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Echo de Savoie n°71 (avril 2004)
A - Sommaire :
1 Actualités
     1_1 11 mars 2004 à Madrid: Al Qaida installe sa guerre en Europe. Victoire surprise de la gauche aux législatives en Espagne.
    1_2 Assemblée (des Pays) de Savoie: je dors, donc je suis.
    1_3 "Lyon-Turin": Raffarin ne voulait pas décevoir les électeurs!
    1_4 La Banque de France en cure d'amaigrissement.
    1_5 Tempête sociale aux Arcs
2 Joseph de Maistre, écrivain savoisien
3 Elections
    3_1  Régionales et cantonales 2004: Occasion perdue, espérance trahie: le temps des responsabilités.
    3_2 Régionales et cantonales 2004: élections et illusions.
    3_3 La Région passe à gauche.
    3_4 Éditorial.  Deux ministres savoyards...
    3_5 Pourquoi Jean-Paul Calloud a quitté le Conseil général.
4 Suisse
    4_1 Suisse: une stagnation confortable serait-elle un modèle?
    4_2 L'économie suisse prospère en marge de l'Europe.
5 Echos de la Ligue
    5_1 À Barcelone, refondation de l'Alliance Libre Européenne en parti politique.
    5_2 Une journée à la TSR, "une télévision pas comme les autres".
    5_3 Faucigny:
    5_4 Chablais: la raison d'un refus de médailles militaires.
    5_5 Carnet savoisien.
    5_6 Petites annonces savoisiennes.
    5_7 Excursion vaudoise.
    5_8 Engagez-vous!
    5_9 Dîner dansant en Chablais le premier mai.
    5_10 Jean-Michel MATTEI à Chambéry le vendredi 7 mai 2004 à 20h30
    5_9 Déguster le Pain de Mai à Grésy sur Aix.
    5_10 Jeudi 20 mai (Ascension) à Annecy: hommage à Marguerite Frichelet.
6 magazine
    6_1 Mots croisés: le cruciverbiste ducal.
    6_2 Nouvelle récolte de livres enchanteurs chez Cabédita.
B - Dossiers :
 
1-1 11 mars 2004 à Madrid: Al Qaida installe sa guerre en Europe. Victoire surprise de la gauche aux législatives en Espagne.
 
L'horreur des attentats de Madrid (200 morts, 1900 blessés) a semé la consternation dans toute l'Europe, précipitée dans la crainte de la terreur islamique de masse. Dans toutes les capitales on redoute de nouvelles attaques et on ne néglige aucun indice. Malgré quelques succès policiers contre les réseaux terroristes, les enquêtes et la prévention des attaques sont terriblement difficiles. Deux ans et demi après les États-Unis, l'Europe entre à son tour dans une guerre dont les plus pessimistes, ou les plus lucides, prévoient qu'elle sera longue.
Certains esprits, admirateurs des exploits anti-Bush du duo Chirak-Villepin, affirmèrent aussitôt que la France était à l'abri, grâce à sa ferme condamnation de la guerre en Irak. Mais cette thèse a vite été abandonnée. Même si Paris n'est peut-être pas en première ligne, les admirateurs d'Oussama Ben Laden ne manqueront pas de prétextes quand ils voudront en trouver. Rappelons que des soldats français participent à la traque des meneurs d'Al Qaida dans les montagnes d'Afghanistan, et que la loi récente sur l'interdiction des signes religieux à l'école a été vilipendée par un communiqué émanant de la nébuleuse terroriste...
Le mensonge d'État battu aux élections.
Certains milieux pro-Bush ont affirmé un peu vite qu'Al Qaida, en massacrant le 11 mars à Madrid, avait "fait" les élections espagnoles, chassé le parti d'Aznar du pouvoir et mis en place un parti socialiste qui devrait rapatrier les 3000 soldats espagnols stationnés en Irak. C'est simpliste et plutôt inexact. En effet, Aznar a été sanctionné pour avoir précipitamment attribué les attentats aux séparatistes basques de l'ETA, malgré une absence totale de preuves et l'abondance des indices contraires. Il faut d'ailleurs reconnaître qu'il ne fut pas le seul à publier des communiqués hâtifs, très vite désavoués par les faits. C'est un travers commun aux politiciens de ne pas savoir se taire et de faire bruyamment connaître leurs avis même et surtout quand ils ignorent tout de la question posée...
Mais comment auraient voté les Espagnols si leur Premier Ministre les avait appelés plus sobrement à pleurer le sort des victimes, et à faire l'union patriotique en vue de la recherche des coupables? Le bilan de ses deux mandats était excellent dans les domaines des finances (en équilibre ou en excédent), de l'économie (très dynamique) ou de l'emploi (chômage divisé par deux en 8 ans)...
Ce qui a perdu Aznar et donc son partido popular (le PP), c'est son aveuglement fanatique contre toutes les revendications d'autonomie, son exploitation éhontée de l'abominable terrorisme basque pour refuser tout dialogue avec les partis pacifiques basques, catalans, galiciens, etc. Aznar a perdu les élections en commettant une grave faute politique.
Les exploits de la police espagnole.
Ce qui fut remarquable, dès le 11 mars et dans les jours qui suivirent immédiatement les attentats, c'est la liberté laissée par le gouvernement à la police espagnole pour mener son enquête, qui démentait totalement le mensonge répandu par le ministre de l'Intérieur lui-même. L'identification des explosifs et l'arrestation des coupables ne prirent que deux jours! C'est ainsi que, la veille du scrutin du 14 mars, la honteuse manipulation d'Aznar était déjouée.
On peut sérieusement se demander si la police française bénéficie d'une telle liberté.
L'explosion de l'usine AZF à Toulouse, en octobre 2001, fut déclarée le jour même "accidentelle" par le procureur de la République, aux ordres du gouvernement. Mais depuis, aucun chimiste n'a été capable de reproduire en laboratoire ou sur le site le déclenchement d'un tel accident...
De même les "boîtes noires" du Boeing dans lequel ont péri des touristes français le 3 janvier dernier n'ont pas encore "parlé", plus de trois mois après l'accident...
Bon, le "pays des Droits de l'Homme", ce sera quand même toujours la France!
Bons résultats électoraux des partis membres de l'ALE en Espagne.
Ces partis, qui défendent les droits des nations sans État dans le royaume espagnol, ont bien tiré leur épingle du jeu dans la défaite cuisante du PP de José-Maria Aznar. Ils progressent presque tous en voix ou en sièges ou maintiennent leurs positions, à l'exception du BNG en Galice qui perd un député. La Navarre se dote pour la première fois d'un député nationaliste. Le Parti Nationaliste Basque (démocrate-chrétien) obtient son plus haut score historique aux législatives, à 33,7%. Le progrès le plus spectaculaire est celui d'ERC en Catalogne, qui obtient 650 000 suffrages et huit députés au lieu d'un seul précédemment.
Que feront le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) et son nouveau Premier Ministre José-Luis Rodriguez Zapatero? Il aura en tout cas, à un moment donné ou à un autre, besoin du soutien de forces nationalistes pour gouverner. Après le cauchemar, l'horizon s'éclaircit. L'ETA, hors de cause pour le 11 mars mais qui a tant de sang sur les mains, a ressenti l'indignation du peuple espagnol contre terrorisme et ne peut que renoncer à faire parler la dynamite. Mais la bête blessée est encore dangereuse...
Patrice Abeille.
1_2 Assemblée (des Pays) de Savoie: je dors, donc je suis.
Les réunions de l'Assemblée (des Pays) de Savoie sont rares et mornes: depuis la session historique du 5 décembre 2002, qui vit les Conseillers généraux des deux départements savoisiens débattre de la décentralisation et voter à la quasi-unanimité contre le maintien de Rhône-Alpes, un profond sommeil paralyse le seul corps politique censé représenter la Savoie toute entière.
Dans sa séance du 1er. mars 2004, l'Assemblée a voté son budget, en progression de 19,5% par rapport à 2003, mais limité à 7,8 millions d'euros, soit moins de 1% des budgets des deux Conseils généraux!
La Maison de Savoie à Paris (qui pourrait quitter prochainement l'avenue de l'Opéra) suscite une fois de plus les interrogations des élus cantonaux car elle coûte fort cher, plus de 1,8M€. Elle fait l'objet d'un audit dont les résultats ne sont pas rendus publics pour le moment, l'essentiel des débats des élus se tenant lors de réunions privées...
La télévision 8Mont-Blanc reçoit un quart du budget culturel de l'Assemblée, avec 510000€ d'achats de programmes. Plusieurs Conseillers ont osé voter contre ou s'abstenir, redoutant la fragilité juridique d'un tel subventionnement direct à un média privé. L'Assemblée ne compense toutefois qu'en partie le racket subi par TV8 au profit du monopole de la diffusion hertzienne TDF.
L'Assemblée a accepté l'idée de subventionner la Brigade de Savoie, reconstitution symbolique d'un régiment prestigieux de la monarchie savoisienne, à hauteur de 25000€ répartis sur trois ans.
Sensibles au prestige de l'uniforme, fût-il savoisien, les Conseillers généraux ont du mal à s'entendre sur la question linguistique du francoprovençal: l'un d'entre eux (Joël Baud-Grasset, élu du canton de Boëge) a même commencé son intervention en patois, pour s'opposer aux conclusions du rapporteur Alain Veyret. L'association pour un institut de la langue savoyarde et francoprovençale n'aura donc pas de subvention cette année, mais l'Assemblée va demander une communication à l'Académie de Savoie et une étude sur l'enseignement du francoprovençal. La Région Rhône-Alpes ayant déjà accordé un crédit de 10000€, les élus savoyards embarrassés s'interrogent encore sur l'existence d'une langue que plusieurs d'entre eux parlent couramment...
Ce serait plus simple si la demande émanait d'une fondation japonaise! Ernest Nycollin, qui présidait l'Assemblée après le départ du président Vial, a tout de même dit que les Conseillers généraux, lorsqu'ils se rendent à des réunions au Val d'Aoste, comprennent mal l'italien de leurs collègues valdôtains mais beaucoup mieux leur patois. Il faudra encore des études pour établir l'existence de cette langue dans laquelle les élus eux-mêmes communiquent sans trop d'effort!
Ainsi vont les institutions de la République...
P. A.
1_3 "Lyon-Turin": Raffarin ne voulait pas décevoir les électeurs!
Contrairement à leur préférence traditionnelle pour le transport routier, les Italiens font pression depuis deux ans sur le gouvernement français pour la signature du plan de travaux de la transalpine ferroviaire, communément appelée "Lyon-Turin". Silvio Berlusconi, le Premier Ministre de la Péninsule, avait déclaré en février qu'il travaille personnellement sur ce projet avec son homologue français Jean-Pierre Raffarin, et annoncé une rencontre pour "conclure l'accord avant fin mars".
Tous les problèmes ont semble-t-il été résolus par une commission mixte italo-française, hormis un petit détail, le financement: il manquerait toujours un milliard d'euros à Paris.
La signature annoncée a donc été reportée de plusieurs mois. Jean-Pierre Raffarin a indiqué qu'en période électorale il ne souhaitait pas décevoir les "électeurs de la région lyonnaise" attachés à ce projet. Les électeurs chamoniards, chambériens et mauriennais seront flattés d'apprendre qu'ils habitent la région lyonnaise! Il vaut sans doute mieux les décevoir après les élections, surtout si on les a perdues...
1_4 La Banque de France en cure d'amaigrissement.
Pour la première fois depuis sa création en 1800, la Banque de France a terminé 2003 avec une perte! Elle se monte à 179 millions d'euros. Cette information est hautement symbolique et nous renseigne sur la crise des institutions les plus représentatives de l'État français.
La Banque de France est tout de même encore très loin de la faillite, puisqu'elle dispose de reports à nouveau cumulés de 198 millions d'euros et de capitaux propres à hauteur de 3,8 milliards d'euros.
Outre la morosité de la conjoncture financière, la banque centrale française a dû provisionner 275 M€ pour couvrir les frais de la réduction importante de son réseau de succursales. Cette restructuration radicale, qui s'effectue de 2004 à 2006, est censée diminuer les charges d'exploitation de la Banque, mais dans l'immédiat elle est coûteuse... Cette année, en Savoie, la Banque de France fermera son agence de Thonon; celle de Cluses devrait disparaître en 2005. Il ne restera que les établissements d'Annecy et de Chambéry, conformément à la décision nationale de ne conserver en moyenne qu'une représentation par département.
1_5 Tempête sociale aux Arcs.
Dans les stations de sports d’hiver, lieux de villégiatures exceptionnels, les conflits d’intérêts sont néanmoins réguliers et prennent parfois un relief à l’image du paysage magistral dans lequel nous vivons.
Aux Arcs, station de Bourg Saint-Maurice en Tarentaise, syndicats CFDT et FO négocient pratiquement en permanence avec la direction de la SMA (Société des Montagnes de l’Arc, filiale de la "tristement", pour les Savoisiens, célèbre Compagnie des Alpes). L’objectif est bien évidemment d’obtenir de meilleurs revenus et de meilleures conditions de travail. Mais voilà, depuis plus d’un an les syndicats n’obtiennent plus d’avancées significatives (il faut dire que trop souvent le manque de solidarité entre les personnels favorise indéniablement l’intransigeance de la direction).
Un humoriste inconnu a affiché le dessin ci-dessous dans la station, le croquis a été aussitôt récupéré et photocopié à tour de bras (c’est une pratique locale très usitée), il est fort à parier qu’à ce jour la grande majorité des Borains l’a en sa possession, j’agrandis le cercle de diffusion en l’adressant à L'Écho de Savoie.
Mais il ne faut pas se fier à l’aspect débonnaire de cette illustration car depuis quelques mois les deux antagonistes ont durci leurs positions et les menaces de grèves sont permanentes. La direction ne veut céder aucune once de terrain, entraînant une émergence de solidarité salariale radicalisée encore par le passage, en janvier 2004, des adhérents de la CFDT au syndicat beaucoup plus inquiétant pour les dirigeants qu’est la CGT.
Jocelyne Cheul Chatrian, le 6 mars 2004.
2 Joseph de Maistre, écrivain savoisien.
par Gérard Vallet.
Il est une constante, qui voisine au cliché, dans les médias français de gauche ou dits "républicains": sataniser un certain Joseph de Maistre. Il y est systématiquement affublé du chapeau suivant: "écrivain contre-révolutionnaire français" (sic). Il est stigmatisé de la même manière dans le moindre dictionnaire hexagonal. Ainsi, dès qu'un homme politique estampillé "extrême-droite" prend la parole, il se trouvera souvent un journaliste pour rappeler la filiation "honteuse" qui le rattache à J. de Maistre. C'est devenu une rengaine, un lieu commun obligatoire. Essayez donc de discuter avec tel journaliste, en l'appelant à sa rédaction: la plupart du temps il sera injoignable, ou alors vous raccrochera au nez. En France, semble-t-il, on ne dérange pas un journaliste dans sa tour d'ivoire... Partout ailleurs, un rédacteur serait ravi de discuter avec un lecteur, en France, non! Si par chance vous êtes enfin en ligne avec l'oiseau rare et qu'il accepte le dialogue, vous découvrez qu'il n'a jamais lu la moindre ligne du "ci-devant" Maistre, et qu'il ignore parfois en quel siècle celui-ci a "contre-révolutionné"!!!
Le penseur maudit.
Un journaliste honnête (il y en a...) nous a raconté que Joseph de Maistre est un cliché d'école de journalisme: comme aux chiens de Pavlov, la sonnette "extrême-droite" fait immédiatement aboyer "de Maistre"!
À l'occasion d'un article de défense de la Franc-maçonnerie, il en fut de même. Joseph de Maistre a beaucoup écrit sur les loges de son époque, et il en relevait certaines dérives. De la même manière, mais pas plus, que le procureur Éric de Montgolfier l'a fait à Nice récemment. Le pauvre rédacteur de l'article fut effaré d'apprendre que le fameux de Maistre était Franc-maçon, et grand maître de sa loge à Chambéry, comme son roi, Victor Amédée III, l'était aussi à Turin. Ils appartenaient à la même obédience. Le journaliste ignorant ne rectifia pas pour si peu le tir la semaine suivante, dans son hebdomadaire branché. En fait, à deux cents ans et quelques de distance, de Maistre et de Montgolfier dénoncent des dérives affairistes et politiciennes de certaines loges françaises. Joseph de Maistre était affilié à une loge écossaise, et reprochait aux loges d'obédience lyonnaise d'être jacobines et d'avoir préparé l'invasion de la Savoie en septembre 1792, en espionnant pour les armées de Montesquiou. Une fois la Savoie envahie, on retrouva effectivement tous ces Francs-maçons d'obédience française dans les instances jacobines de l'annexeur.
Un Soljenitsyne savoisien.
Mais qui est donc cet "écrivain contre-révolutionnaire français"?
Première contre-vérité: il n'est pas du tout français, mais savoisien, et il le revendiquera toujours. Il est même un des fleurons, avec son frère Xavier le nouvelliste, de la littérature de Savoie et Piémont au 18e. siècle. Les Français annexent même les morts, s'ils sont quelque peu célèbres! Dans le moindre dictionnaire sérieux ou traité de littérature européen, à l'entrée "Joseph de Maistre" on trouvera: écrivain monarchiste savoisien (ou sarde), philosophe chrétien de la fin du siècle dit des Lumières, admirateur de Descartes et de Bossuet comme de l'anglais Burke. Partout ailleurs, hors de l'hexagone, il est présenté comme une sorte de Soljenitsyne de la Révolution française et de l'empire. C'est pourquoi il suscite tant d'animosité en France...
Volontiers un intellectuel français s'enthousiasmera pour Soljenitsyne (tout fieffé réactionnaire Grand-Russien qu'il était) mais ne manquera pas de clouer au pilori de la pensée notre Joseph de Maistre. Ils ont pourtant pris part l'un et l'autre à la critique du totalitarisme...
La Savoie, en 1855, bénéficiait d'une des Constitutions les plus libérales de son époque, celle de Victor-Emmanuel II. Toute censure avait été supprimée, et la peine de mort aussi... Pourtant il se trouve encore aujourd'hui des historiens et d'autres intellectuels pour estimer qu'une annexion par un régime réactionnaire et dictatorial, celui de Napoléon III, représentait un progrès pour la Savoie et ses habitants... Un comble! Mais c'est cela, la France Une et Indivisible: elle a une vision religieuse de son histoire, qui commence en 1789.
Joseph de Maistre, au début de la Révolution française, trouva justifiées les premières réformes de 1789 (elles avaient déjà été faites en Savoie 30 ans auparavant). Mais très vite il prit ses distances, et devint franchement hostile aux dérives terroristes, anti-religieuses et totalitaires de 1792 et 1793. Réprouvant la Terreur, et plus encore la conquête et la déstabilisation de l'Europe par Napoléon Ier, il devint un critique implacable et un opposant déterminé à "l'usurpateur", le général corse s'étant autoproclamé empereur.
Représentant diplomatique en Russie de son roi détrôné en 1798, il avait l'écoute du tsar Alexandre. Dans l'ombre, il fut l'un des organisateurs de la seconde coalition, qui finit par remporter la victoire de Waterloo. Il contribua donc, et cela est à mettre à son actif, à débarrasser l'Europe de son despote et bourreau qui, comme de J. Maistre le démontra brillamment, ne fut nullement le continuateur de la Révolution (selon la thèse de la plupart des historiens français), mais bien plutôt un aventurier et un usurpateur. À partir de 1806, la Russie ayant accepté la Paix de Tilsitt avec la France, il n'eut de cesse de reconstituer la coalition provisoirement désarmée, se faisant l'agent de son roi et en même temps celui du futur Louis XVIII en exil.
On comprend donc mieux la haine que lui vouent les Français, du moins ceux attachés religieusement au culte de leur Révolution, encore aujourd'hui malgré les travaux des historiens critiques anglo-saxons et de ceux de l'école de François Furet. Même la fin ignominieuse des régimes communistes ne leur a pas ouvert les yeux: pourtant Lénine, Trotski, Staline et jusqu'à Pol Pot, tous les révolutionnaires bolchéviques et leurs épigones se disaient les héritiers de Robespierre et de Saint-Just, tous voulaient accomplir leur oeuvre en éliminant si nécessaire un bon tiers de la population, comme le prônait Saint-Just. Mais chez le personnel politique français du début du 21e. siècle, le lien avec la Révolution est plus religieux que raisonné. Si l'on écoutait certains porte-voix, il faudrait rétablir le calendrier républicain, dont l'an 1 était 1792, date de l'instauration de la Première République en France! Comme les Chrétiens établirent leur calendrier à partir de la date de naissance du Christ et l'imposèrent en éliminant le calendriers juif et romain! (Ils rompaient ainsi avec l'Ancien Testament, comme les révolutionnaires avec l'Ancien Régime, les mots trompent rarement...).
Cette "Républicamania" perdure, et même semble s'accentuer, s'aggraver à mesure que l'intégration européenne fait perdre à l'État français une prérogative "régalienne" après l'autre (la monnaie, par exemple, encore tout récemment).
Damnation et gloire de Joseph de Maistre.
Actuellement, essayez de faire une recherche universitaire en histoire de la Savoie: vous trouverez difficilement un directeur de thèse. À notre époque estudiantine, nous n'en avions point trouvé: "la Savoie, nous fut-il répondu, mais cela n'existe pas!" (sic) En 1908, la fameuse thèse de Max Bruchet, intitulée "L'abolition des droits seigneuriaux en Savoie, 1761-1792" ne reçut qu'un succès d'estime pour sa nouveauté. Certains historiens en parlèrent, mais dans les revues officielles d'histoire, rien, à part un court insert bibliographique. Quant aux revues spécialisées sur la période révolutionnaire, elles ne trouvèrent rien d'autre à dire que de chipoter sur des fautes d'orthographe ou de syntaxe...
L'historiographie française était alors totalement enfermée dans une vision jacobine et nationaliste, voire xénophobe. La thèse de Bruchet sortait trop des stéréotypes de son temps. Démontrer que la politique des rois de Savoie-Piémont-Sardaigne, les Victor-Amédée et Charles-Emmanuel, témoigne de la vitalité de la monarchie savoisienne, c'était scandaleux et irrecevable par l'université française. Cela ne l'est-il pas encore de nos jours? Car admettre la validité de telles réformes (l'abolition négociée des privilèges, la justice fiscale...) et la vertu intrinsèque observée dans les États de Savoie (pas de vénalité des charges, égalité des chances de nomination jusqu'aux plus hauts emplois entre nobles et roturiers, dévouement et honnêteté du clergé, etc.), cela cadrait mal avec l'image messianique d'une Révolution inéluctable dont la mission était de régénérer un Ancien Régime à bout de souffle. Une Révolution "phare du monde" (sic) qui devait féconder la vieille Europe pour en renouveler les structures...
Revenons à notre "petit Satan", le comte Joseph de Maistre (1763-1821). Il était le fils de François-Xavier, second président du Sénat de Savoie: Joseph était l'aîné d'une famille chambérienne de dix enfants. Il fit ses humanités auprès de jésuites de Chambéry, son Droit à Turin, et devint avocat en 1772. Il ne fut nommé Sénateur qu'en 1788, car malgré son talent il était considéré en haut lieu comme trop rousseauiste et surtout trop peu docile. Il oeuvra quelques années, comme c'était la règle, en tant qu'Avocat des Pauvres, comme stage préparatoire à la fonction sénatoriale: c'était la version savoisienne très sage de ce que nous appelons aujourd'hui "aide juridictionnelle".
Les derniers droits féodaux et privilèges ayant été supprimés en Savoie en 1761, les communes devaient payer aux nobles le prix de leur rachat; les litiges sur le prix et les modalités de paiement étaient nombreux. Joseph de Maistre fut nommé en 1789 président du tribunal chargé de trancher ces contentieux.
Mais sa carrière de sénateur se brisa net un certain 22 septembre 1792, jour de l'invasion de la Savoie par une armée française, sans déclaration de guerre, suivie d'une occupation militaire. Après quelques mois de coexistence difficile, Joseph de Maistre et sa famille durent prendre le chemin de l'exil, privés de tout revenu. Joseph rejoignit son ami Henri, marquis Costa de Beauregard, à Genève, où ce dernier vivotait d'une petite fabrique de chandelles. La France ayant fait pression sur Genève, en menaçant d'invasion la petite république du bout du lac Léman, les émigrés savoisiens furent contraints de partir à Lausanne, où la protection bernoise était encore en vigueur.
La Savoie, affligée par les exactions, déportations, pillages, réquisitions et surtout par la conscription forcée et la chasse aux prêtres, entra en rébellion. En deux années plus de 20 000 Savoisiens périrent, souvent de famine ou d'exactions diverses.
Joseph de Maistre écrivit au printemps 1793 ses "Quatre lettres d'un royaliste savoisien à ses compatriotes". Elles furent largement diffusées en Savoie, souvent recopiées quand on ne pouvait pas se procurer l'édition imprimée: elles furent des "samizdat" de leur temps. Si les "intrus" français, aussi appelés "carmagnoles", avaient fermé les écoles et chassé les maîtres (fermeture qui perdura jusqu'en 1815), le peuple savoisien était l'un des plus instruits d'Europe: des taux de 85% des habitants sachant lire et écrire n'étaient pas rares dans les villages de montagne. On ne peut pas dire que la lecture de ces libelles, véritables brûlots littéraires, déclencha seule la révolte: l'omniprésence des occupants, le fardeau des nouvelles servitudes, leur violence incessante, suffisaient amplement à soulever le pays. Mais les quatre Lettres de Joseph de Maistre donnèrent un contenu idéologique et un espoir aux Savoisiens, surtout aux ruraux qui représentaient 85% de la population. La bourgeoisie des villes, s'était en effet accommodée des nouveaux maîtres de la Savoie: la Révolution française était précisément une révolution bourgeoise, pas du tout populaire...
Dans les villages (à Megève, à Thônes et en bien d'autres lieux moins souvent cités) les femmes se dressèrent les premières contre la mise à sac des églises et contre la conscription forcée, la "levée en masse". Elles arrachèrent les "arbres de la Liberté" plantés par les "intrus". On connaît la suite: Thônes en révolte ouverte avec à la tête des rebelles Marguerite Frichelet, la plupart des vallées de montagne en état d'insoumission, puis l'essai infructueux de libération de la Savoie par des troupes parties du Piémont et du Val d'Aoste. La tentative échoua, plombée par l'inertie de Turin, soumis aux lenteurs de l'Autriche, le maréchal de Vins s'opposant à l'envoi de renforts en Savoie. Le Duché de Savoie et le Comté de Nice restèrent annexés, mais la guérilla perdura jusqu'à l'année 1800 dans les montagnes.
Mystique pessimiste, homme d'action et précurseur de l'Europe.
Joseph de Maistre, réformiste et francophile, grand admirateur de la culture française classique comme de celle des Lumières —même s'il détestait Voltaire pour son athéisme militant— fut longtemps considéré, paradoxalement, comme jacobin et subversif par les conservateurs de la Cour de Turin: un comble! Il lui fallut attendre le décès du vieux roi Victor-Amédée III, en 1796, pour rentrer en grâce: le nouveau roi, fils du précédent, l'appela à Turin comme conseiller, puis l'envoya à Cagliari comme régent de Sardaigne, lorsque les Français s'emparèrent du Piémont, réduit au statut de département français en 1798.
En 1803, Joseph de Maistre était nommé ministre plénipotentiaire du roi de Sardaigne auprès du tsar de Russie, à Saint-Pétersbourg. Dès lors il ne cessa d'encourager le tsar Alexandre à lutter contre Napoléon Ier. Tout en servant loyalement son roi sans royaume, il devint pour un temps ministre du tsar de Russie.
Il s'est quand même trouvé en Savoie un excellent biographe de Joseph de Maistre: l'historien François Vermale. Dans les "Mémoires et Documents de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie" (tome 64 daté de 1927), Vermale retrace la vie et l'œuvre de Joseph de Maistre, au fil d'un long texte très documenté et parfaitement objectif. Tout Savoisien se devrait de le lire, mais ce livre est difficile à trouver: L'Écho de Savoie va donc en publier de longs extraits, en espérant qu'un éditeur se montrera intéressé par une nouvelle diffusion. Place donc à "Joseph de Maistre émigré", par François Vermale.
C'est en Russie, après toutes les péripéties vécues depuis 1792 en en Savoie, puis en Suisse, au Piémont et en Sardaigne, que Joseph de Maistre deviendra mystique, au contact des sectes illuministes russes. Il évoquera de plus en plus l'influence de la Divine Providence dans les affaires humaines, dans l'Histoire donc. Renonçant à rechercher dans la société humaine uniquement les causes du bouleversement exceptionnel vécu par l'Europe, il y voit aussi et surtout la main de Dieu. Auparavant, comme tant d'esprits alertes du 18e. siècle, il pensait que le monde politique et social était régi par des lois naturelles comme le monde physique. Il changea de point de vue en contemplant le bouleversement introduit par la politique impériale, faite de conquêtes et de guerres incessantes, introduisant le déséquilibre partout en Europe. Il vit en Bonaparte un "envoyé de Dieu", un ange malfaisant chargé de punir l'Europe. Il fallait donc laisser le nouveau Tamerlan sévir pour pouvoir, après sa défaite, rebâtir l'Europe et y assurer la paix en rééquilibrant les différentes nations. Le plaidoyer de Joseph de Maistre pour une Europe apaisée ressemble aux discours des pères du Traité de Rome (1956). Joseph de Maistre était européen, il considérait la Révolution française comme une terrible péripétie historique, découlant de l'immobilisme français qui excluait toute possibilité de réforme en temps opportun. Il avait écrit avant 1789 une adresse au roi de Piémont, qui contenait à peu près cette admonestation: "Sire, faites des réformes, toutes les réformes possibles, même si votre peuple n'en voit pas l'intérêt; car sinon, un jour proche, certains les feront criminellement et à leur seul profit"...
Il avait anticipé ce que serait la Révolution en France, c'est-à-dire la prise du pouvoir par la bourgeoisie. Or il était pour l'équilibre absolu entre les trois États (clergé, noblesse, tiers-état), sans qu'un seul puisse dominer, un équilibre garantissant à chaque ordre les mêmes droits, sinon les mêmes devoirs... Telle était la vision d'un monarchiste éclairé qui, avant de céder aux mirages metternichiens après 1815, souhaitait partout en Europe des monarchies constitutionnelles et libérales.
En 1815 Joseph de Maistre était usé. Il mourut en 1821. On ne voulut retenir de lui que le pessimiste absolu s'accrochant à quelques certitudes d'un autre temps. Il était pourtant homme d'action tout autant qu'écrivain pessimiste; il se voulait montagnard et savoisien. Sur nos montagnes, nous étions tous pessimistes face aux menaces de la nature indomptable et aux folies des hommes des plaines: nos ancêtres avaient colonisé ces arpents de pierres pour échapper aux violences des gens d'en-bas! Mais nous étions d'incorrigibles hommes d'action. Tels étaient et sont peut-être encore les Savoisiens dans leur complexité.
G. V.
 
L'Écho de Savoie publiera au cours des prochains mois des extraits de l'ouvrage de François Vermale, "Joseph de Maistre" 1927, Chambéry, Dardel (Tirage à part du tome 64 des Mémoires de la Société Savoisienne d'Histoire et d'Archéologie).
3_1  Régionales et cantonales 2004
Occasion perdue, espérance trahie: le temps des responsabilités.
(Communiqué censuré par la quasi-totalité de la presse, à l'exception notable de "L'hebdo des Savoie", de Rumilly)
L'UMP, détentrice de tous les pouvoirs politiques depuis 2002, pouvait faire la Région Savoie, souhaitée par la majorité des habitants de la Savoie et de leurs élus. Si elle l'avait fait, elle aurait créé une dynamique et aurait trouvé en Savoie une large majorité.
Mais pour conquérir Rhône-Alpes et peser plus lourd à Paris, M. Hervé Gaymard a fait allégeance à Lyon en sacrifiant à la grand-messe rhônalpine l'espoir d'une Région Savoie. Cela n'a pas suffi. Lyon vaut bien plus qu'une messe pour qui vient de Savoie!
Aujourd'hui, pour la première fois depuis bien longtemps, la gauche et la droite parlementaires sont au coude à coude en Savoie, à 4548 voix d'écart. Dans les temps qui viennent, l'inquiétude et le mécontentement ne peuvent que croître au sein des quatre composantes principales de l'opinion publique en Savoie: gauche, droite, FN et abstentionnistes.
Nous invitons le peuple de Savoie à ne pas désespérer de l'avenir et à s'engager dans une voie nouvelle pour que la Savoie retrouve, dans son esprit traditionnel de concorde citoyenne, son rang dans l'Europe des peuples.
Patrice Abeille,
Secrétaire général de la Ligue savoisienne.
Alain Favre,
Président du Mouvement Région Savoie.
le 29 mars 2004.
3_2 Régionales et cantonales 2004: élections et illusions.
Après le fiasco des politologues et pronostiqueurs, dont aucun n'avait prévu l'issue des scrutins des 21 et 28 mars 2004, les commentaires n'ont pas manqué pour formuler a posteriori des explications lumineuses. Sur l'influence des élections espagnoles du 14 mars, célébrant le civisme d'un peuple meurtri par les attentats (voir nos analyses en pages suivantes); sur la revanche des déçus de 2002 et le retour aux urnes d'une partie du "peuple de gauche"; sur le "vote utile" du soutien au PS et à ses alliés au détriment des extrêmes; sur la remobilisation des salariés du public et du privé, inquiets des réformes des retraites, du statut des intermittents du spectacle, de l'assurance maladie, des privatisations et des délocalisations...
Contentons-nous de mettre en lumière certaines illusions encore cachées. Illusion du retour en grâce du civisme et de la politique: extrême-gauche et extrême-droite ont certes baissé ou stagné par rapport à 2002, mais si on les ajoute aux abstentionnistes qui se désintéressent tout autant du classique débat droite-gauche, le rejet de la politique traditionnelle est partagé par une moitié de l'opinion; c'est dire que la confiance est loin d'être revenue. Illusion de cette nouvelle cohabitation, la pire que l'on puisse imaginer: ni les Régions ni les Départements, qui n'ont que très peu de pouvoir et de poids financier en France, ne sont en mesure d'infléchir la politique du gouvernement. La gauche pourra se donner une bonne image de gestionnaire sociale tandis que l'UMP (M. Raffarin ou un successeur) devra continuer pendant trois ans à égrener les mauvaises nouvelles et les décisions impopulaires: la déroute des finances publiques n'est pas soluble dans les élections territoriales. Et sans l'euro, parfois accusé de tous les maux, la France aurait déjà dévalué trois fois sa monnaie, estime l'expert Roger Fauroux; les surplus accordés aux salariés auraient été vite repris à la pompe à carburant ou aux caisses des magasins, ce serait la dérive argentine. La gauche et la droite partagent la responsabilité de décennies de gestion calamiteuse.
Mais ces commentaires concernent la France en général, et ici un peu Rhône-Alpes. Avec l'éviction de la Ligue savoisienne par un mode de scrutin taillé sur mesure pour les grands paris parisiens, la Savoie a disparu du débat, réduite à nouveau à deux départements périphériques de Rhône-Alpes.
Il revient à la Ligue savoisienne d'analyser plus précisément ce que ces récentes élections nous apprennent sur notre Savoie.
Succès discret de nos bulletins "Savoie".
Pour les régionales, la Ligue savoisienne préconisait le vote nul en diffusant des bulletins rouges à croix blanche portant la phrase "Je veux une Savoie européenne, démocratique et fédérale". Ils n'étaient évidemment pas à disposition dans les bureaux de vote.
Entre 1998 (tour unique) et 2004 (premier tour) les votes blancs et nuls ont progressé de 13699 à 19566, soit 5867 bulletins blancs ou nuls supplémentaires. Le progrès n'est que de 1645 au second tour, moins propice à cette forme de vote. Comme d'habitude avec une opération qui n'est qu'un pis-aller, la progression des bulletins nuls passe inaperçue et le nombre de bulletins Ligue savoisienne est invérifiable. Merci cependant aux électeurs qui ont exprimé leur conviction de cette manière.
Gauche et droite parlementaires s'équilibrent en Savoie (73+74).
Pour la première fois depuis bien longtemps (50 ans au moins), la Savoie n'avantage pas nettement la droite traditionnelle. Toutefois l'installation durable du FN, qu'on ne peut certes pas classer à gauche, change la situation: il obtient 68305 voix au premier tour et 61313 voix au 2e. tour (14,4%, un de ses scores les plus modestes de Rhône-Alpes).
Au deuxième tour la liste Queyranne recueille 179474 suffrages et la liste Comparini 184022, le différentiel, 4548 voix, dépasse à peine 1%. Les lourdes erreurs de l'UMP et de ses chefs locaux Accoyer et Gaymard, et la coexistence difficile avec l'UDF y sont sans doute pour quelque chose. Rien n'indique pour l'instant que cette tendance sera durable.
3_3 La Région passe à gauche.
Pour la première fois de son histoire, Rhône-Alpes va être dirigée par une majorité absolue de gauche (PS, PC et Verts). Ce n'est pas une révolution! Jean-Jack Queyranne et ses quinze vice-présidents ne pourront guère aller plus vite que l'exécutif UDF précédent dans l'amélioration des TER: les difficultés viennent de la gestion étatique de la SNCF avec ses grèves à répétition, et de la vétusté des voies ferrées qui appartiennent à RFF, une société d'État dont la dette est colossale. Comme la construction des autoroutes, la création de nouvelles voies ferrées est hors de portée d'un budget régional. Idem pour la rénovation des lycées: les délais trop longs proviennent de la bureaucratie imposée par l'État et souvent du manque de disponibilité des entreprises de construction. Reste l'inconnu de la formation professionnelle, mais les socialistes s'opposent au transfert total de cette compétence aux Régions...
Dans son premier discours de président, Jean-Jack Queyranne a notamment remercié les électeurs qui, selon lui, en se rendant plus nombreux aux urnes, "ont aussi affirmé l'intérêt qu'ils portent à la Région. La légitimité de notre institution s'en trouve renforcée". C'est une interprétation... Évidemment, en savourant son plaisir de présider la "deuxième Région française, huitième Région d'Europe, l'ancien ministre socialiste ne songe plus qu'il y a six ans il envisageait tranquillement que la Savoie pourrait un jour ne plus en faire partie. D'autant plus que la gauche a dépassé la droite en Savoie du sud, et qu'elle la talonne de très près dans l'ensemble des deux départements savoisiens!
Cantonales: résultats décevants pour les Savoisiens.
Les huit candidats savoisiens ont bien travaillé mais ils ont été handicapés par plusieurs facteurs, même Jean Blanc à Lanslebourg qui obtient 10,14% mais pouvait espérer davantage compte tenu de sa notoriété cantonale. Parmi ces handicaps:
— une participation plus forte qui a surtout mobilisé les électeurs traditionnels de la gauche;
— l'absence de la Ligue à l'élection régionale, la privant d'en effet d'entraînement qu'elle avait eu en 1998;
— une certaine lassitude peut-être des sympathisants de la cause savoisienne qui n'aperçoivent pas de débouché à court terme.
Jean-Pierre Rambicur à Thonon-ouest et Lionel Falcy manquent de très peu la barre fatidique des 5%. Alain Ract, Marcelle Bonnet-Montagnon, Jean-Luc Évreux, Albert Prallet et Christian Montagnon obtiennent entre 1,6 et 3% des suffrages.
Pourtant les frustrations demeurent importantes en Savoie. Une fois les nouvelles désillusions venues, il faudra bien que nos compatriotes regardent ce qui se passe hors des frontières hexagonales et reprennent confiance en leur pays de Savoie.
Ailleurs dans l'hexagone.
Les résultats des partis membres de Régions et Peuples Solidaires sont inégaux. Leurs meilleures percées ont été réalisées en Bretagne, grâce à un accord avec les Verts (3 Conseillers régionaux UDB et un apparenté ont été élus, la Région passant elle aussi à gauche) et en Corse. Dans cette dernière région, la liste d'union des nationalistes de toutes tendances n'a pas fait le plein de toutes les voix de cette mouvance, mais elle obtient quand même huit élus à l'Assemblée de Corse (dont deux du PNC): ils ont fait échec à la candidature de l'ultrajacobin Emile Zuccarelli à la présidence de l'Assemblée, préférant l'UMP Camille de Rocca-Serra, jugé moins agressif à l'égard du nationalisme corse.
3_4 Éditorial.  Deux ministres savoyards...
Pour la première fois depuis bien longtemps, le département de la Savoie (notre Savoie du sud) vient de voter davantage pour la gauche que pour la droite parlementaire. Et pourtant le nouveau gouvernement (dit "Raffarin III") compte cette fois deux ministres issus de ce département, Hervé Gaymard conservant son portefeuille de l'agriculture et Michel Barnier arrivant aux affaires étrangères.
Ce choix surprenant montre à quel point la France tient à la Savoie. Bien sûr, du côté de Paris ou de Charbonnières, on n'a pas du tout intérêt à laisser partir la poule aux oeufs d'or. Avec plus de mille milliards d'euros de dette publique, les états-majors politiques savent mieux que quiconque qu'il faut freiner par tous les moyens l'émancipation de notre nation. Bonne affaire pour eux: les patriotes savoisiens ont été évincés des élections régionales par un mode de scrutin taillé sur mesure pour les grands partis tricolores. La République française n'en continuera pas moins à dispenser des leçons de démocratie au monde entier, mais le peuple savoisien sait ce qu'elles valent. La France nous trahit encore et toujours un peu plus, se moquant, sauf quand ça l'arrange, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Nous ne sommes pas dupes de cette situation hypocrite qui prive la Savoie, entité européenne historiquement reconnue, d'une véritable assemblée territoriale représentative et légitime. Il y a là une injustice patente qui doit être portée à la connaissance de tous. Mais ne posez pas la question à nos ministres savoyards ou à nos conseillers rhônalpins, elle est pour eux politiquement incorrecte!
Et pourtant... Depuis un certain 15 mars 1998 qui marqua le premier succès électoral de la Ligue savoisienne (avec l'entrée de Patrice Abeille au Conseil régional), il y a six ans déjà, on ne peut plus refuser à la Savoie le droit de vouloir exister autrement que sous une tutelle centralisatrice à perpétuité. Nos amis catalans de l'ERC (Esquerra Republicana de Catalunya, parti indépendantiste membre de l'Alliance Libre Européenne comme la Ligue savoisienne) viennent de démontrer que le courage politique finit par payer. Avec leurs nombreux élus, il font avancer la liberté de la Catalogne et la confiance en son avenir européen. À méditer tout simplement...
Joël Ducros.
3_5 Pourquoi Jean-Paul Calloud a quitté le Conseil général.
Élu aixois depuis 21 ans, Jean-Paul Calloud s'explique sur sa décision d'abandonner la vie politique, dans un communiqué confié début mars à L'Écho de Savoie.
Comme je l'avais annoncé il y a quelques mois déjà, je confirme ma décision de ne pas solliciter un nouveau mandat lors des élections cantonales en mars prochain.
Élu municipal à Aix les Bains, de 1983 à 1995, Député de la Savoie de 1989 à 1993, et enfin Conseiller Général du Canton d'Aix les Bains Sud depuis mars 1992, je considère en premier lieu qu'après 21 ans d'engagement dans la vie publique locale, il est sage de passer le relais.
Farouche adversaire du cumul des mandats, je n'ai jamais été non plus un partisan des carrières politiques longues, qui fabriquent des élus trop usés, incapables de s'arrêter au bon moment, et qui, souvent, se croient devenus indispensables. Or, la vitalité de la démocratie c'est d'abord le renouvellement des hommes et des femmes responsables, et, ensuite, le partage des fonctions.
La seconde raison qui dicte mon choix, c'est la conviction qu'aujourd'hui, et malheureusement, la politique nationale, mais également locale, est trop prisonnière des rivalités de partis, des querelles strictement politiciennes, et des enjeux de pouvoir.
Au Gouvernement comme dans les structures dites décentralisées, on se répartit les titres, mais, à toujours penser à l'élection suivante, on ne règle aucun des problèmes essentiels de la société dans laquelle nous vivons: la canicule et son cortège honteux de victimes l'ont montré cet été au plan national.
Plus près de nous, la conduite de dossiers comme le TGV Lyon-Turin, ou la politique d'urbanisme, en sont, je le crains, une regrettable confirmation.
Enfin, troisième et dernière raison de mon départ, il n'est plus possible aujourd'hui de concilier exercice d'un mandat et activité professionnelle dans le secteur privé, qu'elle soit salariée ou libérale.
En le déplorant, j'affirme ici un point de vue de plus en plus partagé qui révèle une dérive préjudiciable: est-il sain que, dorénavant, les fonctions électives soient quasiment et exclusivement réservées à des fonctionnaires, des retraités, ou des bénéficiaires de fortunes personnelles?
Je ne le crois pas et, en posant la question, j'invite tous ceux qui nous gouvernent, qu'ils soient de droite ou de gauche, à s'interroger sur cet état de fait.
Jean-Paul Calloud.
 
4_1 Suisse: une stagnation confortable serait-elle un modèle?
par Matthew Lynn.
 
(Matthew Lynn est éditorialiste à l'agence Bloomberg News. Il a publié le 26 novembre 2003 un article dont nous reproduisons l'essentiel. Le titre original était "Switzerland's cosy slump may be Europe's future", soit "la récession douce de la Suisse est peut-être l'avenir de l'Europe")
L'économie suisse, qui fut l'une des plus efficaces du monde, paraît prisonnière d'un effondrement de la croissance. Le reste de l'économie mondiale connaît des hauts et des bas, mais la Suisse s'en tient à son petit cheminement routinier. Tandis que le reste du monde se tourmente en cherchant le moyen de relancer l'économie, la Suisse sans croissance navigue sereinement: elle est toujours l'une des sociétés les plus prospères et stables sur cette terre.
La stagnation confortable de la Suisse est peut-être bien ce qui attend une bonne partie de l'Europe. Appelons cela le modèle zurichois: riche, stable et confortable, mais sans ressort. L'Europe n'est certes pas aussi prospère, mais elle présente beaucoup d'aspects que l'on trouve dans la situation suisse: croissance faible, populations vieillissantes, et excès d'épargne, qui se traduisent par des excédents commerciaux — sans oublier le facteur confort.
Depuis des années les chiffres de croissance produits par la Suisse sont faibles. De 1990 à 2002, le produit intérieur brut par habitant n'y a augmenté que de 2,3%, à comparer avec 15% en Allemagne et 18% en France, deux États qui ont eux-mêmes évolué vers une croissance faible.
Soucis en croissance.
L'économie s'est contractée au cours du printemps 2003, confirmant que la Suisse connaît sa plus longue récession de la décennie avec trois baisses trimestrielles successives. Le gouvernement a dit le mois dernier qu'il s'attend à une contraction de l'économie suisse de 0,3% cette année (2003, NdT) et que, même si la croissance devrait reprendre en 2004, son taux ne dépassera pas 1,5%.
La Banque Nationale Suisse a réduit ses taux d'intérêt à 0,25%, mais même ce genre de stimulation monétaire ne paraît pas avoir beaucoup d'effet. La Suisse refuse la croissance.
La prolongation de la crise a imposé des contraintes. Les Suisses, qui bénéficiaient depuis des décennies de la plus grande stabilité financière du monde, doivent à présent se colleter avec les déficits budgétaires. Le gouvernement a déclaré ce mois-ci qu'il cherche à faire des coupes dans les dépenses et à augmenter les impôts pour boucher le trou financier.
Devons-nous donc commencer à envoyer des colis alimentaires à base de fondue, et demander à la Croix Rouge de diriger ses secours tout près de son siège? Pas vraiment. Les Suisses sont toujours parmi les plus riches du monde.
Les employés de banque suisses —et ils sont nombreux— gagnent en moyenne 7642 francs suisses par mois (5095€), selon un récent rapport de l'office fédéral des statistiques. Les salariés suisses avaient en 2002 un salaire moyen annuel de 46993$ (le même montant en euros à l'époque, NdT), dépassé seulement par le Luxembourg dans les classements mondiaux.
Riches et vieillissants.
Le taux de chômage en octobre 2003 demeurait à 4% —à comparer à 6% aux USA et à 8,8% en septembre dans les 12 pays de la zone euro.
C'est le paradoxe de l'économie suisse: la prospérité sans la croissance. Le pays est riche et confortable, mais il vieillit.
Selon les chiffres des Nations-Unies, sa population a augmenté entre 1950 et 2000, passant de 4,69 à 7,17 millions. Mais en 2025 elle reviendra à 6,8 millions, et vers 2050 il n'y aura que 5,81 millions d'habitants.
Ceux qui resteront auront la peau ridée. Vers 2050, disent les Nations-Unies, 38% de la population suisse aura plus de 60 ans, contre 21% en l'an 2000.
La plupart des principaux pays européens ont devant eux un semblable déclin démographique. La population de l'Italie diminuera de 22% au cours de la première moitié de ce siècle et celle de l'Allemagne baissera de 4%. Les Suisses sont seulement en avance sur les autres.
Excédent commercial.
La Suisse a un niveau d'épargne élevé, de forts excédents commerciaux, elle manque d'investissements intérieurs et son économie n'est pas réformée.
Prenez le commerce, par exemple. Rien qu'en octobre, l'économie suisse a dégagé un surplus de 1,29 milliard de francs suisses, et pour les 10 premiers mois de l'année le total dépassait les 6 milliards. Ce n'est pas seulement parce que le monde demande en quantité des montres et des tablettes de chocolat. C'est parce que des gens âgés et riches épargnent énormément. Ils exportent continuellement du capital vers des pays plus dynamiques. Les vieux et les riches ne sont pas tellement portés sur le changement radical. Pourquoi le seraient-ils? Ils ont beaucoup à perdre et peu à gagner. Chacun peut voir le bénéfice que la Suisse tirerait d'un programme énergique de libéralisation: son économie est contrainte et protégée. Mais quand vous avez déjà atteint ce niveau de richesse, pourquoi s'en soucier?
Une grande partie de l'Europe a besoin aussi d'un changement économique, mais personne ne semble pouvoir rassembler suffisamment de volonté pour le réaliser. Pourquoi? Parce que là encore le confort est trop élevé.
Ceux qui pensent qu'une économie ne peut pas se maintenir avec bonheur si elle abandonne toute perspective de croissance devraient passer plus de temps au bord du lac de Zurich. Là on a découvert le secret de la tranquillité économique. Ce n'est pas très intéressant, mais apparemment ça marche —et cela pourrait bien être l'avenir de l'Europe.
Matthew Lynn.
(traduction Patrice Abeille pour L'Écho de Savoie)
4_2 L'économie suisse prospère en marge de l'Europe.
Douze ans après le refus du peuple suisse d'entrer dans l'Espace Économique Européen, l'économie de nos voisins continue de prospérer. Les entreprises internationales se bousculent pour implanter en Suisse des sièges sociaux et autres unités stratégiques pour l'Europe. Elles investissent dans l'immobilier pour leurs bureaux et implantent leurs cadres supérieurs, favorisant l'emploi local de personnel d'exécution et de services.
L'attractivité de la Suisse pour les implantations nouvelles: une qualité de vie, de bonnes infrastructures, une main-d'œuvre qualifiée, la sécurité, la proximité des autorités, et une fiscalité légère.
La situation économique de la Suisse est si bonne, en comparaison avec celle de l'Union européenne, que le président du conseil d'administration de l'UBS Marcel Ospel, le plus puissant banquier du pays, réclame publiquement depuis plusieurs mois au Conseil fédéral de retirer la demande d'adhésion de la Suisse à l'UE...
 
5_1 À Barcelone, refondation de l'Alliance Libre Européenne en parti politique.
Il y avait forte affluence de délégations des partis et mouvements amis de la Ligue savoisienne, à Barcelone les 25 et 26 mars 2004. La Ligue et le MRS étaient représentés par Patrice Abeille, Christian Montagnon, Marcelle Montagnon et Evelyne Anthoine. L'occasion était importante et quelque peu solennelle. En effet l'objet principal de l'assemblée générale du PDPE-ALE était de réaliser les adaptations permettant une refondation dans le cadre juridique qui s'impose désormais à tous les partis politiques européens. C'est ainsi qu'est née l'Alliance Libre Européenne, sous une forme un peu renouvelée.
Un nouveau cadre juridique.
Jusqu'à présent, les partis politiques européens n'avaient pas de statut légal. Ils étaient plutôt des extensions informelles des groupes politiques constitués au sein du Parlement européen. La majeure partie de leurs frais de fonctionnement était prise en charge par les crédits de ces groupes et indirectement par le Parlement: rémunération du personnel de secrétariat permanent, remboursement des frais de déplacement, mise à disposition des salles de réunion et des services de traduction, etc.
La Cour des Comptes européenne avait émis des critiques sur le manque de clarté de ce système bricolé au fil des ans, et exigé une remise en ordre. Le Parlement et le Conseil ont donc édicté fin 2003 un règlement relatif au statut et au financement des partis politiques européens. Pour bénéficier de ce statut, et du financement qui en découle, un parti (qui peut être une alliance de partis) devra satisfaire aux quatre conditions suivantes:
a) — avoir la personnalité juridique dans l'État membre où il a son siège;
b) — être représenté, dans au moins un quart des États membres, par des membres du Parlement européen ou dans les parlements nationaux ou régionaux ou dans les assemblées régionales,
ou avoir réuni, dans au moins un quart des États membres, au moins trois pour cent des votes exprimés dans chacun de ces États membres lors des dernières élections au Parlement européen;
c) — respecter, notamment dans son programme et par son action, les principes sur lesquels l'Union européenne est fondée, à savoir les principes de la liberté, de la démocratie, du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ainsi que de l'État de droit;
d) — avoir participé aux élections au Parlement européen ou en avoir exprimé l'intention.
Si les conditions a, c et d ne posent aucun problème à la nouvelle ALE, il n'est pas encore garanti que la condition b ne sera pas un obstacle. En effet, le nombre des États membres de l'Union européenne passant le premier mai prochain de 15 à 25, il faudra des élus affiliés à l'ALE, au moins au niveau régional, dans sept États (le quart arithmétique de 25 étant 6,15, il est à prévoir que le bureau du Parlement, dominé par les grands groupes, retiendra le chiffre de 7).
Actuellement l'ALE a des élus dans 6 États: Grande-Bretagne (Écosse, Pays de Galles), Belgique (Flandres, Belgique germanophone), Espagne (Pays Basque, Catalogne, Galice, Andalousie), Italie (Sardaigne, Südtirol, région slovène), Pays-Bas (Frise) et France (nos amis bretons de l'UDB et corses du PNC, élus en mars conseillers régionaux ou territoriaux, ont repris le flambeau que la Ligue savoisienne détenait seule depuis 1998). L'arrivée d'un parti des Polonais de Lituanie et l'élection d'un Macédonien de Grèce devrait faire enregistrer sept ou huit États au total. Néanmoins la reconnaissance de l'ALE comme parti européen demeurera fragile.
Un financement indispensable.
Cette reconnaissance, qui paraîtra peut-être sans intérêt à maint lecteur de notre Écho de Savoie, a pourtant une importance cruciale. Quand on voit les difficultés que nous avons à financer les activités pourtant économes de la Ligue, qui oeuvre sur un petit territoire de 10000 kilomètres carrés peuplé d'un million d'habitants, et qui s'appuie sur un bénévolat jamais défaillant, on imagine facilement que sans budget un parti européen comme le nôtre aurait les ailes coupées.
Or à partir de juillet il ne faudra plus compter sur le soutien invisible du budget général du Parlement européen. Seule une assemblée annuelle dans ses locaux de Bruxelles serait peut-être encore tolérée.
L'assemblée générale de Barcelone a donc décidé de louer un bureau à Bruxelles (dans l'immeuble du parti flamand Spirit, pour bénéficier d'un loyer réduit par rapport au marché libre de la capitale belge, où les prix sont très élevés). Deux personnes seront recrutées, sur un poste d'administration-secrétariat et un poste d'attaché politique. Le budget est estimé à 229600 euros par an, les frais d'installation (achat de mobilier et de matériel de bureautique) pouvant être accordés en plus par le Parlement au titre de l'année de transition 2004. Avec cette structure, l'ALE s'engage à rendre plus de services à chacun de nos partis membres.
Le financement européen des partis politiques se divisera en deux masses:
— 15% seront répartis à égalité entre tous les partis satisfaisant aux critères exposés ci-dessus;
— 85% seront distribués au prorata du nombre de députés européens de chaque parti.
Mais en aucun cas les partis européens ne pourront être financés à plus de 75% par le budget de l'Union européenne. 25% au moins de leurs ressources devront être apportés par les cotisations et éventuellement des donations.
L'Assemblée de Barcelone a donc aussi décidé une augmentation substantielle des cotisations des partis membres, dont le barème était jusqu'alors symbolique puisque leur produit était thésaurisé depuis 1996 sur un compte bancaire, qui sera bien utile pour justifier que l'ALE arrive avec un apport de trésorerie non négligeable (35000 euros actuellement). Ces cotisations vont doubler en 2004 et tripler en 2005. Notons que dans le cas particulier de la Ligue savoisienne la somme à payer annuellement ne changera pas: elle versait 600 euros, cotisation des partis ayant un élu régional, mais n'ayant plus d'élu autre que municipal elle revient dans la première tranche, qui était à 200 euros et passera à 600 euros par l'effet du triplement.
Le nom du parti: une question difficile.
Après bientôt un demi-siècle de construction européenne, bien peu de gens connaissent les noms de ces partis de l'UE: PPE, PSE, ELDR, GUE, EDD, etc. Seuls les Verts ont eu la chance d'imposer presque partout leur dénomination. Malgré l'officialisation des partis européens, les citoyens seront sans doute encore longtemps plus familiarisés avec leurs partis nationaux, c'est une différence de plus entre l'UE et les États-Unis d'Amérique.
Mais pour nous Savoisiens, le nom de nos amis européens était vraiment impossible: comment imaginer un sigle aussi obscur et difficile à retenir que "PDPE-ALE"? La décision de Barcelone, de renoncer à PDPE (Parti Démocratique des Peuples d'Europe) pour ne conserver qu'ALE (Alliance Libre Européenne) est une simplification bienvenue.
Pourtant ce nom ne signifie à peu près rien: ce parti est certes une alliance européenne, mais de quoi cette alliance est-elle libre? Et rien dans ce sigle n'indique qu'elle est composée de partis représentant les nations sans État luttant pour l'autodétermination de leurs peuples...
J'ai pour ma part proposé de choisir PDE, Parti des Démocrates d'Europe, pour se calquer sur la forme des sigles de deux "grands partis" (PPE et PSE). La formule resterait assez vague, mais on peut comprendre qu'il n'y a pas de vraie démocratie sans respecter le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Ce sigle permettrait aussi d'appeler simplement notre parti "les Démocrates", comme on dit couramment "les socialistes", "les conservateurs" ou "les libéraux", "les verts"...
Cette proposition n'a pas été retenue, car un changement trop radical comportait sans doute le risque de désorienter encore plus les observateurs. Mais la question se reposera sans doute en d'autres circonstances.
Constitution européenne: un projet insuffisant.
Avant d'aborder ces questions techniques de "cuisine politique" (mais sans cuisine, comment s'alimenter et prendre des forces?) une première partie de l'assemblée générale portait sur le projet de Constitution européenne, élaboré par la Convention présidée par Valéry Giscard d'Estaing. Ce texte, rejeté par le Conseil européen en décembre sous la présidence de Silvio Berlusconi, pourrait être adopté in extremis ce printemps grâce aux efforts de la présidence irlandaise de Bertie Ahern, puissamment aidé par l'arrivée au pouvoir du socialiste Zapatero en Espagne.
Nous en reparlerons lorsque l'adoption d'une Constitution par l'UE reviendra dans l'actualité. Avec des nuances, tous les partis de l'ALE observent que le projet de Constitution, dans sa forme actuelle, est déjà un progrès par rapport à l'absence de Constitution et à l'empilement des traités successifs, mais qu'il demeure très insatisfaisant car il ne reconnaît pas explicitement le droit à l'autodétermination pour nos nations sans État. Toutefois l'excellent juriste écossais Neil MacCormick (du SNP) parvient à démontrer que cette possibilité d'élargissement interne (par exemple l'adhésion directe de l'Écosse ou de la Savoie à l'Union européenne) n'est pas non plus formellement exclue...
En conséquence l'ALE s'abstiendra de faire campagne officiellement pour l'adoption de cette Constitution. En France, de toute façon, il est infiniment probable qu'il n'y aura pas de référendum!
La cérémonie de refondation de l'ALE.
En guise d'intermède, les délégués de l'ALE ont été reçus par nos amis de l'ERC (indépendantistes catalans) au Parlement de Catalogne, un magnifique bâtiment chargé d'histoire: il fut littéralement muré et interdit d'accès pendant toute la dictature de Franco, et rouvert au moment du rétablissement de la démocratie en Espagne. L'ERC détient depuis novembre 2003 une forte représentation parlementaire ainsi que la présidence du Parlement. C'est le président lui-même, Ernest Benach, qui nous a reçus très chaleureusement, tandis que le secrétaire général de son parti, Josep-Lluis Carod-Rovira, nous priait de transmettre ses sincères encouragements à la Ligue savoisienne.
Enfin la cérémonie de refondation de l'ALE avait pour cadre un autre bâtiment à forte valeur esthétique et historique: le pavillon Mies van der Rohe, un des premiers témoins de l'architecture d'avant-garde de l'école du Bauhaus, édifié en 1929 pour une exposition internationale à la Foire de Barcelone, et magnifiquement restauré il y a quelques années. Chacun des délégués des partis membres apposa sa signature sur la charte de l'ALE, avant de prendre place pour la photo officielle. Cette cérémonie du 26 mars 2004 fera date pour tous ceux qui luttent pour l'émancipation de leurs peuples.
Patrice Abeille.
Note: la direction élue de l'ALE se compose des personnes suivantes.
Présidente: Nelly Maes.
Vice-présidents:
Begoña Lasagabaster (EA, Pays Basque)
Jill Evans (Plaid Cymru, Pays de Galles)
Gustave Alirol (Partit Occitan, président de R&PS)
Franco Piretta (Partito Sardo d'Azione, Sardaigne)
Roelof Falkena (FNP, Frise)
Bartlomiej Swiderek (Mouvement pour l'autonomie de la Silésie)
Ces vice-présidents désigneront parmi eux le trésorier du parti.
Ils seront secondés par un Secrétaire général: Jesus Maestro (ERC, Catalogne) dont les fonctions seront bénévoles, à la différence de celles de José-Luis Linazasoro précédemment. Un permanent politique sera recruté, dont le titre exact n'est pas encore défini.
légendes photos
"officielle": La photo officielle des refondateurs de l'ALE; au premier plan, la présidente Nelly Maes.
"tribune ALE": À la tribune le 25 mars (de g. à d.) Daniel Turp (invité, Parti Québecois), Josep-Lluis Carod-Rovira (ERC), Nelly Maes (Présidente, Spirit, Flandres), JL Linazasoro (actuel secrétaire général) et Josep Huguet (ERC).
"parlament1": Discours de réception du président du parlement catalan Ernest Benach
"parlament2": Le président Benach nous présente l'histoire étonnante de l'hémicycle.
5_2 Une journée à la TSR, "une télévision pas comme les autres".
Le samedi 3 avril 2004, un groupe de 26 Savoisiens était attendu dans la tour de dix-huit étages, à Genève, au siège de la Télévision Suisse Romande.
Ce fut une passionnante promenade guidée, à travers les coulisses multiples de la chaîne romande, la visite de 6 grands studios, et la rencontre de septante métiers différents dont beaucoup demandent un sens artistique très développé.
Nous avons été pour une journée les hôtes privilégiés d’une production particulière, celle de la découverte de la préparation des émissions dans l’envers du décor.
La TSR qu’est-ce donc?
Créée à Genève au début des années 1950 par une poignée de pionniers, la TSR a été inaugurée officiellement le premier novembre 1954 sous la dénomination de Programme Romand de la Télévision Suisse. Dès son origine elle a reçu un statut de service public. 1630000 téléspectateurs suisses peuvent recevoir les chaînes TV suisses et étrangères, sur le câble ou avec antenne satellite, soit plus de 100 programmes dont 37 en moyenne pour les Suisses romands. Face à cette rivalité, qu’on ne retrouve pas dans les autres pays, la TSR doit conserver son identité romande et sa crédibilité qui la démarquent de la concurrence si rude. Elle offre par exemple un programme de télévision complet destiné à tous les Suisses francophones: un programme nourri d’informations nationales et régionales qui concernent le quotidien vécu de ses téléspectateurs, avec des informations internationales telles que ressenties dans la Suisse et les régions romandes, sans oublier les émissions culturelles, sportives et de divertissement.
Le regard de Baptiste.
Au lieu d'accumuler les informations, nous laisserons la parole à Baptiste Mugnier (11 ans et déjà un vrai talent journalistique!) qui a rédigé pour les lecteurs de L'Écho de Savoie un compte-rendu de sa journée:
"Nous étions une vingtaine de personnes, notre guide nous a fait visiter l'immeuble de 18 étages de la TSR. Là-haut sur le toit se trouvaient d'immenses antennes paraboliques, et à nos pieds la ville de Genève, son jet d'eau et les montagnes alentour; le Mont Blanc était caché dans les nuages.
Cette visite était grandement facilitée par les ascenseurs, rapides et confortables. La TSR a de nombreux studios d'enregistrement pour ses émissions, débats publics, jeux télévisés: ils sont équipés de caméras, projecteurs et pupitres pour les concurrents et les animateurs.
Outre les présentateurs, 900 personnes travaillent dans l'ombre avec des métiers très différents: assistant réalisateur, caméraman, chef de la photographie, costumière, décorateur scénographe, documentaliste, électricien éclairagiste, machiniste, maquilleuse, modéliste, menuisier, monteur, peintre, preneur de son, scripte... Il y a aussi des ingénieurs, des techniciens, des informaticiens et électroniciens responsables des installations techniques.
La guide nous a dit que les plateaux de jeux télé sont grands; en fait ils ne le sont pas tant que ça, les réalisateurs filment un bout du plateau et des spectateurs et par l'astuce informatique cela donne l'illusion d'un espace deux fois plus grand. Dans les salles de régie image, le réalisateur surveille les caméras et choisit l'image qui sera diffusée sur nos téléviseurs: une telle salle est composée d'un mur d'écrans et d'un immense pupitre avec des centaines de boutons et manettes.
Dans la régie son, l'ingénieur du son choisit l'ouverture ou la fermeture d'un micro pour la personne sélectionnée par le réalisateur pour passer à l'image.
Après un bon repas à la cafétéria du deuxième étage, nous poursuivons la visite.
La TSR tourne en coproduction avec d'autres sociétés de télévision des films comme "Premier de cordée" ou "Himalaya"... Nous visitons les ateliers de maquillage et, en dernier, l'atelier de décoration. C'est celui que j'ai aimé le plus, car il y avait du matériel dont le réalisme était formidable. Exemple, un radiateur "effet fonte" en plastique ultra-léger, une enclume elle aussi légère comme une plume, le menhir d'Obélix, des colonnes romaines...
Cette visite était très intéressante, nous avons posé beaucoup de questions à notre hôtesse, au maquilleur qui s'entraînait sur un mannequin, ainsi qu'à l'éclairagiste qui nous a fait voir que le plateau était ceinturé d'une toile sur laquelle les techniciens envoient le décor par videoprojection!
Quelle journée super! Merci à tonton Michel de m'avoir invité!"
Baptiste Mugnier, Thyez (Faucigny).
5_3 Faucigny:
Les réunions mensuelles du Comité provincial de la Ligue savoisienne, auxquelles participent les délégués locaux, sont ouvertes aux adhérents et sympathisants.
C'est le deuxième mardi de chaque mois à 20 heures à "l'entre-pots, la réunion des Amis", RN203 à Toisinges, commune de Saint-Pierre en Faucigny. C'est la meilleure occasion pour poser vos questions, vous informer et débattre sur l'actualité de la Ligue et des affaires savoisiennes.
Venez nombreux!
Gilles Rosset, chancelier.
5_4 Chablais: la raison d'un refus de médailles militaires.
Le 19 mars 2004, comme chaque année, est la date officielle de commémoration du cessez-le-feu de la guerre d'Algérie en 1962. Comme chaque année il s'en suit une distribution de médailles. Orcier, en Chablais (souvenez-vous de l'immense drapeau de Savoie que nous y avions déployé dans la campagne pendant le G8 d'Évian...), était prêt à récompenser ses soldats. Mais à Orcier il manquait un récipiendaire, qui a refusé les deux médailles qu'il devait recevoir:
— Reconnaissance de la nation
— Croix du combattant.
Pourquoi Jacky Charrière n'a-t-il pas voulu de cet honneur? Pour une raison toute simple: il lui a été interdit d'installer un drapeau de Savoie sur le lieu de la cérémonie!
Bravo, Jacky, pour cet acte courageux et digne.
Jean Jacquier, chancelier.
illustration JPG "Jacquier et Charrière": Jacky Charrière (à droite) en compagnie de Jean Jacquier.
5_5 Carnet savoisien.
Carnet rose: Sonia et Éric Montagnon ont la joie de vous annoncer la naissance de leur fille Morgane Séverine, née à la maternité de Chambéry le samedi 28 février 2004.
Carnet bleu: Ilona et Alain Anthoine ont la joie de vous annoncer la naissance de leur fils Emmanuel Jean Marc, né à la maternité d'Annecy le dimanche 28 mars 2004.
L'Écho de Savoie se réjouit avec les deux familles.
5_6 Petites annonces savoisiennes.
(insertion gratuite pour nos abonnés)
— Achète fournitures d'horlogerie anciennes, outils, montres anciennes, fraises à tailler Carpano, montres à verge ainsi que pièces détachées. Jehan-Louÿs Baud tel 02 37 38 19 14 (le soir).
— Carte historique de la Savoie en 1856, éditée sur papier glacé 70X50cm. 3 euros la copie. tel 0450 43 33 95.
— Jeune couple en activité, avec bébé, recherche appartement type F2 ou plus, secteur Thonon, Sciez ou environs. tel. 03 88 62 14 17 ou 06 82 49 30 01.
— Jeune couple recherche pour achat maison avec plusieurs appartements, à rénover; si possible secteur Thônes, Aravis. Étudie toute proposition. Budget 200 000 euros. Écrire ou téléphoner au Secrétariat, qui transmettra.
— RECHERCHE films argentiques (pas video) tous formats (principalement 16 mm) tournés en Savoie ou dans la région lémanique (Chablais, Genève, Valais, Vaud). Catégorie indifférente (voyage, famille, sport, films à scénario, fiction, etc.). Courts ou longs métrages, sonores ou muets, noir et blanc ou couleurs, toutes époques. Faire offre au 0450 35 48 97.
— RECHERCHE pour création d'un site internet, tous documents, renseignements concernant les drapeaux et la vexillologie des communes de Savoie. Nicolas Deprez, Chemin de Boissonnet 37, CH-1010 LAUSANNE. tel. 0041 21 652 00 88
5_7 Excursion vaudoise.
Il y a des choses étonnantes à voir, et beaucoup à apprendre, tout près de chez nous. Ainsi, le dimanche 25 avril, vous pouvez vous joindre à un groupe de Savoisiens qui partira à la découverte de plusieurs aspects insolites du canton de Vaud. Nous nous rendrons en autocar à Bex, où nous visiterons les historiques mines de sel. Après un repas prévu sur place, nous irons à Vevey découvrir l'impressionnant musée de l'alimentation.
5_8 Engagez-vous!
La Brigade de Savoie recrute des volontaires hommes et des vivandières pour participer à des fêtes de villages et autres manifestations. Sorties et manifestations prévues en 2004. L'association peut contribuer à l'achat du costume, dont le prix est de 515 euros.
Contacts:
Jean-Claude Garin 0450 23 26 54
Michel Vibert 0479 31 44 55
Bernard Bouvier 0450 69 02 95
5_9 Dîner dansant en Chablais le premier mai.
La Brigade de Savoie organise un grand dîner dansant au Château d'Avully, dans le cadre historique de la "Salle des Dames":
le samedi 1er mai à 19h30
Parking assuré.
Prix: 25 euros.
Le château d'Avully est situé sur la commune de Brenthonne, à 3km après Bons en Chablais en direction de Thonon.
Réservation auprès de:
Jean Jacquier 0450 72 39 64
Michel Lacroix 0450 89 22 63
5_10 Jean-Michel MATTEI à Chambéry le vendredi 7 mai 2004 à 20h30
Salle des conventions
Humour et fantaisie!
à ne pas manquer!
entrée adulte 12€, enfants 8€
buvette et stands
5_9 Déguster le Pain de Mai à Grésy sur Aix.
Le dimanche matin 9 mai aura lieu une fois encore la traditionnelle fête du Pain de Mai, organisée par l'amicale Amédée III avec le concours des Chevaliers du Bon Pain.
Venez nombreux, vous trouverez tout sur place: les pains cuits au feu de bois, les diots aux sarments, les tartifles du pays, les spécialités sucrées de Savoie...
La fête sera au hameau des Filliards à Grésy sur Aix, à partir de 9 heures et jusqu'à 13 heures.
Bon appétit...
5_10 Jeudi 20 mai (Ascension) à Annecy: hommage à Marguerite Frichelet.
En Savoie et surtout dans la vallée des Aravis, le symbole de mai 1793 et de la "guerre de Thônes" reste très présent dans les mémoires.
Au cours de ce printemps-là, tous les villages des Aravis se sont opposés aux envahisseurs qui n’étaient autres que les révolutionnaires français, et cela pour plusieurs raisons majeures. La première était le soutien, la fidélité, l’attachement des habitants de cette vallée de Savoie à la royauté (n'oublions jamais que la Savoie à cette époque n’était pas française). La deuxième raison qui révoltait les habitants c’était la conscription obligatoire décrétée par la Convention, et la troisième la stupéfaction devant le bouleversement de la religion et le sort réservé aux prêtres réfractaires.
Marguerite Frichelet est considérée comme l’âme de cette insurrection. Simple femme, elle a réussi l’exploit de lever une armée de 5000 hommes de la vallée de Thônes et de tenir plusieurs mois contre les envahisseurs.
Hélas, après les succès des premiers jours de mai, les forces se sont épuisées, les révolutionnaires français sont arrivés de tous côtés et les sanctions très lourdes ont suivi: répressions, pillages, châtiments pour tous les villages avoisinants.
Marguerite Frichelet fut capturée le dimanche 12 mai et déférée au tribunal criminel d’Annecy, condamnée à mort le 17 et fusillée sur le Pâquier le 18 mai 1793, en montrant un courage extraordinaire.
Plus que jamais ravivons le souvenir de cette femme qui a su au péril de sa vie s’opposer à la force de l’envahisseur.
Rendons-lui hommage!
Rendez-vous à Annecy sur le Pâquier à 10 heures.
La cérémonie sera suivie d'un pique-nique géant au bord du Fier, et du championnat interprovincial de coinchon.
6_1 Mots croisés: le cruciverbiste ducal.
Voir l'Echo N°71 
6_2 Nouvelle récolte de livres enchanteurs chez Cabédita.
Cela fait déjà plus de quinze ans que le Vaudois Éric Caboussat abandonnait son métier de facteur pour créer sa propre maison d'édition sous le nom de Cabédita. Le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas chômé: son catalogue est déjà riche de 450 titres, un exploit pour cet éditeur indépendant qui ne travaille qu'avec deux collaboratrices. Mais la passion est intacte, et nous revient ce printemps avec 14 nouveaux titres tous plus alléchants les uns que les autres.
Caboussat aime passionnément les territoires qui lui sont familiers et les gens qu'il y rencontre: son cher canton de Vaud d'abord, puis la Suisse romande, la Franche-Comté et la Savoie (même si une page de son catalogue s'intitule "Rhône-Alpes", impossible d'y dénicher le moindre ouvrage portant sur un sujet d'outre-Guiers ou d'outre-Rhône...). Il n'a pas son pareil pour dénicher des auteurs qui ont la passion de nous instruire et de nous charmer, et qui ne pourraient pas le faire dans l'édition française, si tenue par le microcosme parisien. C'est vraiment une chance, quand on aime la Savoie et les pays alentour, de pouvoir puiser, au hasard de la curiosité, dans les rayons de l'éditeur vaudois.
Parmi les nouveautés les plus érudites, on notera "La fabuleuse histoire du papier" de Michel Vernus, ou "L'arc jurassien, histoire d'un espace transfrontalier" de Laurent Tissot et Jean-Claude Daumas. Mais pourquoi ne pas s'instruire sur des sujets plus légers comme "L'absinthe, une fée franco-suisse" (Benoît Noël) ou "L'influence de la lune au quotidien"?
Petit à petit, mais à un rythme soutenu quand même, les éditions Cabédita réunissent une véritable encyclopédie régionale, très éclectique, dans laquelle les recettes de cuisine ou les histoires pour rire côtoient sans complexe les sujets les plus graves ou les plus savants. Il y en a vraiment pour tous les goûts, de quoi réconcilier tout un chacun avec la lecture, une activité trop souvent délaissée alors qu'elle est irremplaçable dans la formation de l'être humain.
Ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur la vie et la personnalité d'Éric Caboussat lui-même trouveront justement une biographie de l'éditeur dans les nouveautés du printemps 2004! Il s'agit du livre de Micha Grin, "À l'enseigne de la vie, Éric Caboussat au-delà des mots"...
L'assortiment de nos libraires ne pouvant pas être complet, n'hésitez pas à vous référer au catalogue:
— complet sur internet: www.cabedita.ch
— sélection sur papier à demander à Éditions Cabédita. BP16. 74500 SAINT-GINGOLPH
Bonnes lectures de printemps!