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Echo de Savoie n°74 (août 2004)
A - Sommaire :
 
1 La une:
   1-1 Le paradoxe savoyard (par Patrice Abeille).
2 Actualités
    2-1 La République sourde comme un topin.
    2-2 La déroute des finances publiques en France.
3 Joseph de Maistre, écrivain savoisien (suite)
    3-1 La vie de Joseph de Maistre.
4 Magazine
    4-1 mots croisés
    4-2 Le bonheur de ce monde
    4-3 Les produits pour lave-vaisselle
5 Environnement
    5-1 le point sur le projet de Marcieux.
    5-2 Les actions de l'AAP.
    5-4 L'objectif "zéro déchet": c’est possible,
    5-5 Paul Connett: pas d'incinérateur en Savoie!
6 Les échos de la Ligue
    6-1 La pelote baujue: l'art de se renvoyer la balle.
    6-2 Nouveau "consulat" de Savoie aux États-Unis d'Amérique.
    6-3 Expédition de L'Écho de Savoie.
    6-4 Petites annonces savoisiennes.
    6-5Les rendez-vous savoisiens.
7 Dominique Belpomme
    7-1 Respirer, boire, manger nuit gravement à la santé. Par Pierre Ottin Pecchio
 
B - Dossiers :
 
1-1 Le paradoxe savoyard.
par Patrice Abeille, Secrétaire général de la Ligue savoisienne.

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Voici deux pays, deux peuples: la Polynésie française et la Savoie. Ils n'ont que deux choses en commun: les couleurs de leurs drapeaux, le rouge et le blanc. Pour le reste, ils diffèrent radicalement. L'un vient de voter majoritairement pour les indépendantistes, l'autre accorde régulièrement sa confiance massive aux partis nationalistes français. La Polynésie reçoit de Paris des subsides considérables; la Savoie est pressurée par le fisc français. Les Savoyards se réjouissent-ils de donner une part importante du fruit de leur travail à Paris et de recevoir de moins en moins en retour? Les Polynésiens sont-ils mécontents d'être assistés par la métropole? N'y a-t-il pas dans cette comparaison un paradoxe, que l'on pourrait résumer ainsi: plus on tond le Savoyard, plus il en redemande...
Sitôt élu président du gouvernement de la Polynésie française (voir L'Écho de Savoie du mois dernier, n°73) Oscar Temaru s'est rendu à Paris pour rencontrer, le 16 juillet dernier, madame Brigitte Girardin, ministre de l'Outre-mer. Lors de cette entrevue, M. Temaru portait un collier de fleurs rouges et blanches, "aux couleurs de la Polynésie". La ministre a assuré au président Temaru que la France continuerait de verser chaque année au budget polynésien les 150 millions d'euros de dédommagement pour les essais nucléaires de Mururoa. Elle a également promis d'honorer d'autres engagements, des "ardoises" bien lourdes, notamment 189 millions d'euros au titre de la reconversion économique.
Officiellement, le total des transferts financiers de la France vers la Polynésie s'élève à 850 millions d'euros par an, pour une population de 250 000 personnes, soit 3400 euros par habitant. On comprend que, dans ces conditions, Oscar Temaru ait repoussé la possibilité de l'indépendance de son pays à une échéance de "10, 15 ou 20 ans", délai nécessaire pour développer l'agriculture, la pêche, la production de perle noire et le tourisme, ressources autochtones qui pourraient permettre de renoncer aux aides françaises. Un tel réalisme est respectable.
En Savoie, la situation est inverse. J'avais démontré en 1998, dans mon livre "Renaissance savoisienne" (jamais démenti depuis lors) que le solde financier public entre la Savoie et la France était négatif, chaque année, de six milliards de francs (915 millions d'euros). Compte tenu de l'érosion monétaire, de l'alourdissement de la pression fiscale et de la réduction importante des crédits d'État, cette balance n'est aujourd'hui certainement pas inférieure à un milliard d'euros, soit mille euros par habitant de la Savoie.
Nous avons donc d'un côté, en Polynésie française, une gratification annuelle de 3400 euros par habitant, et de l'autre, en Savoie encore malheureusement française, une spoliation de 1000 euros au moins par habitant. Conclusion étonnante: les électeurs polynésiens portent un indépendantiste au pouvoir, et les électeurs savoisiens plébiscitent les partis français qui bloquent toute évolution vers la désannexion de la Savoie. En Savoie, les électeurs avaient pourtant l'occasion de faire connaître leur mécontentement, lors des récentes élections cantonales et européennes (le nouveau mode de scrutin ayant exclu la Ligue savoisienne du renouvellement du Conseil régional). Ils ne l'ont pas saisie.
Que l'on ne vienne pas trouver pour excuse que beaucoup d'habitants de la Savoie viennent d'ailleurs! Nombreux sont les Savoyards d'adoption qui ont compris leur intérêt et sont devenus des Savoisiens militants. Non, le problème se trouve principalement chez les Savoyards autochtones: s'ils soutenaient en masse le mouvement d'émancipation lancé par la Ligue savoisienne, les nouveaux arrivants ne tarderaient pas à s'y rallier, comme on le voit dans tous les pays où se manifeste un fort courant identitaire, comme en Écosse, en Catalogne, en Irlande, etc. (à suivre en page 2)
(suite de la page 1)
Mais les Savoyards continuent de croire qu'en étant dociles devant la puissance annexante ils en obtiendront les faveurs. Ils ne voient pas encore que la France est très proche de la cessation de paiement. Ils ne vont pas tarder à le découvrir, dans la douleur.
Les plus cyniques, ceux qui ne s'intéressent qu'à l'argent, devraient avoir l'intelligence de comprendre qu'en France, il faut toujours faire monter les enchères, et que ceux qui obtiennent le plus sont ceux qui menacent de quitter le navire: c'est ce système qu'utilisent à leur profit les territoires et départements d'Outre-Mer, sans oublier la Corse, tous pays où les tendances séparatistes se manifestent puissamment. La Ligue savoisienne devrait donc, en toute logique, recevoir le soutien de nombreux milieux qui ne poursuivent que leur égoïste intérêt. Tel n'est pas le cas. Mais bientôt, en Savoie, on se rendra compte de la faillite de la France. Espérons seulement que ce ne sera pas trop tard pour la Savoie. Et que les Savoyards comprendront enfin que le bulletin de vote est le moyen le moins cher et le plus efficace pour restaurer leur dignité et l'exercice de leurs droits, dont celui d'autodétermination n'est pas le moindre. Les Polynésiens seraient-ils les seuls à savoir utiliser intelligemment le suffrage universel?
Mais si les Savoyards ne comprennent pas cela, tant pis pour eux, ils seront tondus, et retondus, et finiront en hamburger, en diots-polenta, en goulasch ou en kebab!
P.A.

2-1 La République sourde comme un topin.
Rien ne va plus en matière de transports et de circulation sous le ciel de Savoie. Le Lyon-Turin n'est pas pour demain: les travaux sont suspendus jusqu'à un éventuel nouvel accord avec les entreprises, la faute incombant à une roche trop dure pour les budgets alloués... On s'interroge sur la détermination réelle de Rome et de Paris, capitales de deux États dont les dettes s'accumulent à des niveaux qui donnent le tournis même aux financiers les plus blasés. En France comme en Italie, "à force de donner dans le superflu, il manque à l'essentiel". L'Union européenne, pourtant fort décriée dans l'Hexagone, a pris ses responsabilités en participant à hauteur de 20% à la réalisation d'une voie ferroviaire nouvelle à travers les Alpes, mais la réalisation franco-italienne du projet demeure incertaine.
Même à l'état virtuel, le Lyon-Turin agresse la Savoie: RFF vient d'opter pour un tracé en Maurienne qui bouleverse le territoire du canton de La Chambre. La concertation menée pendant des mois avec force dépenses de "communication" n'était donc que de la poudre aux yeux!
Les élus et les fonctionnaires français devraient se faire tout petits en constatant l'efficacité de nos voisins helvétiques. La Suisse, petit pays de sept millions d'habitants, creuse en ce moment 235 kilomètres de tunnels ferroviaires qu'elle finance sans aucun concours européen; le chantier du Gothard est actuellement le plus grand chantier du monde! La France et l'Italie, qui cumulent 120 millions de contribuables, piétinent devant la création d'un nouvel axe de moins de 200 kilomètres de voies...
Sur les routes actuelles, engorgées par les camions en transit, la pollution s'intensifie. À Chambéry, la VRU (Voie Rapide Urbaine) concentre en moyenne 80 000 véhicules par jour, dont 10 000 poids-lourds, avec des pointes à 90 000. Des milliers de riverains subissent jour et nuit un bruit infernal. La pose de nouveaux murs anti-bruit et de protections en façade était prévue par le contrat de plan État-Région: les travaux sont annulés par le "gel" des crédits de l'État!
Le désengagement de l'État, qui abandonne les contribuables à leur triste sort, rend pathétiques les gesticulations des élus affiliés aux grandes écuries parisiennes, comme le député UMP Michel Bouvard! La République française, incapable de respecter ses propres lois, va déléguer les routes nationales aux Départements à partir de 2005. Ce qui n'aura pas été fait par suite de "gel" des crédits passera donc à la charge du contribuable départemental. Sous couvert de décentralisation s'accomplissent des actes de brigandage.
Il n'est pas étonnant que la France soit sévèrement jugée par les observateurs internationaux. Voici ce qu'écrivait Jacques Julliard en 2001 (19 juillet 2001, cité par Jean-François Revel, "L'obsession anti-américaine" page 92):
"Voulez-vous qu'on vous dise la vérité, sans fard, celle que toute la classe politique s'ingénie à vous cacher? La vérité, c'est que la France est devenue un des pays parmi les moins populaires de la planète. J'ai déjà parlé de son arrogance et de sa vanité. Il faudrait y ajouter cette prétention de nos gouvernants à faire la leçon à tout le monde".
Il reste aux Savoyards à s'en rendre compte...
Joël Ducros.
2-2 La déroute des finances publiques en France.
La Cour des Comptes l'a fait savoir dans un rapport de 69 pages publié fin juin 2004: la situation est grave, jamais les finances publiques en France n'ont été aussi dégradées, et si rien n'est fait pour changer radicalement les choses, la situation sera ingérable. Tels sont les mots employés par les magistrats chargés de veiller sur les comptes de la République.
La Cour des Comptes signale que la France se trouve dans l'incapacité de revenir au respect des règles de l'euro qu'elle avait elle-même contribué à imposer aux "petits pays", mais elle s'inquiète encore plus de la dérive incontrôlable des finances. L'État emprunte non seulement pour investir mais pour couvrir ses dépenses de fonctionnement; l'État vit à crédit un mois par an! La dette publique et devenue colossale: plus de 1000 milliards d'euros, soit presque 17 000 euros par habitant! Pire, la dette publique a augmenté de 22% en trois ans, deux fois plus vite que celle de l'Allemagne. La charge du remboursement est reportée en silence sur les contribuables de demain, c'est-à-dire les jeunes d'aujourd'hui, moins nombreux que les générations en fin de carrière professionnelle ou en retraite. La Cour des Comptes s'inquiète à juste titre de cette fuite en avant.
Dès aujourd'hui, le paiement des intérêts de la dette représente 16% des dépenses de l'État (5% en 1980), à savoir les trois quarts du produit de l'impôt sur le revenu! En 2003, le paiement des intérêts était le deuxième budget de l'État, derrière l'Éducation nationale et devant la Défense. Il en va de même dans la plupart des organismes publics comme Réseau Ferré de France ou Charbonnages de France: la Cour des Comptes en recense près de 800, presque tous lourdement endettés...
En France, les dépenses publiques atteignent désormais 54,7% du PIB, c'est presque un record mondial. On comprend aussitôt que les fameuses "baisses d'impôts" n'ont été qu'un spectacle virtuel, masquant un nouvel alourdissement des prélèvements.
La Cour des Comptes n'indique pas comment la France pourrait se sortir de sa déroute financière. Pas plus que Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy ou l'opposition de gauche...

3-1 Joseph de Maistre, écrivain savoisien.
La vie de Joseph de Maistre.
Pour faire suite à l'article de Gérard Vallet, "Joseph de Maistre, écrivain savoisien", paru dans le n°71 de L'Écho de Savoie (avril-mai 2004, pages 6 et 7), nous publions de larges extraits d'un ouvrage devenu introuvable: la biographie de Joseph de Maistre par François Vermale, parue en 1927 dans les Mémoires et Documents de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie.
(suite du n°73)
 
Livre II: La première émigration.
Chapitre II: J. de Maistre à Aoste.
J. de Maistre, le 20 septembre, avait commencé à prendre la situation au sérieux, vu que tous les renseignements concordaient sur les préparatifs français. Le 20, il envoya sa femme et ses enfants à Moûtiers auprès de son frère, le Doyen du Chapitre de la Cathédrale. Ils emportaient avec eux l'argent et l'argenterie du ménage, ainsi que "quelques linges".
À la date du 22, J. de Maistre inscrivait dans ses Carnets: "Samedi, invasion des Français, pluye horrible, fuite infâme de la troupe. Trahison ou bêtise des généraux, déroute incroyable et même un peu mystérieuse, suivant quelques personnes. C'est la honte éternelle du gouvernement, et peut-être l'anéantissement de l'état militaire.
Je pars sur le cheval de mon beau-frère Constantin. Couché à Anneci. 23, dîné à Faverges; je m'arrête un instant à l'abbaye de Tamier et je vais coucher à l'Hôpital (1). 24, je pars à 2 heures du matin et j'arrive vers les 9 heures à Moûtiers d'où ma femme venait de partir avec mon frère le Doyen, mes deux enfants et mes domestiques, je vais les joindre, et nous couchons au bourg de Scez, chez le Curé où nous sommes fort bien reçus. 25, passage du Saint-Bernard. Tourmente, ma femme et mes enfants souffrent beaucoup; couché à la Thuile, couchée diabolique". Le 27, ils arrivent à la cité d'Aoste en Italie. J. de Maistre s'accorde un jour de repos, puis repart à cheval pour Turin qu'il atteint le 30 septembre malgré la pluie diluvienne et les inondations qui coupent les routes.
***
J. de Maistre, dès le lendemain de son arrivée à Turin, dînait chez des personnages importants de la Cour ou rendait visite à des ministres. Il vit d'abord son compatriote le comte d'Hauteville, ministre des affaires étrangères, qui l'invita à dîner pour le lendemain. À ce dîner, il rencontra le ministre de l'intérieur Graneri. Enfin, le 7 octobre, entre 8 heures et 9 heures du soir, il voyait le Roi. Le 30, de retour à Aoste, il était présenté au duc de Montferrat, frère du roi et commandant de l'armée piémontaise stationnée dans le Val d'Aoste.
Pendant ce mois d'octobre, que s'était-il passé en Savoie? Les Français s'y montraient les plus aimables et les plus doux des vainqueurs. Cette armée, commandée par le général Montesquiou et composée en majeure partie de bataillons de volontaires du Midi, était magnanime. Jusque là, les armées de la Révolution avaient toujours été malheureuses. Avec la conquête de la Savoie, pour la première fois les bataillons de volontaires inscrivaient une victoire sur leurs drapeaux. Aussi l'armée du Midi était-elle débordante de fraternité. D'autre part, les agents des jacobins français parcouraient les campagnes, promettant aux paysans qu'ils ne paieraient plus de gabelle, qu'ils n'accompliraient plus de corvées, ne seraient plus obligés de servir dans la milice, qu'ils ne verseraient plus de dîmes, que les curés seraient payés par l'État et la religion respectée, qu'il suffisait pour cela de demander à être Français et à se mettre en république.
Une Assemblée nationale des députés allobroges, élus sous l'influence de ces promesses, se tint à Chambéry. En sept jours, elle mit juridiquement la Savoie à la hauteur de la Révolution de Paris et demanda la réunion de la Savoie à la France. Elle vota en outre une loi déclarant émigrés tous les Savoisiens qui avaient quitté le Duché depuis l'entrée des troupes françaises. Elle accorda à ces émigrés d'une nouvelle origine, jusqu'au 1er janvier pour rentrer. Passé cette date, leurs biens seraient mis sous séquestre, puis vendus aux enchères.
Les nobles savoisiens allaient-ils obéir à cette injonction des révolutionnaires?
Dans la cité d'Aoste, J. de Maistre vivait dans la compagnie du marquis de Sales et des évêques français ou savoisiens qui s'étaient réfugiés dans cette ville. Le marquis de Sales s'était distingué pendant la retraite de l'armée de Lazary; il était depuis capitaine, attaché à l'état-major du duc de Montferrat. Comme J. de Maistre, il avait été un des chefs de la Franc-Maçonnerie savoisienne. C'était un esprit mystique et ardent. L'invasion de la Savoie avait provoqué chez lui un changement intérieur qui se traduisit, comme chez beaucoup d'émigrés, par un retour immédiat aux pratiques du catholicisme. Il se reprochait de ne pas avoir assez bien défendu le trône et l'autel. Ces manquements à sa foi et à son roi, il pensait les racheter désormais par le sacrifice, si besoin était, de sa fortune et de sa vie. Il se jurait de ne retourner en Savoie que lorsqu'il l'aurait reconquise à la pointe de son épée. Le marquis de Sales convertit à ces sentiments un groupe d'émigrés savoisiens dont J. de Maistre était. Lorsque le Roi conseilla aux nobles de son duché de rentrer pour conserver leurs patrimoines, le groupe d'Aoste jura de ne pas obéir et de combattre jusqu'au bout avec les armées de Victor-Amédée III. J. de Maistre envoya le 10 novembre une attestation d'un médecin "pour établir auprès des autorités de Chambéry l'impossibilité où se trouve sa femme de se rendre en Savoie dans son état de grossesse et dans cette saison".
Tranquille de ce côté, il se rendit de nouveau à Turin où il resta du 10 novembre au 28 décembre et logea chez son beau-frère, le major de Buttet, lequel avait un appartement à l'arsenal royal. Dans l'espoir, sans doute, d'une nomination ou d'une mission dans la diplomatie, J. de Maistre rédigea un Mémoire pour le comte d'Hauteville qu'il remis dès le 17 novembre. Il attendait beaucoup de ce travail. Pour tromper l'attente, J. de Maistre, appliquant sa méthode ordinaire, s'absorba dans des lectures. Il lut une histoire de l'art, en anglais, des livres d'auteurs italiens sur l'histoire littéraire, la Rhétorique d'Aristote, etc. Mais la nomination ne vint pas. Toujours sa "mauvaise étoile"!
À son retour à Aoste, le 30 décembre, J. de Maistre trouva sa femme et ses enfants partis pour Chambéry. Ses Carnets portent: "Ma sœur aînée (Mme. Vignet) était venue nous chercher par la Suisse et nous avait écrit de Saint-Maurice où elle nous attendait avec une voiture. Ma femme ressentait des douleurs qui lui faisaient craindre un accouchement plus prochain qu'elle ne l'imaginait, elle s'était déterminée à partir le 27. Elle fait bon voyage, tout le monde tremblait pour elle à son départ et pour mes enfants, âgés l'un de 5 ans et l'autre de 3: ils passent le Grand Saint-Bernard dans des hottes, portées par des hommes".
Que faire devant cet évènement? J. de Maistre avait juré de ne pas rentrer. Cependant, le Roi conseillait le contraire, sa femme, ses enfants l'appelaient? où était le devoir? Pendant six jours il hésita. Finalement il céda, comme il l'avouera plus tard, à la peur. Non pas à la peur d'une arrestation des siens, mais à la peur de perdre ses biens, à la peur de l'avare pour sa cassette. J. de Maistre avait là-dessus des idées très précises. Un homme n'était un homme que lorsqu'il avait un état et des terres. De nature très "intéressée", son amour paternel avait transformé cette tendance en une sorte de ladrerie héroïque. Ses Carnets nous révèlent qu'en 1790, il attendait avec impatience et émotion l'ouverture du testament de son ami l'abbé Victor, lequel lui avait laissé entendre qu'il ne l'oublierait pas parmi ses légataires. La comtesse de Gili lui ayant donné, en 1792, 10.000 livres, il ajoutait cette note: "Mon fils, qui n'en savez rien, vous avez fait une bonne journée". Donc, en cette fin de 1792, J. de Maistre ne put se résoudre à perdre ses biens, sa fortune. Pour les conserver, il manqua, comme il le reconnaîtra plus tard, d'héroïsme. Il s'évada de l'atmosphère mystique d'Aoste le 4 janvier, à 11 heures 1/2 du matin. Le 5, à 11 heures 1/2, il arrivait à l'Hospice du Grand Saint-Bernard. Le 7, il avait un grave accident de voiture qui n'eut, par bonheur, que des conséquences matérielles. Le 12, il était à Chambéry. Ses Carnets portent: "Je vais me présenter en arrivant à la municipalité novus rerum nascitur ordo". À la date du 20, on y lit: "Je monte ma première garde à la maison commune, une belle question serait de savoir si je monterai la deuxième".
 
(à suivre)

4-1 Mots croisés: le cruciverbiste ducal.
(Voir le journal)
4-2 Le Bonheur de ce monde.
Avoir une maison commode, propre et belle,
Un jardin tapissé d'espaliers odorants,
Des fruits, d'excellent vin, peu de train, peu d'enfants,
Posséder seul sans bruit une femme fidèle.
N'avoir dettes, amour, ni procès, ni querelle,
Ni de partage à faire avecque ses parents,
Se contenter de peu, n'espérer rien des Grands,
Régler tous ses desseins sur un juste modèle.
Vivre avecque franchise et sans ambition,
S'adonner sans scrupule à la dévotion,
Dompter les passions, les rendre obéissantes.
Conserver l'esprit libre et le jugement fort,
Dire son Chapelet en cultivant les entes (1),
C'est attendre chez soi bien doucement la mort.
(1) entes = arbres greffés.
(Ce sonnet, imprimé sur parchemin, a été trouvé dans son château de Thuyset, à Thonon, par le comte Xavier de Foras; son orthographe a été modernisée pour sa publication)
 
4-3 Produits pour lave-vaisselle: comment choisir les moins polluants?
De nombreux produits polluent nos lacs et rivières, à partir des rejets d'eaux usées de nos habitations. C'est le phosphore qui a les effets les plus indésirables, car dans les eaux lacustres il fournit un aliment à des algues qui prolifèrent et épuisent l'oxygène, au détriment des poissons et autres animaux aquatiques. Le phosphore est principalement apporté par les détergents domestiques sous la forme de phosphate, car sa présence dans les poudres et pastilles augmente leur efficacité.
Pour laver votre linge, vous pouvez acheter n'importe quel paquet de lessive en Suisse, car nos voisins ont interdit les phosphates depuis une vingtaine d'années dans les détergents pour machines à laver. Si vous faites vos emplettes sur France, achetez à Migros ou chez les "hard discounters" allemands (LIDL, ALDI, NORMA, LEADER PRICE) qui distribuent à bon marché des poudres agréées en Allemagne, pays qui a aussi banni les phosphates.
Pour la vaisselle, deux solutions:
1. Laver votre vaisselle à la main: en effet aucun produit pour la plonge à la main ne contient de phosphate.
2. Acheter un produit, en Suisse ou en France, en le choisissant sur la liste des produits les moins polluants établie par les experts de la CIPEL, la Commission Internationale pour la Protection des Eaux du Léman. Vous pouvez consulter les résultats complets de leurs recherches sur le site internet de la CIPEL: http://www.cipel.org
À titre indicatif, les produits pour lave-vaisselle les moins chargés en phosphore sont les suivants (le chiffre est celui des grammes de phosphore rejetés par cycle de lavage):
— pastilles ou poudre HELD (magasins de détail Suisse) = 0,00
— pastilles ECOVER (magasins de détail Suisse et France) = 0,04
— poudre ECO LINO Citron (magasins de détail France) = 0,04
— pastilles DOUCE NATURE Huile essentielle citron (magasins de détail France) = 1,07
— pastilles ORO Frisch Aktiv (magasins de détail Suisse) = 1,72
— gel en capsules CALGONIT Gelcaps (supermarchés Suisse) = 1,72
— pastilles CASINO 3 en 1 citron (distribution CASINO France) = 1,74
— pastilles ECO + (supermarchés France) = 1,80
— poudre SUN (supermarchés Suisse) = 1,98
— pastilles CALGONIT Powerball (supermarchés France et Suisse) = 2,00
— pastilles DIA Oxygène actif (supermarchés France) = 2,02
— pastilles LEADER PRICE Double action (magasins LEADER PRICE) = 2,07
— pastilles CHAMPION (supermarchés CHAMPION France) = 2,11
— pastilles CARREFOUR Brillant classic (CARREFOUR Suisse) = 2,11
— pastilles COOP Tabs foxomat (COOP Suisse) = 2,12
— poudre MIGROS HandyMatic (MIGROS France et Suisse) = 2,15
Plus le chiffre est élevé, plus l'impact négatif sur les lacs et les rivières est fort. Pensez-y au moment de vous approvisionner!
 
Les dessins qui paraissent dans L'Écho de Savoie sont (sauf signature différente) de la plume de Gérald Wojtal-Aillaud, vice-chancelier de la Ligue savoisienne en Tarentaise.
 
 
5-1 Le point sur le projet de Marcieux.
par Bertrand Lefebvre.
Le Conseil Général fait procéder à des études géologiques du site de la carrière de Marcieux: à suivre... La mobilisation contre le projet de dépôt de déchets ultimes (voir notre dossier dans L'Écho n°69, janvier-février 2004) ne faiblit pas, de plus en plus d’élus le refusent. Toutes les communes de la communauté de communes de Yenne notamment, et bientôt également toutes celles de la communauté de communes du lac d’Aiguebelette?
5-2 Les actions de l'AAP.
L’AAP (Avenir Avant-Pays) a participé à une sensibilisation au problème du suremballage à Carrefour Chamnord, le 12 Juin dernier.
L’AAP a tenu également à être présente lors de l’inauguration du Forum Bleu et Vert à Aiguebelette le 14 Mai dernier. Quelques pancartes bien inspirées ont rappelé à certains élus qu’on ne pouvait prétendre défendre l’environnement, le patrimoine et le tourisme (objet du Forum), et escamoter le débat sur Marcieux, situé à quelques kilomètres de là. (voir nos photos)
Enfin, l’AAP a rejoint un collectif d’associations qui militent contre la "solution" de l’incinération, le CAID (Collectif Anti-Incinération Départemental). Visitez leur site web, où vous trouverez notamment leur charte et leur propositions: www.aap73.com
Forum Bleu et Vert à Aiguebelette le 14 mai dernier:
5-3 L’exemple alsacien de Daniel Dietmann.
Dans la commune de Manspach dont il est le Maire, comme dans le reste de la communauté de communes dont ce village fait partie, il a été possible de réduire de 75% la masse des déchets non recyclés. Comment? Grâce à un tri sélectif en porte à porte (bouteilles plastiques chaque semaine, métaux, encombrants, autres plastiques, papiers/cartons environ une fois par mois). Grâce aussi à une forte communication, dès l’école; grâce à une incitation au compostage individuel (subventions à l’achat de composteurs). Enfin, la poubelle de déchets ultimes de chaque foyer est munie d’une puce qui permet une pesée hebdomadaire: la taxe à payer est calculée en fonction du poids de cette poubelle. Résultat au bout de 10 ans: moins de 90 kg de déchets résiduels par habitant et par an, à comparer aux 400kg moyens!
5-4 L'objectif "zéro déchet": c’est possible, ça existe déjà... loin de chez nous!
Le concept: l’idée vient du concept industriel de qualité totale ou "zéro défaut", grâce à l’amélioration de la qualité des produits. Il s’agit de mettre en place une amélioration continue des performances de tri et de recyclage. En 20 ans, incinérateurs et décharges perdent toute légitimité! Le tri à la source, combiné avec un tri poussé, par des professionnels qualifiés, permet de réduire progressivement les quantités de déchets à enfouir. Un institut de recherche travaille sur les déchets ultimes et en coopérant avec les fabricants modifie les processus de fabrication, pour éliminer les déchets résiduels.
Les exemples: Canberra (Australie), zéro déchet pour 2010; Nouvelle Zélande; Danemark; aux USA, les villes de Seattle, San Francisco, l’État de Washington, 2 comtés de Californie; au Canada, les villes d’Edmonton et Ottawa, les États d’Alberta, de Nouvelle Écosse et d'Ontario...
Exemples aussi de politiques industrielles "zéro déchets": Xerox, Sony, Mitsubishi, IBM, Bell Canada, Kimberley Clark, Hewlett Packard, Toyota (et la France?).
Exemple de Xerox: la société achemine tous les photocopieurs usagés dans une usine aux Pays-Bas, où on les classe en 4 catégories: les machines qui nécessitent un simple nettoyage, revendues après, celles qui nécessitent une réparation, qui seront réparées, les machines à démonter pour récupération des pièces détachées pour la 2e. catégorie, et les machines irréparables, sans pièces détachées récupérables; celles-ci sont démontées, les différentes parties sont classées par matière première pour être recyclées.
B.L.
5-4 Paul Connett: pas d'incinérateur en Savoie!
illustration (photo numérique): le professeur Paul Connett à Grignon.
À Grignon près d'Albertville le 3 juin dernier, un conférencier exceptionnel s'adressait à un public nombreux, venu principalement des environs de l'incinérateur d'ordures de Gilly sur Isère, fermé pour cause de pollution aux dioxines.
Paul Connett, professeur universitaire de chimie dans le Massachusetts (USA), a été très clair: on ne peut pas faire fonctionner une société du jetable sur une planète aux ressources limitées; brûler les déchets revient à gaspiller des ressources que l’on se doit de partager avec les générations futures. L’incinération pour éliminer les déchets est une fausse bonne solution, car elle rejette des dioxines et d’autres composés toxiques dont on ignore encore partiellement l’impact sur la Santé.
Après un petit cours de chimie sur les furanes et dioxines produits par l’industrie de l’incinération, Paul Connett a montré l’impact de ces substances sur les métabolismes biologiques et notamment au niveau endocrinien, et comment ces substances entrainent des malformations sur le fœtus. La femme a en effet un avantage sur son compagnon: elle peut se débarrasser des dioxines qui se sont accumulées dans son organisme durant 20 à 30 ans en ayant un enfant, ces dioxines qui etaient stockées dans ses graisses passent lors de la grossesse au fœtus, mais comme conséquence on a des malformations fœtales et des retards mentaux!
L’Académie de Médecine Américaine recommande aux jeunes filles de ne pas consommer de produits laitiers avec graisse et de consommer des produits allégés bien avant toute grossesse pour éviter des problèmes à leurs futurs enfants!
Paul Connett a évoqué les nombreuses réussites connues de tri sélectif et d'élimination des déchets à la source, notamment à Halifax (Nouvelle-Écosse, Canada), Camberra (Australie) et San Francisco (USA).
Les Sociétés du 21e. siècle doivent avoir un développement compatible avec les ressources limitées de la planète. Les systèmes de production de biens doivent respecter une philosophie d'"écoconception" et doivent penser à l’élimination du produit dès sa conception.
Certains pays se sont totalement passés d’incinérateurs jusqu'à présent, par exemple l'Irlande, où on constate que le taux de dioxine est 9 fois moins élevé qu’en France!
Certains signes sont très encourageants: grâce aux militants écologistes, les États-Unis n’ont plus construit d’incinérateur depuis 8 ans!
Selon les propos du Professeur Connett, notre pays est très beau et c’est le dernier endroit au monde ou il faut installer un incinérateur!
D'après les notes du Dr. Bernard Bluteau.
 
 
6-1 La pelote baujue: l'art de se renvoyer la balle.
Un Savoisien de Jarsy, Guy Maison, avait fait part, en mai 2004, au maire d'École en Bauges de son intention de déposer une gerbe de la Ligue savoisienne au monument de cette commune où devait être commémoré le 60e. anniversaire du massacre commis le 6 juillet 1944 par les troupes des nazis.
Le maire, M. Bernard Carret, avait répondu qu'il devait d'abord obtenir une autorisation du service départemental de l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre, à Chambéry. Quelque temps après, monsieur Carret annonçait à Guy Maison que le service départemental n'autorisait pas ce dépôt de fleurs.
Pour en avoir le cœur net, Guy Maison écrivit au bureau chambérien le 10 juin pour avoir confirmation de cette interdiction.
Quelle ne fut pas sa surprise de recevoir la réponse, datée du 28 juin 2004, de M. Patrice BERTHAULT, Directeur du Service Départemental des Anciens Combattants:
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Monsieur,
Par lettre en date du 10 juin 2004, vous m'avez interrogé sur la possibilité qu'aurait votre mouvement de déposer une gerbe au monument aux Morts de la commune d'École en Bauges, à l'occasion du soixantième anniversaire de la fusillade des Résistants du massif des Bauges.
D'une part, je n'ai pas été consulté sur cette question par Monsieur le Maire d'École en Bauges, d'autre part le monument aux Morts étant propriété de la commune, le Maire est le seul responsable des cérémonies et du protocole se déroulant en ce lieu.
Je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments distingués.
Le Directeur du Service Départemental,
Patrice BERTHAULT.
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À l'issue de ce premier match de "pelote baujue", monsieur Carret, maire d'École en Bauges, battu 2 - 1, devra suivre un stage de remise à niveau en courage politique...
Note: Le 20 juillet, quelques Savoisiens se sont réunis et ont déposé des fleurs rouges et blanches au monument de la commune d'École. Ces fleurs n'étaient évidemment pas destinées au maire Carret, mais à la mémoire des victimes des exactions des nazis...
 
6-2 Nouveau "consulat" de Savoie aux États-Unis d'Amérique.
Bonjour les Savoisiens!
Saviez-vous que nous avons maintenant un Consulat en Géorgie, USA?
Si vous vous rendez au 407 Marshview Circle Drive à Brunswick, Georgia, vous y trouverez le Consul, ou plutôt "la Consule", en l'occurrence ma sœur Pom Johnson: bien que maintenant américaine (nobody's perfect) elle n'en a pas de ce fait oublié ses origines savoisiennes, étant native de Viuz-en-Sallaz.
Elle ne délivre pas encore de visas, mais les Savoisiens de passage se verront plutôt offrir un petit coup de Chardonnay ou de Cabernet-Sauvignon. Quant à l'écusson qui orne sa porte, je suis sûr que vous en avez déjà vu des semblables en Faucigny ou dans d'autres provinces savoisiennes, le fabricant étant de Lucinges. L'esprit savoisien se développe parfois bien loin de nos vallées...
Michel Hugonnot
6-3 Expédition de L'Écho de Savoie.
Pour relayer la demande d'une de nos abonnées (voir le Courrier des lecteurs de L'Écho n° 73 page 3) nous avons demandé à notre imprimeur-routeur s'il serait possible d'expédier le journal sous emballage papier au lieu de recourir à une pochette en plastique dont l'élimination est nuisible à l'environnement. Savoy-Offset nous a fait une proposition, que nous sommes en train d'étudier. Les résultats de cette étude seront publiés dans notre prochaine édition.
 
6-4 Petites annonces savoisiennes.
(insertion gratuite pour nos abonnés)
— Achète fournitures d'horlogerie anciennes, outils, montres anciennes, fraises à tailler Carpano, montres à verge ainsi que pièces détachées. Jehan-Louÿs Baud tel 02 37 38 17 14 (le soir).
— Carte historique de la Savoie en 1856, éditée sur papier glacé 70X50cm. 3 euros la copie. tel 0450 43 33 95.
— RECHERCHE films argentiques (pas video) tous formats (principalement 16 mm) tournés en Savoie ou dans la région lémanique (Chablais, Genève, Valais, Vaud). Catégorie indifférente (voyage, famille, sport, films à scénario, fiction, etc.). Courts ou longs métrages, sonores ou muets, noir et blanc ou couleurs, toutes époques. Faire offre au 0450 35 48 97.
— RECHERCHE pour création d'un site internet, tous documents, renseignements concernant les drapeaux et la vexillologie des communes de Savoie. Nicolas Deprez, Chemin de Boissonnet 37, CH-1010 LAUSANNE. tel. 0041 21 652 00 88
 
6-5 Les rendez-vous savoisiens.
- samedi 14 août: Fête du terroir à Héry sur Ugine.
Grande fête du patrimoine à partir de 10 heures: jeux, métiers anciens, produits du pays... promettent une excellente journée. Repas sur place.
- 14 et 15 août: carte blanche à la Kinkerne.
Le célèbre groupe musical savoisien La Kinkerne fêtera son 30e. anniversaire dans le cadre du Feufliazhe, fête de la langue et de la culture de Savoie, à Plaine-Joux d'Onnion (entre Onnion et Bogève, en limite du Faucigny et du Chablais).
Musique à volonté le 14 après-midi et soir, et encore le 15 août...
- 22 août: Fête des bergers au col du Petit Saint-Bernard.
La Tarentaise et le Val d'Aoste se rencontrent au cœur de l'été sur un point de passage connu et fréquenté depuis l'Antiquité. Les combats de Reines donnent au rassemblement son caractère incomparable. Le marché est animé de chants et danses de la montagne. La Ligue savoisienne y aura son stand, organisé par le comité de Tarentaise.
- 18 septembre: commémoration de la bataille de Méribel (Faucigny).
Rendez-vous à partir de 10 heures au lac des Ilettes, à côté de l'aérodrome de Sallanches. Pique-nique savoisien. À 15 heures, fleurissement de la plaque rendant hommage au sacrifice des combattants savoisiens ayant tenté de repousser, en septembre 1793, les occupants français.
- 13 et 14 novembre: 9e. Congrès de la Ligue savoisienne, à Bourg Saint-Maurice (Tarentaise).
 
7-1 Respirer, boire, manger nuit gravement à la santé.
Par Pierre Ottin Pecchio
On pouvait chanter " Les Allobroges " sans inquiétude il y a cinquante ans, mais ce n’est plus possible maintenant. C’est le passage " Et j’aime à respirer l’air pur de nos montagnes " qui pose problème: on peut encore respirer, les montagnes sont toujours là, mais où est l’air pur?
Il n’y a plus d’air pur, il n’y a plus que de l’air pollué dans nos montagnes, et ailleurs c’est pire. Mais comme on ne peut pas s’arrêter de respirer, que faire?
Je propose de commencer par savoir comment on en est arrivé là et de comprendre comment on peut espérer s’en sortir, en lisant le livre intitulé " Ces maladies créées par l’Homme " du Professeur Dominique Belpomme qui explique " Comment la dégradation de l’environnement met en péril notre santé ".
Si vous voulez respirer à nouveau l’air pur de nos montagnes, lisez ce livre… ou au minimum cet article… même si la réalité n’est pas vraiment agréable à découvrir.
 
Qui est Dominique Belpomme?
Il faut commencer par cette question car dans le domaine de la pollution de l’environnement n’importe qui peut écrire n’importe quoi. Malgré son nom l’écologie n’est pas encore vraiment une science. Si beaucoup d’ " écolos " barbus et chevelus se sont pris pour des savants ou des prophètes, ça n’est pas le genre du Pr. Belpomme!
Médecin cancérologue, professeur de Médecine, chef de service des Hôpitaux de Paris, fondateur en 1984 de l’ARTAC, le Pr. Belpomme est chargé de mission pour le Plan Cancer qui vient d’être lancé par le gouvernement français. Son livre, paru en mars 2004, montre comment la dégradation de l’environnement par la pollution est maintenant à l’origine de la plupart des maladies et de la pire d’entre elles: le cancer.
 
Le cancer causé par la pollution?
Pour le Pr. Belpomme " il faut combattre l’idée fausse mais qui a toujours cours, y compris dans le corps médical, que l’augmentation du nombre de cancers est liée à la vieillesse, autrement dit que le cancer est une maladie de vieillesse. Ce n’est pas parce qu’on est âgé et qu’on a des défenses immunitaires diminuées qu’on a une plus grande probabilité de faire un cancer. C’est en réalité parce qu’on a eu une durée d’exposition plus grande aux facteurs de risque cancérigène présents dans l’environnement. De la même façon, plus on passe de temps sur la route et plus le risque d’avoir un accident est grand. "
Tout le monde sait que fumer nuit gravement à la santé et cause le cancer du poumon. Mais " tous les cancers ne sont pas liés au tabac. De très nombreux cancers sont secondaires aux facteurs de cancérisation physiques et surtout chimiques, que nous introduisons dans l’environnement ". Alors que " sur 150 000 morts par an en France par cancer on admet qu’il y a 30 000 morts par cancers liés au tabac. Il reste 120 000 morts à expliquer par des causes autres. Où les trouver, si ce n’est dans l’environnement, pris au sens large, c’est à dire en considérant qu’il inclut aussi notre mode de vie? "
 
Le cancer causé par le stress?
" Depuis les vingt dernières années, la situation a terriblement changé. Les aliments que nous ingérons, l’eau que nous buvons et l’air que nous respirons sont beaucoup plus pollués. En outre, les recherches toxicologiques actuelles concluent indiscutablement à l’effet cancérigène de nombreux polluants. Ce ne sont donc pas seulement 10% ou même 40% des cancers qui sont induits par la pollution mais très probablement 60 à 70% d’entre eux, au minimum ". En revanche, le Pr. Belpomme conteste l'explication des cancers par le stress: "S'il est clair que le stress, en favorisant le tabagisme, peut aussi être la cause indirecte de certains cancers, aucun argument solide ne permet cependant aujourd'hui de le lier directement à l'apparition d'un cancer".
 
Le cancer, ça se soigne?
Alors que notre environnement est de plus en plus dégradé, alors qu’il n’y a jamais eu autant de cancers, peut-on au moins compter sur les progrès de la médecine en thérapie anti-cancéreuse? La réponse du Pr. Belpomme est d’autant plus crédible qu’il s’est consacré depuis vingt ans à la recherche de médicaments anti-cancéreux avec l’ARTAC: " Où en sommes-nous dans notre lutte contre le cancer? Cette question mérite une réponse nuancée. Il est vrai qu’on a amélioré la qualité des soins en découvrant de nouveaux médicaments et en standardisant les protocoles de traitement. J’ai fait le bilan des bénéfices réellement obtenus grâce aux médicaments anticancéreux mis au point depuis ces quinze à vingt dernières années. Le constat est amer: les nouveaux médicaments anti-cancéreux n’augmentent pratiquement pas le taux de guérison à cinq ans, et très modestement l’espérance de vie des malades ". Et pourtant… " Le cancer est la maladie la plus étudiée dans le monde "!
Ce constat ne marque-t-il pas la fin d’une croyance encore très répandue?   Le progrès scientifique n’est plus capable de résoudre les problèmes causés par l’évolution de notre société vers " un système économique aveugle, ayant exclu de ses objectifs la nature, la morale et même l’éthique ".
Mais puisqu’on court des risques graves en respirant, en buvant et en mangeant, que faut-il faire pour avoir une chance de s’en sortir?
 
Arrêter de respirer, de boire et de manger?
On peut, on doit ou on devrait, déjà, commencer par arrêter de fumer. Arrêter nous-mêmes, si ce n’est pas encore fait, et arrêter aussi les autres. C’est l’intérêt de tous, c’est d’utilité publique. Tout le monde sait que fumer nuit gravement à la santé, c’est écrit sur tous les paquets de cigarettes. C’est écrit de manière à ne pas trop choquer car on devrait lire " Fumer provoque le cancer ", une évidence pour le Pr. Belpomme qui écrit " Le tabac est avec certitude l’un des facteurs ou le facteur responsable ".
On ne doit pas laisser les fumeurs se suicider de cette manière là! " Sur les 150 000 morts par an en France par cancer, on admet qu’il y a 30 000 morts par cancers liés au tabac " assène le Pr. Belpomme… qui n’en a malheureusement pas chiffré le coût pour l’Assurance Maladie!... Mais rappelez-vous qu’il ajoute aussi: " Il reste 120 000 morts à expliquer par des causes autres. Où les trouver, si ce n’est dans l’environnement, pris au sens large du terme, c'est-à-dire en considérant qu’il inclut aussi le mode de vie? Il faut dons lutter contre l’utilisation des produits cancérigènes que nous introduisons dans l’environnement ".
La pollution, ces sont d’abord des produits polluants qui sont fabriqués et dispersés un peu partout.
 
Les polluants qui dégradent l’environnement.
" Hormis le tabagisme, les causes chimiques à l’origine des cancers sont de très loin les plus fréquentes. En deux générations, nous avons déversé plusieurs millions de produits toxiques dans l’environnement, le plus souvent en l’absence de contrôle et de réglementation suffisante ". Seules quelques milliers de ces molécules ont été étudiées pour leurs effets toxiques: " certaines sont mutagènes, d’autres des perturbateurs hormonaux, et un certain nombre d’entre-elles cancérigènes ou tératogènes.
Les produits cancérigènes appartiennent à trois catégories: les produits naturels résultant de l’activité humaine; les intrants agricoles utilisés pour fertiliser le sol ou combattre les nuisibles, mauvaises herbes et parasites; les produits synthétiques introduits dans l’alimentation, ou à usage domestique, ou utilisés pour nous soigner. " C’est donc nous qui fabriquons les cancers, soit parce que nous utilisons des produits naturels en trop grande quantité, soit parce que nous les transformons en déchets cancérigènes, soit parce que nous fabriquons de nouveaux produits que nous introduisons intentionnellement dans notre environnement ".
Les produits naturels cancérigènes sont produits essentiellement par l’industrie sous forme de fumées et goudrons par la combustion des produits fossiles: pétrole, charbon, gaz naturels. " On les trouve en grande quantité dans les gaz d’échappement des voitures, mais aussi dans ceux des tracteurs et des avions. On les trouve dans les fumées des usines. Ils sont à l’origine de la pollution de l’air et de l’eau dans nos villes et plus particulièrement dans les zones industrielles ". C’est ainsi que le taux de cancers est plus élevé dans les villes qu’à la campagne. Le risque cancer du poumon lié à la pollution atmosphérique serait dû à la présence de fines particules d’hydrocarbures en suspension dans l’air " produites dans les fumées d’usine et par le trafic routier, en particulier les voitures diesel. " Le tabagisme potentialise cet effet ".
Les dioxines sont également des produits naturels de la combustion des substances organiques en présence de chlore. Elles sont principalement émises dans l’air par les usines d’incinération des ordures ménagères "  et la France détient un triste record: celui de posséder le plus grand parc européen d’incinérateurs, et le plus grand dans le monde après le Japon ". Or, " il est maintenant clairement démontré que les dioxines sont cancérigènes chez l’homme " et " de nombreuses études épidémiologiques ont révélé l’augmentation du nombre des cancers au voisinage des incinérateurs ". Comme les pesticides, " les dioxines sont des composés non biodégradables qui polluent pendant longtemps l’environnement " et " leurs effets cancérigènes ne sont pas les seuls à considérer: maladies du système nerveux, déficits immunitaires et stérilité le sont tout autant ".
Bien que certains composants des matières plastiques soient directement cancérigènes, c’est parce qu’on les incinère qu’elles produisent des dioxines et des métaux lourds. " De nombreux métaux lourds, tels que le plomb et le cadmium, mais aussi l’arsenic, le chrome et le nickel, sont cancérigènes ".
L’amiante a été très utilisée pour ses propriétés isolantes et ignifuges, en particulier dans le bâtiment. " Dans tous les cas, ce ne sont pas tant les fibres que les poussières d’amiante qui sont à l’origine de cancers, essentiellement de cancers de la plèvre et des poumons. (…) D’ici à l’an 2020 un total de 50 000 à 100 000 morts pourraient être provoqués par l’amiante "!
" Les engrais nitratés font partie des intrants agricoles hautement cancérigènes ". Les champs ne sont plus fertilisés par du fumier d’origine animale puisque la spécialisation des agriculteurs en fait soit des éleveurs, soit des cultivateurs. "  L’utilisation des engrais nitratés est aujourd’hui devenue excessive. Or les plantes traitées ne fixent que 10% des fertilisants. Quatre-vingts-dix pour cent des nitrates se dispersent donc dans l’environnement, c'est-à-dire dans les sols et l’eau, et en particulier dans les nappes phréatiques. (…) Et c’est surtout l’eau de boisson contaminée qui apporte à notre organisme des nitrates qui se transforment dans notre gros intestin en produits cancérigènes. "
De très nombreux pesticides sont utilisés dans l’agriculture ou à la maison comme herbicides, insecticides, raticides, vermicides, fongicides, etc. Parmi les plus connus: le DDT, l’aldrine, la dieldrine, les dérivés de la thiourée, des thiocarbonates, de l’uréthane. " L’effet cancérigène de plusieurs pesticides est certaine, probable ou possible " suivant les listes publiées par le CIRC et ils persistent dans l’environnement car peu biodégradables. " Le DDT est interdit en France depuis 1972 mais il est toujours décelé dans l’environnement, donc y compris dans l’organisme de nombreux individus. (…) Les effets toxiques des pesticides, comme ceux des dioxines, ne concernent pas seulement l’induction des cancers, mais aussi celle de maladies dégénératives du système nerveux, de malformations congénitales et surtout de stérilité chez les hommes ". Et pourtant… environ 100 000 tonnes de pesticides sont utilisées chaque année en France dans l’agriculture et la viticulture pour un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros! Et pourtant… la France reste le troisième utilisateur de pesticides après les Etats-Unis et le Japon!
Les produits synthétiques utilisés à la maison ou dans l’alimentation forment le troisième groupe décrit par le Pr. Belpomme. " La liste est longue et tous les produits potentiellement cancérigènes ne sont pas connus à ce jour, malgré les efforts de l’IARC. (…) Compte tenu de la multitude de ces produits et de leur mise sur le marché sans que l’ensemble des tests adéquats aient été réalisés ", ils ne sont étudiés qu’a posteriori lorsqu’un drame survient.
" L’affaire est beaucoup plus grave encore dans l’alimentation, car c’est intentionnellement que l’industrie agroalimentaire ajoute des additifs aux aliments et boissons, afin de les rendre plus attrayants". Ce sont des colorants, des modificateurs de goût, des conservateurs et des antioxydants. Pour ces derniers, le Pr. Belpomme explique que " l’industrie alimentaire dispose de nombreux conservateurs capables de retarder ou d’arrêter la fermentation ou l’acidification des aliments, liées à la pullulation microbienne, et aussi d’autres substances anti-oxydantes, capables de s’opposer au rancissement des graisses. Or, les composés nitrés, bien qu’indiscutablement cancérigènes, sont toujours utilisés en charcuterie. Quant aux antioxydants, la situation n’est pas meilleure. Ceux de la classe des tocophérols et certains dérivés phénolés (…) devraient être retirés du marché ".
Dernière catégorie: les médicaments et les matériels médicaux. Un seul exemple: " l’utilisation d’œstrogènes, pour retarder artificiellement la ménopause, multiplie par trois le risque de cancer de l’utérus ". Ces molécules sont classées comme cancérigènes par l’IARC .
 
Sommes-nous des assassins?
Le lien entre environnement et santé étant établi, existe-t-il d’autres risques que le cancer? Le Pr. Belpomme répond: " On découvre qu’il y a aussi grave, voire plus grave que le cancer: la fréquence croissante des problèmes de stérilité, en particulier masculine, et celle des malformations congénitales de l’enfant, dans les pays industrialisés. "
Des espèces sauvages ont déjà disparu: des insectes, des oiseaux, des poissons et même des mammifères. " Il a été démontré que cette disparition n’est pas naturelle (…) mais qu’elle est causée par les modifications que nous infligeons à la nature, et en particulier par les produits toxiques que nous déversons dans l’environnement. " Des polluants chimiques sont mutagènes, d’autres sont des perturbateurs hormonaux qui modifient le comportement sexuel et induisent des malformations chez les nouveaux-nés ou la stérilité des adultes.
Déjà en 1991 la déclaration de Wingspread indiquait que la stérilité et le cancer sont deux menaces importantes pour l’humanité. Bien que signée par des scientifiques américains elle a été ignorée aux États-Unis et étouffée par les lobbies industriels qui ont continué à polluer leur propre environnement. Les goélands ont disparu du lac Ontario pollué par les dioxines.
Qu’observe-t-on maintenant pour l’homme? La menace des pesticides sur la santé. Dispersés dans le sol, dans l’eau et dans l’air ils circulent sur toute la Terre, jusqu’au Pôle Nord où ils se concentrent dans les poissons et les phoques, pour contaminer les Esquimaux qui s’en nourrissent. Ceux-ci connaissent maintenant des problèmes de stérilité. Avec le Pr. Belpomme " on est fondé à se demander si les pesticides déversés dans l’environnement ne provoqueront pas à long terme leur disparition pure et simple. "
En fait " l’effet féminisant des pesticides et autres substances chimiques à effet œstrogène concerne toutes les espèces, et en particulier l’homme. "
Après les goélands et les Esquimaux, ce sera notre tour , celui des habitants des pays fortement industrialisés, car dès aujourd’hui "  les stérilités d’origine masculine sont en fréquence croissante. À la diminution de spermatozoïdes s’associe souvent une augmentation de la croissance de leurs malformations. "
(à suivre)