3_3 La Brigade de Savoie à la bataille de l'Assietta.
3_4 Tribune libre : les OGM
3_5 France:en 2104, moins de fonctionnaires?
3_6 QUIZZ à la française.
4 Les échos de la Ligue
4_1 Décentralisation ou autonomie?
4_2 Fêtes savoisiennes de l'été: une remarquable organisation!
4_3 Régionalisation: diviser pour mieux régner,
4_4 Pêche étonnante au lac de Cruseilles.
4_5 Petites annonces savoisiennes.
4_6 Les rendez-vous savoisiens.
5 Dominique Belpomme
5-1 Respirer, boire, manger nuit gravement à la
santé. (par Pierre OTTIN PECCHIO)
B
- Dossiers :
1_1 Europe :
la chaise vide de la Savoie
Par Patrice Abeille,
Secrétaire général de la Ligue savoisienne.
À Paris, les milieux gouvernementaux ont été saisis de stupeur lorsque José Manuel
Durao Barroso, président désigné de la future Commission européenne, a présenté son
équipe le 12 août, avec deux semaines davance sur léchéance prévue. Cette
nouvelle Commission, lexécutif de lUnion européenne, devra obtenir la
confiance du Parlement européen pour entrer en fonction le premier novembre.
Comme prévu depuis ladoption du traité de Nice, en décembre 2000, chacun des 25
États membres a nommé un commissaire, et le président Barroso a procédé à la
répartition des postes. La France et lAllemagne, deux " grands
États " qui avaient droit auparavant à deux commissaires, voient leur poids
considérablement réduit : ce nest plus deux sur quinze, mais un sur
vingt-cinq, soit une descente de 13 à 4% de présence et dinfluence
Cette dégringolade est dautant plus brutale que les postes obtenus sont
dimportance modeste : entreprises et industrie pour lAllemand Günter
Verheugen, transports pour le Français Jacques Barrot. Ce dernier, qui a remplacé Michel
Barnier au printemps, fait piètre figure à Bruxelles par son incapacité à manier une
autre langue que le français. Son département des transports a été amputé de plus de
la moitié des attributions de son actuelle titulaire, Loyola de Palacio :
lénergie échoit à un commissaire hongrois et les relations avec le Parlement à
la première vice-présidente suédoise Margot Wallström.
Commentaire de leurodéputé UDF Jean-Louis Bourlanges :
" cest le couple franco-allemand qui est au piquet, et cest
grave " (" Journal du Dimanche ", 15 août 2004). En effet,
le Royaume-Uni sen sort beaucoup mieux, puisque le portefeuille stratégique du
commerce extérieur sera confié à Peter Mandelson, un proche de Tony Blair que les
médias surnomment " le Prince des Ténèbres ". LItalie obtient
les affaires de " Justice, Liberté et Sécurité " (Rocco
Buttiglione) et lEspagne les dossiers " économiques et
monétaires " (Joaquin Almunia).
La nouvelle Commission (sous réserve quelle obtienne la confiance du Parlement
européen) donne un poids sans précédent aux petits États, notamment à ceux qui
viennent dentrer dans lUnion européenne. La Lituanie (mieux traitée que la
France selon plusieurs commentateurs) obtient la programmation financière et le budget,
Malte la pêche et les affaires maritimes, lEstonie ladministration et la
lutte antifraude (et un titre de vice-président), Chypre la santé et la protection des
consommateurs, la Lettonie la taxation et lunion douanière, la Slovénie la science
et la recherche, la Slovaquie léducation, la formation, la culture et le
plurilinguisme. Comme le constate Jean-Louis Bourlanges, " les grands États,
qui représentent 75% de la population de lUnion, obtiennent moins dun quart
des sièges dans la nouvelle Commission et sont même moins nombreux que les commissaires
issus de pays représentant 2,5% de la population ! "
LUnion européenne, avant son récent élargissement, était déjà
particulièrement avantageuse pour les petits États comme le Luxembourg. Depuis le
premier mai 2004 cest encore plus vrai, et cela devient spectaculairement visible
dans la composition de la Commission présidée par Barroso. Il ne manque plus que la
Savoie !
Certains Savoyards avaient pu se faire des illusions, depuis que Michel Barnier avait
reçu le poste de Commissaire chargé des politiques régionales, gérant ainsi le
deuxième budget de lUnion (après la politique agricole). Les récents événements
doivent leur ouvrir les yeux. En effet Michel Barnier, qui na jamais représenté la
Savoie mais fut toujours mandaté par la France à Bruxelles, a obtempéré à un coup de
sifflet de son maître Jacques Chirac pour rentrer chez lui, cest-à-dire à Paris,
et reprendre la charge de ministre des Affaires Étrangères de la France, sur ce vieux
Quai dOrsay où la situation nest pas brillante.
Les petits États de lUnion européenne sont bien présents à Bruxelles. Ils ont
des députés, des commissaires, des lobbyistes, des fonctionnaires, des techniciens de la
politique, et ils siègent au Conseil des ministres. Aucune décision ne leur échappe, ce
qui est capital puisque les trois-quarts des lois nationales ne sont maintenant que des
applications de règlements et de directives adoptés par lUnion. Restant à
lextérieur de lUnion, dautres petits États défendent leur
prospérité sur le plan international : Suisse, Norvège, Liechtenstein, Monaco,
Islande
Sur tous les fronts, la Savoie est absente. Personne ne la représente à Bruxelles, ni
à New-York (siège de lONU), ni au Conseil de lEurope, ni dans aucune
assemblée internationale. Toutes les grandes décisions internationales sont prises sans
que la Savoie naie la moindre possibilité dexprimer son point de vue. Il
serait temps, dans un pays qui fut présent pendant huit siècles sur la scène
européenne, de se réveiller!
P.A.
2_1 La vie de Joseph de Maistre.
Pour faire suite à l'article de Gérard Vallet, "Joseph de Maistre, écrivain
savoisien", paru dans le n°71 de L'Écho de Savoie (avril-mai 2004, pages 6 et 7),
nous publions de larges extraits d'un ouvrage devenu introuvable: la biographie de Joseph
de Maistre par François Vermale, parue en 1927 dans les Mémoires et Documents de la
Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie.
2_2 Livre II: La première émigration. (suite)
Chapitre III: L'adresse à la Convention (1793).
À Chambéry, J. de Maistre trouva la protection de Carrelli de Bassy, comte de Cevins,
ancien substitut au Sénat de Savoie, auquel il avait vendu, en 1792, sa propriété de la
Trousse. Carrelli, depuis l'arrivée des Français, était devenu un personnage au Club
des Jacobins de Chambéry. Comme président de ce club, il fut si puissant qu'il fit voter
la radiation du représentant en mission Philibert Simond.
Ce dernier était un type curieux. Né en Savoie, il avait été élevé par un de ses
oncles qui était curé. Il avait étudié la théologie à la Sorbonne. Pour des motifs
inconnus, il était allé exercer la prêtrise en Alsace. Là, il devint président du
Club des Jacobins de Strasbourg, puis vicaire général de l'évêque constitutionnel du
Bas-Rhin, enfin député à la Convention. Quand la Savoie fut occupée par l'armée de
Montesquiou, Simond demanda une mission pour son département d'origine. Il avait son plan
secret, qui était celui de préparer son élection à l'évêché constitutionnel du
nouveau département du Mont-Blanc. Dans ce but, il voulait déposséder Chambéry de son
titre de capitale pour le donner à Annecy, siège de l'évêché. Comme il ne doutait pas
de son élection, il avait déjà préparé, dans l'ombre, les décrets qui concentraient
à Annecy les services administratifs et les états-majors de l'armée des Alpes. Carrelli
fut un de ceux qui découvrirent le complot Philibert Simond contre Chambéry. Il organisa
en hâte la résistance. Un conflit violent éclata entre les Commissaires de la
Convention et les Chambériens groupés dans leur municipalité et leur club. Hérault de
Séchelles, un des quatre commissaires, prit peur et fit proclamer l'état de siège.
J. de Maistre, à son retour à Chambéry, trouvait donc une atmosphère de bataille. On
commençait à regretter le Roi. Un soir, à l'heure de la fermeture des boutiques,
Simond, qui passait rue de la Croix d'Or, avait été sifflé. C'est dans cette
atmosphère qu'arriva à Chambéry la nouvelle de la condamnation à mort de Louis XVI.
Les aristocrates ou ci-devants manifestèrent hautement leur indignation. J. de Maistre
fut certainement de ceux-là, car, le 25 janvier, il fut l'objet d'une visite
domiciliaire. Quatre jours après, Mme. de Maistre mettait au monde une fille.
Une autre agitation s'éleva en février, cette fois dans tout le département du
Mont-Blanc, contre les Commissaires de la Convention. Le 8 février, ils avaient
décrété que la Constitution civile du clergé entrerait en vigueur et que les prêtres
prêteraient serment. Le doyen du Chapitre d'Annecy, le chanoine de Thiollaz, défendit à
ses prêtres d'obéir et leur ordonna de refuser, au nom des droits du Souverain Pontife,
le serment. Il fut arrêté. Dans les communes, les femmes empêchèrent la publication
des décrets et renversèrent les arbres de la Liberté. Une lettre de ce temps nous
révèle qu'à Chambéry, dans l'entourage des Commissaires, "l'on ne dort ni jour ni
nuit, l'on est pleinement convaincu qu'il existe une coalition générale parmi le
clergé".
C'est le moment que choisit J. de Maistre pour lancer, comme un pétard, une brochure
royaliste où il rendait hommage à la fidélité au Roi. Le manuscrit de l' "Adresse
de quelques parents des militaires savoisiens à la Convention", il l'envoya à
Mallet du Pan, le journaliste royaliste alors de retour à Genève sa patrie. Celui-ci le
fit imprimer. La distribution en commença aussitôt en Savoie.
J. de Maistre avait quitté Chambéry quand sa brochure y parvint. Le Conseil général
du département et l'entourage des Commissaires entrèrent en fureur. Si J. de Maistre se
fût trouvé dans sa bonne ville, il aurait été envoyé en prison. Dès le 23 mars, dans
la nuit, une visite domiciliaire était pratiquée à Truaz, près La Roche. Le
propriétaire du domaine, M. de Constantin, fut arrêté. J. de Maistre, comme par hasard,
se trouvait ce jour-là en séjour chez son ami M. de Vens, propriétaire à Seyssel.
Quand il apprit dans cette ville les événements qui s'étaient passés à Truaz, il
envoya un exprès "pour être instruit avant d'arriver". Il gagna alors Genève
où, le 6 avril, il s'installait à l'hôtel de l'Épée Couronnée avec Mme. de
Constantin alors enceinte et son autre sur Jenny, près de la maison habitée par
Mme. Henri Costa. Le 8 avril, il assista au baptême à Truaz de l'enfant dont Mme. de
Constantin venait d'accoucher. Le 13, il quittait Genève pour Lausanne.
***
Ce départ n'était pas volontaire. Delhomme, le chargé d'affaires de la France près
la république de Genève, avait fait une démarche auprès des autorités genevoises pour
que J. de Maistre fût prié de ne pas rester sur le territoire de cette république. En
même temps, Delhomme s'efforçait, mais en vain, de saisir les ballots de l'
"Adresse des parents de militaires savoisiens" chez le maître de poste.
Cette "Adresse" contenait un éloge, dans le goût de la première brochure à
propos des évènements de Montmélian, du roi Victor-Amédée III, du clergé, de la
noblesse, du Sénat de Savoie. Elle contenait en plus, ce qui constituait le crime de
lèse-révolution, des menaces à l'égard des députés de l'Assemblée nationale des
Allobroges. Au nom de son roi, J. de Maistre promettait amnistie à ses compatriotes.
Seuls les députés de l'Assemblée nationale des Allobroges en seraient exclus.
"Législateurs impétueux! Vous paierez cher "l'ouvrage de 7 jours": où
chercherez-vous des excuses? où trouverez-vous des défenseurs? Ah! n'espérez jamais de
pitié!" La colère des révolutionnaires s'explique et la prudence de J. de Maistre
se comprend. Après de pareilles menaces, il ne devait pas attendre tranquillement à
Chambéry. Son départ et sa vie errante se justifient. Du point de vue royaliste, son
mérite était grand. Le premier, il avait osé proclamer le retour prochain du roi de
Sardaigne, maintenir ses droits imprescriptibles sur son duché et menacer les jacobins
vainqueurs.
(1) L'Hôpital est le village qui surplombe l'actuelle Albertville, qui n'existait pas
encore.
2_3 Livre III: La deuxième émigration.
Chapitre I: Nouveau Mémoire sur la Franc-Maçonnerie (1793).
Lausanne, capitale de la république du pays de Vaud, était devenu un centre
d'émigration très en vogue. J. de Maistre y arriva le 19 avril 1793. Il alla se loger à
l'Auberge de la Couronne.
Il avait choisi Lausanne afin de pouvoir y rencontrer son protecteur, le baron Vignet
des Étoles, qui y résidait. Grâce à son influence, il pensait pouvoir entrer dans la
diplomatie sarde. Vignet des Étoles était intervenu en sa faveur plusieurs fois déjà
à Turin.
Dès son arrivée à Lausanne, J. de Maistre eut une aventure qui aurait pu avoir de
graves conséquences pour lui, étant donné l'état précaire de sa trésorerie
particulière. Un voyageur de l'Auberge de la Couronne, se trompant de bagages, lui
emporta sa malle avec l'argent qu'elle contenait. Heureusement pour J. de Maistre qu'il
avait pris la précaution de consigner sa malle et son contenu à l'aubergiste. Celui-ci,
se reconnaissant responsable, envoya de suite un commissionnaire à la poursuite du
voyageur coupable... Trois jours après, la malle était retrouvée. Tout est bien qui
finit bien. J. de Maistre en fut quitte pour la peur.
Son premier dîner, J. de Maistre le prit en compagnie de prêtres réfractaires du
diocèse d'Annecy, lesquels s'étaient réfugiés nombreux dans le pays de Vaud. Le
lendemain, il rendit visite au baron d'Erlach, bailli de Lausanne, réputé pour sa
bienveillance à l'égard des émigrés. Chez lui, il rencontra Mallet du Pan. Il ne donne
aucun détail sur cette rencontre, mais nous en sommes en droit d'inférer que Mallet
encouragea fortement son interlocuteur à continuer à défendre, par la plume, la cause
royaliste en Savoie. Le surlendemain, en effet, J. de Maistre commençait à rédiger les
"Lettres d'un royaliste savoisien à ses compatriotes".
Le 20 avril, J. de Maistre dîna à l'hôtel du Lion d'Or avec M. le baron Vignet des
Étoles, lequel venait d'être nommé ambassadeur du roi de Sardaigne à Berne. Au cours
du repas, le baron expliqua à son protégé qu'il était à Turin accusé de jacobinisme
et d'avoir trempé dans le complot maçonnique organisé à Chambéry en vue de détacher
la Savoie de son prince et préparer l'invasion des armées françaises. Il lui expliqua
que, tant qu'il ne se serait pas lavé d'une pareille accusation, il ne fallait pas qu'il
comptât recevoir de nouvel emploi. Les imputations de Turin étaient graves, elles
avaient pour elles les apparences. L'orfèvre Debrit, vénérable de la loge des Sept
Amis, affiliée au Grand Orient de France, était bien, pour lors, l'un des jacobins les
plus en vue de Chambéry. Les loges du rite français, qui s'étaient multipliées dans le
duché depuis 1786, avaient fourni les cadres des nouvelles administrations
révolutionnaires. L'on savait maintenant, à Turin, que ces loges françaises n'avaient
pas obéi à l'ordre de dissolution envoyé par le Roi dès fin 1790. Les francs-maçons
des autres rites n'avaient-ils pas été complices d'une révolte aussi manifeste? À
Turin, on le croyait.
Dans les trois jours qui suivirent ce dîner à l'hôtel du Lion d'Or, J. de Maistre
rédigea un Mémoire sur la Franc-Maçonnerie qu'il adressa à Vignet des Étoles, pour
qu'il le communiquât à Victor-Amédée III, avec une lettre de l'auteur. Il en adressa
aussi un exemplaire à M. de Cravanzanne, ministre de la guerre; à M. le comte
d'Hauteville, ministre des affaires étrangères; à M. le chevalier Radicati.
***
Dans ce Mémoire encore inédit, J. de Maistre défendait avec vigueur les membres de la
loge La Sincérité contre l'accusation d'avoir participé directement ou indirectement à
un complot anti-royaliste. Après avoir donné de nombreux détails sur le but et
l'organisation des loges "réformées" ou "martinistes", J. de Maistre
affirmait "que, dans les loges de Savoie même les plus soupçonnées, il n'existe
pas le moindre signe qui annonce un but politique dans le principe. Et quant à la loge de
la Réforme, je puis vous l'affirmer sur tout ce qu'il y a de plus sacré". Cette
loge d'ailleurs suspendit ses travaux avant même l'arrivée des ordres du Roi interdisant
les réunions maçonniques. "Lorsque les troubles de France commencèrent
malheureusement à ébranler la Savoie, la loge de Chambéry (je parle toujours de la
Réforme) pensa que tout rassemblement quelconque pouvait, dans ce temps de crise, donner
de l'embarras au gouvernement. En conséquence, elle résolut d'elle-même de ne plus
s'assembler. Et l'on avait réellement cessé de s'assembler lorsque les craintes du Roi,
sur ces sortes d'établissements, lui parvinrent, si je ne me trompe, dans l'été de
1791".
Quant aux pratiques égalitaires qu'on reprochait aux francs-maçons d'avoir mis à la
mode, J. de Maistre, sans les nier, les explique ou en réduit la portée:
"L'égalité dont je me rappelle que vous m'avez parlé une fois comme d'une chose
alarmante, ne signifiait absolument rien. Elle n'était que dans les mots. Il est même
bien remarquable que dans les tableaux (des membres) les titres n'étaient jamais omis, ni
même dans les discours, car dans toutes les loges on disait: "Frère Marquis ou
Comte un Tel!" Mais lorsque les mots de liberté et d'égalité sont devenus le point
de ralliement et le signal de factieux en délire, il n'est pas étonnant que les
gouvernements se soient alarmés sur le compte d'une société cachée qui professe
légalité. Cette égalité se réduisait à Chambéry à une fréquentation mutuelle (en
corps bien entendu): ainsi par exemple la Loge Réformée, à l'époque de certaines
fêtes, priait quelques membres de l'Union ou des Sept Amis, qui venaient assister aux
cérémonies et au souper. Réciproquement, des membres de la Réforme répondaient
quelquefois aux invitations des deux dernières, mais rarement du moins quant aux
gentilhommes. Les bourgeois y allaient plus souvent. Du reste, toute cette Frérie
n'influait exactement point sur la distribution des États dans la société". Puis,
prenant l'offensive, J. de Maistre demandait pourquoi si Turin avait des soupçons, le Roi
ne s'était pas adressé aux Frères de la Sincérité. Prévenus, ceux-ci se seraient
informés et l'auraient renseigné sur la réalité de ce complot.
Il concluait en affirmant que la "masse, le corps des loges savoisiennes, même des
plus bourgeoises, n'avaient jamais été tâtées par celles de France pour entrer dans la
Révolution". Certains membres des Sept Amis étaient individuellement très mauvais.
"Il est possible que les Français se soient adressés à eux. Mais je ne vois pas ce
que tout cela aurait de commun avec la franc-maçonnerie qui date de plusieurs siècles et
qui n'a certainement dans son principe rien de commun avec la Révolution
française".
Dans cette défense, J. de Maistre nous apparaît comme niant des faits que d'autres
documents émanant de lui-même établissent. Dans le Mémoire de 1782 au duc de
Brunswick-Lunebourg, J. de Maistre demandait que la franc-maçonnerie eût des buts
politiques. D'autre part, nous savons que la Sincérité, la loge de J. de Maistre,
entretint des relations les plus cordiales et les plus suivies avec la loge des Sept Amis.
À l'inauguration du temple des Sept Amis, en 1786, la Sincérité avait délégué à
cette cérémonie le comte Désery, le comte Salteur, le Dr. Desmaison et Loully.
Le 15 septembre 1787, les Sept Amis avaient envoyé une délégation porter un bouquet
et complimenter la jeune épouse du comte de Bellegarde, vénérable de la Sincérité. De
1787 à 1789, J. de Maistre, avec d'importantes délégations de la Sincérité, avait
assisté aux fêtes de la Saint-Jean célébrées à la loge des Sept Amis. Il n'y avait
pas que les bourgeois de la Réforme qui consentaient à se mêler aux frères du rite
français!Les relations entre le rite écossais et le rite français avaient donc été
très suivies en Savoie. J. de Maistre, accusé, les nia ou tendit à en atténuer la
portée. C'est la seule fois où nous pouvons dire que nous le prenons en flagrant délit
(n'employons pas un mot qui pourrait choquer)... d'inexactitude volontaire!
(à suivre)
3_1 Notre Tarentaise d'il y a cent ans.
Extraits du livre de Germaine Acremant, "La Sarrasine" (1926) sélectionnés
par Germaine Rosaz. Germaine Acremant (1889-1986) fut célèbre pour avoir écrit
"Ces Dames aux Chapeaux verts".
Si, en Savoie, le mois d'avril appartient aux cascades, le mois de juin aux fleurs, le
mois d'août aux orages, le mois de février appartient à la neige.
Celle-ci est partout, sur les toits trapus, sur le squelette des arbres, sur les balcons
ventrus, sur les campagnes plates.
Il semble que les autres couleurs aient été chassées par le blanc implacable ou
absorbées par lui, puisqu'il les contient toutes.
À l'horizon de Bourg Saint-Maurice, les découpures des montagnes évoquent un
campement de tentes, là gigantesques. Le froid est vif. Le vent siffle sur le quai de la
gare où des employés attendent, en battant la semelle, le rapide de Paris que l'on vient
d'annoncer.
Simple convenance de leur part, d'ailleurs! Ne savent-ils pas qu'en cette saison, les
excursionnistes sur la ligne ne se hasardent pas plus loin qu' Aix-les-Bains?
Il n'y a ici aucune organisation de sports d'hiver. Aucune piste ne rampe comme un
serpent parmi ces immensités blanches. Pendant les saisons rudes, la nature est
indomptée. Qui voudrait, pour son seul agrément, heurter sa sauvagerie?
Le train s'arrête au point extrême. Le rail, jusque-là brillant comme un glaive, est
tout à coup abandonné à la rouille et se perd dans la neige.
Quelques mètres plus loin, la montagne dresse sa forteresse encore invincible. Les
trois vallées, qui s'insinuent entre ses pointes, ne semblent là que pour attirer les
présomptueux dans des contrées mystérieuses.
Comme toujours, pas de touriste? crie un employé... Juste à ce moment, un voyageur
saute sur le quai. Sans doute ne s'attendait-il pas à une arrivée aussi brusque? Il a
l'air étonné et porte son manteau sur le bras. Comme il est saisi par le froid et
frissonne, il s'empresse de le revêtir et relève son col de fourrure. Après quoi il
regarde la neige, toute cette neige.
Les rares Savoyards présents l'examinent avec une curiosité si vive qu'ils ne songent
même pas à la déguiser.
Le voyageur, qui est sorti de la gare, s'approche du conducteur d'un traîneau, le seul
qu'il y ait sur la place:
-Est-ce vous qui assurez le service postal? demande-t-il.
L'homme, qui était occupé à ranger des boîtes de biscuits et des bidons d'essence
sous sa banquette, se retourne, étonné de voir un touriste en cette saison.
-Non, répond-il. Le courrier est parti. Si des fois ça peut vous rendre service que je
vous conduise à Séez, à votre disposition...
-Est-ce loin, Séez?
-À trois kilomètres de ce côté...
Le Savoyard tend son fouet dans la direction d'un plateau lointain où l'on distingue,
serrés au milieu, mais espacés aux alentours, les toits d'un village.
-Ne pourriez-vous me mener plus loin?
-Non. Vous avez encore bien de la chance! Si vous étiez arrivé hier, je n 'aurais
même pas pu vous mener jusqu'à Séez. La neige toute neuve était épaisse et molle. Une
vraie malédiction! C'est ce matin seulement que l'écarte-neige est passé avec ses
quatorze chevaux. Il lui a fallu quatre heures pour dégager les trois kilomètres.
-Avez-vous toujours autant de neige?
-Non. Nous subissons cette année un hiver particulièrement brutal. Nous ne sommes
qu'à neuf cents mètres. Là-haut ce doit être effrayant!
-Là-haut? Vous voulez dire dans les villages de Haute-Tarentaise?
-Oui... À dix-huit cents, à dix-neuf cents, il y a des gens qui vivent!
-Les pauvres gens!
Sur la neige, le traîneau glisse maintenant. Le Savoyard excite de la voix son cheval,
dont les sabots sont ferrés à glace et dont le corps ne tarde pas à exhaler une vapeur
grasse.
Voici l'Isère! Dans le silence lourd de l'étendue ouatée, le tumulte du torrent est
saisissant comme celui d'une force barbare. Au loin, les cônes alluviaux et conjugués du
Versoyen, de Bonneval et des Chapieux se dressent comme des menaces pendant que le Reclus
monte à l'assaut du Petit Saint-Bernard.
Le traîneau file rapidement. Le bruit des eaux en bourrasque décroît vite.
La route est à présent un couloir. L'écarte-neige a dressé un mur à droite et à
gauche.
Deux gonflements! Ce sont deux ponts au-dessous de deux petits torrents. Le traîneau
les franchit en douceur.
-Encore trois cents mètres et nous y sommes! annonce le Savoyard.
Le paysage uni ressemble maintenant à un immense drap troué. Les rochers à pic, sur
qui les flocons ne peuvent que glisser, pointent leur tête noire au milieu de la neige.
-Qu'est-ce que c'est que cette cloison? demande le voyageur en désignant au bord du
chemin une barrière de planches robustes que soutiennent de gros madriers.
-C'est le seul moyen qu'on ait trouvé de se mettre à l'abri des bises du nord ouest.
Avant qu'on ait construit ça, les attelages et les gens étaient ici, les jours de
tempête, renversés par
les tourbillons. Les gens n'avaient qu'à se ramasser, tandis que les marchandises
détériorées ne se vendaient plus!
-Quelle existence difficile que la vôtre!
-Bah! La vie, c'est la vie! Les Alpes, c'est Les Alpes!
(...)
"Je me souviens d'une certaine gniole que j'ai bue l'été dernier en Savoie. Je
serais ravi si vous en aviez un petit carafon...
-La gniole, c'est mon rayon! intervient l'hôtelier. Je crois que je possède la
meilleure de tout le pays. Nous allons la goûter!
-Tiens! Pourquoi la nuit tombe-t-elle brusquement?
La pièce qui, tout à l'heure, était encore claire, n'est plus illuminée que par les
flammes du foyer... La neige! Le ciel violet foncé est si bas qu'il paraît aplatir les
toits...
Le temps s'est un peu éclairci. Le ciel est-il encore au ras des toits? Impossible de
s'en rendre compte. Il n'y a plus qu'un fourmillement de flocons. Éparpillement de duvet
de cygne! Vol de papillons innombrables! Dispersion de pétales de pommiers ou de lis!
Cela commence ainsi, presque gaiement. Le vent a l'air de s 'amuser. Il fait tourbillonner
comme des lutins ces minces formes blanches. On croirait une bataille de fleurs d'oranger
dans le royaume des fiancés! Hélas! Sous le jeu printanier, transparaît vite le drame.
Les flocons, de plus en plus drus, forment une nuée aveuglante. Les flocons sont des
légions en marche... La conquête est vite accomplie... Combien de temps durera
l'invasion? Des heures, peut-être des journées. Des milliards de flocons sont tombés
déjà, d'autres milliards sont prêts!
Après deux semaines, enfin ce prodige: le soleil On le croyait mort à jamais, éteint
sous la horde infinie des flocons. I1 réapparaît. I1 est timide comme un enfant qui veut
se faire pardonner une faute. Demain, il sera assez fort pour pénétrer dans les maisons
en fondant la gelée qui a dessiné sur les vitres des aurores boréales et des
cathédrales gothiques. Aujourd'hui, il a des grâces de convalescent.
La forêt de Malgovert est presque libre de ses entraves. Les branches des sapins ont
l'air de se secouer. Débarrassées du poids des girandoles qui s'effilochent et tombent,
elles se redressent comme des ailes.
Le troisième jour seulement on annonce que la circulation vers Tignes est permise. Le
conducteur doit, avant le soir, effectuer l'aller et le retour. Or cela représente, pour
les deux expéditions, quarante kilomètres à faire dans des conditions peut-être
difficiles.
Dès la sortie du village gronde l'Isère, si formidable à présent que, sur une pente
plus raide, les eaux se déchirent avec plus de fracas sur les rochers. Jusqu'à Séez, le
paysage se bornait aux limites de la vallée. Au-delà ce sont les cimes neigeuses dans
toute leur ampleur. Le Mont Pourri domine, avec la sérénité de ces dieux hindous en qui
somnole une méditation profonde de plusieurs siècles. Superbe derrière ses
épaulements, il sait sans doute que la majesté de l'attitude tient lieu de pensée.
Selon les tournants de la route, il disparaît et revient avec ses versants abrupts, ses
séracs décollés et les arêtes aiguisées de ses cinq glaciers.
-Sainte-Foy? est-ce loin encore?
-Ces gorges à escalader, et nous y sommes! Voyez ces tuyaux énormes. L'Isère, captée
par les ingénieurs, s'y débat comme un beau diable. Les gestes qu'elle fait pour
démolir sont transformés, par les turbines, en créateurs d'énergie... L'église, là,
perchée comme un grenadier, marque dans Villaroger le point précis où commence la
Haute-Tarentaise.
3_2 Mots croisés: le cruciverbiste ducal.
(voir le journal)
3_3 La Brigade de Savoie à la bataille de l'Assietta.
Qu'il n'y ait pas de méprise: la Brigade de Savoie n'a pas participé, le dimanche 18
juillet 2004, à une joute gastronomique! La bataille de l'Assietta est une des plus
célèbre du règne de Charles-Emmanuel III: elle fut disputée à plus de 2500 mètres
d'altitude le 19 juillet 1747. Cette date est importante pour l'histoire piémontaise, car
ce qui pouvait causer la fin des États de la Maison de Savoie fut un véritable triomphe.
Au cours de la guerre de succession d'Autriche (1740-1748), le roi de France Louis XV
décida en 1747 l'invasion de la Hollande et du Piémont. Les forces franco-espagnoles du
maréchal Fouquet de Belle-Isle et du général Las Mibras traversèrent le Var,
occupèrent Nice et Villefranche, et allèrent jusqu'à San Remo. En même temps le
chevalier de Belle-Isle, frère du duc, descendit du Dauphiné en Piémont. Les Français
décidèrent de marcher sur Turin avec les 50 bataillons commandés par Belle-Isle, et
avancèrent le long de la crête qui sépare la vallée de Suse du Val Chisone se trouvant
face aux avant-gardes piémontaises.
La défense des passages avait été confiée aux bataillons du comte de Bricherasio,
postés sur le contrefort de l'Assietta. Bricherasio plaça 7 bataillons sur l'Assietta
dans des tranchées et fortifications de campagne. Il avait à sa disposition 7400 hommes
avec les trois bataillons piémontais, savoisien et sarde, quatre suisses et quatre
autrichiens.
Belle-Isle, avec les franco-espagnols, avait passé le Montgenèvre à la tête de 32
bataillons. Le 19 juillet il attaqua l'Assietta. Quatre fois les assauts furent repoussés
par les Piémontais. Au cinquième assaut, Belle-Isle fut tué et sa place fut prise par
Villemur, qui lança la sixième attaque. Le comte de Bricherasio ordonna alors la
retraite aux Piémontais de San Sebastiano qui, n'obéissant pas, se maintinrent sur leurs
positions. Cet acte de désobéissance valut la victoire.
Repoussé, Villemur abandonna le col de l'Assietta, décrétant la victoire
piémontaise. La Bataille avait duré tout le jour. Les assaillants se retirèrent après
avoir perdu près de 5000 hommes, 400 officiers et le commandant Belle-Isle.
Le résultat de ce combat accrut de beaucoup le prestige du royaume de
Piémont-Sardaigne. Chaque année le Piémont commémore ce haut fait d'armes.
Ainsi le 18 juillet 2004, plus de mille participants venus de tout le Piémont
s'étaient rassemblés à plus de 2500 mètres d'altitude pour une journée anniversaire
et de rencontre. Cette journée commença à 10 heures par une messe en plein air, dite en
langue piémontaise. Le prêtre pria pour la Savoie, demandant à Dieu de lui accorder la
pais et la santé. Après l'office, le prêtre vint saluer chacun des membres de la
Brigade de Savoie.
La cérémonie était rehaussée par la présence de deux groupes historiques
piémontais en costumes d'époque (1747), de carabiniers en grande tenue, d'Alpini
coiffés de leur traditionnel chapeau à plume, de représentants de l'armée italienne,
et d'anciens Alpini en uniforme arborant des drapeaux du Piémont. Les deux groupes
piémontais et la Brigade de Savoie défilèrent à travers le camp sous les
applaudissements de la foule et l'il des caméras de la RAI et des innombrables
appareils photo.
Le point fort de la journée fut la reconstitution de la bataille par les deux groupes,
l'un étant l'assaillant franco-espagnol contre le piémontais, avec tirs de canon et au
fusil d'époque. Il est à noter que les ordres dans l'armée piémontaise étaient
donnés en français: "en joue", "feu", "en avant",
"cessez le feu". Le déroulement de la bataille était commenté au micro par le
général Amoretti, directeur du musée de l'armée de Turin.
Autre point fort de cette journée: à la fin de la cérémonie, les deux groupes
historiques piémontais firent une haie d'honneur aux "frères perdus" en
présentant les armes, les officiers levant leur chapeau.
Le repas pris en commun sous une tente, comme pour une armée en campagne, fut servi par
des Piémontais en costume traditionnel, et le vin servi "a volontà" par les
Alpini. Au dessert, le chant des Allobroges sortit des poitrines des hommes de la Brigade
de Savoie, pour le plus grand bonheur de l'assemblée. Le repas comportait, bien entendu,
la polenta et les saucisses, plat préféré de tous.
Ainsi nous avons pu desserrer les liens fraternels qui unissent Savoyards et
Piémontais, riches de mille ans d'histoire commune.
Michel Vibert et Jean-Claude Garin,
avec nos vifs remerciements à Marc Mogenet, de Samoëns, pour sa documentation
historique.
NB: La Brigade de Savoie recrute des volontaires et des vivandières, pour revivre
ensemble de bons moments d'amitié à partager. Une aide financière est prévue pour
l'achat de l'uniforme.
Contact:
Jean-Claude Garin 0450 23 26 54
Michel Vibert 0479 31 44 55
Bernard Bouvier 0450 69 05 95
Les dessins qui paraissent dans L'Écho de Savoie sont (sauf signature différente) de
la plume de Gérald Wojtal-Aillaud, vice-chancelier de la Ligue savoisienne en Tarentaise.
3_4 Tribune libre.
À propos des OGM.
par Gérald Wojtal-Aillaud.
La transgénèse a été appliquée pour la première fois en 1973, sur un
micro-organisme, Escherichia Coli. La première plante transgénique a été obtenue en
1983, et la première mise sur le marché d'une telle plante a eu lieu en 1994: la tomate
Mac Gregor.
En 1998, on comptait 27,8 millions d'hectares de plantes transgéniques dans le monde
(contre 11 millions en 97 et 1,7 million en 96) dont 20 millions pour les seuls
États-Unis.
Techniquement, la recherche identifie d'abord un gène codant pour une fonction utile.
Ce gène est ensuite isolé et inséré dans une bactérie de laboratoire pour être
reproduit. On peut ensuite transférer ce(s) gène(s) vers un organisme dont ils vont
modifier l'identité génétique. On obtient ainsi un ogm.
Arguments des partisans des ogm.
Les défenseurs des ogm avancent principalement les trois points suivants:
- primo, la biotechnologie permettrait d'éviter la pénurie alimentaire qui devrait se
produire dans les prochaines décennies si l'on croit les projections de l'actuelle
croissance démographique mondiale.
- deuzio, la transgénèse serait écologique, car elle réduirait les apports et la
quantité d'intrants (pesticides contre les parasites animaux et végétaux, insecticides
contre les insectes, engrais) préjudiciables à l'environnement, et permettrait de
transformer des zones impropres à l'agriculture en raison de leur climat en zones
cultivables.
- tercio, la biotechnologie pourrait améliorer les qualités gustatives et la
conservation des aliments.
Réponses à ces arguments.
Ici s'achève la partie objective de l'article. Il est clair qu'il faut maintenant
s'interroger sur les arguments des trusts biotechnologiques.
Premièrement, la biotechnologie nous sauverait d'une pénurie alimentaire: c'est une
prévision qui ne s'appuie que sur une autre prévision, celle de 11 milliards d'hommes
sur la Terre en 2100. Et quoi qu'il en soit, en regardant notre monde tel qu'il est
aujourd'hui, on ne peut que déplorer l'hypocrisie d'un tel argument. En effet, pendant
qu'une partie de l'humanité a de quoi manger (et quand certains même surbouffent), une
autre partie crève la bouche ouverte (24000 par jour, rapport de la FAO d'octobre 2003)
sans pour autant que ces multinationales si soucieuses d'éviter la famine ne volent au
secours de ces gens.
Mais sans doute ces sociétés sont-elles prêtes à fournir du grain à tous
ceux-là... qui peuvent payer?
Enfin, en l'état actuel des choses, les mots d'excédents agricoles, de prime à
l'abattage, de quotas, d'indemnisations des quotas ne veulent-ils plus rien dire? Nous
produisons trop, pourquoi cela devrait-il cesser dans le futur, et quand se lancera-t-on
enfin dans un partage des richesses plus équitable? Car, argument ultime, toujours selon
le rapport de la FAO d'octobre 2003, l'agriculture peut aujourd'hui produire pour 12
milliards d'hommes!
Deuxièmement, la biotechnologie serait écologique. Décidément, ces multinationales
évitent de se poser bien des questions: en regardant l'état des sols, des nappes
phréatiques, des cours d'eau, lorsqu'il s'agit de produire pour six milliards et demi
d'hommes, on peut s'interroger sur cette même qualité quand il s'agira de nourrir 11
milliards. Et comment pourrait-on utiliser moins d'engrais alors qu'on cherche en
général à produire le maximum et que la terre s'appauvrit à force d'être
(sur)exploitée?
Quant à la réduction de l'utilisation d'insecticides et de pesticides, on veut bien
croire qu'il est possible que des plantes deviennent allergisantes et rebutantes à
certains de leurs parasites végétaux et animaux, mais quelles seront alors les
répercussions sur les populations de ces familles de parasites et, par enchaînement, sur
les populations des êtres qui s'en nourrissaient, donc sur la chaîne alimentaire, sur
les biotopes et l'équilibre naturel?
Autre problème que les trusts de la biotechnologie préférent ne pas envisager: on
peut supposer qu'une hyperspécialisation génétique des êtres (censée les défendre
contre tel danger de leur environnement) peut les rendre très (trop) vulnérables à une
modification, une évolution légère de l'environnement, ou une nouvelle maladie, un
nouveau parasite. Et que se passera-t-il le temps que la recherche trouve la parade au
nouveau problème? Les chercheurs en génétique ne sauraient tout prévoir; un croisement
entre du colza transgénique résistant à l'herbicide Basta et des variétés sauvages ne
s'est-il pas révélé fertile contrairement aux prévisions des experts?
Enfin, on a pu parler de la dispersion non contrôlée de ces ogm dans la nature. On
imagine le problème, si un jour on souhaite retirer telle variété d'ogm des cultures,
mais que celle-ci s'est déjà dispersée à travers le monde...
Troisièmement, la biotechnologie pourrait améliorer les qualités gustatives de nos
aliments. C'est déjà très honnête de reconnaître qu'on nous fait manger de la m...;
et maintenant, qui veut bien faire semblant de croire que dorénavant les industriels vont
davantage se préoccuper d'améliorer le goût plutôt que leurs marges bénéficiaires?
Allez, on veut bien admettre que la biotechnologie a fait des légumes cubiques (tiens,
pour le transporteur, c'est mieux, serait-ce une histoire d'argent?), que la technologie
va faire des légumes qui se conservent deux fois plus longtemps (tiens, pour le
distributeur, c'est mieux, serait-ce une histoire d'argent?), mais pour le goût, on
attend de voir. N'oublions pas que nous, les consommateurs, sommes bel et bien le dernier
maillon de la chaîne, justes bons à payer.
Bref, on pourra conclure que des apprentis sorciers se lancent dans une expérimentation
dont le lieu est le monde, dont les cobayes sont les hommes et les femmes, dans l'espoir
de créer plus de petits billets. Alors, croyez-vous vraiment que vous soyez leur premier
souci?
G. W.-A.
3_5 France: en 2104, moins de fonctionnaires?
Le 28 juillet dernier, Renaud Dutreil, nouveau ministre français "de la fonction
publique et de la réforme de l'État" a annoncé qu'en 2005, à la faveur des
départs à la retraite, le nombre des fonctionnaires de l'État diminuera de 8000 à
10000, sur un total de 2,5 millions de postes.
Une étude de l'INSEE, publiée le 22 juillet, nous apprend que le nombre des agents des
trois fonctions publiques (État, Territoriale et Hospitalière) a augmenté de 891 000
entre 1980 et 2001.
Il faudra donc un siècle de réductions de postes, au rythme actuel, pour que la France
retrouve, vers 2104, le nombre de fonctionnaires qu'elle avait en 1980...
Et peut-être même plusieurs siècles: en effet, pendant que l'État tente de réduire
ses emplois, les collectivités territoriales (communes, départements, régions...)
reçoivent des compétences nouvelles, dont Paris de débarrasse, et recrutent des
fonctionnaires pour les exercer. Nouvelle application du principe du tonneau des
Danaïdes, mais on a bien du mal à imaginer que cette évolution se poursuive sans heurts
pendant des siècles!
Le ministre Dutreil cite une autre étude de l'INSEE, qui indiquerait la disparition, en
2003, de 100 000 emplois publics! Nous n'avons pas trouvé la trace de ce rapport sur le
site internet de l'INSEE: serait-il classé "confidentiel défense"? Si l'un de
ces 100 000 fonctionnaires perdus de vue lit L'Écho de Savoie, qu'il se signale à la
rédaction!
3_6 QUIZZ à la française.
Entendu le 3 août avant midi sur les ondes de France Bleu Pays de Savoie, dans le cadre
d'un jeu radiophonique:
- Question: "Contrée himalayenne sous le joug chinois"?
- Réponse du candidat: "Le Tibet".
- L'animateur: "Oui, malheureusement".
Attention: si vous remplacez "himalayenne" par "alpine" et
"joug chinois" par "joug français", vous n'êtes plus sur France
Bleu!
4_1 Décentralisation ou autonomie?
(Texte de Camille Chedal-Anglay publié le 6 août 2004 par les journaux "La
Savoie", "L'Essor savoyard", "Le Messager" dans leur page
"courrier des lecteurs" administrée par l'éditorialiste Valérie Cado. Le
titre a été ajouté par la rédaction de L'Écho de Savoie)
Bonjour Valérie,
Permettez-moi de vous féliciter au sujet de vos éditoriaux que je lis chaque semaine
avec beaucoup d'attention et d'intérêt, même si je ne partage pas toujours vos
opinions.
Au sujet de celui de la semaine dernière, je vais vous faire part de mes observations
qui complètent vos réflexions.
Ayant été maire et conseiller général durant quelques décennies, j'ai bien connu
les lois de décentralisation de Gaston Defferre de 1982 et leurs conséquences sur les
budgets départementaux, notamment lors d'un premier transfert des routes qui étaient
dans un état déplorable. Les dotations de l'État étant bien insuffisantes, il a fallu
augmenter une première fois les impôts départementaux. Puis les dotations de l'État
ont "fondu comme neige au soleil" au fil des ans. Résultat: augmenter encore
les impôts départementaux sans oublier l'inévitable bureaucratie que cette loi a
générée, car il a fallu créer des emplois dans les départements.
Pourquoi Raffarin a-t-il eu recours au 49-3? Pour de simples raisons de calendrier. En
effet, comment passer en revue les 4000 amendements des socialistes et même ceux de ses
alliés UDF et amis UMP -dont la partie gaulliste demeure résolument jacobine- dans des
délais permettant que la loi puisse être appliquée à la prochaine rentrée scolaire de
septembre, qui concerne 95 000 employés de l'Éducation nationale?
Ce qui nous attend est la reproduction de la précédente loi, à savoir: l'État
transfère aux collectivités locales des responsabilités et les charges qui leur sont
inhérentes, mais c'est lui qui garde pour l'essentiel le pouvoir de fixer l'assiette et
la quotité des ressources fiscales par la loi de finances (pour des questions
électoralistes). Du coup, loin de se réduire, l'écart entre ceux qui votent l'impôt et
ceux qui dépensent s'accroît sans cesse, obligeant les collectivités locales à combler
la différence par... les impôts locaux. Attendez-vous donc à subir, dans les toutes
prochaines années, une explosion des impôts locaux: Région, Conseil général et
communes, alors même qu'au niveau de l'État nos responsables ne cesseront de se
glorifier de baisser les impôts ou, du moins, de ne pas les augmenter.
À quand une vraie décentralisation comme celle que nous connaissons en Italie (Val
d'Aoste, Dolomites), en Espagne Catalogne) et en Allemagne avec ses Länder?
Mais vous me donnerez certainement l'occasion de revenir sur ce sujet...
Entre-temps, prenez quelques jours de vacances pour passer le col du Petit Saint-Bernard
et vous rendre chez nos cousins et amis du Val d'Aoste: constatez la sécurisation et la
qualité de la route, constatez le nombre de chantiers routiers, arrêtez-vous à La
Thuile pour flâner le long du ruisseau qui descend du Ruitor, descendez à Pré
Saint-Didier puis remontez la vallée de Valgrisenche ou encore celle de Valsavarenche, et
ensuite vous me ferez part de vos impressions...
Sachez toutefois que 90% des impôts de la Région restent au pays, 10% allant à Rome
pour la solidarité nationale.
Imaginez que 90% des ressources de notre Savoie restent au pays! De quoi rêver!
Bonnes vacances et à bientôt.
Un ancien élu réaliste,
Camille Chedal-Anglay,
ancien maire de La Perrière (Tarentaise) et Conseiller général du canton de Bozel,
membre de la Ligue savoisienne depuis août 1998.
4_2 Fêtes savoisiennes de l'été: une remarquable organisation!
Notre ami Jacky Gurret a organisé de main de maître, avec quelques adhérents du Val
d'Arly, la fête du terroir (et de la Savoie Ducale) qui s'est tenue le samedi 14 août
dernier dans son village d'Héry sur Ugine. Les autres Amicales savoisiennes de la
province avaient fait "monter" leurs bénévoles: 5 de "Amédée III, 5 de
"Amédée V", 4 des "Gayots", 2 de "Charles-Albert", sans
compter 2 de l'Amicale "Marguerite Frichelet de la province du Genevois. D'autres
Savoisiens étaient occupés ailleurs, notamment les Brigadiers de Savoie qui, à
Peisey-Nancroix, contribuaient à accueillir le ministre français de l'Agriculture et de
la Pêche. De nombreux commerçants et artisans, et artistes, étaient eux aussi montés
à Héry pour participer à cette manifestation de la culture savoisienne.
Le repas de midi, confectionné par deux spécialistes du coin, offrait des jambons
cuits moelleusement à la broche, accompagnés d'une douce polenta... La soupe
bûcheronne, démarrée dès le matin, prenait en soirée la valeur d'un feu d'artifice
gastronomique. Le temps frais étant au beau, notre vaillante accordéoniste, portant bien
son âge respectable, fit vibrer les coeurs et les corps tard dans la nuit.
Merci Jacky, merci à ceux qui joyeusement peinèrent. Vive la Savoie!
Maurice Luquain.
À Aillon le Jeune, le 1er août, Philippe Ducloz veillait sur la soupe. Les Savoisiens
de la région aixoise ont assuré gaillardement l'intendance de la Fête des Bûcherons.
4_3 Régionalisation: diviser pour mieux régner,
Raffarin y réfléchit durant ses vacances en
SAVOIE où il trace
SA VOIE pour
SAVOIR si le
SAVOYARD de la Haute-
SAVOIE joint
SA VOIX à la
SAVOIE
SA VOISINE
SAVOISIENNE
pour ignorer la dénomination fantaisiste des "Pays de
SAVOIE" et pour réclamer au contraire une
SAVOIE "Une, indivisible et souveraine".
Un
SAVOISIEN n'est pas dupe
ÇA SE VOIT clair qu'on cherche à nous diviser.
SAVOISIENS réveillez-vous!
Il n'existe qu'une
SAVOIE: c'est la vôtre.
Albert Weureither.
4_4 Pêche étonnante au lac de Cruseilles.
Jugez-en par vous-même, d'après la photo: notre ami Alain Dupuis, ancien chancelier du
Genevois et actuellement membre du Conseil consultatif de la Ligue savoisienne, a sorti
une proie peu ordinaire des eaux du lac des Dronières, dans sa commune de Cruseilles, le
28 juillet dernier! Il s'agissait d'un silure "glane" pris au vif. Ses
mensurations exactes: 135 centimètres et 16,5 kilogrammes!
Le Conseil consultatif, organe suprême de la Ligue savoisienne selon nos statuts, nous
étonne encore une fois!
illustration sans légende: "silure Dupuis.psd"
4_5 Petites annonces savoisiennes.
(insertion gratuite pour nos abonnés)
- Achète fournitures d'horlogerie anciennes, outils, montres anciennes, fraises à
tailler Carpano, montres à verge ainsi que pièces détachées. Jehan-Louÿs Baud tel 02
37 38 17 14 (le soir).
- Carte historique de la Savoie en 1856, éditée sur papier glacé 70X50cm. 3 euros la
copie. tel 0450 43 33 95.
4_6 Les rendez-vous savoisiens.
18 septembre: commémoration de la bataille de Méribel (Faucigny).
Rendez-vous à partir de 10 heures au lac des Ilettes, à côté de l'aérodrome de
Sallanches. Pique-nique savoisien. À 15 heures, fleurissement de la plaque rendant
hommage au sacrifice des combattants savoisiens ayant tenté de repousser, en septembre
1793, les occupants français.
13 et 14 novembre: 9e. Congrès de la Ligue savoisienne, à Bourg Saint-Maurice
(Tarentaise).
5-1 Respirer, boire, manger nuit gravement à la santé.
Par Pierre Ottin Pecchio (1).
(suite de l'article paru dans le numéro 74 de L'Écho de Savoie, août 2004)
Vers la fin de l'Humanité?
Auparavant, on pourrait assister au déclin du monde occidental, à moins qu'une forte
réaction ne se produise. Il faudrait déjà que les médecins et les médias prennent
conscience de leurs insuffisances car, comme l'écrit le Pr. Belpomme, " les
médecins sont le plus souvent engrammés dans une vision purement curative des maladies
qui exclut l'étude de leurs causes, et les médias reprennent dans ce domaine, de
préférence, les bonnes nouvelles, pas forcément les moins bonnes, surtout lorsque
celles-ci s'attaquent à des lobbies industriels et économiques puissants. "
Avec des médecins inconscients, des journalistes et des politiciens soucieux de plaire
ou contrôlés par une industrie menée par le profit, quelles chances avons nous
d'éviter le pire? " Ma conclusion est malheureusement sans ambiguïté " dit le
Pr. Belpomme, " c'est la dégradation de l'environnement qui est à l'origine de la
plupart des maladies actuelles, et ces maladies risquent de conduire demain l'humanité à
disparaître. "
Une pollution multiforme.
La pollution a des impacts sur nos fonctions. D'abord, un impact matériel sur les
fonctions de subsistance, surtout sur la nutrition et la respiration; ensuite, un impact
sur les fonctions sensorielles comme la vision, l'audition, etc.; enfin, un impact sur les
fonctions de connaissance et de reconnaissance.
Tout le monde connaît des exemples de pollution matérielle: la contamination
radioactive (Tchernobyl), les marées noires (Erika, Prestige), l'amiante, la
contamination des aliments par les pesticides, les dioxines produites par les
incinérateurs, l'épidémie de vache folle causée par l'utilisation d'une alimentation
animale contaminée... Cette pollution intervient sur la santé par trois voies possibles:
alimentaire, respiratoire ou cutanée.
Dans notre assiette, ce sont des substances chimiques, naturelles ou non, qui sont des
contaminants, des additifs ou des produits de transformation culinaire. La "
mal-bouffe " s'y ajoute encore: tromperies sur la qualité, abus de certains aliments
qui déséquilibrent les régimes. " Nous ne pouvons connaître l'origine de ces
aliments, et surtout les conditions de leur culture et de leur conservation. (...) Nous ne
savons jamais la teneur en pesticides, nitrates, ou autres molécules chimiques contenus
dans les aliments que nous achetons. Or ce sont justement ces molécules chimiques qui
induisent aujourd'hui nos maladies. Nous sommes donc trompés. "
Le deuxième type de pollution matérielle est la pollution respiratoire. Un seul
exemple: " l'inhalation de poussières d'amiante provoque des cancers. "
Le troisième type de pollution matérielle, la pollution cutanée, est due
essentiellement aux rayonnements, mais aussi à certains produits chimiques. Les accidents
nucléaires ont certainement été à l'origine de cancers, de stérilité et de
malformations congénitales mais les preuves scientifiques font défaut car du fait des
intérêts en jeu " on tend à minimiser l'affaire, au détriment des victimes.
". Autre rayonnement dangereux, les U.V. (2), causent deux types de cancers (3) qui
sont en nette augmentation en raison de la détérioration de la couche d'ozone qui
entoure le Terre.
Les traumatismes d'origine lumineuse (écrans d'ordinateurs) ou sonore (bruit excessif),
par exemple, détériorent nos organes: c'est une pollution neurosensorielle.
Notre santé peut aussi être mise en danger par des " informations polluées,
excessives, dirigistes ou même trompeuses, qui nous parviennent et qui peuvent être à
l'origine de perturbations de nos facultés mentales. Les stress renouvelés interviennent
aussi. (...) À l'extrême ces sollicitations peuvent induire des maladies mentales
graves: des névroses et des psychoses. "
Victoires et défaites de la médecine.
La croyance dans le Progrès voudrait que la Médecine triomphe un jour de toute les
maladies. La réalité est différente: le progrès de la médecine a fait disparaître de
nombreuses maladies mais de nouvelles sont apparues, et surtout l'homme en fabrique de
nouvelles. " C'est nous qui fabriquons nos maladies. Celles-ci ne sont, en effet,
plus naturelles comme jadis, mais artificielles car elles sont liées à notre
civilisation, ou plus exactement à la pollution environnementale que nous induisons.
"
Les maladies artificielles sont classées schématiquement en cinq groupes par le Pr.
Belpomme:
1. maladies d'origine génétique ou hormonale
Certains produits chimiques mutagènes, ou perturbateurs endocriniens, ou les deux, sont
à l'origine du cancer, de certaines stérilités et de maladies congénitales, de la
majorité des maladies héréditaires.
" Le cancer était jadis très peu connu (...). Il est à peu près certain qu'il
n'existait dans l'Antiquité que sous la forme de quelques cas isolés. " Au XIXème
siècle les cancers sont encore extrêmement rares " et il ne fait donc aucun doute
que le cancer est une maladie des temps modernes et que l'augmentation de fréquence
observée depuis l'après-guerre soit liée à l'industrialisation de notre pays. "
Plus grave que le cancer, la stérilité masculine, n'apparaît jamais chez les
médecins de l'Antiquité grecque et romaine. Elle croît régulièrement depuis la
Seconde Guerre mondiale dans les pays industrialisés.
Les malformations congénitales sont souvent induites par des facteurs environnementaux
qui perturbent la grossesse. Il a été démontré qu'il y avait " un lien
statistique entre l'exposition aux pesticides et la survenue de certaines malformations de
l'appareil uro-génital chez l'enfant. "
2. maladies d'origine infectieuses
Certaines nouvelles maladies sont bactériennes ou virales (sida, sras), ou à prions
(vache folle). Le sida est une maladie des temps modernes et la mondialisation favorise la
propagation du virus. Mais d'où vient le VIH (4)? Pour le Pr. Belpomme ce n'est pas une
mutation qui aurait rendu le VIH pathogène mais des modifications du comportement humain.
" Un virus proche du VIH aurait été longtemps latent, inoffensif, et pour une
raison quelconque (...) ce virus serait devenu actif. (...) D'où la pandémie actuelle
créée par l'homme et amplifiée par la mondialisation. "
" Le sras est peut-être aussi une maladie créée par l'homme. " Elle est
causée par un virus de la civette, un mammifère traditionnellement consommé par les
Chinois. " Il est probable qu'il y a eu une rupture de barrière d'espèce,
expliquant que le virus, présent normalement chez l'animal, ait pu contaminer l'homme et
s'y développer. (...) Il y a t'il eu un déficit immunitaire chez les premiers individus
contaminés, expliquant que le virus soit devenu pathogène? (...) En fait, cette
affection qui n'était pas connue antérieurement a probablement été fabriquée par
l'homme. "
" Vache folle, ou folie humaine? " interroge le Pr. Belpomme. On ne sait pas
comment est apparu le prion, qui n'est pas un virus mais une protéine anormale qui
infecte les cellules. Mais " on sait, en revanche, avec certitude que le fait d'avoir
nourri des bovidés avec des protéines animales a provoqué son apparition " et
causé une maladie grave du système nerveux. C'est " parce qu'on a transgressé les
lois naturelles (...) que la maladie est survenue. "
3. maladies d'origine métabolique
Les maladies cardiovasculaires sont liées à l'athérome , une maladie métabolique qui
comprend plusieurs facteurs: le cholestérol, l'hypertension artérielle, l'obésité, le
diabète. Le tabagisme et le déséquilibre alimentaire, les perturbateurs hormonaux,
pourraient en être la cause. " Au XIXème siècle, l'athérome était inconnu. (...)
Les maladies cardiovasculaires actuelles sont donc, à l'évidence, nouvelles et
intégralement induites par nous. "
4. maladies d'origine toxique ou allergique
Elles représentent la majorité des maladies respiratoires chroniques (asthme),
certaines maladies de peau. Connues depuis longtemps, " ce qui est nouveau n'est donc
pas les allergies et la crise d'asthme, mais leur fréquence accrue. On admet que dans
notre pays l'asthme touche 3,5 millions de personnes, dont essentiellement des enfants et
des adultes jeunes. " Pour l'expliquer on doit admettre que " d'une part, c'est
la pollution atmosphérique qui, en fixant les allergènes naturels, les rendent plus
offensifs et, d'autre part, que ce sont les allergènes chimiques introduits dans
l'environnement qui provoquent de nouveaux cas d'allergie "
5. maladies neurosensorielles ou neuropsychiques
Pour le Pr. Belpomme ce sont des maladies qui " dans de nombreux cas sont induites
par notre société. "
La fin des certitudes et l'imposture de la médecine.
La médecine contemporaine bénéficie encore de quelques succès mais son efficacité
tend vers une limite, mal comprise ou même niée par les médecins, alors que la
société exige toujours plus de découvertes. " Poussée par cette demande, la
médecine est inconsciemment amenée à tromper les malades et les citoyens, parfois même
à aller jusqu'au mensonge, à la fraude scientifique ou à l'escroquerie. " Car la
principale découverte des cent dernières années est amère: " ni la biologie ni la
médecine ne seront demain en mesure d'éradiquer toutes les maladies, de guérir tous les
malades. Et c'est là le constat d'échec ou de semi-échec de la médecine contemporaine
qu'il faut faire et la raison de l'imposture actuelle qu'il faut dénoncer. "
La santé publique en crise.
" Partout dans le monde, la santé est menacée. " Dans les pays en voie de
développement elle dépend des organismes internationaux et des ONG mais leur action
n'est pas à la mesure de la gravité et de l'ampleur des problèmes sanitaires. Dans les
pays riches le problème dominant est celui de son financement. En France les dépenses de
santé ont augmenté continuellement depuis la dernière guerre pour atteindre maintenant
10% du PIB (5). Sécurité sociale et assurance maladie sont en déficit permanent et les
gouvernements successifs s'y cassent le dents. Mais, pour nos concitoyens, la santé est
la priorité!
Les dépenses de santé augmentent parce que " nos maladies augmentent en nombre,
le nombre de malades augmente, les maladies actuelles sont de plus en plus difficiles à
traiter et que, pour y remédier les traitements qui sont mis en uvre s'apparentent
de plus en plus à des prouesses médico-techniques et donc que celles-ci coûtent de plus
en plus cher, alors que les résultats obtenus ne sont pas à la hauteur de ce que ces
traitements coûtent. La boucle est bouclée, on est dans un cercle vicieux. "
Pour le Pr. Belpomme il faut distinguer le " sanitaire " du " social
", (...) séparer du point de vue financier et structurel le remboursement des soins
et de la prévention de ce qui relève du secteur " social ". Il y a trois
mesures à prendre: " être beaucoup plus strict pour la mise sur le marché de
nouvelles thérapeutiques , (...) réorganiser notre système de santé, développer la
prévention, et plus particulièrement la prévention primaire. "
Prévenir les maladies.
" Il n'existe pas de réelle politique de prévention dans notre pays. (...) On
continue à privilégier la médecine de soins à visée curative au détriment de la
prévention. (...) Ce qui signifie qu'en perpétuant cette politique, on persiste à ne
pas vouloir prendre le mal à la racine, c'est à dire à ne pas entreprendre une
politique environnementale d'envergure. On continue à fabriquer de nouvelles maladies.
" Le Pr. Belpomme pense que cela serait possible en " associant de façon plus
étroite les actions du ministère de l'Environnement à celles du ministère de la
Santé, car environnement et santé sont liés ". Ce rapprochement irait dans le sens
du concept de l'écologie sanitaire qui étudie les effets de l'environnement sur la
santé.
" L'écologie n'est ni de droite ni de gauche, mais l'énorme responsabilité des
partis de droite est qu'ils se trouvent (...) liés aux lobbies industriels et que, pour
des raisons essentiellement politiques, ils continuent à soutenir ces lobbies qui n'ont
pourtant d'autre objectif que de défendre leurs intérêts financiers. " Le concept
de développement durable, né en 1972 à la conférence de Stockholm, cherche à rendre
compatible la croissance économique avec le respect de l'environnement. Mais pour le Pr.
Belpomme " le développement durable tel qu'il est appliqué aujourd'hui est un
leurre, pas une solution. " La politique reste en effet basée sur la croissance
économique. " Produire plus, augmenter la consommation de biens matériels, épuiser
toujours plus les ressources naturelles, polluer sans égard pour l'effet de serre ni la
santé, on ne veut pas percevoir qu'un jour il y aura une limite. "
Croissance ou décroissance?
S'il est difficile d'admettre la décroissance, il devrait être possible de faire
évoluer la croissance actuelle dont le critère est la quantité de biens produits.
" Le plus tôt possible, il faudra que ce soit la QUALITÉ des biens. Ce qui revient
à fixer le prix en fonction de la qualité de ce qu'on achète ".
Polluer, un crime contre l'humanité?
" Le nouveau code pénal français de 1994 stipule que sont punis de la réclusion
criminelle à perpétuité les actes suivants: le génocide, l'atteinte volontaire à la
vie, l'atteinte grave à l'intégrité physique ou psychique, les actes entravant les
naissances, le transfert forcé d'enfants, la déportation, l'esclavage, la torture... Il
faut faire évoluer le droit et inclure la pollution comme crime contre l'humanité,
puisque celle-ci, en attentant à la santé, attente à la vie, entrave les naissances et
finalement risque de conduire l'humanité à sa perte. "
Comment s'en sortir?
La situation serait désespérée sans le déclenchement des mécanismes de défense
d'un corps sociétal qui réalise enfin qu'il est en danger. Le Pr. Belpomme croît dans
la force de la société civile pour pousser le gouvernants à faire les réformes
nécessaires.
Les intellectuels, les associations écologistes, les femmes feront évoluer les médias
qui mettront la pression sur les hommes politiques et c'est l'Europe, pas les Etats-Unis,
qui élaborera le monde de demain.
Enfin, et surtout, Le Pr. Belpomme met sa confiance dans Jacques Chirac, " qui a
une responsabilité politique sans précédent " puisqu'il s'agit de sauver l'espèce
humaine.
Ce dernier chapitre suffira-t-il à ruiner dans l'esprit du lecteur les 320 pages qui
précédent?
Ce serait dommage car, en fait, le Pr. Belpomme ne fait que changer de vêtement: il
quitte la blouse du médecin pour enfiler le costume-cravate du notable! Il essaie de
faire face avec conviction à ses responsabilités d'expert auprès de la Commission
européenne et à celle du " plan cancer " lancé pour marquer le présent
quinquennat présidentiel. Nous lui souhaitons de réussir dans ces fonctions sans oublier
que dans le monde politique, et en France en particulier, " les promesses n'engagent
que ceux qui y croient "
P. O.-P.
(1) Vice-président de l'Union Santé Contre Pollution, 98 route de Corbier, F-74 650
Chavanod.