Parmi les Savoisiens comme parmi les Savoyards et aussi les Français, une assez grande
confusion demeure quant aux questions européennes du moment. Deux débats, en
particulier, se télescopent: la candidature de la Turquie et le projet de Constitution de
l'Union européenne.
Le 10 octobre à Paris, le Journal du Dimanche publiait un sondage indiquant ceci:
- 58% des personnes interrogées n'ont pas encore d'avis sur la Constitution
européenne;
- 18% voteraient oui pour "aller de l'avant" et accessoirement pour donner
plus de poids à l'Europe par rapport aux États-Unis et aux autres grandes puissances;
- 15% voteraient non, principalement pour exprimer leur hostilité à l'adhésion de la
Turquie, secondairement pour s'engager contre la menace des délocalisations et pour une
Europe sociale.
Ces indications sont consternantes; elles résultent du manque d'information sur les
réalités de l'Union européenne. Or les Savoisiens ont tout intérêt à se placer dans
le courant dominant de la construction européenne, du côté des petits peuples d'Europe
qui s'y trouvent à l'aise et y obtiennent des réussites éclatantes.
Pourquoi certains mêlent-ils la candidature de la Turquie au débat sur la
Constitution? L'article I-58 du projet de Constitution définit précisément les
modalités de candidature et d'adhésion d'un nouvel État membre: elles sont
rigoureusement les mêmes que dans la situation actuelle! Voici le texte:
Article I-58: Critères d'éligibilité et procédure d'adhésion à l'Union.
1. L'Union est ouverte à tous les États européens qui respectent les valeurs visées
à l'article I-2 et s'engagent à les promouvoir en commun.
2. Tout État européen qui souhaite devenir membre de l'Union adresse sa demande au
Conseil.
Le Parlement européen et les parlements nationaux sont informés de cette
demande. Le Conseil statue à l'unanimité après avoir consulté la Commission et après
approbation du Parlement européen, qui se prononce à la majorité des membres qui le
composent. Les conditions et les modalités de l'admission font l'objet d'un accord entre
les États membres et l'État candidat. Cet accord est soumis par tous les États
contractants à ratification, conformément à leurs règles constitutionnelles
respectives.
En quelques lignes, ce texte pose une règle bien plus claire que le fatras qui résulte
de 40 ans de discussions entre les Européens et la Turquie.
Il dit que l'Union est européenne et ne peut accueillir que des États européens.
Comme celui de la Russie, le cas de la Turquie fait débat: son plus gros centre urbain,
Istamboul, est en Europe, mais l'essentiel de son territoire et de sa population est en
Asie.
L'article ne supporte en revanche aucune discussion quant au mode de décision: c'est
bien l'unanimité des États membres qui est requise, tant lors du vote au Conseil que
lors de la ratification finale, par référendum ou vote parlementaire selon ce que
prescrivent les Constitutions internes des États.
Il est donc parfaitement possible de dire non à l'adhésion de la Turquie, de refuser
même d'accepter sa candidature (tout en estimant nécessaire de renforcer les
coopérations déjà établies), et en même temps de dire oui au Projet de Constitution.
Telle est la position que j'argumenterai au Neuvième Congrès de la Ligue savoisienne,
où tous les Savoisiens pourront s'exprimer et se prononcer.
Les échéances de ces deux choix importants ne sont pas les mêmes. C'est dès 2005 que
les Européens choisiront de se doter ou non d'une Constitution, qui en cas de succès
entrera en vigueur dès 2009. La candidature de la Turquie, quelle que soit la décision
du Conseil européen de décembre prochain, n'a aucune chance d'aboutir à une adhésion
avant une quinzaine d'années. Raison de plus pour bien distinguer les deux questions.
Pour faire suite à l'article de Gérard Vallet,
"Joseph de Maistre, écrivain savoisien", paru dans le n°71 de L'Écho de
Savoie (avril-mai 2004, pages 6 et 7), nous publions de larges extraits d'un ouvrage
devenu introuvable: la biographie de Joseph de Maistre par François Vermale, parue en
1927 dans les Mémoires et Documents de la Société Savoisienne d'Histoire et
d'Archéologie.
Livre III: La deuxième émigration.
(suite)
Chapitre II: Les lettres d'un royaliste
savoisien.
L'installation de J. de Maistre à Lausanne fut
d'abord des plus sommaires. Il eut une pension de 48 francs et un garni pour un louis par
mois. Le 20 mai, il améliora cette installation en louant, de compte et demi avec M. de
Thônes et sa fille, un appartement moyennant 5 louis. Le 23, Anne, sur de J. de
Maistre, et son propre fils vinrent le rejoindre à Lausanne, via Genève. Ce jour-là, il
constata avec mélancolie qu'il n'avait plus en poche que 26 louis. Dès le 15 mai, la
Première lettre d'un royaliste savoisien à ses compatriotes était imprimée. Le 16 mai,
il envoyait à Berne, chez son ami Vignet des Étoles, le manuscrit de la deuxième lettre
pour qu'il l'approuvât. Le 1er juin, cette deuxième lettre était imprimée... Le 21
juin, la troisième lettre paraissait. Le 5 juillet, Vignet des Étoles recevait le
manuscrit de la quatrième lettre. Le 13, l'impression en commençait.
Dans ces Lettres, J. de Maistre assurait aux
Savoisiens le retour du roi de Sardaigne en Savoie comme prochain, car les Français
venaient de subir des revers graves en Hollande et en Belgique. Leur victoire de Valmy n'a
pas eu de conséquence durable. Leur défaut national, qui est le manque de ténacité,
vient d'entraîner leur défaite. Les Français, battus sur leurs frontières du Nord et
de l'Est, devront évacuer la Savoie. Cet évènement est si certain que la France
négocie, monnaye cet abandon de la Savoie auprès des puissances coalisées afin
d'obtenir la paix ou la neutralité de l'Angleterre.
Que les Savoyards ne croient donc pas dans la parole
de la Convention, dans sa promesse de ne pas déposer les armes avant d'avoir assuré la
liberté aux Allobroges! Pour le retour du Roi, J. de Maistre promettait amnistie aux
Savoyards, pardon général pour leur manque de fidélité. C'était le prétexte pour
faire, dans la Quatrième lettre, une étude détaillée des réformes sociales
réalisées depuis vingt-cinq ans par la monarchie sarde.
Nous savons par les rapports de Chépy, chef de
l'espionnage français près l'armée des Alpes, que l'effet de ces brochures de J. de
Maistre fut considérable. Colportées dans les villages par les prêtres réfractaires,
les nobles ou les espions sardes qui rentraient en Savoie, commentées par tous ces agents
de défaitisme, ces lettres contribuèrent à pousser les royalistes savoyards à
organiser la rébellion. En mai 1794, Chépy écrivait au ministre des affaires
étrangères à Paris: "que les habitants du Mont-Blanc sont très persuadés du
retour prochain du Piémontais".
Fin juin, le baron Vignet des Étoles demandait à
Turin une récompense pour les services de plume que J. de Maistre venait de rendre à la
cause royaliste en composant ses brochures dont le succès en Savoie n'était pas niable.
Il conseillait à son ministre d'utiliser un tel talent à Turin, dans un emploi secret.
"Il me paraîtrait précieux d'avoir, sous votre main, une plume capable de bien
exposer tout ce que vous jugeriez dans votre sagesse réfléchie devoir l'être selon les
circonstances. Deux mots lui indiquant votre idée ou votre but suffiraient pour que son
esprit épuise la matière avec le touché le plus convenable au sujet. Il est également
docile pour réformer ce que vous croiriez devoir retrancher de ce qu'il aurait jeté.
Enfin, vous auriez une personne de confiance cachée et sûre, telle que j'ai vu, dans les
circonstances épineuses, tous les ministres de votre délicat département en avoir tenu.
Vous avez en outre l'avantage dans celui-ci de ne donner aucun ombrage à votre bureau où
il ne prétend rien, et où il ne travaillerait même pas, mais dans vos chambres d'en
haut ou chez lui. Il me paraît presque inutile à Lausanne où il ne manque pas de nos
personnes comme M. Bigex, pour parler à ce bon homme de nouveau bailli, et ce que le roi
ne peut se dispenser de lui fournir là, lui suffirait à Turin, où il a de bons parents:
aussi le service et l'économie s'y rencontreraient, et lorsque la justice et la paix
renaîtront sur la terre, Sa Majesté aura un excellent sujet formé à de plus sûrs
principes que ceux des parlementaires qui avaient pénétré dans le Sénat de Savoie.
Comme les hommes n'ont pas des qualités sans quelque mélange de défauts et l'amitié ne
doit pas, à mon sens, cacher ceux-ci qui peuvent influer au service en parlant à un
Ministre. Aussi je vous préviendrai que M. Maistre montre trop son esprit et peut en
faire inconsidérément dans les compagnies où on le goûte infiniment et il faut
l'éloigner par conséquent. C'est par cette supériorité qu'il s'est fait beaucoup
d'ennemis, ainsi que je lui ai reproché depuis très longtemps. Je le gronde aussi de ce
qu'il se laisse abattre aisément".
Le ministre, M. le comte d'Hauteville, répondit:
"Je connais ses talents: c'est comme vous dites, Monsieur, un homme de beaucoup
d'esprit. Je ne crois pas cependant pouvoir tirer de sa plume d'aussi grands avantages que
vous imaginez, toute bonne qu'elle soit".
J. de Maistre néanmoins reçut une récompense du
Roi. Le 3 juillet, le baron d'Erlach l'informait qu'il avait reçu avis de sa nomination
officielle comme "correspondant des bureaux du Ministère des Affaires étrangères
de Turin". C'était peu reluisant, mais, tout de même, J. de Maistre cessait d'être
un émigré pour être un personnage de la carrière, un diplomate. Il retrouvait, par
là-même, un appointement qui, si minime fût-il, pouvait dans une certaine mesure
atténuer son impécuniosité. De ce point de vue, J. de Maistre accueillit avec joie sa
nomination.
Chapitre III: J. de Maistre correspondant à
Lausanne du Ministère des Affaires étrangères de Turin (1793-1797). Les Considérations
sur la France (1797).
À Lausanne, les émigrés savoisiens se préparaient
ouvertement à la guerre. Le 22 juin, le marquis de Sales, attaché à l'état-major du
duc de Montferrat, venait dîner avec son ami J. de Maistre. Le 25, celui-ci demandait au
baron d'Erlach l'autorisation de tenir une réunion de tous les émigrés savoisiens. Le
26 au matin eut lieu "l'assemblée de tous les sujets du roi, résidents à Lausanne
à Belle-vue; messe pour le roi, bénédiction et discours préliminaire de M. l'abbé
Bigex, vicaire général de l'évêque d'Annecy". C'était comme une messe avant
l'attaque. Maurice de Sales était venu distribuer les rôles pour que, malgré la
neutralité de la république du Valais, une colonne de l'armée austro-sarde, destinée
à envahir le département du Mont-Blanc par le Faucigny, puisse emprunter le territoire
de cette république. D'autre part, il était venu assurer le recrutement d'un régiment
suisse et donner des instructions pour faciliter les désertions dans l'armée française.
Le 27, J. de Maistre marque qu'à cette date Maurice de Sales quittait Lausanne.
En juillet, l'offensive de l'armée austro-sarde ne
se déclenchant pas, J. de Maistre bout d'impatience. Il aurait voulu que, profitant de la
révolte de Lyon, des troubles fédéralistes du Midi, de la lutte entre les Girondins et
les Montagnards dans le reste de la France, son Roi s'avançât hardiment en Savoie et
portât secours aux Lyonnais assiégés. Mallet du Pan, alors à Bruxelles, était dans le
même état d'esprit et envoyait des lettres d'injures au baron Vignet des Étoles, lui
reprochant l'inertie de l'armée austro-sarde. Transmettant ces lettres à Turin, Vignet
des Étoles ajoutait: "Je ne vous envoie pas la lettre de Mallet, parce qu'elle est
pleine d'injures sur notre inaction et notre négligence à faciliter la réunion des
Marseillais et des Lyonnais et ainsi à séparer tout le Midi de la Convention. Nous
avions entre nos mains, dit-il, plus qu'aucune autre puissance, le sort de l'Europe".
En post-scriptum le baron Vignet ajoutait: "Ce
que Mallet dit de vrai, c'est que les Jacobins se sont emparés de l'audace, de la vigueur
et de la célérité qui donnent tant d'avantages... Heureux ceux qui attaquent".
À Lausanne, les femmes maudissaient à leur tour ces
généraux autrichiens qui semblaient s'endormir. Anne de Maistre écrivait au marquis de
Sales: "Ne pas entrer en Savoie! Ne pas écraser les quatre pelés qui gardent nos
montagnes! Oh! Monsieur le Marquis, quel démon s'est donc emparé des esprits! Quel
mauvais et hideux génie fait des redoutes dans toutes les têtes, pire mille fois que
toutes celles des Français!.. Ne verrons-nous pas nos dieux pénates au temps de la
vendange? Cette idée me tue, ou pour mieux dire, elle me fait vivre de la mort".
J. de Maistre faisait savoir que ses correspondants
n'attendaient qu'un signal pour déchaîner une révolte générale en Savoie.
Circonstance heureuse, Helflinger, représentant de la France en Valais, et agent
d'espionnage de première valeur, venait d'être déplacé!
Ce ne fut que dans la nuit du 11 au 12 août que
l'offensive austro-sarde commença.
Dans l'état-major de l'armée des Alpes, commandée
par Kellermann, ce fut l'affolement. Les services d'espionnage ayant été désorganisés
depuis la chute des Girondins et manquant d'argent, avaient fonctionné de façon
insuffisante. Le général Kellermann avait retiré ses réserves du Mont-Blanc et était
parti avec elles au siège de Lyon. À Paris, l'on ne douta pas que le département du
Mont-Blanc fût perdu pour la République. Un député dantoniste proposa même
d'abandonner ce département où les habitants trahissaient. À Chambéry, l'ordre fut
donné d'évacuer les hôpitaux et les magasins de l'armée sur Grenoble... À Chambéry,
à Cognin, à Rumilly, à Annecy, des bandes armées se levaient en faveur du roi de
Sardaigne. Il aurait suffi d'un peu d'audace et de rapidité dans la manuvre de la
part des généraux autrichiens pour que cette offensive réussît parfaitement. Mais les
Austro-Sardes ne surent même pas utiliser l'effet de surprise produit par leur attaque
imprévue. J. de Maistre, avec son entourage, recommença à parler, devant tant de
lenteur et d'incapacité, de trahison. De Lausanne, il enviait la belle énergie, l'audace
impétueuse déployée dans le camp des révolutionnaires. Ils avaient su se ressaisir.
Galvanisés par Philibert Simond, renvoyé en toute hâte par le Comité de Salut public
pour défendre le Mont-Blanc, les jacobins savoisiens surent empêcher une révolte
générale de ce département. Cinquante-quatre otages furent pris parmi les nobles de
Savoie et évacués sur Grenoble avec les blessés. Kellermann, ramené du siège de Lyon,
sut maintenir ses troupes cramponnées au terrain. Dès septembre, il avait reçu assez de
renforts pour prendre une contre-offensive. J. de Maistre envoyait des lettres indignées.
À Turin un parti anti-autrichien s'était formé à la Cour et applaudissait aux
mercuriales de J. de Maistre contre les lenteurs voulues des généraux autrichiens et
peut-être leur trahison. Le 8 septembre, J. de Maistre écrivait à Mme Costa: "J'ai
encore de quoi vivre, sans me gêner, pendant quinze jours. Je m'en moque, car ils se sont
mis à m'aimer à Turin et ils sont gens à me payer les appointements qu'ils me doivent.
Nombre de gens me croyaient perdu (et se mouraient de joie) à cause de mes admonestations
habillées en louanges. Point du tout: nombre de personnages qui comptent ont pris cela
fort bien". Les Austro-Sardes, en fin octobre, étaient ramenés à leur point de
départ. Ce rétablissement prodigieux arracha à J. de Maistre un cri d'admiration. Il
fut un des seuls, dans le camp des émigrés, à rendre avec lucidité hommage à la
valeur militaire des Français, à l'admirable énergie de Philibert Simond et de ses
acolytes. Les Piémontais, sauf une minorité anti-autrichienne, ne voulurent pas convenir
de leurs fautes et de l'incapacité notoire des généraux autrichiens qu'ils avaient
comme chefs. Ils s'en prirent aux nobles savoisiens qu'ils accusaient de les avoir
trompés sur l'état des esprits en Savoie. J. de Maistre eut une explication très vive
à ce sujet avec le duc de Montferrat. Il encourut, comme son ami Maurice de Sales, une
sorte de disgrâce. Exaspéré contre tant de suffisance et d'incapacité, J. de Maistre
s'exprimait en termes très vifs sur le compte de certains Piémontais dans sa
correspondance avec le baron Vignet des Étoles. Ce dernier lui annonça qu'à Turin on
recommençait à parler de son jacobinisme, de sa participation au complot maçonnique.
Dans une lettre en réponse, J. de Maistre maintint
à son ami "que, contrairement à ce que l'on disait, il ne détestait pas les
Piémontais, qu'il leur préférait seulement les paysans savoyards, accordant cependant
que les bourgeois ne valaient pas grand'chose". Que, royaliste ardent, il n'entendait
pas abandonner ses convictions, à savoir que l'armée dans les États sardes avait un
pouvoir dangereux, celui d'exercer la police dans l'État. Il faudrait, quand le Roi
recouvrerait la Savoie, enlever ce pouvoir à l'armée. En un mot, séparer la monarchie
de la bâtonocratie. "Quant à mes ennemis, je suis leur très humble serviteur, je
n'y pense plus. Tous les cris que j'ai entendu pousser contre vous, ici et ailleurs, ne
peuvent égratigner l'amitié qui m'unit à vous. J'espère que mes clabaudeurs ne font
pas plus d'impression. L'unique chose qui me fâche, c'est de vous voir parler
sérieusement de cette niaiserie de franc-maçonnerie, enfantillage universel en deçà
des Alpes, dont vous auriez été si vous aviez été parmi nous, et dont je me mêlais si
peu depuis que j'étais enfoncé dans les affaires, que j'ai reçu un jour une députation
pour savoir si je voulais être rayé de la liste; mais mes bons amis ne manquaient pas à
Turin de m'appeler frère Joseph, tandis que je faisais tranquillement des arrêts à
Chambéry. Je ne suis pas étonné que, dans un pays dont le vice capital est d'attacher
une extrême importance à des riens (1), on ait parlé, et même beaucoup parlé de cette
misère; mais je suis étonné que vous n'ayez pas senti tout de suite que ce n'était
qu'un prétexte pour me jouer une pièce". Comme on le voit, J. de Maistre
n'entendait pas être traité comme un "homme fini" par les Piémontais, amis de
l'Autriche!
***
(...)
***
En octobre et novembre 1793, J.de Maistre
vécut dans l'angoisse. Il craignait que les Jacobins vainqueurs, mais ayant eu
terriblement peur du retour du Roi, n'exerçassent en Savoie des représailles nombreuses.
Il n'en fut rien. Philibert Simond conseilla et proclama le grand pardon. Les otages
furent relâchés à Grenoble. Cette amnistie générale surprit J. de Maistre; il ne put
se l'expliquer que par un "tripot bienveillant" d'Aurore de Bellegarde qui,
disait-on, était la maîtresse de Philibert Simond. D'autres influences féminines
intervinrent, celle entre autres de la marquise d'Yenne, qui allait épouser le général
Verdelin, commandant en chef la colonne chargée de reconquérir Cluses et le Faucigny.
Cette politique de l'indulgence, J. de Maistre
l'avait conseillée à son Roi. Lorsque les colonnes piémontaises commencèrent à
réoccuper une partie du territoire de la Savoie, Turin commit la faute de faire
fonctionner aussitôt, sur les arrières de ses armées, une Cour de justice, chargée de
juger les rebelles savoyards. Vignet des Étoles et le comte d'Hauteville avaient proposé
J. de Maistre pour le poste d'avocat général près cette Cour. Il refusa et écrivit au
comte d'Hauteville que cette Cour de justice était un "pas d'école".
***
Au début de l'année 1794, les alarmes de J. de
Maistre redoublèrent. La Terreur régnait dans les départements voisins du Mont-Blanc.
À Lyon, à Bourg, les royalistes étaient
massacrés. Qu'allait-il se passer à Chambéry avec l'arrivée du nouveau Commissaire de
la Convention, le citoyen Albitte? J. de Maistre avait pu réunir à Lausanne autour de
lui, et sous sa protection, sa femme qui s'était échappée de Savoie en juillet et avait
pu gagner le pays de Vaud habillée en paysanne, mais qui néanmoins avait dû abandonner
sa petite fille à des paysans près du lac d'Annecy. Il avait encore sa fille aînée,
son fils, sa sur Anne, son autre sur Mme. Constantin de la Bathie, dont le
mari, arrêté à Truaz dans les circonstances que nous connaissons, avait été libéré
des prisons révolutionnaires après quatre mois de prévention et avait rejoint Lausanne
le 8 août, juste à temps pour prendre les armes dans la colonne d'invasion du Faucigny,
commandée par Maurice de Sales. Mais restaient en Savoie son frère le doyen de Moûtiers
et toute sa belle-famille. J. de Maistre, alarmé par la proclamation d'Albitte ordonnant
la destruction des églises, des châteaux et l'arrestation des nobles et des prêtres,
fit parvenir aussitôt cette nouvelle à son frère le doyen de Moûtiers. Puis, malgré
qu'il n'eût presque pas de fonds, il prit sur le pain de sa famille l'argent nécessaire
pour payer des commissionnaires vaudois qui consentissent à pénétrer en Savoie munis de
passeports, afin de tenter de ramener les personnes auxquelles ils étaient adressés.
Après diverses tentatives, le 3 avril, un voiturier assuma cette mission. Il ne dépassa
pas Annecy, où il fut arrêté. La famille de Morand ayant été emprisonnée, J. de
Maistre envoya sa sur solliciter, au château de Coppet, l'intervention, auprès des
autorités révolutionnaires, de Mme de Staël, qu'il connaissait et qui mettait à la
disposition des familles nobles malheureuses l'influence considérable dont elle
jouissait.
***
Dès le mois d'avril 1794, les Français
renouvelèrent leurs attaques sur le Piémont, cette fois dans le comté de Nice, en vue
de s'emparer du col de Tende. Henri Costa de Beauregard, qui avait repris du service en
août 1792,se battait cet hiver avec les défenseurs du col de Tende. Il avait le
grade de major et le général Colli était son chef. Costa avait sous ses ordres son
jeune fils, âgé de 15 ans. Au combat de la Saccarella (27 avril), Eugène Costa fut
blessé par une balle et mourut des suites de sa blessure.
Le 28 mai, J. de Maistre porte dans ses Carnets:
"Mercredi je reçois la nouvelle fatale de la mort du jeune Eugène Costa, mort de
ses blessures à Turin, dans la nuit du 20 au 21.
29. Je pars pour Nyon dans l'après-midi pour
me rendre auprès de Mme. la comtesse de Costa et lui rendre les tristes devoirs qu'exige
la circonstance.
30. Séjour à Nyon.
31. Vers les 7 heures du matin, on apprend à
Mme. Costa son malheur.
2juin. Je pars à 3h 1/2 avec Mme. Costa et sa
femme de chambre, elle vient s'établir chez moi".
Le 12, J. de Maistre, ayant réussi à convaincre
Mme. Costa à ne pas retourner à Nyon et à vivre désormais près d'eux à Lausanne, lui
loua une maison chez Mme. Charrière à Petit Bien. Pour bercer cette douleur d'une mère
et ces malheurs d'émigrés, J. de Maistre composa son "Discours à Madame la
Comtesse Henri de Costa sur la vie et la mort de son fils, lieutenant au corps des
grenadiers royaux de S.M. le Roi de Sardaigne. Né au château de Villars en Savoie le 12
avril 1779, mort àTurin le 12 mai 1794, d'une blessure reçue le 27 avril
précédent à l'attaque du col Ardent".
Ce discours fut imprimé et publié à partir du 15
août 1794. J. de Maistre à Lausanne fut son propre éditeur et en vendit un nombre
important d'exemplaires.
(à suivre)
(1) "dans un pays dont le vice capital est
d'attacher une extrême importance à des riens": la Savoie d'aujourd'hui s'est-elle
guérie de ce vice? (NDLR)
Onze novembre 1918 à 11 heures, 11minutes et 11 secondes: la fin du massacre.
Un onze novembre de plus, le temps était gris et bas, les drapeaux mouillés,
accrochés à leur mats ségouttaient comme du vulgaire linge sur un étendage. Les
gouttes tombaient comme des larmes sur la longue liste du monument.
Sous mon parapluie, pendant la cérémonie, je ne pus mempêcher de penser. Tous
ces noms communs de chez nous, tous ces hommes extirpés de leur famille, laissant
derrière eux des enfants et des mères. Pour les besoins de la cause, celles-ci ont vu
peser sur leurs fragiles épaules la charge des hommes absents. Les travaux des champs et
de la ferme nattendaient pas, il fallait continuer à vivre, et à faire vivre la
famille, les parents octogénaires donnaient le maximum de leurs faibles moyens pour les
aider.
Une lettre rassurante, la seule liaison entre ces deux époux et la famille. Hier le
maire est passé sur le chemin avec son écharpe; son cur sest arrêté de
battre, il a continué son chemin en la saluant de loin. Ouf! Ce nétait pas pour
cette fois-ci. Mais à qui allait-il porter cette mauvaise nouvelle, à lAndréa ou
à la Thaïs... Puis un jour, une lettre est arrivée: "un éclat dobus
ma déchiqueté le pied, mais je suis vivant"... C'est vrai quil est
vivant, mais infirme. Lorsquil revient à la maison, sa femme est fatiguée, la
saison a été pluvieuse et lhiver rigoureux. Un vêlage sest mal passé, la
petite dernière a eu la rougeole, la fièvre lui a laissé quelque chose (comme on
disait).
Le printemps est là, la vie reprend son cours; il raconte par petits épisodes les
tranchées, la vermine, le copain qui est mort. Ses yeux rougissent, il devient muet, puis
sécrie en marmonnant et en serrant les dents: "Baye-mi na gotte à
citre"!
Il naime pas parler de la guerre, il sait quil naurait pas dû partir,
quil était en zone neutre, mais comment sopposer à cet ordre qui bafoue
laccord passé entre ses parents et la France?
Quand le facteur lui apporta la lettre de mobilisation, il lui dit simplement: "Mon
pour José"...
La fanfare entonna lhymne national, je sortis de ma léthargie, il pleuvait
toujours. Le vent souffla en rafale, la gerbe posée devant le monument bascula, une
feuille morte était collée sur lépitaphe, et masquait une lettre. Nous pûmes
lire: Morts par la France.
Depuis que la TV8 Mont-Blanc avait repris sa diffusion, quelques réseaux câblés ou
réémetteurs terrestres pouvaient relayer la chaîne pour la joie dune petite
partie des Savoyards. Certains réseaux câblés la diffusent dans leur service de base et
dautres vont même la proposer dans leur service complet payant.
Les bons résultats des sondages Médiametrie de la chaîne et lévolution de la
technique permettent aujourdhui à la chaîne locale de Savoie, TV8 Mont-Blanc,
dêtre envoyée sur satellite afin dêtre accessible à tous les habitants de
Savoie et plus largement à toute lEurope grâce à la flotte des satellites
Eutelsat 13° Hot-Bird.
Monsieur Laurent Surbeck, directeur commercial de la 8, se réjouit de la diffusion de
la chaîne en dehors de la Savoie. Il ma confié quil reçoit des messages de
félicitations de téléspectateurs de Savoie mais aussi des pays de lest, du
Maghreb ou dIrlande. Il m'assure que les programmes vont sétoffer.
"Élargir laudience en gardant notre âme", "nous allons continuer à
respecter nos valeurs", ont déclaré les animateurs de la chaîne.
Pour pouvoir capter le signal du satellite, il suffit davoir une antenne
parabolique appropriée, de la pointer sur le satellite Hot-Bird 13°, et de posséder un
terminal numérique. Les terminaux de réception satellite numérique actuellement sur le
marché peuvent recevoir la TV8 Mont-Blanc Sat, il suffit simplement de le paramétrer ou
de le mettre à jour: en effet la chaîne diffuse ses programmes en "free to
air" ( clair et gratuit), cest-à-dire sans abonnement.
En cas de difficulté il faut consulter un antenniste satellite (en lui indiquant les
détails techniques ci-dessous) qui saura vous aider.
Pour ceux qui ont déjà une parabole recevant le bouquet TPS, les programmes de la TV8
sont sur le numéro de programme 63. En effet le bouquet TPS étant aussi sur Hot-Bird, il
est le seul à ce jour à reprendre automatiquement la TV8 Mont-Blanc dans sa
numérotation, cela permet déjà plus dun million et demi de téléspectateurs
supplémentaires à la chaîne.
Enfin, chose à noter, des communes de Savoie qui navaient pas la possibilité de
recevoir directement la TV8 Mont-Blanc envisagent à terme de réémettre le signal par la
voie hertzienne terrestre, en équipant des réémetteurs de leur communes afin que les
téléspectateurs puissent la recevoir directement sur leur téléviseur sans avoir de
parabole et par leur antenne classique actuelle. La société SOTELCAB de Thonon en
Chablais, spécialisée depuis plus de trente ans dans tous types de réseaux de
vidéocommunication, a déjà été contactée par des stations de Savoie , des communes,
ou des groupements de communes pour des études techniques.
La commune de Morzine reprend déjà des programmes de TV8 dans sa chaîne locale.
Il ne reste plus quà espérer que la chaîne TV8 Mont-Blanc reste accessible à
tous sans abonnement payant. Quelle contribuera à la Savoie que nous voulons
meilleure pour les générations futures, et que la Ligue savoisienne puisse y conserver
la tribune et laudience quelle mérite.
Gérald Calmus,
Technicien videocom,
Faucigny.
Précisions techniques (pour votre antenniste):
Satellite: Eutelsat 13°Hot-Bird
Fréquence: 11303.75 MHz
Polarité: H (basse)
Transpondeur: Telespazio
Débit Symbol: 27500 Mbauds
FEC: 3/4
PID video: 3011
PID audio: 3012
3_4 Football en Savoie. Ce "petit" club qui monte...
Depuis décembre 2002, c'était un secret de polichinelle... Il paraît que le FC
Gaillard et le FC Ville-la-Grand vont fusionner, non?
Personne, dans cette région si pauvre en football depuis le retrait de Thonon et
d'Annecy, n'imaginait cela, mais ce fut l'histoire d'une poignée de dirigeants qui
décidaient de relever le défi: doter la Savoie d'un grand club de football! Eh oui, un
beau jour de juin 2003, alors que les bourgeons venaient à peine de sortir, le Football
Club Croix de Savoie émergeait! Un grand choc pour l'agglomération annemassienne qui
voyait naître... un nouveau club! Beaucoup se disaient "ça ne marchera pas, et puis
ils se sont jamais entendus donc ça va casser un jour". Oh, qu'ils sont nombreux,
ces pessimistes!
Mais qui osait imaginer que les Croix de Savoie, alors âgées de tout juste une année,
se propulseraient en National, aux portes du professionnalisme? Personne. Mais c'est avec
beaucoup de qualités que les Croix de Savoie, emmenées par l'emblématique Pascal
Dupraz, qui défend les couleurs de son Pays (la Savoie, bien sûr) s'envolent pour un
autre monde: le National!
Alors qu'un tiers du championnat est déjà joué, les Croix de Savoie, ce
"petit" club qui monte et qui n'en finit pas d'étonner, sont désormais à la
troisième place, synonyme d'accession en ligue 2. Mais avant tout les Croix de Savoie
veulent s'inscrire dans la durée afin de s'installer convenablement, et ainsi conserver
leur titre honorifique de porte-drapeau du football savoyard!
(réaction à la tribune libre de Gérald Wojtal-Aillaud, "À propos des OGM",
publiée dans L'Écho de Savoie n°75 page 8)
Vous commencez votre argumentation en affirmant que la pénurie alimentaire à venir
dont parlent les partisans des OGM "ne sappuie que sur une autre prévision,
celle de 11 milliards dHommes sur la Terre en 2100", présentant ainsi cette
prévision comme purement hypothétique. Cependant, vue la croissance démographique
mondiale actuelle, cette prévision a une probabilité non négligeable de se révéler
exacte. Il s'agit donc non pas de remettre en cause cette prévision mais de se tenir
prêt à cette éventualité et de trouver une solution concrète aux problèmes qu'elle
soulève (ce que font les OGM, nous y reviendrons plus loin).
Vous fustigez également le fait que certains "surbouffent" pendant que
d'autres meurent de faim, mais est-ce la faute des multinationales biotechnologiques?
Certainement pas: ces dernières mettent à disposition du marché ce qu'elles produisent
et ces produits se vendent dans les pays riches et développés TOUT COMME dans les pays
pauvres en voie de développement. Personne ne forçant qui que ce soit à acheter leurs
produits, ces entreprises ne font que répondre à une attente du marché. Quant à la
surproduction que vous évoquez et au partage des richesses plus équitable que vous
préconisez, sachez que dune part, ce partage n'est en aucun cas équitable car un
partage n'est équitable que s'il est fait entre des personnes ayant participé à la
production de l'objet partagé et en tenant compte de la participation de chacun; il
s'agit ici non pas de partager équitablement mais de donner généreusement, ce que
certains grands industriels font par l'intermédiaire de dons. D'autre part, ces
entreprises ne peuvent pas perdurer et se développer si elles ne réalisent pas de
profit, ce qui implique qu'il n'y a pas de surproduction (une entreprise qui marche ne
produit pas plus qu'elle ne peut vendre) et que si ces entreprises partageaient leur
production de façon à ce que personne ne meure de faim, elles ne feraient plus de profit
et seraient vouées à fermer. À qui une telle conséquence bénéficierait-elle?
Vous affirmez enfin que ces industriels se moquent de la famine et ne cherchent qu'à
faire du profit. Savez-vous que les chercheurs ont mis au point un riz transgénique
surnommé "riz doré"? Ce riz génétiquement modifié contient des éléments
nutritifs (dont la vitamine A) permettant de lutter contre des maladies liées aux
carences alimentaires des habitants des pays du Tiers-monde, comme la cécité
irréversible qui frappe chaque année des centaines de milliers d'enfants manquant de
vitamine A. Ces personnes n'ont, pour des raisons financières, pas le choix quant à leur
alimentation et elles achèteront du riz transgénique (les OGM étant pour elles la seule
et unique façon de ne pas mourir de faim), doré ou non. Les industriels sont donc
assurés de vendre leur production de riz transgénique; sils ne recherchaient que
le profit, pourquoi dépenseraient-ils de largent pour mettre au point des
variétés de riz encore plus élaborées permettant de lutter contre les maladies qui
touchent les habitants des pays pauvres?
Toute entreprise cherche à réaliser du profit, mais présenter les entreprises
biotechnologiques comme des machines à profit ne se souciant pas des personnes menacées
par la famine témoigne dune vision réductrice, fruit de préjugés erronés et
propagandistes.
Vous avez par la suite tenté de démontrer que les OGM navaient rien
décologique. Or, force est reconnaître un fait avéré et indubitable: les
cultures transgéniques réduisent les quantités de pesticides utilisés. Prenons
l'exemple de l'Iowa (réserve céréalière des USA, voire du monde) où le maïs
transgénique utilisé depuis 1998 ne nécessite plus le moindre pesticide (Guy Sorman,
"Le progrès et ses ennemis", p.42). Les pesticides utilisés autrefois, en plus
de tuer nombre dinsectes nayant rien à voir avec le maïs à protéger,
polluaient les sols, les rivières et lair, entraînant ainsi un effet néfaste sur
tous les êtres vivants qui y étaient exposés. Les OGM ont donc mis fin à cette réelle
catastrophe écologique.
Vous mentionnez ensuite l'émergence dun déséquilibre naturel qui naîtrait de
lapparition de plantes capables de résister seules face aux parasites végétaux et
animaux. Sans même évoquer les capacités d'adaptation de ces parasites à leur nouveau
milieu, je vous ferai observer qu'aux USA le maintien des cultures originelles auprès des
cultures d'OGM est obligatoire. Le problème que vous évoquez ne peut donc survenir que
dans des pays où les réglementations sur les OGM sont inexistantes (ou presque, comme
cest le cas en Chine) ou non respectées (comme l'Amérique latine où sévit le
fléau du marché noir). Est-ce là la faute des fabricants dOGM ou des populations
elles-mêmes?
Vous supposez ensuite que les OGM pourraient présenter une vulnérabilité accrue face
aux changements environnementaux. Ce nest quune supposition, basée non pas
sur une observation scientifique mais sur un fantasme propre aux opposants aux OGM. Il est
bien sûr légitime de se poser de telles questions et c'est pour cela que les OGM
subissent des tests scientifiques sur une période de 10 à 15 ans avant dêtre
commercialisés. Après tous ces tests, la véracité de votre supposition na encore
jamais été démontrée. L'avancer comme un argument est donc fallacieux.
Vous évoquez enfin la question dune dispersion non-contrôlée des OGM qui
pourrait se révéler calamiteuse. Cette question est essentielle et c'est à fort juste
titre que vous soulevez ce danger potentiel. Vous oubliez cependant de préciser qu'il
existe aujourdhui des graines transgéniques conçues pour ne pas se reproduire
(comme la célèbre graine "Terminator"), afin d'éviter tous problèmes de ce
type. Un effort a donc été fait dans ce sens mais cette pratique est encore loin
dêtre généralisée et il convient de rester vigilant face à cette question.
Au final, il apparaît que les OGM sont loin dêtre mauvais. Sont-ils totalement
bons pour l'Homme et pour l'environnement? Nul ne peut objectivement répondre de façon
tranchée à cette question et c'est pourquoi les OGM font lobjet, depuis leur
création et à travers le monde entier, d'études scientifiques seules à même
d'éclairer notre lanterne. La science ne peut tout prévoir mais un fait demeure
cependant: pour des centaines de millions d'êtres humains, le choix se résume
aujourd'hui à mourir de faim ou à vivre grâce aux OGM. Rien ne vous force à en
consommer; vous pouvez donc continuer à les critiquer, vous qui vivez dans un pays riche
et qui mangez à votre faim tous les jours, mais laissez survivre ceux qui n'ont pas votre
chance.
Cétait le cinq août dernier. Nous avions loué pour une semaine un petit
appartement à Argentière en Savoie du Nord afin de connaître un peu mieux cette région
savoisienne (nous sommes de Saint Baldoph, Savoie Ducale). Tous les jours il y avait
marche en montagne et promenade dans une ville ou un village.
La veille nous avions prévu de nous lever tôt afin dêtre à louverture du
Parc du Merlet pour pouvoir observer dans le calme du matin un maximum danimaux,
avant larrivée des meutes de touristes.
Deuxième famille à franchir le seuil du parc, très tôt donc, avec une veille
pluvieuse donnant ce matin-là une masse importante de nuages montant de la vallée et
dissuadant heureusement pour plus dune heure dautres aventuriers, nous avons
respecté le silence, les sentiers, afin de nous approcher au mieux de cette nature,
certes captive, mais toujours craintive des bruits et mouvements humains. Les premiers
arrivés étaient de Chamonix, de Savoie. Ceci se vérifiait à leur comportement
respectueux des lieux et de leurs habitants.
Un peu plus tard sont arrivés les touristes (français et autres). Ils ont
immédiatement été reconnaissables: cris, rires, poses pour les photos où le groupe est
plus important que lanimal se cachant sous les branches, raccourcis à travers
lherbe encore mouillée de rosée, cailloux qui roulent...
Alors que nous passions devant laire des marmottes, notre fille aînée, 14 ans,
choquée par ce comportement, a tenté dexpliquer à un groupe à laccent
français du sud-est quen faisant tant de bruit ils ne verraient pas les marmottes.
Rien ny a fait, ils étaient là comme dans un zoo et donc tout bruit était permis.
Le fait de ne pas voir ce pourquoi ils étaient théoriquement venus ne les perturbait
pas, tous occupés quils étaient à faire savoir à qui voulait lentendre ce
quils avaient mangé la veille au soir. Et ils ne se gênaient pas non plus pour
répondre fort à ma fille qui leur parlait doucement.
Arrivant derrière elle, un peu excédé, je leur dis: "cest vrai quà
continuer à brailler ainsi vous ne verrez pas grand-chose". Et je continuais mon
chemin, nayant aucune envie de parlementer avec ces gens qui de toute façon
étaient résolument inaccessibles à lesprit du lieu, à lesprit de notre
Savoie. La femme la plus âgée fut stupéfaite de ma répartie, et, après un moment de
surprise, elle se tourna vers celui qui était certainement son mari en lui répétant ma
phrase: "non mais tu as entendu ce quil a dit, brailler, brailler!!". Et
lui, ne sachant que répondre, finit par dire: "laisse, ce sont des paysans!"
Il ne se doutait pas quil faisait naître sur mes lèvres un sourire de
satisfaction.
Car pour moi il sagissait dun compliment, dune fine appréciation
consistant à reconnaître un être encore en communion avec la nature, cette qualité
queux avaient perdue depuis longtemps, dans leur pays.
Savoisiens mes frères, Savoisiennes mes surs,
restez proches de notre pays, et que nous soyons ou non paysans de métier, méritons
cette appellation qui marque notre attachement profond à notre terre, la SAVOIE.
Quand j'étais gamin, au collège, j'avais un copain métis, dont le père était
antillais. Comme à cette époque les remarques un peu racistes étaient fréquentes du
fait du manque d'habitude de rencontrer des gens colorés, sa mère lui avait appris à
répondre aux gamins qui auraient pu le chicaner dans la cour: "ch'te signale que
j'ai été français avant vous". À l'époque je ne comprenais pas bien ce que ça
voulait dire, à part que je venais "de me faire griller". "Français avant
moi" ça signifiait que, même si il était noir, il était aussi blanc que moi,
puisque "français", et même PLUSblanc que moi, puisque français AVANTmoi. À notre échelle de gamins, tout ça ne signifiait rien du tout, ça n'était
que des mots sans conséquences, et de plus nous étions des copains inséparables... Mais
aujourd'hui, avec le recul, je me souviens de ces mots qu'une adulte avait formulés, et
qui étaient destinés à servir d'arme verbale, donc comme toute arme, fût-elle de
défense, à blesser. Et ces mots, qu'à l'époque je répétais aux gamins qui venaient
chicaner mon copain, pour le défendre, me blessent. Parce que maintenant je comprends
qu'en pleines années quatre-vingts, les Savoyards étaient toujours des Français de
seconde classe, français APRÈS les autres, TOUSles autres. Eh bien, très chère
madame P., aujourd'hui laissez-moi vous répondre: "Je vous emmerde, vous et votre
France de mes deux, gardez-vous-la, je n'en veux pas, merci". À bon entendeur,
salut!
Le Ptiou d'Sblyossi.
4_1 Les Savoisiens au Pays Basque: un accueil
exceptionnel!
42 Savoisiens ont effectué, du 24 au 30 septembre, un voyage de découverte et d'étude
au Pays Basque. Ils en ont rapporté des souvenirs inoubliables, notamment cet Alderdi
Eguna qui rassemblait plus de 100 000 patriotes basques.
photo 1 sans légende (alderdi1.jpg) panoramique
En Iparralde (Pays Basque nord) nous avons retrouvé nos amis du Parti Nationaliste
Basque, Ramuntxo Camblong, Philippe Duluc, Aitor Arandia, Beñat Oteiza et Txaro Goikolea.
Beñat avait participé en 2003 à notre Congrès de Saint-Jean de Maurienne.
Après une halte dans la ville fortifiée de Garazi (Saint-Jean Pied de Port) et la
visite de l'église et du moulin de Sanpere (Saint-Pée sur Nivelle), nous avons pris nos
quartiers pour quatre nuits dans le village de Sare, non loin du col de Saint-Ignace qui
mène au départ du chemin de fer à crémaillère de la Rhune. Nous n'avons pas manqué
cette ascension vers un sommet de 905 mètres, situé sur la frontière franco-espagnole,
d'où on peut apercevoir les sept provinces basques: Labourd, Soule, Basse-Navarre,
Gipuzcoa, Biscaye, Alava et Navarre. Le train à crémaillère, propulsé par des moteurs
suisses alimentés en courant triphasé (deux pantographes), rénové périodiquement pour
demeurer dans sa configuration authentique de 1924, était en lui-même un objet du plus
haut intérêt pour les Savoisiens amateurs de technologie!
Il a fallu s'habituer aux deux noms différents de chaque localité: un nom espagnol ou
français, et un nom basque. Même si aucun d'entre nous ne connaissait cette très
ancienne langue d'Europe, ses sonorités nous devenaient familières...
Notre première incursion en Hegoalde (Pays Basque sud) nous a permis de participer à
l'Alderdi Eguna, la fête nationale du peuple basque. Cette fête populaire extraordinaire
réunit, à l'initiative du PNV (Partido Nacionalisto Vasco), au moins 100 000 personnes
de tous âges sur un terrain voisin de l'aéroport de Gasteiz (Vitoria), la capitale de la
province d'Alava, le dernier dimanche de septembre. Pour assurer la régularité de cette
fête, le parti a acheté le terrain, qui sera progressivement aménagé avec des
constructions durables!
Le peuple basque s'y rassemble, toutes générations mélangées, dans une ambiance
détendue, amicale et simple, le gigantisme de la fête n'étant jamais oppressant. La
foule accueille le défilé des délégations invitées: les Savoisiens, qui arboraient
trois grandes bannières, ont été stupéfaits d'être salués, applaudis, acclamés et
même embrassés tout au long du parcours! On écoute ensuite les discours des
représentants du PNV. Après la responsable des jeunes du parti, deux leaders se
succédèrent: le Lehendakari (président du gouvernement basque) Juan José Ibarretxe, et
le président de la direction du PNV Josu Jon Imaz. Tous trois s'exprimaient
alternativement dans les deux langues du Pays Basque sud, le castillan et le basque. Ils
décrivaient de façon simple et déterminée les objectifs à portée de main: obtenir
pour le PNV une majorité absolue au parlement basque en mai 2005, afin de pouvoir adopter
le "plan Ibarretxe" (un statut de souveraineté basque partagée avec Madrid) et
le soumettre à un référendum d'autodétermination. L'année 2005 sera déterminante
pour l'avenir du Pays Basque. Les leaders ont mis en garde contre une impatience qui
pourrait faire commettre des erreurs, alors que l'émancipation du peuple basque, déjà
importante dans le cadre de l'autonomie obtenue en 1978, a de bonnes chances de remporter
de nouvelles victoires sur le centralisme espagnol.
Après les discours et l'hymne basque, l'esplanade centrale se vide et l'on va en
famille se restaurer dans les chapiteaux dressés tout autour par les sections du parti.
Les Savoisiens avaient leur place réservée dans le chapiteau d'Iparralde, la section du
Pays Basque nord.
Autre temps fort de ce voyage: la réception de notre délégation par le Député
Général (gouverneur élu) de la province de Gipuzcoa, dans le palais du gouvernement à
Donostia (San Sebastian). Dans ces vieux murs richement ornés, les échanges
d'informations sur l'autonomie basque, la Savoie et le projet savoisien, occupèrent une
bonne heure. À retenir: dans la communauté basque, tous les impôts sont collectés par
la province, qui en reverse 6% à Madrid (!), 20% aux communes, 60% au Gouvernement
basque, et conserve le reste pour les routes et son action sociale et économique...
À Hondarribia, vieille cité qui fait face à Hendaye de l'autre côté de l'estuaire
de la Bidassoa, nous nous sommes restaurés au "batzoki": c'est un vaste
restaurant, fort bien situé, qui appartient au PNV (il y en a un dans chaque localité
importante du Pays Basque). Le local est décoré de photos et objets illustrant un
siècle d'histoire du parti, il est ouvert à la clientèle et permet d'organiser les
réunions.
Les Savoisiens ont pu faire au Pays Basque le plein d'idées pour développer la Ligue.
Quelques jours plus tard, on apprenait le coup de filet des polices espagnole et
française sur des chefs clandestins de l'ETA: dans les media, on ne parle du Pays Basque
qu'en de telles occasions!
P.A.
photo "alderdi2": Le peuple basque acclame les orateurs.
photo "abeille-Imaz": Patrice Abeille en conversation avec Josu Jon Imaz,
président du PNV.
photo "alderdi3": La tête du cortège des Savoisiens.
C'était le 18 septembre dernier. Des Savoisiens du Faucigny s'étaient donné
rendez-vous au village de Méribel, près de Sallanches, pour honorer comme chaque année
le souvenir des patriotes savoisiens tombés au combat, en septembre 1793, contre une
armée française très supérieure en nombre.
Gilles Rosset, chancelier de la Ligue savoisienne en Faucigny, évoqua le combat inégal
qui opposa nos ancêtres à leurs colonisateurs français. Ensuite Patrice Abeille,
secrétaire général de la Ligue, montra qu'il importe de connaître l'histoire de la
Savoie, et en particulier les assauts répétés de la France pour s'en emparer, afin de
bien oeuvrer pour préparer l'avenir européen de notre peuple.
Le temps était magnifique le jour de cette célébration. Les Savoisiens présents ont
pu constater qu'une stèle est à présent fixée à demeure au pied de la croix qui se
dresse au centre du village.
photo "Méribel2004-3.jpg":
Hommage aux combattants: Loïc Camus, président du Souvenir breton, brandit le
gwen-a-du de son peuple, et Raymond Lalliard le drapeau savoisien.
- Recherche: Collectionneur, avec plus de 300 postes TSF de 1920 à 1950, je recherche
toujours à augmenter mon stock, soit en don soit en achetant, en vue d'ouvrir un musée
de la radio à Habère-Lullin. <decroux.bernard@wanadoo.fr> tel. 06 80 40 54 83
- Adhérent prospecteur amateur passe gratuitement vos terrains et champs au détecteur
de métaux. 50-50 en cas de trouvailles. tel. 06 81 01 91 51
- Achète fournitures d'horlogerie anciennes, outils, montres anciennes, fraises à
tailler Carpano, montres à verge ainsi que pièces détachées. Jehan-Louÿs Baud tel 02
37 38 17 14 (le soir).
- Carte historique de la Savoie en 1856, éditée sur papier glacé 70X50cm. 3 euros la
copie. tel 0450 43 33 95.
Nous avons le pénible regret de vous annoncer le récent décès de monsieur le Docteur
GUIRAUD, de Lugrin (Chablais), véritable "docteur des pauvres". Il était le
père d'Alain Guiraud, auteur de deux ouvrages sur l'histoire de sa commune de Lugrin,
historien passionné et amoureux du Chablais. À toute la famille nous présentons nos
très sincères condoléances.
samedi 13 novembre à Bons en Chablais: Foire aux Tripes (stand de L'Écho de Savoie).
13 et 14 novembre: 9e. Congrès de la Ligue savoisienne, à Bourg Saint-Maurice
(Tarentaise).
mardi 30 novembre (20h30) à Chambéry, centre de congrès Le Manège: conférence du
Pr. Dominique Belpomme, auteur du livre "Ces maladies créées par l'Homme".
dimanche 5 décembre à Thonon (Chablais): Foire de la Saint-André (stand de L'Écho de
Savoie).
La Savoie a été annexée par la France huit fois en cinq siècles, elle sest
libérée sept fois!
Nous préparons la huitième désannexion !
La Ligue savoisienne a pour but de restaurer la souveraineté de la Savoie,
cest-à-dire déterminer nous-mêmes en toute démocratie notre gouvernement, nos
lois, notre justice.
Le Congrès de la Ligue savoisienne est chaque année le
temps fort qui nous rassemble. Ne le manquez pas...
Programme (susceptible de modifications de dernière heure)
Samedi 13 novembre
Matin:
L'Irlande, modèle ou contre-exemple pour les Savoisiens? Thierry Mudry, Avocat.
L'Europe, fille des Lumières? Guiu Sobiela-Caanitz, éditeur, écrivain.
Après-midi:
Le génocide arménien et la candidature de la Turquie. Jules Mardirossian,
Président du CEDIA (Centre d'études, de documentation et d'informations arméniennes).
Traité établissant une Constitution pour l'Europe. Débat présenté et animé par
Jean de Pingon, Patrice Abeille et Thierry Mudry.
Les deux questions (candidature de la Turquie et Constitution
européenne) feront l'objet d'une consultation des adhérents (votes) pendant toute la
durée du Congrès.
Dimanche 14 novembre
Matin:
Débats avec nos invités représentant d'autres nations sans État.
Incohérences de la fiscalité française. Denis Brunet, Avocat.
L'explosion des prix de l'immobilier en Savoie: causes et conséquences d'une politique
française. Thierry Tissot-Dupont, Notaire.
Après-midi:
La Ligue savoisienne au présent, face aux défis des prochaines années.
Rapports, débats, votes, discours d'orientation de Jean de Pingon et Patrice Abeille.
Les jeunes Savoisiens invitent tous les jeunes à venir les rencontrer sur leur stand au
Congrès et à consulter leur site: www.WFFIS.org
site des jeunes pour une Savoie souveraine et
démocratique!
6_1 Sénatoriales: première percée de la Ligue savoisienne.
Comme d'habitude, les élections sénatoriales ont passé presque inaperçues en Savoie
et n'ont intéressé que très peu de monde en dehors du microcosme politique. Pendant les
neuf ans de leur mandat, les sénateurs se montrent à toute occasion qui leur permet de
serrer des mains et de figurer sur les photos du "grand quotidien régional
d'information" et des feuilles plus locales, mais l'opinion oublie vite ou ne sait
pas comment ils ont été élus, et par qui: quelques centaines de grands électeurs,
maires, conseillers généraux et régionaux, parlementaires, et une partie des
conseillers municipaux.
Le suspense a été réduit à sa plus simple expression en Savoie du nord, puisque les
trois sénateurs sortants ont été réélus au premier tour: Jean-Paul Amoudry (avec un
score record de 1003 voix sur 1682 grands électeurs), Jean-Claude Carle et Pierre
Hérisson (825 et 823 voix).
À Chambéry, le sénateur UMP Jean-Pierre Vial a retrouvé son siège au premier tour
(545 voix sur 1100 grands électeurs) tandis que les candidats officiels du PS étaient
balayés. Au second tour le maire d'Albens Claude Giroud, outsider UMP, a perdu la partie
face à Thierry Repentin (protégé du socialiste Louis Besson) qui a fait le plein des
voix de gauche.
La seule nouveauté venait des candidatures savoisiennes. La Ligue avait en effet
décidé de s'intéresser aussi aux sénatoriales, en soutenant deux candidats: au nord
Jean-Pierre Rambicur, maire de Margencel, au sud Jean Blanc, conseiller municipal de
Bonneval sur Arc. Tous deux sont membres de la Ligue. Leurs suppléantes étaient, au
nord, Evelyne Anthoine, au sud, Jocelyne Chatrian.
Jean-Pierre Rambicur a réalisé une remarquable percée en recueillant 42 suffrages,
soit 2,5% des votants: c'est un bon score dans un corps électoral composé exclusivement
d'élus qui votent par discipline ou par calcul. Le succès est moins net au sud mais Jean
Blanc, qui n'a pas la fonction de maire comme argument électoral, a néanmoins réussi à
réunir 11 bulletins sur sa candidature, soit 1%.
L'essentiel était de participer, ainsi les Savoisiens ont démontré qu'ils se mêlent
de tout ce qui les regarde, y compris des sénatoriales...
Les nouveaux sénateurs ont été élus pour 9 ans; c'est la dernière fois, leurs
successeurs n'auront qu'un mandat de six ans conformément à la réforme que le Sénat
s'est votée récemment. Si tout va bien, les cinq représentants de la Savoie disposent
donc de neuf années pour apprécier les douceurs et autres avantages de la vie
sénatoriale... et pour en remercier régulièrement les élus locaux qui leur ont confié
cette rente!
6_2 Gaston Flosse tente un retour au pouvoir à Papeete.
L'indépendantiste Oscar Temaru, dont les partisans et alliés avaient remporté
l'élection territoriale du 23 mai, fut élu président du gouvernement de la Polynésie
française le 14 juin (voir L'Écho de Savoie n°73 et 74). Le grand perdant était
l'ancien président Gaston Flosse, un protégé de Jacques Chirac.
Ne se résignant pas à sa défaite, Flosse a manuvré pendant tout l'été pour
reconquérir son confortable fauteuil, tandis que son successeur commandait un audit sur
les finances publiques du "Pays d'Outre-Mer", dont la Présidence consommait à
elle seule davantage de crédits que les services de Chirac à l'Élysée...
Il a suffit de "convaincre" (avec des arguments de
poids, sans doute!) un des membres du parlement polynésien pour faire passer le 9 octobre
une motion de censure renversant le gouvernement d'Oscar Temaru. Le 16 octobre, une
manifestation monstre réunissait dans les rues de la capitale, Papeete, plus de 20 000
personnes demandant le changement ("Taui" en tahitien) et la dissolution de
l'Assemblée pour retourner aux urnes. Alors que le président de l'Assemblée demeure
l'indépendantiste Antony Geros, le super-préfet de Papeete a requis l'une des
vice-présidentes pour faire élire au plus vite Gaston Flosse à la tête de l'exécutif
polynésien: l'élection de Flosse a eu lieu le 22 octobre, en l'absence des députés
favorables à Temaru. Le leader indépendantiste a alors entamé un jeûne de protestation
en compagnie de ses ministres et élus, dans les jardins du palais présidentiel. Ce
jeûne a été interrompu le 30 octobre, alors que Gaston Flosse se déclarait prêt à de
nouvelles élections dans les circonscriptions les plus peuplées de l'archipel (Tahiti et
Moorea), celles qui avaient donné la victoire à Oscar Temaru. Au jour où nous mettons
sous presse, l'imbroglio juridique et politique n'a pas encore trouvé son dénouement...
Observations d'un lecteur.
Un de nos lecteurs, M. Jacques Derrieux, qui a vécu plus de dix ans à Tahiti, nous a
adressé une longue lettre dont nous tirons les remarques suivantes:
"Un des premiers gestes du nouveau président, qui militait depuis des années pour
une indépendance totale et rapide, a été de repousser celle-ci "à quelques
décennies". L'autre geste symbolique a été de changer le jour férié de
commémoration de l'autonomie interne, qui était le 29 juin, pour en instaurer un nouveau
qui est maintenant le 12 juillet.
Le statut de la Polynésie est celui d'une autonomie dans le cadre de la République
Française (...). Aujourd'hui l'autonomie est tellement large que dernièrement la
Polynésie a obtenu le droit de se nommer "Pays d'Outre-Mer" et de pouvoir
promulguer des lois de pays spécifiques à celle-ci.
Il ne reste que très peu de compétences à la République, si ce n'est de gérer la
sécurité du territoire, la défense, la justice (en théorie), la monnaie (le Franc
Pacifique devrait d'ailleurs être changé en euro dans les années qui viennent).
La Polynésie vit sous perfusion totale avec l'argent de la France.
Seuls les Polynésiens peu ou pas instruits du tout sont pour l'indépendance, car comme
ils ne possèdent rien, ils pourraient s'adapter à avoir encore moins que rien. Pour le
reste la majorité des Polynésiens vivent de la manne financière que l'État français
envoie chaque année.
La Polynésie a un des plus hauts taux de fonctionnaires du monde, ce qui montre bien la
dépendance à la France.
Contrairement à ce que vous dites, les Polynésiens ne
savent pas ce qu'ils veulent, et s'ils ont élu monsieur Temaru, c'est surtout parce
qu'ils ont voté contre la corruption de l'ancien gouvernement qui exerçait une autorité
trop appuyée et mégalomane."
Autonomie ou indépendance?
Contrairement à ce que Jacques Derrieux a cru lire dans l'édito de notre n°74, je
n'ai pas prétendu que les Polynésiens savent ce qu'ils veulent et ont voté consciemment
et massivement pour l'indépendance de leur archipel. J'ai seulement voulu signaler que,
pour exprimer leur mécontentement, ils n'ont pas craint d'accorder leurs suffrages à des
candidats indépendantistes. Cette constatation m'a permis d'identifier le "paradoxe
savoyard" selon lequel les électeurs de Savoie ont peur de la perspective de
l'indépendance, alors même qu'ils n'ont, à la différence des Polynésiens, nul besoin
de la France, qui les spolie des fruits de leur travail, pour vivre heureux.
Certains Savoisiens, même sincères, pourraient être tentés d'abandonner l'objectif
de la souveraineté au profit d'une revendication d'autonomie, prétendument plus
réaliste. À cette tentation deux arguments forts s'opposent:
1. La souveraineté que la Ligue propose pour la Savoie s'accommode fort bien des
délégations de pouvoirs qui se mettent en place au sein de l'Union européenne (monnaie,
douanes, marché, peut-être bientôt relations internationales et défense, etc.). Notre
objectif n'est pas une souveraineté comme on la concevait en 1900.
2. La France, jusqu'à présent, n'a accordé l'autonomie qu'à quelques rares et
lointains territoires d'Outre-Mer. Même la Corse, qui demeure une île et se trouve plus
proche des rivages italiens que de la France continentale, se voit fermement refuser un
tel statut. Il est vrai que les électeurs de Corse ne soutiennent pas leurs
indépendantistes et autonomistes comme ceux de Polynésie...
3. L'affaire du renversement du gouvernement d'Oscar Temaru montre bien les limites de
l'autonomie à la française: on accorde beaucoup de libertés aux peuples colonisés, à
condition qu'ils aient l'obligeance de confier tous les pouvoirs territoriaux à un proche
du Président de la République française. Les socialistes soutiennent actuellement Oscar
Temaru contre Gaston Flosse; mais après deux septennats de François Mitterrand, dont on
connaît notamment la politique africaine, ils auront du mal à nous convaincre qu'ils se
comporteraient mieux, s'ils revenaient aux affaires, que l'actuel gérant de la boutique
France.
Il s'agit de la principauté de Monaco, déjà membre de l'ONU depuis 1993. Cet État
minuscule, de 30 000 habitants dont à peine 6000 citoyens-sujets monégasques, a été
reçu le 5 octobre 2004 comme membre à part entière du Conseil de l'Europe, dont le
siège est à Strasbourg.
Le Conseil de l'Europe, à ne pas confondre avec l'Union européenne, a été fondé
juste après la deuxième guerre mondiale pour établir la paix et les bonnes relations
entre tous les peuples européens. Il compte aujourd'hui, avec Monaco, 46 États. Sa
réussite la plus connue est la Convention de sauvegarde des droits de l'Homme et des
libertés fondamentales, dont le respect s'impose aux États membres sous le contrôle de
la Cour des droits de l'Homme.
Là où un Prince et 6000 sujets réussissent, un peuple d'un million de Savoisiens ne
saurait échouer, pour peu qu'il en manifeste la volonté. L'exemple monégasque renforce
évidemment la détermination de nos amis de la Ligue niçoise.
6_4 Arrangements entre ignares sur le calendrier électoral de 2007.
Le gouvernement Raffarin veut prolonger d'un an le mandat des maires et conseillers
municipaux, jusqu'en 2008. Justification: le calendrier électoral de 2007 serait trop
chargé, avec au printemps les cantonales, la présidentielle et les législatives, et en
septembre les sénatoriales. Avantage pour l'UMP: prolonger les municipaux élus en 2001
garantirait à la droite de garder la majorité au Sénat, même si la poussée de
l'électorat à gauche, constatée en 2004, se confirmait en 2007.
À droite comme à gauche, la classe politique française, absorbée toute entière dans
ses petites rivalités, ne voit pas que dans les pays fédéraux, les citoyens parviennent
très bien, en une seule journée de scrutin, à élire leurs représentants à tous les
niveaux, de la commune à la Fédération! Il suffit de se donner l'organisation et le
matériel nécessaires. Ainsi le 2 novembre, les citoyens des États-Unis d'Amérique
ont-ils fait leur choix pour le Président qu'ils souhaitent, tout en désignant leurs
députés à la Chambre des Représentants, un tiers des sénateurs, le gouverneur dans 11
États, leurs députés aux assemblées locales et des États, et bien souvent leurs
juges, procureurs et shérifs; la plupart des électeurs, lors du même jour de scrutin,
avaient encore à répondre à des référendums locaux ou d'État, 150 au total!
À ce propos, un lecteur nous signale que des machines à voter étaient utilisées à
Paris vers 1975. On se demande bien pourquoi elles ont été abandonnées au lieu d'être
améliorées et installées partout. Y aurait-il un avantage, pour les partis qui
verrouillent le système, à maintenir des méthodes électorales désuètes?
Encore une réformette signée Sarkozy: timide
allègement de l'impôt successoral.
Si aucun changement de cap ne vient, d'ici la fin de l'année, contrarier les intentions
gouvernementales, l'impôt sur les donations et successions pourrait être un peu allégé
à partir de 2005. Le ministre des Finances propose d'ajouter aux abattements actuellement
en vigueur un abattement global de 50000 euros sur le patrimoine du défunt ou du
donateur, et de porter l'abattement par héritier de 46000 à 50000 euros. Un enfant
unique serait donc exonéré d'impôt sur une succession évaluée à 100000 euros, mais
deux enfants se partageant un patrimoine de 200000 euros paieraient encore 3300 euros
chacun.
Cette réformette à la française ne tient évidemment aucun compte de la
surévaluation des biens immobiliers dans des secteurs touristiques et convoités comme la
Savoie.
Tandis que la droite se gargarise de ce genre de bricolages, tous nos voisins (Suisses
et Italiens) ont supprimé l'impôt successoral ou sont en train de le faire, et tous les
États européens, à l'exception de l'Espagne et de la Suède, ont un barême beaucoup
plus léger que le nôtre, même réformé par Sarkozy.
L'Express, dans son fascicule publié au mois d'août "Annecy-Chambéry: où vit-on
le mieux?", reproduit un étonnant propos du ministre savoyard Hervé Gaymard.
Les journalistes l'interrogent sur les rapprochements entre les deux villes, en
particulier dans le cadre de l'Assemblée (des Pays) de Savoie. Ils précisent leur
pensée: "Excentrée dans sa propre région (ndlr: Rhône-Alpes), la Savoie a compris
qu'elle avait intérêt à jouer groupée pour se faire entendre. D'autant que la Ligue
savoisienne exerce à sa manière une rude pression. "Chaque fois que nous
rencontrons un succès électoral, les élus se sentent obligés de faire quelque chose
d'unitaire pour nous couper l'herbe sous le pied", résume l'indépendantiste Patrice
Abeille. "Ce n'est pas faux", reconnaît Gaymard."
Hervé, tu te fais du mal! Les confessions, il faut les réserver au confessionnal!
En tout cas, les électeurs de Savoie devraient maintenant comprendre à quoi servent
les élections...
Le Pays des Droits de l'Homme a de plus en plus de difficulté à assurer ses fins de
mois. Il accélère donc les ventes d'actifs pour faire face à ses échéances.
Tandis que la Banque de France liquide ses implantations locales (Thonon et Cluses en ce
qui concerne la Savoie) on apprend la vente des centres de contrôle technique des
véhicules poids-lourds: il restera 900 fonctionnaires à recaser, car trois d'entre eux
seulement ont accepté la proposition d'une indemnité de 45000 euros pour quitter la
fonction publique et aller chercher de l'emploi dans le privé!
L'État met en vente des actions des sociétés d'autoroutes SAPRR et SANEF, des actions
France Telecom et EDF. L'Imprimerie Nationale supprime 600 emplois. Les grands aéroports
seront bientôt sur la liste de la grande braderie: au lieu d'être concédés aux
Chambres de Commerce et d'Industrie, ils seront gérés par des sociétés mixtes dont
l'État possèdera des actions qu'il lui sera facile de vendre. La DCN (arsenaux de
construction et entretien de navires de guerre) est en voie de privatisation à 49%.
À qui le tour? Nous l'apprendrons dans les prochains mois. Dans quelques années, les
protégés de la République ne seront plus bien nombreux...
Le soutien des communes concernées au projet de domaine skiable "Espace
Diamant" dans la région française du Mont-Blanc faiblit. Ce projet prévoit une
série de nouvelles pistes et installations de remontées mécaniques pour relier les
domaines skiables de Cristal, Val d'Arly et Evasion Mont-Blanc. On obtiendrait ainsi le
plus grand domaine skiable européen, avec 161 remontées mécaniques et plus de 300
pistes.
Plusieurs associations de protection de la nature et des
Alpes ont critiqué ce projet dès le début. En effet, le dernier espace vierge
s'étendant sur le Plateau de Véry, sur la rive est de l'Arly, serait sacrifié à cette
extension. Ces associations ont adressé une pétition, signée par 2500 personnes, aux
décideurs politiques pour leur demander de ne pas soutenir ce projet. Une majorité des
communes regroupées au sein de l'Organisation Espace Mont-Blanc ont maintenant déclaré
que ce projet ne méritait pas d'être soutenu. En outre, les communes qui avaient lancé
l'idée de fusionner les domaines skiables envisagent de se retirer du projet.
Selon l'Office fédéral des transports, le coût total des "Nouvelles Lignes
Ferroviaires à travers les Alpes" (NLFA) en Suisse sera supérieur de 302 millions
de francs à ce qui avait été prévu en été. En sont responsables des zones de
perturbations géologiques, des incertitudes concernant le tracé à suivre et des
techniques de sécurité coûteuses.
On dispose encore de fonds suffisants pour assurer un financement du projet des NLFA
jusqu'en 2008, bien que le Parlement ait déjà octroyé un crédit supplémentaire de 900
millions de francs en juin. À ce jour les coûts finaux se montent à environ 15,9
milliards de CHF, mais ils peuvent encore augmenter de 1,3 milliard compte tenu du
potentiel de risques. Le Parlement se prononcera probablement en 2007 sur un crédit
supplémentaire.
La construction du tunnel de base du Brenner entre l'Autriche
et l'Italie sera aussi plus chère et plus longue que prévu. L'achèvement de la nouvelle
ligne ferroviaire à travers l'Unterinntal sera retardé de cinq ans, ce qui nous reporte
en 2013, ont annoncé les Chemins de fer autrichiens. C'est ce qui ressort d'une expertise
selon laquelle le coût de ce tronçon passera de 1,3 milliard d'euros à 1,8 milliard
d'euros.
Selon une étude du Service bavarois de la protection de l'environnement, la neige
artificielle serait moins nocive que ce que l'on admettait jusqu'ici. Le 14 octobre, le
thème des canons à neige sera discuté au sein de la commission environnement du Landtag
bavarois. Le Ministère bavarois de l'environnement souhaite assouplir les restrictions
concernant le recours aux canons à neige. En effet, compte tenu du fait qu'il n'y aura
bientôt plus guère de neige dans la plupart des stations de ski bavaroises en raison du
changement climatique, les pistes de ski de Bavière devraient pouvoir être enneigées
artificiellement sur de grandes surfaces et pendant de longues périodes et les canons à
neige autorisés sans limitations dans le temps.
Dans les Grisons/CH, il a été décidé en votation
populaire le 26 septembre de soutenir les canons à neige avec l'argent de l'État. Le
gouvernement grison souhaite investir un demi-million de francs par année dans les
installations d'enneigement. Jusqu'ici un soutien cantonal n'était envisageable que dans
les régions définies par la Loi fédérale sur l'aide aux investissements dans les
régions de montagne (LIM).
Lors de la prochaine réunion du Comité permanent de la Convention de Berne (Convention
relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe), prévue
fin novembre, le gouvernement suisse (Conseil fédéral) souhaite faire passer le loup de
la catégorie des "espèces de faune strictement protégées" à la catégorie
"espèces de faune protégées".
À l'exception de 12 pays qui ont fait valoir des réserves lors de la signature de la
Convention, les loups sont strictement protégés dans tous les États européens. Si l'on
admettait un déclassement sur le plan européen, le loup ne bénéficierait plus que de
la même protection que le lynx. Les autorités responsables auraient ainsi davantage de
possibilités "d'intervenir dans un cheptel en cas de dommages". Si le Comité
permanent de la Convention de Berne accepte la proposition de la Suisse, on risque, selon
le WWF, de se voir confronté à des tirs de loups illégaux et incontrôlés. Le
gouvernement suisse pense, par contre, que cette mesure permettrait une meilleure
acceptation des loups dans les régions de montagne, une application plus systématique,
par les éleveurs, des mesures de protection des troupeaux proposées par la
Confédération et les cantons, ainsi qu'une diminution du risque de tirs illégaux.
Début septembre, le ministre français de
l'environnement a autorisé le tir de quatre loups dans six départements des Alpes
françaises.