qu'aucune autre puissance, le sort de l'Europe".
En post-scriptum le baron Vignet ajoutait: "Ce que Mallet dit de vrai, c'est que les Jacobins se sont emparés de l'audace, de la vigueur et de la célérité qui donnent tant d'avantages... Heureux ceux qui attaquent".
À Lausanne, les femmes maudissaient à leur tour ces généraux autrichiens qui semblaient s'endormir. Anne de Maistre écrivait au marquis de Sales: "Ne pas entrer en Savoie! Ne pas écraser les quatre pelés qui gardent nos montagnes! Oh! Monsieur le Marquis, quel démon s'est donc emparé des esprits! Quel mauvais et hideux génie fait des redoutes dans toutes les têtes, pire mille fois que toutes celles des Français!.. Ne verrons-nous pas nos dieux pénates au temps de la vendange? Cette idée me tue, ou pour mieux dire, elle me fait vivre de la mort".
J. de Maistre faisait savoir que ses correspondants n'attendaient qu'un signal pour déchaîner une révolte générale en Savoie. Circonstance heureuse, Helflinger, représentant de la France en Valais, et agent d'espionnage de première valeur, venait d'être déplacé!
Ce ne fut que dans la nuit du 11 au 12 août que l'offensive austro-sarde commença.
Dans l'état-major de l'armée des Alpes, commandée par Kellermann, ce fut l'affolement. Les services d'espionnage ayant été désorganisés depuis la chute des Girondins et manquant d'argent, avaient fonctionné de façon insuffisante. Le général Kellermann avait retiré ses réserves du Mont-Blanc et était parti avec elles au siège de Lyon. À Paris, l'on ne douta pas que le département du Mont-Blanc fût perdu pour la République. Un député dantoniste proposa même d'abandonner ce département où les habitants trahissaient. À Chambéry, l'ordre fut donné d'évacuer les hôpitaux et les magasins de l'armée sur Grenoble... À Chambéry, à Cognin, à Rumilly, à Annecy, des bandes armées se levaient en faveur du roi de Sardaigne. Il aurait suffi d'un peu d'audace et de rapidité dans la manœuvre de la part des généraux autrichiens pour que cette offensive réussît parfaitement. Mais les Austro-Sardes ne surent même pas utiliser l'effet de surprise produit par leur attaque imprévue. J. de Maistre, avec son entourage, recommença à parler, devant tant de lenteur et d'incapacité, de trahison. De Lausanne, il enviait la belle énergie, l'audace impétueuse déployée dans le camp des révolutionnaires. Ils avaient su se ressaisir. Galvanisés par Philibert Simond, renvoyé en toute hâte par le Comité de Salut public pour défendre le Mont-Blanc, les jacobins savoisiens surent empêcher une révolte générale de ce département. Cinquante-quatre otages furent pris parmi les nobles de Savoie et évacués sur Grenoble avec les blessés. Kellermann, ramené du siège de Lyon, sut maintenir ses troupes cramponnées au terrain. Dès septembre, il avait reçu assez de renforts pour prendre une contre-offensive. J. de Maistre envoyait des lettres indignées. À Turin un parti anti-autrichien s'était formé à la Cour et applaudissait aux mercuriales de J. de Maistre contre les lenteurs voulues des généraux autrichiens et peut-être leur trahison. Le 8 septembre, J. de Maistre écrivait à Mme Costa: "J'ai encore de quoi vivre, sans me gêner, pendant quinze jours. Je m'en moque, car ils se sont mis à m'aimer à Turin et ils sont gens à me payer les appointements qu'ils me doivent. Nombre de gens me croyaient perdu (et se mouraient de joie) à cause de mes admonestations habillées en louanges. Point du tout: nombre de personnages qui comptent ont pris cela fort bien". Les Austro-Sardes, en fin octobre, étaient ramenés à leur point de départ. Ce rétablissement prodigieux arracha à J. de Maistre un cri d'admiration. Il fut un des seuls, dans le camp des émigrés, à rendre avec lucidité hommage à la valeur militaire des Français, à l'admirable énergie de Philibert Simond et de ses acolytes. Les Piémontais, sauf une minorité anti-autrichienne, ne voulurent pas convenir de leurs fautes et de l'incapacité notoire des généraux autrichiens qu'ils avaient comme chefs. Ils s'en prirent aux nobles savoisiens qu'ils accusaient de les avoir trompés sur l'état des esprits en Savoie. J. de Maistre eut une explication très vive à ce sujet avec le duc de Montferrat. Il encourut, comme son ami Maurice de Sales, une sorte de disgrâce. Exaspéré contre tant de suffisance et d'incapacité, J. de Maistre s'exprimait en termes très vifs sur le compte de certains Piémontais dans sa correspondance avec le baron Vignet des Étoles. Ce dernier lui annonça qu'à Turin on recommençait à parler de son jacobinisme, de sa participation au complot maçonnique.
Dans une lettre en réponse, J. de Maistre maintint à son ami "que, contrairement à ce que l'on disait, il ne détestait pas les Piémontais, qu'il leur préférait seulement les paysans savoyards, accordant cependant que les bourgeois ne valaient pas grand'chose". Que, royaliste ardent, il n'entendait pas abandonner ses convictions, à savoir que l'armée dans les États sardes avait un pouvoir dangereux, celui d'exercer la police dans l'État. Il faudrait, quand le Roi recouvrerait la Savoie, enlever ce pouvoir à l'armée. En un mot, séparer la monarchie de la bâtonocratie. "Quant à mes ennemis, je suis leur très humble serviteur, je n'y pense plus. Tous les cris que j'ai entendu pousser contre vous, ici et ailleurs, ne peuvent égratigner l'amitié qui m'unit à vous. J'espère que mes clabaudeurs ne font pas plus d'impression. L'unique chose qui me fâche, c'est de vous voir parler sérieusement de cette niaiserie de franc-maçonnerie, enfantillage universel en deçà des Alpes, dont vous auriez été si vous aviez été parmi nous, et dont je me mêlais si peu depuis que j'étais enfoncé dans les affaires, que j'ai reçu un jour une députation pour savoir si je voulais être rayé de la liste; mais mes bons amis ne manquaient pas à Turin de m'appeler frère Joseph, tandis que je faisais tranquillement des arrêts à Chambéry. Je ne suis pas étonné que, dans un pays dont le vice capital est d'attacher une extrême importance à des riens (1), on ait parlé, et même beaucoup parlé de cette misère; mais je suis étonné que vous n'ayez pas senti tout de suite que ce n'était qu'un prétexte pour me jouer une pièce". Comme on le voit, J. de Maistre n'entendait pas être traité comme un "homme fini" par les Piémontais, amis de l'Autriche!
***
(...)
***
En octobre et novembre 1793, J. de Maistre vécut dans l'angoisse. Il craignait que les Jacobins vainqueurs, mais ayant eu terriblement peur du retour du Roi, n'exerçassent en Savoie des représailles nombreuses. Il n'en fut rien. Philibert Simond conseilla et proclama le grand pardon. Les otages furent relâchés à Grenoble. Cette amnistie générale surprit J. de Maistre; il ne put se l'expliquer que par un "tripot bienveillant" d'Aurore de Bellegarde qui, disait-on, était la maîtresse de Philibert Simond. D'autres influences féminines intervinrent, celle entre autres de la marquise d'Yenne, qui allait épouser le général Verdelin, commandant en chef la colonne chargée de reconquérir Cluses et le Faucigny.
Cette politique de l'indulgence, J. de Maistre l'avait conseillée à son Roi. Lorsque les colonnes piémontaises commencèrent à réoccuper une partie du territoire de la Savoie, Turin commit la faute de faire fonctionner aussitôt, sur les arrières de ses armées, une Cour de justice, chargée de juger les rebelles savoyards. Vignet des Étoles et le comte d'Hauteville avaient proposé J. de Maistre pour le poste d'avocat général près cette Cour. Il refusa et écrivit au comte d'Hauteville que cette Cour de justice était un "pas d'école".
***
Au début de l'année 1794, les alarmes de J. de Maistre redoublèrent. La Terreur régnait dans les départements voisins du Mont-Blanc.
À Lyon, à Bourg, les royalistes étaient massacrés. Qu'allait-il se passer à Chambéry avec l'arrivée du nouveau Commissaire de la Convention, le citoyen Albitte? J. de Maistre avait pu réunir à Lausanne autour de lui, et sous sa protection, sa femme qui s'était échappée de Savoie en juillet et avait pu gagner le pays de Vaud habillée en paysanne, mais qui néanmoins avait dû abandonner sa petite fille à des paysans près du lac d'Annecy. Il avait encore sa fille aînée, son fils, sa sœur Anne, son autre sœur Mme. Constantin de la Bathie, dont le mari, arrêté à Truaz dans les circonstances que nous connaissons, avait été libéré des prisons révolutionnaires après quatre mois de prévention et avait rejoint Lausanne le 8 août, juste à temps pour prendre les armes dans la colonne d'invasion du Faucigny, commandée par Maurice de Sales. Mais restaient en Savoie son frère le doyen de Moûtiers et toute sa belle-famille. J. de Maistre, alarmé par la proclamation d'Albitte ordonnant la destruction des églises, des châteaux et l'arrestation des nobles et des prêtres, fit parvenir aussitôt cette nouvelle à son frère le doyen de Moûtiers. Puis, malgré qu'il n'eût presque pas de fonds, il prit sur le pain de sa famille l'argent nécessaire pour payer des commissionnaires vaudois qui consentissent à pénétrer en Savoie munis de passeports, afin de tenter de ramener les personnes auxquelles ils étaient adressés. Après diverses tentatives, le 3 avril, un voiturier assuma cette mission. Il ne dépassa pas Annecy, où il fut arrêté. La famille de Morand ayant été emprisonnée, J. de Maistre envoya sa sœur solliciter, au château de Coppet, l'intervention, auprès des autorités révolutionnaires, de Mme de Staël, qu'il connaissait et qui mettait à la disposition des familles nobles malheureuses l'influence considérable dont elle jouissait.
***
Dès le mois d'avril 1794, les Français renouvelèrent leurs attaques sur le Piémont, cette fois dans le comté de Nice, en vue de s'emparer du col de Tende. Henri Costa de Beauregard, qui avait repris du service en août 1792, se battait cet hiver avec les défenseurs du col de Tende. Il avait le grade de major et le général Colli était son chef. Costa avait sous ses ordres son jeune fils, âgé de 15 ans. Au combat de la Saccarella (27 avril), Eugène Costa fut blessé par une balle et mourut des suites de sa blessure.
Le 28 mai, J. de Maistre porte dans ses Carnets: "Mercredi je reçois la nouvelle fatale de la mort du jeune Eugène Costa, mort de ses blessures à Turin, dans la nuit du 20 au 21.
29. — Je pars pour Nyon dans l'après-midi pour me rendre auprès de Mme. la comtesse de Costa et lui rendre les tristes devoirs qu'exige la circonstance.
30. — Séjour à Nyon.
31. — Vers les 7 heures du matin, on apprend à Mme. Costa son malheur.
2juin. — Je pars à 3h 1/2 avec Mme. Costa et sa femme de chambre, elle vient s'établir chez moi".
Le 12, J. de Maistre, ayant réussi à convaincre Mme. Costa à ne pas retourner à Nyon et à vivre désormais près d'eux à Lausanne, lui loua une maison chez Mme. Charrière à Petit Bien. Pour bercer cette douleur d'une mère et ces malheurs d'émigrés, J. de Maistre composa son "Discours à Madame la Comtesse Henri de Costa sur la vie et la mort de son fils, lieutenant au corps des grenadiers royaux de S.M. le Roi de Sardaigne. Né au château de Villars en Savoie le 12 avril 1779, mort à Turin le 12 mai 1794, d'une blessure reçue le 27 avril précédent à l'attaque du col Ardent".
Ce discours fut imprimé et publié à partir du 15 août 1794. J. de Maistre à Lausanne fut son propre éditeur et en vendit un nombre important d'exemplaires.
(à suivre)
(1) "dans un pays dont le vice capital est d'attacher une extrême importance à des riens": la Savoie d'aujourd'hui s'est-elle guérie de ce vice? (NDLR)

3_1 "La Gerbe cachait l'épitaphe".
Onze novembre 1918 à 11 heures, 11minutes et 11 secondes: la fin du massacre.
Un onze novembre de plus, le temps était gris et bas, les drapeaux mouillés, accrochés à leur mats s’égouttaient comme du vulgaire linge sur un étendage. Les gouttes tombaient comme des larmes sur la longue liste du monument.
Sous mon parapluie, pendant la cérémonie, je ne pus m’empêcher de penser. Tous ces noms communs de chez nous, tous ces hommes extirpés de leur famille, laissant derrière eux des enfants et des mères. Pour les besoins de la cause, celles-ci ont vu peser sur leurs fragiles épaules la charge des hommes absents. Les travaux des champs et de la ferme n’attendaient pas, il fallait continuer à vivre, et à faire vivre la famille, les parents octogénaires donnaient le maximum de leurs faibles moyens pour les aider.
Une lettre rassurante, la seule liaison entre ces deux époux et la famille. Hier le maire est passé sur le chemin avec son écharpe; son cœur s’est arrêté de battre, il a continué son chemin en la saluant de loin. Ouf! Ce n’était pas pour cette fois-ci. Mais à qui allait-il porter cette mauvaise nouvelle, à l’Andréa ou à la Thaïs... Puis un jour, une lettre est arrivée: "un éclat d’obus m’a déchiqueté le pied, mais je suis vivant"... C'est vrai qu’il est vivant, mais infirme. Lorsqu’il revient à la maison, sa femme est fatiguée, la saison a été pluvieuse et l’hiver rigoureux. Un vêlage s’est mal passé, la petite dernière a eu la rougeole, la fièvre lui a laissé quelque chose (comme on disait).
Le printemps est là, la vie reprend son cours; il raconte par petits épisodes les tranchées, la vermine, le copain qui est mort. Ses yeux rougissent, il devient muet, puis s’écrie en marmonnant et en serrant les dents: "Baye-mi na gotte à citre"!
Il n’aime pas parler de la guerre, il sait qu’il n’aurait pas dû partir, qu’il était en zone neutre, mais comment s’opposer à cet ordre qui bafoue l’accord passé entre ses parents et la France?
Quand le facteur lui apporta la lettre de mobilisation, il lui dit simplement: "Mon pour José"...
La fanfare entonna l’hymne national, je sortis de ma léthargie, il pleuvait toujours. Le vent souffla en rafale, la gerbe posée devant le monument bascula, une feuille morte était collée sur l’épitaphe, et masquait une lettre. Nous pûmes lire: Morts par la France.
Gilles Rosset.
 
3_2 Mots croisés: le cruciverbiste ducal.
Voir le journal.
 
3_3 La TV 8 Mont-Blanc bientôt reçue partout?
Depuis que la TV8 Mont-Blanc avait repris sa diffusion, quelques réseaux câblés ou réémetteurs terrestres pouvaient relayer la chaîne pour la joie d’une petite partie des Savoyards. Certains réseaux câblés la diffusent dans leur service de base et d’autres vont même la proposer dans leur service complet payant.
Les bons résultats des sondages Médiametrie de la chaîne et l’évolution de la technique permettent aujourd’hui à la chaîne locale de Savoie, TV8 Mont-Blanc, d’être envoyée sur satellite afin d’être accessible à tous les habitants de Savoie et plus largement à toute l’Europe grâce à la flotte des satellites Eutelsat 13° Hot-Bird.
Monsieur Laurent Surbeck, directeur commercial de la 8, se réjouit de la diffusion de la chaîne en dehors de la Savoie. Il m’a confié qu’il reçoit des messages de félicitations de téléspectateurs de Savoie mais aussi des pays de l’est, du Maghreb ou d’Irlande. Il m'assure que les programmes vont s’étoffer. "Élargir l’audience en gardant notre âme", "nous allons continuer à respecter nos valeurs", ont déclaré les animateurs de la chaîne.
Pour pouvoir capter le signal du satellite, il suffit d’avoir une antenne parabolique appropriée, de la pointer sur le satellite Hot-Bird 13°, et de posséder un terminal numérique. Les terminaux de réception satellite numérique actuellement sur le marché peuvent recevoir la TV8 Mont-Blanc Sat, il suffit simplement de le paramétrer ou de le mettre à jour: en effet la chaîne diffuse ses programmes en "free to air" ( clair et gratuit), c’est-à-dire sans abonnement.
En cas de difficulté il faut consulter un antenniste satellite (en lui indiquant les détails techniques ci-dessous) qui saura vous aider.
Pour ceux qui ont déjà une parabole recevant le bouquet TPS, les programmes de la TV8 sont sur le numéro de programme 63. En effet le bouquet TPS étant aussi sur Hot-Bird, il est le seul —à ce jour— à reprendre automatiquement la TV8 Mont-Blanc dans sa numérotation, cela permet déjà plus d’un million et demi de téléspectateurs supplémentaires à la chaîne.
Enfin, chose à noter, des communes de Savoie qui n’avaient pas la possibilité de recevoir directement la TV8 Mont-Blanc envisagent à terme de réémettre le signal par la voie hertzienne terrestre, en équipant des réémetteurs de leur communes afin que les téléspectateurs puissent la recevoir directement sur leur téléviseur sans avoir de parabole et par leur antenne classique actuelle. La société SOTELCAB de Thonon en Chablais, spécialisée depuis plus de trente ans dans tous types de réseaux de vidéocommunication, a déjà été contactée par des stations de Savoie , des communes, ou des groupements de communes pour des études techniques.
La commune de Morzine reprend déjà des programmes de TV8 dans sa chaîne locale.
Il ne reste plus qu’à espérer que la chaîne TV8 Mont-Blanc reste accessible à tous sans abonnement payant. Qu’elle contribuera à la Savoie que nous voulons meilleure pour les générations futures, et que la Ligue savoisienne puisse y conserver la tribune et l’audience quelle mérite.
Gérald Calmus,
Technicien videocom,
Faucigny.
Précisions techniques (pour votre antenniste):
Satellite: Eutelsat 13°Hot-Bird
Fréquence: 11303.75 MHz
Polarité: H (basse)
Transpondeur: Telespazio
Débit Symbol: 27500 Mbauds
FEC: 3/4
PID video: 3011
PID audio: 3012
 
 
3_4 Football en Savoie. Ce "petit" club qui monte...
Depuis décembre 2002, c'était un secret de polichinelle... Il paraît que le FC Gaillard et le FC Ville-la-Grand vont fusionner, non?
Personne, dans cette région si pauvre en football depuis le retrait de Thonon et d'Annecy, n'imaginait cela, mais ce fut l'histoire d'une poignée de dirigeants qui décidaient de relever le défi: doter la Savoie d'un grand club de football! Eh oui, un beau jour de juin 2003, alors que les bourgeons venaient à peine de sortir, le Football Club Croix de Savoie émergeait! Un grand choc pour l'agglomération annemassienne qui voyait naître... un nouveau club! Beaucoup se disaient "ça ne marchera pas, et puis ils se sont jamais entendus donc ça va casser un jour". Oh, qu'ils sont nombreux, ces pessimistes!
Mais qui osait imaginer que les Croix de Savoie, alors âgées de tout juste une année, se propulseraient en National, aux portes du professionnalisme? Personne. Mais c'est avec beaucoup de qualités que les Croix de Savoie, emmenées par l'emblématique Pascal Dupraz, qui défend les couleurs de son Pays (la Savoie, bien sûr) s'envolent pour un autre monde: le National!
Alors qu'un tiers du championnat est déjà joué, les Croix de Savoie, ce "petit" club qui monte et qui n'en finit pas d'étonner, sont désormais à la troisième place, synonyme d'accession en ligue 2. Mais avant tout les Croix de Savoie veulent s'inscrire dans la durée afin de s'installer convenablement, et ainsi conserver leur titre honorifique de porte-drapeau du football savoyard!
Julian Dupraz.
Rang
Club
Points
Gagnés
Nuls
Perdus
1
Valenciennes
27
8
3
1
2
Entente SSG
23
6
5
1
3
Croix de Savoie
20
6
2
4
4
Racing CF 92
20
6
2
4
5
Valence
19
5
4
3
6
Ajaccio GFCO
19
6
1
5
7
SFC Sète 34
17
4
5
3
8
Nîmes Olympique
17
4
5
2
9
Tours
17
5
2
5
10
Wasquehal
15
3
6
3
11
Raon US
15
4
3
5
12
Libourne STS
15
3
6
3
13
Cannes
14
4
2
6
14
Bayonne
14
3
5
4
15
Rouen
14
4
2
6
16
Pau
12
3
3
6
17
Roye
12
3
3
6
18
Besançon
12
4
0
8
19
Cherbourg
11
2
5
4
20
Romorantin SO
10
2
4
6
 
 
3_5 Tribune libre. OGM: une autre analyse.
par Adrien Fournier.
(réaction à la tribune libre de Gérald Wojtal-Aillaud, "À propos des OGM", publiée dans L'Écho de Savoie n°75 page 8)
Vous commencez votre argumentation en affirmant que la pénurie alimentaire à venir dont parlent les partisans des OGM "ne s’appuie que sur une autre prévision, celle de 11 milliards d’Hommes sur la Terre en 2100", présentant ainsi cette prévision comme purement hypothétique. Cependant, vue la croissance démographique mondiale actuelle, cette prévision a une probabilité non négligeable de se révéler exacte. Il s'agit donc non pas de remettre en cause cette prévision mais de se tenir prêt à cette éventualité et de trouver une solution concrète aux problèmes qu'elle soulève (ce que font les OGM, nous y reviendrons plus loin).
Vous fustigez également le fait que certains "surbouffent" pendant que d'autres meurent de faim, mais est-ce la faute des multinationales biotechnologiques? Certainement pas: ces dernières mettent à disposition du marché ce qu'elles produisent et ces produits se vendent dans les pays riches et développés TOUT COMME dans les pays pauvres en voie de développement. Personne ne forçant qui que ce soit à acheter leurs produits, ces entreprises ne font que répondre à une attente du marché. Quant à la surproduction que vous évoquez et au partage des richesses plus équitable que vous préconisez, sachez que d’une part, ce partage n'est en aucun cas équitable car un partage n'est équitable que s'il est fait entre des personnes ayant participé à la production de l'objet partagé et en tenant compte de la participation de chacun; il s'agit ici non pas de partager équitablement mais de donner généreusement, ce que certains grands industriels font par l'intermédiaire de dons. D'autre part, ces entreprises ne peuvent pas perdurer et se développer si elles ne réalisent pas de profit, ce qui implique qu'il n'y a pas de surproduction (une entreprise qui marche ne produit pas plus qu'elle ne peut vendre) et que si ces entreprises partageaient leur production de façon à ce que personne ne meure de faim, elles ne feraient plus de profit et seraient vouées à fermer. À qui une telle conséquence bénéficierait-elle?
Vous affirmez enfin que ces industriels se moquent de la famine et ne cherchent qu'à faire du profit. Savez-vous que les chercheurs ont mis au point un riz transgénique surnommé "riz doré"? Ce riz génétiquement modifié contient des éléments nutritifs (dont la vitamine A) permettant de lutter contre des maladies liées aux carences alimentaires des habitants des pays du Tiers-monde, comme la cécité irréversible qui frappe chaque année des centaines de milliers d'enfants manquant de vitamine A. Ces personnes n'ont, pour des raisons financières, pas le choix quant à leur alimentation et elles achèteront du riz transgénique (les OGM étant pour elles la seule et unique façon de ne pas mourir de faim), doré ou non. Les industriels sont donc assurés de vendre leur production de riz transgénique; s’ils ne recherchaient que le profit, pourquoi dépenseraient-ils de l’argent pour mettre au point des variétés de riz encore plus élaborées permettant de lutter contre les maladies qui touchent les habitants des pays pauvres?
Toute entreprise cherche à réaliser du profit, mais présenter les entreprises biotechnologiques comme des machines à profit ne se souciant pas des personnes menacées par la famine témoigne d’une vision réductrice, fruit de préjugés erronés et propagandistes.
Vous avez par la suite tenté de démontrer que les OGM n’avaient rien d’écologique. Or, force est reconnaître un fait avéré et indubitable: les cultures transgéniques réduisent les quantités de pesticides utilisés. Prenons l'exemple de l'Iowa (réserve céréalière des USA, voire du monde) où le maïs transgénique utilisé depuis 1998 ne nécessite plus le moindre pesticide (Guy Sorman, "Le progrès et ses ennemis", p.42). Les pesticides utilisés autrefois, en plus de tuer nombre d’insectes n’ayant rien à voir avec le maïs à protéger, polluaient les sols, les rivières et l’air, entraînant ainsi un effet néfaste sur tous les êtres vivants qui y étaient exposés. Les OGM ont donc mis fin à cette réelle catastrophe écologique.
Vous mentionnez ensuite l'émergence d’un déséquilibre naturel qui naîtrait de l’apparition de plantes capables de résister seules face aux parasites végétaux et animaux. Sans même évoquer les capacités d'adaptation de ces parasites à leur nouveau milieu, je vous ferai observer qu'aux USA le maintien des cultures originelles auprès des cultures d'OGM est obligatoire. Le problème que vous évoquez ne peut donc survenir que dans des pays où les réglementations sur les OGM sont inexistantes (ou presque, comme c’est le cas en Chine) ou non respectées (comme l'Amérique latine où sévit le fléau du marché noir). Est-ce là la faute des fabricants d’OGM ou des populations elles-mêmes?
Vous supposez ensuite que les OGM pourraient présenter une vulnérabilité accrue face aux changements environnementaux. Ce n’est qu’une supposition, basée non pas sur une observation scientifique mais sur un fantasme propre aux opposants aux OGM. Il est bien sûr légitime de se poser de telles questions et c'est pour cela que les OGM subissent des tests scientifiques sur une période de 10 à 15 ans avant d’être commercialisés. Après tous ces tests, la véracité de votre supposition n’a encore jamais été démontrée. L'avancer comme un argument est donc fallacieux.
Vous évoquez enfin la question d’une dispersion non-contrôlée des OGM qui pourrait se révéler calamiteuse. Cette question est essentielle et c'est à fort juste titre que vous soulevez ce danger potentiel. Vous oubliez cependant de préciser qu'il existe aujourd’hui des graines transgéniques conçues pour ne pas se reproduire (comme la célèbre graine "Terminator"), afin d'éviter tous problèmes de ce type. Un effort a donc été fait dans ce sens mais cette pratique est encore loin d’être généralisée et il convient de rester vigilant face à cette question.
Au final, il apparaît que les OGM sont loin d’être mauvais. Sont-ils totalement bons pour l'Homme et pour l'environnement? Nul ne peut objectivement répondre de façon tranchée à cette question et c'est pourquoi les OGM font l’objet, depuis leur création et à travers le monde entier, d'études scientifiques seules à même d'éclairer notre lanterne. La science ne peut tout prévoir mais un fait demeure cependant: pour des centaines de millions d'êtres humains, le choix se résume aujourd'hui à mourir de faim ou à vivre grâce aux OGM. Rien ne vous force à en consommer; vous pouvez donc continuer à les critiquer, vous qui vivez dans un pays riche et qui mangez à votre faim tous les jours, mais laissez survivre ceux qui n'ont pas votre chance.
A.F.
 
3_6 Histoire vécue.
par Vincent Guérou.
 
C’était le cinq août dernier. Nous avions loué pour une semaine un petit appartement à Argentière en Savoie du Nord afin de connaître un peu mieux cette région savoisienne (nous sommes de Saint Baldoph, Savoie Ducale). Tous les jours il y avait marche en montagne et promenade dans une ville ou un village.
La veille nous avions prévu de nous lever tôt afin d’être à l’ouverture du Parc du Merlet pour pouvoir observer dans le calme du matin un maximum d’animaux, avant l’arrivée des meutes de touristes.
Deuxième famille à franchir le seuil du parc, très tôt donc, avec une veille pluvieuse donnant ce matin-là une masse importante de nuages montant de la vallée et dissuadant heureusement pour plus d’une heure d’autres aventuriers, nous avons respecté le silence, les sentiers, afin de nous approcher au mieux de cette nature, certes captive, mais toujours craintive des bruits et mouvements humains. Les premiers arrivés étaient de Chamonix, de Savoie. Ceci se vérifiait à leur comportement respectueux des lieux et de leurs habitants.
Un peu plus tard sont arrivés les touristes (français et autres). Ils ont immédiatement été reconnaissables: cris, rires, poses pour les photos où le groupe est plus important que l’animal se cachant sous les branches, raccourcis à travers l’herbe encore mouillée de rosée, cailloux qui roulent...
Alors que nous passions devant l’aire des marmottes, notre fille aînée, 14 ans, choquée par ce comportement, a tenté d’expliquer à un groupe à l’accent français du sud-est qu’en faisant tant de bruit ils ne verraient pas les marmottes. Rien n’y a fait, ils étaient là comme dans un zoo et donc tout bruit était permis. Le fait de ne pas voir ce pourquoi ils étaient théoriquement venus ne les perturbait pas, tous occupés qu’ils étaient à faire savoir à qui voulait l’entendre ce qu’ils avaient mangé la veille au soir. Et ils ne se gênaient pas non plus pour répondre fort à ma fille qui leur parlait doucement.
Arrivant derrière elle, un peu excédé, je leur dis: "c’est vrai qu’à continuer à brailler ainsi vous ne verrez pas grand-chose". Et je continuais mon chemin, n’ayant aucune envie de parlementer avec ces gens qui de toute façon étaient résolument inaccessibles à l’esprit du lieu, à l’esprit de notre Savoie. La femme la plus âgée fut stupéfaite de ma répartie, et, après un moment de surprise, elle se tourna vers celui qui était certainement son mari en lui répétant ma phrase: "non mais tu as entendu ce qu’il a dit, brailler, brailler!!". Et lui, ne sachant que répondre, finit par dire: "laisse, ce sont des paysans!"
Il ne se doutait pas qu’il faisait naître sur mes lèvres un sourire de satisfaction.
Car pour moi il s’agissait d’un compliment, d’une fine appréciation consistant à reconnaître un être encore en communion avec la nature, cette qualité qu’eux avaient perdue depuis longtemps, dans leur pays.
Savoisiens mes frères, Savoisiennes mes sœurs, restez proches de notre pays, et que nous soyons ou non paysans de métier, méritons cette appellation qui marque notre attachement profond à notre terre, la SAVOIE.
V.G.
 
3_7 "Français avant vous".
Quand j'étais gamin, au collège, j'avais un copain métis, dont le père était antillais. Comme à cette époque les remarques un peu racistes étaient fréquentes du fait du manque d'habitude de rencontrer des gens colorés, sa mère lui avait appris à répondre aux gamins qui auraient pu le chicaner dans la cour: "ch'te signale que j'ai été français avant vous". À l'époque je ne comprenais pas bien ce que ça voulait dire, à part que je venais "de me faire griller". "Français avant moi" ça signifiait que, même si il était noir, il était aussi blanc que moi, puisque "français", et même PLUS blanc que moi, puisque français AVANT moi. À notre échelle de gamins, tout ça ne signifiait rien du tout, ça n'était que des mots sans conséquences, et de plus nous étions des copains inséparables... Mais aujourd'hui, avec le recul, je me souviens de ces mots qu'une adulte avait formulés, et qui étaient destinés à servir d'arme verbale, donc comme toute arme, fût-elle de défense, à blesser. Et ces mots, qu'à l'époque je répétais aux gamins qui venaient chicaner mon copain, pour le défendre, me blessent. Parce que maintenant je comprends qu'en pleines années quatre-vingts, les Savoyards étaient toujours des Français de seconde classe, français APRÈS les autres, TOUS les autres. Eh bien, très chère madame P., aujourd'hui laissez-moi vous répondre: "Je vous emmerde, vous et votre France de mes deux, gardez-vous-la, je n'en veux pas, merci". À bon entendeur, salut!
Le Ptiou d'Sblyossi.
 
4_1 Les Savoisiens au Pays Basque: un accueil exceptionnel!

76paysba.jpg (71052 octets)

42 Savoisiens ont effectué, du 24 au 30 septembre, un voyage de découverte et d'étude au Pays Basque. Ils en ont rapporté des souvenirs inoubliables, notamment cet Alderdi Eguna qui rassemblait plus de 100 000 patriotes basques.
photo 1 sans légende (alderdi1.jpg) panoramique
En Iparralde (Pays Basque nord) nous avons retrouvé nos amis du Parti Nationaliste Basque, Ramuntxo Camblong, Philippe Duluc, Aitor Arandia, Beñat Oteiza et Txaro Goikolea. Beñat avait participé en 2003 à notre Congrès de Saint-Jean de Maurienne.
Après une halte dans la ville fortifiée de Garazi (Saint-Jean Pied de Port) et la visite de l'église et du moulin de Sanpere (Saint-Pée sur Nivelle), nous avons pris nos quartiers pour quatre nuits dans le village de Sare, non loin du col de Saint-Ignace qui mène au départ du chemin de fer à crémaillère de la Rhune. Nous n'avons pas manqué cette ascension vers un sommet de 905 mètres, situé sur la frontière franco-espagnole, d'où on peut apercevoir les sept provinces basques: Labourd, Soule, Basse-Navarre, Gipuzcoa, Biscaye, Alava et Navarre. Le train à crémaillère, propulsé par des moteurs suisses alimentés en courant triphasé (deux pantographes), rénové périodiquement pour demeurer dans sa configuration authentique de 1924, était en lui-même un objet du plus haut intérêt pour les Savoisiens amateurs de technologie!
Il a fallu s'habituer aux deux noms différents de chaque localité: un nom espagnol ou français, et un nom basque. Même si aucun d'entre nous ne connaissait cette très ancienne langue d'Europe, ses sonorités nous devenaient familières...
Notre première incursion en Hegoalde (Pays Basque sud) nous a permis de participer à l'Alderdi Eguna, la fête nationale du peuple basque. Cette fête populaire extraordinaire réunit, à l'initiative du PNV (Partido Nacionalisto Vasco), au moins 100 000 personnes de tous âges sur un terrain voisin de l'aéroport de Gasteiz (Vitoria), la capitale de la province d'Alava, le dernier dimanche de septembre. Pour assurer la régularité de cette fête, le parti a acheté le terrain, qui sera progressivement aménagé avec des constructions durables!
Le peuple basque s'y rassemble, toutes générations mélangées, dans une ambiance détendue, amicale et simple, le gigantisme de la fête n'étant jamais oppressant. La foule accueille le défilé des délégations invitées: les Savoisiens, qui arboraient trois grandes bannières, ont été stupéfaits d'être salués, applaudis, acclamés et même embrassés tout au long du parcours! On écoute ensuite les discours des représentants du PNV. Après la responsable des jeunes du parti, deux leaders se succédèrent: le Lehendakari (président du gouvernement basque) Juan José Ibarretxe, et le président de la direction du PNV Josu Jon Imaz. Tous trois s'exprimaient alternativement dans les deux langues du Pays Basque sud, le castillan et le basque. Ils décrivaient de façon simple et déterminée les objectifs à portée de main: obtenir pour le PNV une majorité absolue au parlement basque en mai 2005, afin de pouvoir adopter le "plan Ibarretxe" (un statut de souveraineté basque partagée avec Madrid) et le soumettre à un référendum d'autodétermination. L'année 2005 sera déterminante pour l'avenir du Pays Basque. Les leaders ont mis en garde contre une impatience qui pourrait faire commettre des erreurs, alors que l'émancipation du peuple basque, déjà importante dans le cadre de l'autonomie obtenue en 1978, a de bonnes chances de remporter de nouvelles victoires sur le centralisme espagnol.
Après les discours et l'hymne basque, l'esplanade centrale se vide et l'on va en famille se restaurer dans les chapiteaux dressés tout autour par les sections du parti. Les Savoisiens avaient leur place réservée dans le chapiteau d'Iparralde, la section du Pays Basque nord.
Autre temps fort de ce voyage: la réception de notre délégation par le Député Général (gouverneur élu) de la province de Gipuzcoa, dans le palais du gouvernement à Donostia (San Sebastian). Dans ces vieux murs richement ornés, les échanges d'informations sur l'autonomie basque, la Savoie et le projet savoisien, occupèrent une bonne heure. À retenir: dans la communauté basque, tous les impôts sont collectés par la province, qui en reverse 6% à Madrid (!), 20% aux communes, 60% au Gouvernement basque, et conserve le reste pour les routes et son action sociale et économique...
À Hondarribia, vieille cité qui fait face à Hendaye de l'autre côté de l'estuaire de la Bidassoa, nous nous sommes restaurés au "batzoki": c'est un vaste restaurant, fort bien situé, qui appartient au PNV (il y en a un dans chaque localité importante du Pays Basque). Le local est décoré de photos et objets illustrant un siècle d'histoire du parti, il est ouvert à la clientèle et permet d'organiser les réunions.
Les Savoisiens ont pu faire au Pays Basque le plein d'idées pour développer la Ligue. Quelques jours plus tard, on apprenait le coup de filet des polices espagnole et française sur des chefs clandestins de l'ETA: dans les media, on ne parle du Pays Basque qu'en de telles occasions!
P.A.
photo "alderdi2": Le peuple basque acclame les orateurs.
photo "abeille-Imaz": Patrice Abeille en conversation avec Josu Jon Imaz, président du PNV.
photo "alderdi3": La tête du cortège des Savoisiens.
 
4_2 La bataille de Méribel.
C'était le 18 septembre dernier. Des Savoisiens du Faucigny s'étaient donné rendez-vous au village de Méribel, près de Sallanches, pour honorer comme chaque année le souvenir des patriotes savoisiens tombés au combat, en septembre 1793, contre une armée française très supérieure en nombre.
Gilles Rosset, chancelier de la Ligue savoisienne en Faucigny, évoqua le combat inégal qui opposa nos ancêtres à leurs colonisateurs français. Ensuite Patrice Abeille, secrétaire général de la Ligue, montra qu'il importe de connaître l'histoire de la Savoie, et en particulier les assauts répétés de la France pour s'en emparer, afin de bien oeuvrer pour préparer l'avenir européen de notre peuple.
Le temps était magnifique le jour de cette célébration. Les Savoisiens présents ont pu constater qu'une stèle est à présent fixée à demeure au pied de la croix qui se dresse au centre du village.
photo "Méribel2004-3.jpg":
Hommage aux combattants: Loïc Camus, président du Souvenir breton, brandit le gwen-a-du de son peuple, et Raymond Lalliard le drapeau savoisien.
photo "Méribel2004-4.jpg":
La stèle commémorative est en place.
 
4_3 Petites annonces savoisiennes.
(insertion gratuite pour nos abonnés)
- Recherche: Collectionneur, avec plus de 300 postes TSF de 1920 à 1950, je recherche toujours à augmenter mon stock, soit en don soit en achetant, en vue d'ouvrir un musée de la radio à Habère-Lullin. <decroux.bernard@wanadoo.fr> tel. 06 80 40 54 83
- Adhérent prospecteur amateur passe gratuitement vos terrains et champs au détecteur de métaux. 50-50 en cas de trouvailles. tel. 06 81 01 91 51
- Achète fournitures d'horlogerie anciennes, outils, montres anciennes, fraises à tailler Carpano, montres à verge ainsi que pièces détachées. Jehan-Louÿs Baud tel 02 37 38 17 14 (le soir).
- Carte historique de la Savoie en 1856, éditée sur papier glacé 70X50cm. 3 euros la copie. tel 0450 43 33 95.
 
4_4 Carnet.
Nous avons le pénible regret de vous annoncer le récent décès de monsieur le Docteur GUIRAUD, de Lugrin (Chablais), véritable "docteur des pauvres". Il était le père d'Alain Guiraud, auteur de deux ouvrages sur l'histoire de sa commune de Lugrin, historien passionné et amoureux du Chablais. À toute la famille nous présentons nos très sincères condoléances.
 
4_5 Les rendez-vous savoisiens.
samedi 13 novembre à Bons en Chablais: Foire aux Tripes (stand de L'Écho de Savoie).
13 et 14 novembre: 9e. Congrès de la Ligue savoisienne, à Bourg Saint-Maurice (Tarentaise).
mardi 30 novembre (20h30) à Chambéry, centre de congrès Le Manège: conférence du Pr. Dominique Belpomme, auteur du livre "Ces maladies créées par l'Homme".
dimanche 5 décembre à Thonon (Chablais): Foire de la Saint-André (stand de L'Écho de Savoie).
 
4_6 Programme des courses du club alpin savoisien
2004 – 2005
samedi 6 nov 04 Balade et repas de fin de saison à Bovère rando
sam. dim. 18 -19 déc 04 Bovinette ski rando raquettes
dimanche 16 janv 05 Roc des Tours Aiguille Verte du Chinaillon ski rando raquettes
sam. dim 19 -20 fév 05 Mont Blanc de Cheillon ski rando
dimanche 20 mar 05 Bossetan raquettes ski rando
dimanche 17 avr 05 Tour de Sous Dine rando
sam. dim 14 -15 mai 05 Courses ski rando à déterminer (4000 en Valais)
dimanche 19 juin 05 Jonction rando
dimanche 17 juillet 05 Tour des Fiz rando
dimanche 14 août 05 Buet Frêtes de Villy rando
dimanche 11sept 05 Tré les Eaux col de la Terrasse rando
samedi 15 oct 05 Lac Jovet + repas chez le Savoisien rando
dimanche 13 nov 05 Balme rando
dimanche 11 déc 05 Les Voirons VTT + rando
En fonction du temps des courses de remplacement seront prévues.
Renseignements et inscriptions:
Club Alpin Savoisien, 1119 Chemin de chez Desbois, 74380 BONNE (Faucigny)
 
 
5_1 Neuvième Congrès de la Ligue savoisienne.
 
Ouvert à tous. Entrée libre.
 
Bourg Saint-Maurice
Salle des Fêtes Le Savoy
Samedi 13 novembre et dimanche 14 novembre 2004
 
La Savoie a été annexée par la France huit fois en cinq siècles, elle s’est libérée sept fois!
Nous préparons la huitième désannexion !
La Ligue savoisienne a pour but de restaurer la souveraineté de la Savoie, c’est-à-dire déterminer nous-mêmes en toute démocratie notre gouvernement, nos lois, notre justice.
Le Congrès de la Ligue savoisienne est chaque année le temps fort qui nous rassemble. Ne le manquez pas...
Programme (susceptible de modifications de dernière heure)
Samedi 13 novembre
Matin:
L'Irlande, modèle ou contre-exemple pour les Savoisiens? Thierry Mudry, Avocat.
L'Europe, fille des Lumières? Guiu Sobiela-Caanitz, éditeur, écrivain.
Après-midi:
Le génocide arménien et la candidature de la Turquie. Jules Mardirossian, Président du CEDIA (Centre d'études, de documentation et d'informations arméniennes).
Traité établissant une Constitution pour l'Europe. Débat présenté et animé par Jean de Pingon, Patrice Abeille et Thierry Mudry.
Les deux questions (candidature de la Turquie et Constitution européenne) feront l'objet d'une consultation des adhérents (votes) pendant toute la durée du Congrès.
Dimanche 14 novembre
Matin:
Débats avec nos invités représentant d'autres nations sans État.
Incohérences de la fiscalité française. Denis Brunet, Avocat.
L'explosion des prix de l'immobilier en Savoie: causes et conséquences d'une politique française. Thierry Tissot-Dupont, Notaire.
Après-midi:
La Ligue savoisienne au présent, face aux défis des prochaines années.
 
Rapports, débats, votes, discours d'orientation de Jean de Pingon et Patrice Abeille.
Les jeunes Savoisiens invitent tous les jeunes à venir les rencontrer sur leur stand au Congrès et à consulter leur site: www.WFFIS.org
site des jeunes pour une Savoie souveraine et démocratique!
 
6_1 Sénatoriales: première percée de la Ligue savoisienne.
Comme d'habitude, les élections sénatoriales ont passé presque inaperçues en Savoie et n'ont intéressé que très peu de monde en dehors du microcosme politique. Pendant les neuf ans de leur mandat, les sénateurs se montrent à toute occasion qui leur permet de serrer des mains et de figurer sur les photos du "grand quotidien régional d'information" et des feuilles plus locales, mais l'opinion oublie vite ou ne sait pas comment ils ont été élus, et par qui: quelques centaines de grands électeurs, maires, conseillers généraux et régionaux, parlementaires, et une partie des conseillers municipaux.
Le suspense a été réduit à sa plus simple expression en Savoie du nord, puisque les trois sénateurs sortants ont été réélus au premier tour: Jean-Paul Amoudry (avec un score record de 1003 voix sur 1682 grands électeurs), Jean-Claude Carle et Pierre Hérisson (825 et 823 voix).
À Chambéry, le sénateur UMP Jean-Pierre Vial a retrouvé son siège au premier tour (545 voix sur 1100 grands électeurs) tandis que les candidats officiels du PS étaient balayés. Au second tour le maire d'Albens Claude Giroud, outsider UMP, a perdu la partie face à Thierry Repentin (protégé du socialiste Louis Besson) qui a fait le plein des voix de gauche.
La seule nouveauté venait des candidatures savoisiennes. La Ligue avait en effet décidé de s'intéresser aussi aux sénatoriales, en soutenant deux candidats: au nord Jean-Pierre Rambicur, maire de Margencel, au sud Jean Blanc, conseiller municipal de Bonneval sur Arc. Tous deux sont membres de la Ligue. Leurs suppléantes étaient, au nord, Evelyne Anthoine, au sud, Jocelyne Chatrian.
Jean-Pierre Rambicur a réalisé une remarquable percée en recueillant 42 suffrages, soit 2,5% des votants: c'est un bon score dans un corps électoral composé exclusivement d'élus qui votent par discipline ou par calcul. Le succès est moins net au sud mais Jean Blanc, qui n'a pas la fonction de maire comme argument électoral, a néanmoins réussi à réunir 11 bulletins sur sa candidature, soit 1%.
L'essentiel était de participer, ainsi les Savoisiens ont démontré qu'ils se mêlent de tout ce qui les regarde, y compris des sénatoriales...
Les nouveaux sénateurs ont été élus pour 9 ans; c'est la dernière fois, leurs successeurs n'auront qu'un mandat de six ans conformément à la réforme que le Sénat s'est votée récemment. Si tout va bien, les cinq représentants de la Savoie disposent donc de neuf années pour apprécier les douceurs et autres avantages de la vie sénatoriale... et pour en remercier régulièrement les élus locaux qui leur ont confié cette rente!
 
6_2 Gaston Flosse tente un retour au pouvoir à Papeete.
L'indépendantiste Oscar Temaru, dont les partisans et alliés avaient remporté l'élection territoriale du 23 mai, fut élu président du gouvernement de la Polynésie française le 14 juin (voir L'Écho de Savoie n°73 et 74). Le grand perdant était l'ancien président Gaston Flosse, un protégé de Jacques Chirac.
Ne se résignant pas à sa défaite, Flosse a manœuvré pendant tout l'été pour reconquérir son confortable fauteuil, tandis que son successeur commandait un audit sur les finances publiques du "Pays d'Outre-Mer", dont la Présidence consommait à elle seule davantage de crédits que les services de Chirac à l'Élysée...
Il a suffit de "convaincre" (avec des arguments de poids, sans doute!) un des membres du parlement polynésien pour faire passer le 9 octobre une motion de censure renversant le gouvernement d'Oscar Temaru. Le 16 octobre, une manifestation monstre réunissait dans les rues de la capitale, Papeete, plus de 20 000 personnes demandant le changement ("Taui" en tahitien) et la dissolution de l'Assemblée pour retourner aux urnes. Alors que le président de l'Assemblée demeure l'indépendantiste Antony Geros, le super-préfet de Papeete a requis l'une des vice-présidentes pour faire élire au plus vite Gaston Flosse à la tête de l'exécutif polynésien: l'élection de Flosse a eu lieu le 22 octobre, en l'absence des députés favorables à Temaru. Le leader indépendantiste a alors entamé un jeûne de protestation en compagnie de ses ministres et élus, dans les jardins du palais présidentiel. Ce jeûne a été interrompu le 30 octobre, alors que Gaston Flosse se déclarait prêt à de nouvelles élections dans les circonscriptions les plus peuplées de l'archipel (Tahiti et Moorea), celles qui avaient donné la victoire à Oscar Temaru. Au jour où nous mettons sous presse, l'imbroglio juridique et politique n'a pas encore trouvé son dénouement...
Observations d'un lecteur.
Un de nos lecteurs, M. Jacques Derrieux, qui a vécu plus de dix ans à Tahiti, nous a adressé une longue lettre dont nous tirons les remarques suivantes:
"Un des premiers gestes du nouveau président, qui militait depuis des années pour une indépendance totale et rapide, a été de repousser celle-ci "à quelques décennies". L'autre geste symbolique a été de changer le jour férié de commémoration de l'autonomie interne, qui était le 29 juin, pour en instaurer un nouveau qui est maintenant le 12 juillet.
Le statut de la Polynésie est celui d'une autonomie dans le cadre de la République Française (...). Aujourd'hui l'autonomie est tellement large que dernièrement la Polynésie a obtenu le droit de se nommer "Pays d'Outre-Mer" et de pouvoir promulguer des lois de pays spécifiques à celle-ci.
Il ne reste que très peu de compétences à la République, si ce n'est de gérer la sécurité du territoire, la défense, la justice (en théorie), la monnaie (le Franc Pacifique devrait d'ailleurs être changé en euro dans les années qui viennent).
La Polynésie vit sous perfusion totale avec l'argent de la France.
Seuls les Polynésiens peu ou pas instruits du tout sont pour l'indépendance, car comme ils ne possèdent rien, ils pourraient s'adapter à avoir encore moins que rien. Pour le reste la majorité des Polynésiens vivent de la manne financière que l'État français envoie chaque année.
La Polynésie a un des plus hauts taux de fonctionnaires du monde, ce qui montre bien la dépendance à la France.
Contrairement à ce que vous dites, les Polynésiens ne savent pas ce qu'ils veulent, et s'ils ont élu monsieur Temaru, c'est surtout parce qu'ils ont voté contre la corruption de l'ancien gouvernement qui exerçait une autorité trop appuyée et mégalomane."
Autonomie ou indépendance?
Contrairement à ce que Jacques Derrieux a cru lire dans l'édito de notre n°74, je n'ai pas prétendu que les Polynésiens savent ce qu'ils veulent et ont voté consciemment et massivement pour l'indépendance de leur archipel. J'ai seulement voulu signaler que, pour exprimer leur mécontentement, ils n'ont pas craint d'accorder leurs suffrages à des candidats indépendantistes. Cette constatation m'a permis d'identifier le "paradoxe savoyard" selon lequel les électeurs de Savoie ont peur de la perspective de l'indépendance, alors même qu'ils n'ont, à la différence des Polynésiens, nul besoin de la France, qui les spolie des fruits de leur travail, pour vivre heureux.
Certains Savoisiens, même sincères, pourraient être tentés d'abandonner l'objectif de la souveraineté au profit d'une revendication d'autonomie, prétendument plus réaliste. À cette tentation deux arguments forts s'opposent:
1. La souveraineté que la Ligue propose pour la Savoie s'accommode fort bien des délégations de pouvoirs qui se mettent en place au sein de l'Union européenne (monnaie, douanes, marché, peut-être bientôt relations internationales et défense, etc.). Notre objectif n'est pas une souveraineté comme on la concevait en 1900.
2. La France, jusqu'à présent, n'a accordé l'autonomie qu'à quelques rares et lointains territoires d'Outre-Mer. Même la Corse, qui demeure une île et se trouve plus proche des rivages italiens que de la France continentale, se voit fermement refuser un tel statut. Il est vrai que les électeurs de Corse ne soutiennent pas leurs indépendantistes et autonomistes comme ceux de Polynésie...
3. L'affaire du renversement du gouvernement d'Oscar Temaru montre bien les limites de l'autonomie à la française: on accorde beaucoup de libertés aux peuples colonisés, à condition qu'ils aient l'obligeance de confier tous les pouvoirs territoriaux à un proche du Président de la République française. Les socialistes soutiennent actuellement Oscar Temaru contre Gaston Flosse; mais après deux septennats de François Mitterrand, dont on connaît notamment la politique africaine, ils auront du mal à nous convaincre qu'ils se comporteraient mieux, s'ils revenaient aux affaires, que l'actuel gérant de la boutique France.
Patrice Abeille.
 
6_3 Un nouvel État entre au Conseil de l'Europe.
Il s'agit de la principauté de Monaco, déjà membre de l'ONU depuis 1993. Cet État minuscule, de 30 000 habitants dont à peine 6000 citoyens-sujets monégasques, a été reçu le 5 octobre 2004 comme membre à part entière du Conseil de l'Europe, dont le siège est à Strasbourg.
Le Conseil de l'Europe, à ne pas confondre avec l'Union européenne, a été fondé juste après la deuxième guerre mondiale pour établir la paix et les bonnes relations entre tous les peuples européens. Il compte aujourd'hui, avec Monaco, 46 États. Sa réussite la plus connue est la Convention de sauvegarde des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, dont le respect s'impose aux États membres sous le contrôle de la Cour des droits de l'Homme.
Là où un Prince et 6000 sujets réussissent, un peuple d'un million de Savoisiens ne saurait échouer, pour peu qu'il en manifeste la volonté. L'exemple monégasque renforce évidemment la détermination de nos amis de la Ligue niçoise.
 
6_4 Arrangements entre ignares sur le calendrier électoral de 2007.
Le gouvernement Raffarin veut prolonger d'un an le mandat des maires et conseillers municipaux, jusqu'en 2008. Justification: le calendrier électoral de 2007 serait trop chargé, avec au printemps les cantonales, la présidentielle et les législatives, et en septembre les sénatoriales. Avantage pour l'UMP: prolonger les municipaux élus en 2001 garantirait à la droite de garder la majorité au Sénat, même si la poussée de l'électorat à gauche, constatée en 2004, se confirmait en 2007.
À droite comme à gauche, la classe politique française, absorbée toute entière dans ses petites rivalités, ne voit pas que dans les pays fédéraux, les citoyens parviennent très bien, en une seule journée de scrutin, à élire leurs représentants à tous les niveaux, de la commune à la Fédération! Il suffit de se donner l'organisation et le matériel nécessaires. Ainsi le 2 novembre, les citoyens des États-Unis d'Amérique ont-ils fait leur choix pour le Président qu'ils souhaitent, tout en désignant leurs députés à la Chambre des Représentants, un tiers des sénateurs, le gouverneur dans 11 États, leurs députés aux assemblées locales et des États, et bien souvent leurs juges, procureurs et shérifs; la plupart des électeurs, lors du même jour de scrutin, avaient encore à répondre à des référendums locaux ou d'État, 150 au total!
À ce propos, un lecteur nous signale que des machines à voter étaient utilisées à Paris vers 1975. On se demande bien pourquoi elles ont été abandonnées au lieu d'être améliorées et installées partout. Y aurait-il un avantage, pour les partis qui verrouillent le système, à maintenir des méthodes électorales désuètes?
 
6_5 Encore une réformette signée Sarkozy: timide allègement de l'impôt successoral.
Si aucun changement de cap ne vient, d'ici la fin de l'année, contrarier les intentions gouvernementales, l'impôt sur les donations et successions pourrait être un peu allégé à partir de 2005. Le ministre des Finances propose d'ajouter aux abattements actuellement en vigueur un abattement global de 50000 euros sur le patrimoine du défunt ou du donateur, et de porter l'abattement par héritier de 46000 à 50000 euros. Un enfant unique serait donc exonéré d'impôt sur une succession évaluée à 100000 euros, mais deux enfants se partageant un patrimoine de 200000 euros paieraient encore 3300 euros chacun.
Cette réformette à la française ne tient évidemment aucun compte de la surévaluation des biens immobiliers dans des secteurs touristiques et convoités comme la Savoie.
Tandis que la droite se gargarise de ce genre de bricolages, tous nos voisins (Suisses et Italiens) ont supprimé l'impôt successoral ou sont en train de le faire, et tous les États européens, à l'exception de l'Espagne et de la Suède, ont un barême beaucoup plus léger que le nôtre, même réformé par Sarkozy.
 
6_6 Hervé, n'avoue jamais!
L'Express, dans son fascicule publié au mois d'août "Annecy-Chambéry: où vit-on le mieux?", reproduit un étonnant propos du ministre savoyard Hervé Gaymard.
Les journalistes l'interrogent sur les rapprochements entre les deux villes, en particulier dans le cadre de l'Assemblée (des Pays) de Savoie. Ils précisent leur pensée: "Excentrée dans sa propre région (ndlr: Rhône-Alpes), la Savoie a compris qu'elle avait intérêt à jouer groupée pour se faire entendre. D'autant que la Ligue savoisienne exerce à sa manière une rude pression. "Chaque fois que nous rencontrons un succès électoral, les élus se sentent obligés de faire quelque chose d'unitaire pour nous couper l'herbe sous le pied", résume l'indépendantiste Patrice Abeille. "Ce n'est pas faux", reconnaît Gaymard."
Hervé, tu te fais du mal! Les confessions, il faut les réserver au confessionnal!
En tout cas, les électeurs de Savoie devraient maintenant comprendre à quoi servent les élections...
 
6_7 France: la grande braderie continue.
Le Pays des Droits de l'Homme a de plus en plus de difficulté à assurer ses fins de mois. Il accélère donc les ventes d'actifs pour faire face à ses échéances.
Tandis que la Banque de France liquide ses implantations locales (Thonon et Cluses en ce qui concerne la Savoie) on apprend la vente des centres de contrôle technique des véhicules poids-lourds: il restera 900 fonctionnaires à recaser, car trois d'entre eux seulement ont accepté la proposition d'une indemnité de 45000 euros pour quitter la fonction publique et aller chercher de l'emploi dans le privé!
L'État met en vente des actions des sociétés d'autoroutes SAPRR et SANEF, des actions France Telecom et EDF. L'Imprimerie Nationale supprime 600 emplois. Les grands aéroports seront bientôt sur la liste de la grande braderie: au lieu d'être concédés aux Chambres de Commerce et d'Industrie, ils seront gérés par des sociétés mixtes dont l'État possèdera des actions qu'il lui sera facile de vendre. La DCN (arsenaux de construction et entretien de navires de guerre) est en voie de privatisation à 49%.
À qui le tour? Nous l'apprendrons dans les prochains mois. Dans quelques années, les protégés de la République ne seront plus bien nombreux...
 
6_8 Brèves de "alpmedia".
Les infos suivantes sont extraites du bulletin "alpmedia", publié par CIPRA-international (Commission Internationale pour la Protection des Alpes)
Chacun peut s'abonner à ce bulletin en s'adressant à:
alpMedia
Im Bretscha 22
Postfach 142
FL-9494 Schaan
info@alpmedia.net
www.alpmedia.net
Tel.: 00423/2374030
Fax: 00423/2374031
"Espace Diamant" en panne au pays du Mont-Blanc.
Le soutien des communes concernées au projet de domaine skiable "Espace Diamant" dans la région française du Mont-Blanc faiblit. Ce projet prévoit une série de nouvelles pistes et installations de remontées mécaniques pour relier les domaines skiables de Cristal, Val d'Arly et Evasion Mont-Blanc. On obtiendrait ainsi le plus grand domaine skiable européen, avec 161 remontées mécaniques et plus de 300 pistes.
Plusieurs associations de protection de la nature et des Alpes ont critiqué ce projet dès le début. En effet, le dernier espace vierge s'étendant sur le Plateau de Véry, sur la rive est de l'Arly, serait sacrifié à cette extension. Ces associations ont adressé une pétition, signée par 2500 personnes, aux décideurs politiques pour leur demander de ne pas soutenir ce projet. Une majorité des communes regroupées au sein de l'Organisation Espace Mont-Blanc ont maintenant déclaré que ce projet ne méritait pas d'être soutenu. En outre, les communes qui avaient lancé l'idée de fusionner les domaines skiables envisagent de se retirer du projet.
Suisse: les NLFA plus chères, idem en Autriche.
Selon l'Office fédéral des transports, le coût total des "Nouvelles Lignes Ferroviaires à travers les Alpes" (NLFA) en Suisse sera supérieur de 302 millions de francs à ce qui avait été prévu en été. En sont responsables des zones de perturbations géologiques, des incertitudes concernant le tracé à suivre et des techniques de sécurité coûteuses.
On dispose encore de fonds suffisants pour assurer un financement du projet des NLFA jusqu'en 2008, bien que le Parlement ait déjà octroyé un crédit supplémentaire de 900 millions de francs en juin. À ce jour les coûts finaux se montent à environ 15,9 milliards de CHF, mais ils peuvent encore augmenter de 1,3 milliard compte tenu du potentiel de risques. Le Parlement se prononcera probablement en 2007 sur un crédit supplémentaire.
La construction du tunnel de base du Brenner entre l'Autriche et l'Italie sera aussi plus chère et plus longue que prévu. L'achèvement de la nouvelle ligne ferroviaire à travers l'Unterinntal sera retardé de cinq ans, ce qui nous reporte en 2013, ont annoncé les Chemins de fer autrichiens. C'est ce qui ressort d'une expertise selon laquelle le coût de ce tronçon passera de 1,3 milliard d'euros à 1,8 milliard d'euros.
Les canons à neige ne sont plus un tabou.
Selon une étude du Service bavarois de la protection de l'environnement, la neige artificielle serait moins nocive que ce que l'on admettait jusqu'ici. Le 14 octobre, le thème des canons à neige sera discuté au sein de la commission environnement du Landtag bavarois. Le Ministère bavarois de l'environnement souhaite assouplir les restrictions concernant le recours aux canons à neige. En effet, compte tenu du fait qu'il n'y aura bientôt plus guère de neige dans la plupart des stations de ski bavaroises en raison du changement climatique, les pistes de ski de Bavière devraient pouvoir être enneigées artificiellement sur de grandes surfaces et pendant de longues périodes et les canons à neige autorisés sans limitations dans le temps.
Dans les Grisons/CH, il a été décidé en votation populaire le 26 septembre de soutenir les canons à neige avec l'argent de l'État. Le gouvernement grison souhaite investir un demi-million de francs par année dans les installations d'enneigement. Jusqu'ici un soutien cantonal n'était envisageable que dans les régions définies par la Loi fédérale sur l'aide aux investissements dans les régions de montagne (LIM).
Avenir du loup dans les Alpes.
Lors de la prochaine réunion du Comité permanent de la Convention de Berne (Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe), prévue fin novembre, le gouvernement suisse (Conseil fédéral) souhaite faire passer le loup de la catégorie des "espèces de faune strictement protégées" à la catégorie "espèces de faune protégées".
À l'exception de 12 pays qui ont fait valoir des réserves lors de la signature de la Convention, les loups sont strictement protégés dans tous les États européens. Si l'on admettait un déclassement sur le plan européen, le loup ne bénéficierait plus que de la même protection que le lynx. Les autorités responsables auraient ainsi davantage de possibilités "d'intervenir dans un cheptel en cas de dommages". Si le Comité permanent de la Convention de Berne accepte la proposition de la Suisse, on risque, selon le WWF, de se voir confronté à des tirs de loups illégaux et incontrôlés. Le gouvernement suisse pense, par contre, que cette mesure permettrait une meilleure acceptation des loups dans les régions de montagne, une application plus systématique, par les éleveurs, des mesures de protection des troupeaux proposées par la Confédération et les cantons, ainsi qu'une diminution du risque de tirs illégaux.
Début septembre, le ministre français de l'environnement a autorisé le tir de quatre loups dans six départements des Alpes françaises.