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Echo de Savoie n°70 (mars 2004)
A - Sommaire :
1 Actualités
    1-1 Axe Paris-Pékin.
    1-2 Échec d'une machination d'Aznar contre le nouveau gouvernement catalan.
    1-3 Genève: le souverain supprime les droits de succession.
    1-4 Autres votations en Suisse: le triomphe du "ni droite ni gauche".
2 Charles Quint
    2-1 Charles Quint, premier politique de l'Europe humaine.
    2-2 Charles Quint, dernier empereur de la chrétienté.
    2-3 Il était imprégné de la tradition et de la subsidiarité.
    2-4 Charles Quint n'était pas orgueilleux mais respectait l'autre.
    2-5 Charles Quint souhaitait fonder l'Union européenne sur la chrétienté.
    2-6 Charles Quint, premier politique de l'Europe humaine.
    2-7 Charles Quint, créateur du Nouveau Monde.
    2-8 Charles Quint, véritable Européen des traditions.
3 La nature et nous.
    3-1 "Nous, en montagne, on a de l'eau!"
4 Echos de la Ligue
    4-1 Danger: élections!
    4-2 Carnet savoisien.
    4-3 Petites annonces savoisiennes.
    4-4 Engagez-vous!
    4-5 Dîner dansant en Chablais le premier mai.
5 Fête nationale
    5-1 Fête nationale de la Savoie à Cluses.
    5-2 Message de Guiu Sobiela-Caanitz,
    5-3 La charia ne passera pas en Savoie.
    5-4 Une France qui s'écroule et qui légifère pour un foulard!
    5-5 L'islam modéré est un leurre!
    5-6 L'islam est un totalitarisme.
    5-7 La charia ne passera pas en Savoie.
    5-8 Vers la souveraineté.
    5-9 Le plébiscite de 1860, dernier rempart de l'imposture.
6 OTAN
    6-1 Quel avenir pour l'OTAN?
    6-2 OTAN: comment je vois l'avenir.
7 Interview de Jean BLANC
    7-1 Jean Blanc: pour défendre les montagnards.
    7-2 Les "Montagnards de Vanoise" cherchent une nouvelle stratégie.
    7-3 Les autres candidats savoisiens aux cantonales.
8 Interview de Jean-Pierre RAMBICUR
    8-1 Jean-Pierre Rambicur: la Ligue savoisienne prend racine en Bas-Chablais.
9 magazine
    9-1 Épigone du professeur Patagan,
    9-2 Les Expressions Savoyardes en BD, par Laurent Fiorese.
    9-3 Gastronomie :Le restaurant L'Éterlou à Faverges.
A - Dossiers :
 
1-1 Axe Paris-Pékin.
Les réceptions fastueuses offertes en janvier par Jacques Chirak, aux frais des contribuables français, au dictateur chinois Hu Jintao, dans un déploiement maximal de forces policières qui avait été testé peu avant à l'occasion des grandioses cérémonies marquant le début de l'année du Singe, ont révélé de quel côté la France se range réellement dans les affaires internationales.
Espérant décrocher de mirobolants contrats économiques (comme si les États-Unis et l'Allemagne n'avaient pas déjà pris de très solides positions en Chine), le président élu à 82% est allé bien au-delà de ce que désirait l'homme fort de Pékin, en réprouvant à plusieurs reprises publiquement les référendums que le gouvernement de Taïwan propose à son peuple afin de fortifier son indépendance: initiative "irresponsable", "agressive", "dangereuse", "une grave erreur"!
La discrétion de Chirak au sujet des Droits de l'Homme en Chine a pu laisser croire aussi à son hôte que la France considère comme de dangereux irresponsables les Tibétains et les Ouïgours qui tentent de résister à l'oppression qu'ils subissent...
Un an après le soutien objectif du gouvernement français à Saddam Hussein (autre dictateur qui traitait sa minorité kurde avec des méthodes très "républicaines") cette visite d'État confirme encore une fois que le pouvoir français choisit ses meilleurs alliés parmi les régimes les plus autoritaires et les plus violents, et méprise les démocraties comme celle de Taïwan.
Ce faisant, comme l'écrit l'éditorialiste Erik Izraelewicz dans "Les Échos" (du 29 janvier), "À vouloir se mêler d'une affaire (Taïwan) qui concerne d'abord la Chine et les États-Unis, la France risque de perdre Taipeh sans gagner Pékin!"
1-2 Échec d'une machination d'Aznar contre le nouveau gouvernement catalan.
Le 26 janvier dernier, le quotidien madrilène ABC révélait que le chef du gouvernement de Catalogne (son titre officiel est "Conseller en cap"), l'indépendantiste Josep-Lluis Carod-Rovira, avait rencontré secrètement à Perpignan le 4 janvier des dirigeants de l'ETA pour négocier une trêve de leurs attentats en Catalogne. Carod-Rovira n'a pas nié la réalité de la réunion et a reconnu qu'il n'en avait pas informé le président de la Généralité de Catalogne, le socialiste Pascual Maragall. Ayant remis sa démission, Carod-Rovira n'est plus le numéro un du gouvernement, il s'en retire momentanément pour faire campagne dans les élections législatives qui se tiendront le 14 mars dans toute l'Espagne. Mais l'alliance entre les indépendantistes de gauche (ERC, Esquerra Republicana de Catalunya, membre du PDPE-ALE), les socialistes catalans et les Verts continue. ERC reste présente au gouvernement avec cinq Conseillers, à côté de huit socialistes et deux du parti ICV. Carod-Rovira lui-même pourrait rentrer au gouvernement après les élections.
Il est clair que le Premier Ministre espagnol José-Maria Aznar redoute que la formule de l'alliance catalane se généralise à toutes les régions autonomes d'Espagne, dont certaines avanceraient ainsi sur la voie de l'indépendance. Dès lors tous les coups sont permis. Il a été établi que le journal ABC a reçu ses informations directement des services secrets de l'État espagnol. Dès lors on se demande bien pourquoi les fonctionnaires, qui ont pu enregistrer les six heures de discussions de Perpignan, n'ont pas arrêté les terroristes basques présents. La réponse est évidente: Aznar a besoin du terrorisme, qui sert de repoussoir pour ignorer les demandes légitimes des Basques, des Catalans, des Galiciens, etc.
Josep-Lluis Carod-Rovira ne regrette rien, sinon son erreur sur la forme de la négociation qu'il a tentée. Il rappelle qu'il a lui-même joué un rôle de premier plan, il y a 14 ans, pour obtenir la dissolution d'un groupe armé "Terra Lliure" en Catalogne. Il rappelle aussi que tous les gouvernements espagnols ont négocié avec ETA, lors de multiples rencontres qui ont eu lieu en Algérie, en France, en Suisse, en Belgique, au Cap-Vert, à Saint-Domingue. José-Maria Aznar lui-même avait suivi attentivement les négociations de Zürich en 1999. Mais la campagne électorale est ouverte, et tous les moyens sont bons pour effrayer l'électeur espagnol.
1-3 Genève: le souverain supprime les droits de succession.
Dans la République de Genève, c'est le peuple qui est souverain. Dimanche 8 février, il s'est prononcé par votation sur une initiative lancée par le parti libéral: supprimer l'impôt sur les successions et donations entre parents directs et entre époux. Le résultat est clair: 74,6% des Genevois ont dit oui à la suppression de cet impôt, aucun bureau de vote n'ayant donné un avis négatif. Dès que la nouvelle loi sera promulguée, les transmissions de patrimoine entre époux et entre parents en ligne directe seront donc exonérées totalement.
Sachant que le peuple vaudois se prononcera probablement dans le même sens au printemps prochain, la Savoie se trouve isolée en matière d'impôt successoral: seule la France maintient ce prélèvement, qui souvent contraint les familles à vendre leurs biens à des étrangers, alors que tour à tour le Valais, l'Italie, Genève et Vaud l'ont supprimé ou sont en train de le faire. Mais au Pays des Droits de l'Homme le souverain n'est pas le peuple, sinon ça se saurait...
1-4 Autres votations en Suisse: le triomphe du "ni droite ni gauche".
Ce même dimanche 8 février, les Suisses ont voté sur plusieurs autres objets, au niveau cantonal comme au niveau fédéral.
Les Genevois ont approuvé à 60% la suppression de la taxe de 3% sur les achats de logements (exclusivement pour y habiter soi-même) de moins de 500 000 francs suisses, et sa réduction jusqu'à 1 million de francs. À 54,6%, les mêmes électeurs ont refusé d'assouplir la protection du locataire en cas de vente du logement qu'il occupe.
Dans le même domaine, les Confédérés ont refusé à 67% le projet de révision de la législation des baux d'habitation. De nouvelles négociations sont ouvertes entre propriétaires et locataires.
Le même jour, les Suisses ont rejeté à 63% une proposition du Conseil fédéral tendant à relancer la construction d'autoroutes, à subventionner les voies automobiles urbaines et à réaliser un deuxième tube routier au Gothard: ils ont ainsi confirmé la priorité donnée au transfert du trafic sur le rail, et se résignent à subir les encombrements routiers car le budget fédéral ne permet pas de tout faire à la fois.
Sur le plan pénal, le peuple d'Helvétie a décidé, à 56,2%, que les "délinquants sexuels ou violents jugés très dangereux et non amendables" seront internés à vie, sauf si de nouvelles connaissances scientifiques prouvent qu'un traitement approprié pourrait les mettre sur la voie de l'amendement, voire de la guérison.
Les citoyens de la commune du Locle (canton de Neuchâtel) ont refusé à 74% la gratuité des transports en commun.
Chacune de ces propositions était soutenue par des partis politiques de droite ou de gauche. Mais les électeurs "font leur marché" en lisant les documents reçus de leur chancellerie cantonale ou fédérale, et votent, souvent par correspondance, dans le sens qui leur paraît juste, sans trop se préoccuper de la ligne de tel ou tel parti. Les gouvernements des cantons et de la Confédération, dont les membres sont issus des principaux partis de droite comme de gauche, sont bien obligés d'exécuter les volontés exprimées par le peuple souverain. C'est d'ailleurs la définition même du pouvoir exécutif que d'exécuter, alors qu'en France on retient surtout un autre sens du mot, tel qu'il apparaît dans l'expression "peloton d'exécution"...
Les Savoisiens ont tout intérêt à connaître et à faire connaître le fonctionnement de la démocratie suisse, qui met en pratique un principe cher à la Ligue savoisienne: ni droite ni gauche.
 
 
2-1 Charles Quint, premier politique de l'Europe humaine.
(article reproduit avec l'aimable autorisation de son auteur, le Dr. Patrice Planté)
Dans la nuit du 24 au 25 février 1500 naissait à Gand Charles de Bourgogne. (...)
L'Europe que nous sommes nombreux à souhaiter, association des autonomies et des États, respectant les cultures et les pouvoirs locaux autonomes, l'égal accès de tous aux fonctions communes, en un mot l'Europe de la subsidiarité juridique et pratique, a bien existé.
Celle qui s'oppose aujourd'hui au centralisme républicain et jacobin français ou, il y a 500 ans, au rouleau compresseur de la monarchie parisienne, représentée par François Ier, éternel coureur de jupons, influencée par l'équipe des Médicis, a été rêvée et réalisée pendant quelque temps par un homme exceptionnel, plus qu'amoureux de la France.
2-2 Charles Quint, dernier empereur de la chrétienté.
Il était le petit-fils et l'héritier de Marie de Bourgogne, fille unique et héritière du dernier duc de la Grande Bourgogne, Charles le Téméraire.
Par sa mère Jeanne de Castille, il était aussi le petit-fils et l'héritier des rois catholiques d'Espagne, Ferdinand et Isabelle.
Son grand-père Maximilien d'Autriche était l'époux de Marie de Bourgogne et empereur du Saint-Empire. Il lui succéda à la tête du Saint-Empire, qui réunissait notamment l'Allemagne, la Bohême, l'Autriche et nombre de terres qui devinrent par la suite françaises, telles l'Alsace, la Lorraine et le Cambrésis.
Duc de la Grande Bourgogne résiduelle, qui comprenait encore la Picardie, l'Artois, la Flandre, le Hainaut, la Franche-Comté et le Charolais, outre les actuels Belgique et Pays-Bas, Charles fut aussi le roi Charles Ier d'Espagne, régnant non seulement sur celle-ci mais aussi sur le Roussillon et la plus grande partie de l'Italie, de la Sicile au Milanais, sans parler des domaines américains du Mexique, des Caraïbes, de l'Amérique centrale, bientôt du Pérou, que les conquistadores avaient donnés à la monarchie péninsulaire, outre plusieurs implantations en Afrique, d'Oran à Tunis.
Enfin et tout à la fois empereur du Saint-Empire, Charles V (Charles Quint selon la formulation de l'époque) régnait sur tout le centre de l'Europe.
Ainsi, comme on l'a relevé, le soleil ne se couchait jamais sur son immense empire, dernier empire de chrétienté largement unifié.
Le futur Charles Quint disposait d'un quadruple héritage au croisement des chemins européens.
Par son père, lui-même fils de l'empereur Maximilien et de Marie de Bourgogne, il était à la fois de sang Habsbourg et bourguignon. Par les Habsbourg, il touchait au Saint-Empire romain et germanique. Par la Maison de Bourgogne, il était de Valois. Par sa mère Jeanne de Castille, il était petit-fils des rois catholiques d'Aragon, rois de Naples et de Sicile.
Il était Français, descendant direct, comme son contemporain le roi de France François Ier, du roi capétien Jean le Bon.
Sa langue était le français (il ne parlera que tardivement et mal l'espagnol et l'allemand) et sa culture était toute française, bourguignonne.
Il fut notamment l'auteur, outre ses mémoires en français, d'une version en prose française du "Chevalier délibéré" en vers d'Olivier de la Marche, l'épopée mélancolique de son arrière-grand-père Charles le Téméraire.
C'était en français qu'il écrivait ses lettres.
Dans son premier testament, de 1522, texte d'un catholicisme profond, Charles demanda à être enterré dans le panthéon chartreux de ses prédécesseurs les ducs de la Grande Bourgogne, à côté de Dijon en France.
Son dernier souffle sera en français: "C'est le moment", puis dans un ultime souffle en espagnol: "Ay, Jesus!".
Il était Espagnol, et après plusieurs séjours et le temps de se pénétrer des cultures et des coutumes de ce pays, il se maria avec sa cousine, l'infante Isabelle du Portugal. Mariage d'amour qui donne deux enfants: Philippe et Marie.
C'est en Espagne qu'il décida de finir sa vie après avoir abdiqué, fait exceptionnel à l'époque, au profit de son frère et de son fils. Il finit sa vie dans un monastère, la Sierra de Gredos, en pleine Estrémadure.
Il était Flamand et Bruxellois. Son étendard, celui des Habsbourg, le blason des domaines entourant l'aigle bicéphale surmonté de la couronne impériale et de l'épée de Charlemagne le traduit merveilleusement.
Lorsque Charles Quint fut élu Roi des Romains (c'est ainsi qu'on appelait l'empereur désigné), le Saint-Empire s'étendait sur un immense territoire comprenant l'Allemagne actuelle, l'Autriche, les Pays-Bas, une partie de la Belgique et la France du nord-est. C'était un conglomérat d'États princiers, ecclésiastiques ou laïcs, de villes libres et de minuscules seigneuries.
Choisi par les sept Électeurs, l'empereur n'avait en fait que peu de pouvoirs. Il n'avait à sa disposition ni armée ni impôts permanents. Il devait discuter avec la Diète pour avoir des subsides.
Il était duc de Milan et aima le vénitien Titien, véritable peintre de cour, qu'il anoblit.
Il s'opposa longuement au Pape, du fait de l'imbroglio politique de la péninsule italienne. L'Italie fut, dans les dernières années du XVe. siècle et la première moitié du XVIe., le principal champ de bataille de l'Europe.
La civilisation y était largement en avance sur celle des autres nations.
Les Italiens avaient mis au point les techniques nouvelles du grand commerce et de la banque.
Ils avaient développé les industries de luxe, telles la soierie et la miroiterie.
Mais le pays était morcelé entre plusieurs États rivaux comme le Royaume de Naples, l'État pontifical, Florence, Gênes et Venise, les Duchés de Milan et de Savoie.
Charles Quint poursuivit la politique traditionnellement tournée vers l'Italie de la Maison d'Aragon.
2-3 Il était imprégné de la tradition et de la subsidiarité.
Charles Quint incarnait une tradition française et catholique (celle venue de Saint Louis et des autres rois français du Moyen-Âge), différente de la tradition unitariste parisienne de la nouvelle monarchie, puis de notre république.
Charles incarnait également la tradition des autonomies provinciales, du respect des cultures et pouvoirs locaux autonomes, de l'égal accès de tous aux fonctions communes, en un mot de la subsidiarité qui faisait de la Bourgogne, de l'Espagne et du Saint-Empire, non des États unitaires, mais des collections d'autonomies égales, juridiquement et pratiquement.
Ainsi en Espagne, la Castille et l'Aragon conservaient leurs personnalités et leurs assemblées normatives propres.
C'est cette subsidiarité dont rêvaient précisément Anne de Bretagne et Marguerite de Navarre pour sauvegarder, par Charles ou par son fils, la personnalité de leurs petites nations, qu'allait immanquablement faire disparaître le rouleau compresseur de l'unitarisme parisien.
Les autres Français non soumis à Paris réagissaient de même.
À Pavie en 1525, François Ier n'est pas vaincu et fait prisonnier par les chefs de guerre espagnols ou allemands de Charles Quint, mais par le Flamand français Charles de Lannoy, vice-roi pour l'empereur en Italie.
2-4 Charles Quint n'était pas orgueilleux mais respectait l'autre.
Pourtant, contrairement à ce qu'a mis dans les esprits une historiographie que l'on sait aujourd'hui partiale et manipulée, Charles Quint, très attentif chrétiennement à son prochain, n'en profite nullement pour chercher à abattre ou à vassaliser la France parisienne, qu'il respecte profondément.
En 1525, Charles interdit en Espagne toute réjouissance publique pour la défaite du roi de France à Pavie.
Plus tard, en 1543, l'instruction générale que Charles donne à son fils Philippe, régent d'Espagne, instruction confirmée en 1548, est de "rester en bons termes avec la France".
Et, en 1557, lors de sa retraite d'après abdication, dans la prière au monastère de Yuste, il fait placer, à côté de ses portraits de famille, le portrait du roi de France, note son biographe français Jean Babelon.
C'est devant ce portrait qu'il va mourir en grand chrétien, l'année suivante.
Le tombeau, en son honneur, sera alors publié par un Français encore: le poète charolais de la Pléiade, Guillaume des Autels.
2-5 Charles Quint souhaitait fonder l'Union européenne sur la chrétienté.
S'il y a opposition entre la monarchie française d'alors et la magistrature impériale de Charles Quint, c'est à un niveau beaucoup plus profond, qu'il importe aujourd'hui de ramener à la mémoire.
Charles Quint, catholique exigeant dans sa vie personnelle, est le dernier empereur de la chrétienté, véritable ciment naturel des peuples. Une chrétienté que Charles ne cesse de défendre vigoureusement, contre les Turcs par exemple.
Au contraire, la monarchie française de François Ier ne recherche alors que la promotion de ses intérêts dynastiques et nationaux particuliers, sans idée des peuples ou des coutumes.
Par exemple, en février 1536, au service des ambitions italiennes du roi de France, l'envoyé de François Ier à Constantinople, le Français Charles de Marillac, signe avec le sultan Soliman le Magnifique la première alliance franco-turque, c'est-à-dire franco-islamique, comportant une capitulation consulaire et commerciale, qui est publiée, en même temps qu'une alliance militaire maintenue secrète.
De nombreuses alliances franco-islamiques permirent à l'islam de mettre le siège devant Vienne, autre cœur de l'Europe, en 1529, en 1532 et de nouveau en 1683.
En Europe centrale, l'avancée islamique est également soutenue par les écus français et l'artillerie française, que fait livrer aux armées de Soliman le même François Ier.
Charles Quint, lui, ne cesse de combattre ce péril immédiat et généralisé, reprenant l'Autriche et une partie de la Hongrie, enlevant la place forte arrière de Tunis en 1535, échouant en 1541 devant Alger.
La victoire décisive de la catholicité devra attendre 1571, à Lépante, par les soins du fils de Charles, Philippe II, et du frère naturel de celui-ci, Don Juan d'Autriche.
Devant les attaques turques, la République de Venise menacée demanda de l'aide aux puissances chrétiennes.
Le Pape Saint Pie V donna l'organisation de la flotte chrétienne à Don Juan d'Autriche et à Philippe II, fils de Charles Quint.
Le 7 octobre 1571 les deux mondes s'opposèrent, d'un côté les chrétiens avec 240 galères et 120 000 hommes, et de l'autre les musulmans avec 300 galères et près de 200 000 hommes.
Toutes les galères turques furent prises à l'exception d'une trentaine, 30 000 Turcs furent tués.
Cette bataille, si elle n'apporta aucun gain immédiat aux vainqueurs, puisque les Turcs conservèrent l'île de Chypre, eut cependant un grand retentissement moral dans la chrétienté et dans l'Europe entière.
Elle mettait fin au mythe de l'invincibilité de l'Empire Ottoman, malgré les railleries de Monsieur Voltaire.
Là encore, la France de Charles IX refusa de participer à la Sainte-Ligue de Lépante, comme le lui demandait le Pape Saint Pie V.
2-6 Charles Quint, premier politique de l'Europe humaine.
La France chercha même à en détacher la Sérénissime de Venise et y parviendra deux ans plus tard, en 1573, rendant à l'islam un nouveau service signalé contre la catholicité, ce qui lui permettra de reprendre Tunis aux chrétiens en 1574. Pour ajouter encore à la honte des actions des dirigeants français, en 1543 François Ier offrait à l'islamique Barberousse "une épée d'honneur" et lui livrait la ville, le port et la rade de Toulon, après en avoir expulsé les habitants chrétiens, non sans avoir, dans les mois précédents, fait attaquer et saccager la ville chrétienne de Nice par la flotte française et la flotte islamique réunies.
Celles-ci massacrèrent en commun, l'année suivante, la population chrétienne de Lipari, sous le couvert de l'étendard aux fleurs de lys de la Réale française et grâce aux plus de 800 000 écus d'or versés à Barberousse sur l'ordre de François Ier.
Tout cela à l'indignation de l'Europe entière, indignation qui fera dire, même aux protestants de la Diète impériale de Spire: "Le roi de France est autant ennemi de la chrétienté que le Turc lui-même".
On reproche à Charles Quint la mise à sac de Rome en mai 1527, mais c'est oublier que c'est encore un Français, le connétable de Bourbon, en révolte contre le roi de France et passé au service de Charles Quint, en association avec les lansquenets luthériens de Frundsberg, impayés, qui est à l'origine de ce drame.
Charles Quint réparera et paiera en signant la paix de Barcelone avec Rome, le 29 juin 1529.
C'est d'ailleurs à la suite de cette tragédie qu'il recevra la couronne d'or du Saint-Empire des mains du Pape Clément VII dans la basilique San Petronio.
2-7 Charles Quint, créateur du Nouveau Monde.
Charles Quint, grand voyageur, malgré le fait de ne jamais avoir traversé l'Atlantique, fut à l'origine de la transformation de l'Amérique:
— introduction outre mer de nombreuses plantes européennes, dont le blé et la vigne;
— prolifération extraordinaire du bétail européen;
— introduction de l'imprimerie au Mexique;
— création d'universités à Saint-Domingue, à Lima, à Mexico...
Là aussi, de nombreux historiens "soviétiques" se sont attardés à noircir le tableau des nombreux excès coloniaux réalisés du fait de la recherche de l'or au Pérou et de l'argent au Mexique.
Malgré tout, le tonnage des marchandises était beaucoup plus considérable dans le sens Europe-Amérique et comprenait des produits très variés, vins, huiles, draps, tissus.
2-8 Charles Quint, véritable Européen des traditions.
Charles Quint fut un véritable Européen des traditions, contre François Ier, traître à son héritage de la grande chrétienté française venue du Moyen-Âge. L'histoire ne fait que se répéter lorsque l'on observe l'attitude des politiques français refusant l'harmonisation de l'Europe des Libertés.
L'Éducation nationale française nous a caché la puissance politique de cet homme, vantant sans fin les mérites de François Ier en insistant sur les constructions magnifiques de la vallée de la Loire.
Notre culture est européenne, il est donc temps d'aiguiser notre curiosité en luttant contre la pensée unique historique française.
Patrice Planté.
 
 
3-1 "Nous, en montagne, on a de l'eau!"
Sous nos climats tempérés, l'eau est considérée comme une ressource renouvelable. Cette vision partagée par le plus grand nombre est, en particulier, associée au milieu montagnard qui semble fonctionner comme un gigantesque réservoir. Ce constat n'est juste qu'en partie. Les Alpes ne sont pas un véritable château d'eau.
Certes, sous l'effet de l'altitude, les précipitations augmentent et les glaciers, hérités de l'époque quaternaire (leur retrait a commencé il y a 10 000 ans) constituent encore d'énormes réserves. Mais, pour qu'un château d'eau fonctionne parfaitement, il faut trois conditions: que l'alimentation ne diminue pas, que le réservoir ne perde pas et que la consommation ne soit pas trop excessive. Or, la montagne réunit ces trois faiblesses.
Le déficit d'enneigement en début d'hiver a été déjà constaté dans le passé. Mais ce phénomène s'inscrit maintenant dans une évolution globale admise par les observateurs scientifiques. L'enneigement moindre à des altitudes moyennes et le report des précipitations vers le printemps amoindrissent la ressource en eau. Moins de neige et plus tardivement signifient moins d'eau et une fonte moins progressive.
Le château d'eau est donc à la fois moins alimenté et, de plus, il retient diffficilement l'eau! En effet, à cause de la géologie et du relief, la montagne ne possède pas, comme dans les plaines, de nappes phréatiques qui, grâce à leur grand pouvoir de rétention, réagissent lentement aux aléas climatiques. En montagne, la ressource est constituée surtout d'eaux de surface qui ruissellent et qui sont soumises à de grandes variations saisonnières. Il existe cependant quelques réservoirs aquifères d'altitude. Ils correspondent à des zones de surcreusement d'origine glaciaire, aujourd'hui remblayées par des alluvions (Vallées des Chapieux, de Rosuel, de Foran). Encore faut-il déterminer leurs réserves et surtout leur capacité de renouvellement.
Si le château d'eau n'est plus autant alimenté (voir les barrages EDF qui, cet été, ne se sont pas remplis), s'il retient difficilement l'eau, il est encore plus nécessaire de bien gérer la consommation! Or la Tarentaise, premier pôle touristique pour les sports d'hiver, fonctionne comme une gigantesque pompe.
À raison de 400 000 lits touristiques et d'une consommation par personne de 250 litres/jour (avec les activités induites), la Tarentaise, en haute saison, consomme quotidiennement 100 000 m3 d'eau, sans compter les besoins de la population locale. D'où la nécessité d'allonger les réseaux d'eau potable, d'aller la chercher dans les réservoirs aquifères et d'investir.
Malheureusement, les besoins en eau potable ne sont plus les seuls à être pris en compte. En une décennie, pour remédier au déficit de l'enneigement, toutes les stations se sont dotées d'installations de neige de culture. Le phénomène, qui a d'abord touché les stations de basse altitude, se généralise à l'ensemble des domaines (ex: Tignes, à 2150 M, 40 ha de pistes enneigeables artificiellement. Avis favorable de la Commission des sites de la Savoie pour l'installation de canons à neige sur le Glacier de la Grande Motte*). Pour produire 2 m3 de neige, il faut 1 m3 d'eau, ce qui équivaut sur l'hiver à 4000 m3 par hectare. "C'est beaucoup plus que le maïs qui absorbe 1700 m3 à l'hectare en Isère. 15% des surfaces skiables, avec des variations de 5 à 60%, selon les stations, sont ainsi couvertes de flocons qui ne sont pas tombés du ciel*". Actuellement, 1,5 million de m3 d'eau sont utilisés pour la fabrication de la neige de culture; des aménageurs prévoient dans 5 ans des besoins évalués à 8 millions.
Où trouver cette eau, lorsqu'en hiver les ressources naturelles sont très limitées et que la consommation en eau potable est trés forte? Dans les réseaux, au risque de priver le consommateur de l'eau du robinet? Dans les torrents en période d'étiage, quand tout prélèvement d'eau en milieu naturel est soumis au respect d'un débit résiduel minimum égal au 1/10e. du module annuel (loi pêche de 1984 et loi sur 1'eau de 1992)? Dans les retenues collinaires remplies en été? L'avantage est de limiter les pompages hivernaux mais il faut les intégrer au paysage et résoudre le problème de la sécurité des biens et des personnes à l'aval.
L'eau est donc devenue un enjeu majeur dans l'aménagement de la montagne. Outre les aspects qualitatifs et les problèmes torrentiels qui n'ont pas été évoqués, il faut désormais ajouter l'aspect quantitatif. La bataille de l'eau ne fait que commencer: après l'or blanc, voici l'or bleu.
Lorsque le Plan Neige a démarré dans les années 70, qui pouvait penser qu'en 2003 le Conseil Général de la Savoie initierait une étude d'opportunité sur "La gestion de l'Eau et des cours d'eau sur le Bassin de l'Isère en amont d'Albertville" et que le bureau d'études, dans ses conclusions, placerait le problème de la ressource en eau comme le premier enjeu à résoudre?
(*voir Dauphiné Libéré du 1er Décembre 2003)
Jean-Yves Vallat
Vice-Président de la Fédération de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique de Savoie.
(Article paru dans le Bulletin municipal de Bourg Saint-Maurice. Décembre 2003)
 
 
4-1 Danger: élections!
Dans l'annuaire de la Savoie (pages blanches) la préfecture de Chambéry indique les numéros de téléphone de ses principaux services. Pour le Bureau des Élections, on trouve deux lignes:
— élections-explosifs 0479 75 50 91
— élections-dons et legs-pompes funèbres 0479 75 50 95
Pas de quoi rassurer les candidats!
4-2 Carnet savoisien.
"Chers amis,
Le temps d'attente est fini. Nous sommes heureux de vous faire part de la naissance de notre fille Léonie qui est née le 31.01.2004 . Elle pèse 3320 g et fait 50 cm.
A bientôt.
Susanne et Bruno Mattis"
4-3 Petites annonces savoisiennes.
(insertion gratuite pour nos abonnés)
— Carte historique de la Savoie en 1856, éditée sur papier glacé 70X50cm. 3 euros la copie. tel 0450 43 33 95.
— Jeune couple en activité, avec bébé, recherche appartement type F2 ou plus, secteur Thonon, Sciez ou environs. tel. 03 88 62 14 17 ou 06 82 49 30 01.
— Jeune couple recherche pour achat maison avec plusieurs appartements, à rénover; si possible secteur Thônes, Aravis. Étudie toute proposition. Budget 200 000 euros. Écrire ou téléphoner au Secrétariat, qui transmettra.
— Jeune couple achète maison ou chalet, minimum 2 chambres et jardin, même avec travaux. Budget 180 000 euros maximum. Secteurs: Bassin annécien, Albanais est, Faverges, Thorens, Aravis. Appeler (le soir) 0450 32 76 79 ou secrétariat de la Ligue qui transmettra.
— RECHERCHE films argentiques (pas video) tous formats (principalement 16 mm) tournés en Savoie ou dans la région lémanique (Chablais, Genève, Valais, Vaud). Catégorie indifférente (voyage, famille, sport, films à scénario, fiction, etc.). Courts ou longs métrages, sonores ou muets, noir et blanc ou couleurs, toutes époques. Faire offre au 0450 35 48 97.
— RECHERCHE pour création d'un site internet, tous documents, renseignements concernant les drapeaux et la vexillologie des communes de Savoie. Nicolas Deprez, Chemin de Boissonnet 37, CH-1010 LAUSANNE. tel. 0041 21 652 00 88
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Merci de contacter le 02 35 88 83 83 (Bureau) ou le 06 61 35 28 58.
4-4 Engagez-vous!
Pour son groupe historique et culturel, la Brigade de Savoie recrute des brigadistes et des vivandières. Sorties et manifestations prévues en 2004. Prix du costume: 515 euros.
Contacts:
Jean-Claude Garin 04 50 23 26 54
Michel Vibert 04 79 31 44 55
Bernard Bouvier 04 50 69 02 95
4-5 Dîner dansant en Chablais le premier mai.
La Brigade de Savoie organise un grand dîner dansant au Château d'Avully, dans le cadre historique de la "Salle des Dames":
le samedi 1er mai à 19h30
Parking assuré.
Prix: 25 euros.
Le château d'Avully est situé sur la commune de Brenthonne, à 3km après Bons en Chablais en direction de Thonon.
Réservation auprès de:
Jean Jacquier 04 50 72 39 64
Michel Lacroix 04 50 89 22 63
 
 
5-1 Fête nationale de la Savoie à Cluses.
 
fetenat.jpg (42950 octets)
 
Pour la neuvième fois, la Ligue savoisienne organisait un grand banquet célébrant la date du 19 février 1416, ce jour historique qui vit à Chambéry l'empereur Sigismond accorder la couronne ducale à Amédée VIII, conférant à la Savoie le statut d'État souverain au sein de l'Europe impériale.
Plus de 450 convives se sont retrouvés à Cluses, au Parvis des Esserts, pour partager un excellent repas animé par l'orchestre latino-américain Costa Pena. Le menu avait été préparé par monsieur et madame Vaudaux, traiteurs à Marnaz.
Gilles Rosset, chancelier de la Ligue savoisienne en Faucigny, souhaitait vers 12h30 la bienvenue à tous les Savoisiens et à leurs amis. Il passait la parole à Jean de Pingon, fondateur de la Ligue savoisienne et actuel président de son Conseil consultatif, pour un discours sur l'islam qui fera date: nous reproduisons ci-après l'intégralité des propos tenus par Jean de Pingon.
Plus tard dans l'après-midi, il revenait à Jo Dupraz, ancien chancelier du Faucigny et président de l'amicale d'entraide, organisatrice de la journée, d'annoncer la gagnante, par tirage au sort, de la tombola dont le lot était un "potet" de belle taille avec son collier de cuir clouté: c'est la savoisienne Georgette Mopti, de Magland, qui a remporté ce magnifique exemplaire de l'artisanat populaire de la Savoie. Les danseuses et danseurs avaient envahi depuis longtemps l'avant-scène, qu'ils n'abandonnèrent que bien plus tard...
L'amicale d'entraide du Faucigny remercie sincèrement toutes les personnes efficaces qui ont contribué à la réussite de cette fête, et plus précisément les époux Sultanian, venus de Manosque, et la charmante Marlène, du Chablais.
Un grand merci à l'adhérent qui a offert la cloche qui fut l'enjeu de la tombola: il a voulu rester anonyme.
5-2 Message de Guiu Sobiela-Caanitz,
linguiste, membre de l'UFCE.
Chers amis, Savoisiennes et Savoisiens,
Recevez mes vœux les plus chaleureux à l'occasion de cette Fête Nationale de la Savoie. Je suis de cœur ce jour avec vous, d'autant plus que je me souviens volontiers des congrès de votre Ligue auxquels j'ai pu assister. Puissiez-vous célébrer cette fête dans la concorde et y puiser la force d'affronter les défis et échéances, électorales et autres, des mois à venir!
On nous parle de reprise économique. Nous nous en réjouissons tous. Néanmoins, cela va poser avec une acuité nouvelle l'éternel problème des transports routiers traversant les Alpes, avec leur cortège de pollutions et de nuisances de toute sorte.
Ici en Suisse on a choisi de donner la priorité aux transports sur rails. La construction de nouveaux axes ferroviaires est une tâche de longue haleine qui nous coûte fort cher. Mais le peuple suisse vient de confirmer que tel est son désir. Lors d'une toute récente votation populaire fédérale, la première de 2004, il vient d'opposer un "non" franc et massif à ceux qui lui demandaient un chèque en blanc pour percer un nouveau tunnel routier sous les Alpes.
C'est pourquoi je formule le vœu ardent que le peuple souverain de Savoie puisse bientôt, lui aussi, formuler sa propre politique quant aux transports traversant les Alpes.
D'autre part, j'ai été fort impressionné par la richesse et la variété du dictionnaire francoprovençal qui vient de sortir aux éditions Le Carré de Thonon-les-Bains. Il est à sa place dans les mains de toute personne voulant mieux connaître cette partie trop souvent oubliée de votre héritage spirituel. D'autant plus que la pratique orale de cette langue n'a nullement nui, bien au contraire, au talent de grands écrivains en langue française, tels que saint François de Sales et Joseph de Maistre. De plus en plus, en Suisse et ailleurs, on se rend compte que le bilinguisme est une richesse, car il stimule l'esprit et rend plus apte à comprendre d'autres cultures.
Bonne journée, donc! Vive la Savoie! Vive l'Europe!
5-3 La charia ne passera pas en Savoie.
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Allocution prononcée à Cluses le 19 février 2004 par Jean de Pingon, fondateur de la Ligue savoisienne, lors du banquet de la Fête nationale de la Savoie.
photo sans légende: "Pingon discours" (recadrer)
Chaque jour qui passe nous fait les témoins de la déchéance de la France. La déchéance, le déclin, la France qui tombe, la France qui perd, les analystes ne manquent pas de mots pour confirmer, jour après jour, cette chute de la France qui ne nous surprend pas car nous l'avions annoncée de longue date.
En temps normal je vous aurais dit: nous ne nous réjouissons pas de cela car on ne peut se réjouir du malheur des hommes.
En temps normal... Mais nous ne sommes plus en temps normal, alors je vous le dis bien haut: l'écroulement économique de la France, la déliquescence de ses institutions, l'échec de l'intégration des populations émigrées et ce qui en découle, la violence urbaine, les actes d'incivilité et de délinquance qui se multiplient, tout cela ne m'attriste aucunement.
Cela n'est pas très chrétien, mais ce que la France, fille aînée de l'église, a fait et continue à faire à la Savoie, l'est encore moins.
Je suis donc satisfait de voir enfin la France s'écrouler et j'attends avec impatience le jour où elle ne pourra plus payer ses fonctionnaires, le jour où les Français se réveilleront dans un État en faillite, incapable d'assurer ses devoirs d'enseignement, de sécurité et de santé, dans un État policier grâce aux lois Sarkozy et Perben, dans un État corrompu avec un président qui a financé son élection en volant l'argent de ses concitoyens. C'est de Jacques Chirac que je parle ici. Un président qui ne cesse de s'attaquer au pouvoir judiciaire dont il a tant à craindre, et c'est pour cela qu'il s'acharne à réduire le peu de démocratie qui existe en France. Ce n'est pas pour rien qu'il encense Poutine en oubliant la Tchétchénie, glorifie la Chine en faisant l'impasse sur le Tibet, et félicite la Tunisie pour son respect des Droits de l'homme!
Ces hommages répétés aux dictatures participent également de l'écroulement de la France.
5-4 Une France qui s'écroule et qui légifère pour un foulard!
Avant d'être un signe religieux, le voile est surtout signe d'un comportement archaïque et symbole d'assujettissement des femmes. C'est donc un problème politique qui se pose avec l'affaire du voile islamique, cela ne se règle pas avec une loi sur la religion.
D'autant plus que la question qui se pose est de savoir si l'islam est véritablement une religion.
Claude Imbert, fondateur de l'hebdomadaire "Le Point", membre du Haut Conseil à l'intégration, s'est déclaré "islamophobe", estimant que la religion musulmane "apporte une débilité d'archaïsmes divers". Ce qu'il dénonce c'est en fait une prise d'otages:
LES MUSULMANS SONT LES PREMIÈRES VICTIMES DE L'ISLAM!
Après avoir nourri une civilisation brillante au dixième siècle, puis florissante dans l'Espagne andalouse, l'islam s'est vite révélé stérile, il a raté le virage de la modernité et, par voie de conséquence, de la croissance économique.
Aujourd'hui l'islam, qui doit son renouveau essentiellement aux pétrodollars d'Arabie Saoudite, voudrait imposer ses préceptes archaïques en Europe.
De beaux esprits prétendent que l'islam est compatible avec les institutions occidentales et prônent un islam républicain: ils espèrent moderniser l'islam. Ces beaux esprits évoquent un islam modéré, qu'ils opposent à l'islam radical, dit fondamentaliste. Le premier serait bon et le second mauvais. Les choses ne sont pas si simples!
5-5 L'islam modéré est un leurre!
L'islam modéré est un leurre, un fait récent vient encore de nous le montrer. Le premier février de cette année, lors du traditionnel pèlerinage de la Mecque —un pèlerinage qui constitue le cinquième pilier de l'islam dit modéré— une bousculade entraîna la mort de 244 personnes et en blessa tout autant.
Le ministre saoudien du pèlerinage déclara qu'il ne fallait voir là rien d'autre que la volonté de Dieu... Ce musulman modéré ne peut condamner, même modérément, d'autres musulmans modérés qui ont piétiné leurs semblables sur le chemin de Mahomet.
L'Arabie Saoudite est le berceau de l'islam, la famille Saoud appartient à la secte rigide et puritaine des Wahhabites. L'Arabie Saoudite, c'est un revenu pétrolier de 200 millions de dollars par jour, 16% du produit intérieur brut du pays sont réservés au Zadkat, l'aumône purificatrice, troisième pilier de l'islam modéré. Le produit de cette aumône est affecté aux pauvres, à la construction de mosquées et au financement d'écoles coraniques. Une partie va également à ceux qui participent "à la lutte dans le chemin d'Allah". Traduit en occidental cela veut dire "terrorisme": 15 des 19 pirates de l'air de l'attentat du 11 septembre étaient des Saoudiens.
Dans les 50 000 mosquées du royaume d'Arabie Saoudite les imams et prédicateurs prêchent la haine de l'Occident.
Il y a moins d'un demi-siècle il existait quantité d'islams: islam bosniaque, islam marocain, islam indonésien, etc., cette dispersion et cette diversité garantissaient alors l'innocuité de l'islam.
Et c'est l'Arabie Saoudite, dépositaire de l'islam le plus archaïque et le plus radical, qui l'a institutionnalisé en islam identitaire grâce aux pétrodollars. Et c'est cette région, source du terrorisme international et du fondamentalisme, qui forme la plupart des imams européens et finance la majorité des mosquées!
Ce haut lieu de l'islam, où ses adeptes se piétinent en priant!
C'est qu'on piétine souvent ses semblables lors du pèlerinage de la Mecque. C'est d'ailleurs une constante de l'islam: l'islam piétine les droits de l'homme, la démocratie, les femmes, et même, et surtout, les musulmans qui sont les premières victimes de l'islam.
Oui, les premières victimes de l'islam ce sont les musulmans, il convient de le dire bien haut et de le répéter afin qu'on ne se trompe pas de combat.
L'immense majorité des musulmans est constituée de musulmans modérés mais ils sont tous otages d'un islam qui lui n'est pas modéré.
L'islam ne s'occupe pas seulement du salut des âmes, il a vocation, à travers la charia, à régenter le quotidien des hommes jusqu'à leur organisation politique. L'obéissance de tous les citoyens va d'abord à la loi divine, la charia constitue ainsi la référence normative de l'ensemble de la communauté. L'islam est une idéologie politique!
L'imitation du prophète est l'un des préceptes de l'islam. Mahomet étant analphabète, dans la plupart des écoles coraniques on n'apprend pas à lire et à écrire, mais à réciter les versets du Coran.
Le mot Qor'an signifie: récite. Le mot islam signifie soumission.
Le Coran c'est la parole de Dieu, on ne peut que s'y soumettre, et y soumettre les autres.
L'islam est une idéologie politique totalitaire !
Les imams et prédicateurs sont plus astucieux qu'il n'y parait. Ils connaissent le livre des ruses aussi bien que le Coran: le livre des ruses est un ouvrage ancien de stratégie politique. Ils utilisent la takya, ce terme désigne le double langage. Tant qu'ils ne sont pas majoritaires, ils se cachent derrière l'islam dit modéré, dès qu'ils ont un poids électoral les choses changent.
5-6 L'islam est un totalitarisme.
La liberté des cultes et des religions est un principe démocratique mais en aucun cas il ne doit permettre à une idéologie politique totalitaire de diffuser sa doctrine.
Bien entendu aucun pays d'islam n'est démocratique, si la démocratie est incompatible avec l'islam c'est parce que l'islam est un totalitarisme.
Sur ce chapitre l'Europe n'a pas de leçons à donner: en un seul siècle nous avons eu le communisme, le fascisme, et le nazisme.
Pas de leçons à donner mais de terribles expériences à retenir afin de ne pas sombrer de nouveau dans le totalitarisme.
En quoi pouvons-nous comparer l'islam à ces totalitarismes?
En 1949 un sociologue qui étudiait le communisme l'avait qualifié comme "islam du XXe. siècle", aujourd'hui on pourrait désigner l'islamisme comme "communisme du XXIe. siècle."
Le terroriste Illich Ramirez Sanchez, plus connu sous le nom de Carlos, vient de publier un ouvrage qui s'intitule "L'islam révolutionnaire". Il s'est en effet converti à l'islam. Ses réflexions reposent sur les principes essentiels de l'islam dit modéré, l'oumma, c'est-à-dire la communauté des croyants, et la division du monde selon l'islam: dar al islam, la terre de l'islam, dar al harb, le territoire de la guerre, c'est-à-dire tous les pays qui ne sont pas encore musulmans et qu'il faut soumettre.
Voici ce qu'il écrit:
"L'islam révolutionnaire est évidemment politique dans la mesure où dans la Révélation il n'existe aucune séparation entre religion et politique. (...) Ayant réalisé sa mutation pour répondre aux défis de la modernité, l'islam a acquis une irréversible dimension politique et révolutionnaire, laquelle, depuis l'effondrement du camp socialiste, est devenue la principale force de transformation active des sociétés et de lutte anti-impérialiste. (...) La troisième guerre mondiale est déjà commencée..."
Carlos n'utilise pas la takya, avec lui les choses ont le mérite d'être claires.
 
En islam l'individualisme, et donc la liberté individuelle, n'existent pas. La démocratie politique n'a jamais existé en terre d'islam et les droits de l'homme, comme droits de l'individu, n'ont jamais été reconnus. La liberté individuelle y est minimisée au profit de l'égalité communautaire, le droit public et le droit pénal n'y ont aucun sens car le monde islamique privilégie la communauté des croyants face à la vie personnelle de l'individu et n'est pas près d'accepter la séparation des pouvoirs religieux et politique.
Le cardinal Cottier, un dominicain genevois qui est devenu le théologien du pape, s'est récemment exprimé sur l'islam, voila ce qu'il dit:
"Pour moi c'est le problème numéro un..." Et le cardinal Cottier d'ajouter: "L'islam c'est une sorte de bulldozer qui débarque chez nous en véhiculant des modes de pensée primitifs avec une formidable pression sociale."
Tout est dit.
 
Jusqu'à présent le débat sur l'islam a été faussé car détourné à des fins racistes ou électoralistes. Le débat a été ainsi perverti. D'autre part nous n'avions pas, et de loin, tous les éléments de ce débat. Le débat sur l'islam souffre aussi d'un "politiquement correct" étouffant. Le politiquement correct c'est bien souvent la tolérance qui protège l'intolérance, et cela empêche le débat de s'instaurer et laisse le champ libre à ceux qui développeront des solutions démagogiques.
En France l'islam est un sujet sous haute surveillance: dès que l'on prononce le mot islam on sent poindre le mot racisme et l'arsenal de lois qui s'y rapporte.
J'ai bien conscience que les arguments que je développe ici, bien que n'ayant aucun caractère raciste, pourraient être récupérés par des mouvements racistes qui n'apportent d'autres solutions que leur haine ordinaire.
Je vous mets donc en garde: le racisme que distille ces mouvements est un breuvage empoisonné qui aveugle la raison.
Le racisme n'a pas sa place dans ce débat, et cela d'autant plus que les musulmans sont les premières victimes de l'islam!
5-7 La charia ne passera pas en Savoie.
Je crois avoir posé le problème sans avoir sacrifié au politiquement correct ni à la démagogie et je pense avoir montré les enjeux.
À présent les choses sont claires et nous devons nous exprimer clairement.
L'Europe a assez souffert des totalitarismes, après le communisme, le fascisme, le nazisme, voici qu'arrive l'islamisme!
L'islam a aujourd'hui des millions d'adeptes en Europe, c'est le plus grand défi que nous aurons à affronter durant ce siècle car l'islam n'est pas eurocompatible. C'est le chancelier Helmut Kohl qui a déclaré que l'Europe devait rester un club chrétien.
Pour Alexandre Adler, éminent analyste et conseiller d'Hervé Gaymard, il est une réalité que nous ne pouvons plus ignorer: "La France est le quatrième État maghrébin". Pourquoi monsieur Adler emploie-t-il ici le mot "État"? Il y aurait donc un État dans l'État? Et quel est son mode de gouvernement? Serait-ce celui qui émerge aujourd'hui dans les zones dites "de non-droit", serait-ce la charia?
La France n'a pas su répondre au défi de l'islam, dans les années qui viennent l'islam sera l'élément prépondérant de l'écroulement de ce pays.
Pour la France donc, point de salut, mais pour les Savoisiens il reste un ultime recours: la Savoie souveraine!
Dans la Savoie souveraine une loi fondamentale sur la nationalité devra être votée, je pense qu'il faudra alors s'inspirer de la démocratie suisse. C'est-à-dire renoncer au droit du sol et mettre en place des dispositions de naturalisation facilitée pour les étrangers parfaitement intégrés.
En effet on s'aperçoit à présent que les islamistes qui possèdent une nationalité européenne, et donc un poids électoral, affichent aussitôt leur arrogance et revendiquent le droit du sol pour faire de l'Europe une terre d'islam. Il faudra prendre en compte ces nouvelles données afin que les islamistes de Savoie renoncent au fondamentalisme ou se replient en terre d'islam, sur le "quatrième État maghrébin".
Il faudra également légiférer sur le fait religieux.
Je pense que l'islam ne devrait pas bénéficier du statut de religion en Savoie tant que ses responsables locaux n'auront pas explicitement condamné les États musulmans qui n'admettent pas la liberté d'expression, qui subordonnent la société civile au droit coranique, pour qui la femme n'est pas l'égale de l'homme, qui la maintiennent dans un état proche de l'esclavage et qui considèrent que la guerre est sainte lorsqu'elle s'en prend à ceux qui ne sont pas convertis à l'islam.
Tant que les tenants de l'islam en Savoie n'auront pas condamné ces excès et définitivement renoncé aux versets du Coran qui les autorisent, je considère qu'il ne devrait pas y avoir de mosquées en terre savoisienne.
La charia ne passera pas en Savoie!
5-8 Vers la souveraineté.
La charia ne passera pas en Savoie, mais à une condition: que la Savoie retrouve sa souveraineté, car pour l'heure la Savoie n'est qu'une province du quatrième État maghrébin.
Comment la Savoie peut-elle redevenir savoisienne? Je vais à présent vous exposer la nouvelle stratégie que nous avons commencé à développer devant les tribunaux.
La seule légitimité des institutions françaises en Savoie est le traité d'annexion du 24 mars 1860.
Selon l'article premier de ce traité cette annexion ne pouvait se faire sans avoir, au préalable, consulté le vœu des populations.
Afin que les Savoisiens pussent exprimer leur volonté, leur souverain signa le 27 mars 1860 un manifeste qui les déliait de leur lien d'allégeance envers la couronne. C'est donc un peuple libre, seul propriétaire de son territoire, qui s'exprima les 22 et 23 avril 1860.
La France ne respecta pas l'article premier du traité du 24 mars 1860: elle organisa et truqua la consultation. Les syndics (maires) qui n'étaient pas favorables à l'annexion furent révoqués par un formulaire imprimé. Quiconque s'exprimait contre l'annexion pouvait être envoyé au bagne de Cayenne, sans même un jugement, en vertu de lois d'exceptions françaises promulguées sur le territoire savoisien alors que celui-ci n'était pas encore français. L'armée française occupait la Savoie pendant la consultation populaire. L'abstention était interdite. Il n'y avait pas d'isoloirs dans les bureaux de vote. Il n'y avait pas de bulletins "NON".
Voilà ce qu'écrivait le 16 avril 1860 l'intendant de Maurienne au gouverneur-régent de Chambéry, Dupasquier: "Quant aux bulletins NON, aucun n'a été distribué...La légalité tue, disait M. Guizot, M. Laity m'a fait comprendre qu'il faut se défendre contre la légalité. En attendant je laisse aller à la diable tous les bulletins NON".
L'acte du 24 mars 1860 n'est pas un vieux papier, c'est la seule source du droit français en Savoie.
Du 10 juin 1940 au 1er mars 1948 le traité d'annexion fut suspendu.
Selon l'article 44 du traité de paix du 10 février 1947, le traité d'annexion du 24 mars 1860 devait être notifié par la France à l'Italie puis enregistré au Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies et cela sous peine d'être abrogé.
Le traité du 24 mars 1860 n'avait pas été contracté avec l'Italie mais avec le duc de Savoie qui deviendra roi d'Italie en 1861. L'Italie est donc considérée comme héritière du traité.
Cependant l'article premier du traité d'annexion spécifiait bien que cette annexion ne se ferait pas sans avoir au préalable consulté la volonté des populations concernées. C'est pourquoi le duc de Savoie délia les Savoisiens de leur lien d'allégeance envers lui, et cela avant la création de l'État italien. Ce n'est donc pas l'Italie qui est héritière du traité d'annexion mais les Savoisiens. Ce n'est donc pas à l'Italie que la France aurait dû notifier le traité d'annexion mais aux Savoisiens qui auraient dû de nouveau être consultés en 1948.
En sus de cela il est incontestable qu'il y avait trois protagonistes lors de l'acte du 24 mars 1860: l'empereur Napoléon III, le duc de Savoie, et le peuple de Savoie.
En 1948 seuls deux protagonistes se sont exprimés: la France pour Napoléon III, l'Italie pour le duc de Savoie. Pour que ce traité soit effectivement remis en vigueur le peuple de Savoie devait également exprimer sa volonté, tant que cette volonté ne se sera pas exprimée le traité d'annexion demeure suspendu.
Le traité de paix du 10 février 1947 démontre l'actualité du traité du 24 mars 1860.
5-9 Le plébiscite de 1860, dernier rempart de l'imposture.
Les déclarations récentes d'hommes politiques français, relatives au vote des 22 et 23 avril 1860, montrent combien ce vote revêt encore d'importance.
En 1993 Edouard Balladur, ancien premier ministre, déclarait à la télévision 8Mont-Blanc qui l'interrogeait sur les revendications de la Ligue savoisienne:
"Il y a eu un plébiscite où les habitants de la Savoie ont massivement exprimé leur volonté de devenir français".
Bernard Bosson, ancien ministre et maire d'Annecy tint le même langage.
Plus récemment Michel Amoudry, vice-président de la région Rhône-Alpes, écrivait dans un ouvrage publié en 2003 et intitulé "Quel avenir pour la Savoie?":
"Cette disposition (l'article premier du traité d'annexion) se concrétise par un vote au suffrage universel auquel sont appelés à participer les Savoyards mâles, les 22 et 23 avril 1860. La consultation se conclut par un massif "oui à la France", cent trente mille cinq cent trente-trois voix contre deux cent trente-cinq malheureux "non"."
Pourquoi ces hommes politiques éprouvent-ils ainsi le besoin de revendiquer et de défendre aussi effrontément ce vote truqué qu'aucun historien ne soutiendrait aujourd'hui?
Tout simplement parce que cette votation est la source de leur pouvoir, du pouvoir de la France en Savoie et de ses institutions, et qu'un pouvoir qui repose sur des élections malhonnêtes est illégitime, tout autant que les institutions qui en découlent.
Le traité d'annexion est suspendu mais il est surtout caduc.
Les conditions dans lesquelles fut consultée la population savoisienne les 22 et 23 avril 1860 vont à l'encontre de l'article premier du traité du 24 mars 1860:
"...cette réunion sera effectuée sans nulle contrainte de la volonté des populations..."
Une occupation militaire française en Savoie, l'abstention interdite, pas de bulletins NON: le traité d'annexion est caduc depuis le 22 avril 1860.
Lorsque les Savoisiens voudront se révolter, onze ans plus tard, Louis-Adolphe Thiers fera occuper la Savoie par les troupes qui venaient d'écraser la Commune de Paris. Puis la France entraînera la Savoie dans sa cohorte de guerres malgré l'article II du traité du 24 mars 1860 qui assurait la pérennité de la neutralité savoisienne. L'opposition à la puissance annexante sera ainsi anéantie.
Mais l'abus de droit ne tue pas le droit. Suite à la suspension du traité de 1948 une consultation populaire doit à présent être organisée en Savoie, cette fois dans des conditions conformes à la légalité internationale telles qu'elles sont définies par l'article 21 de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme:
Art. 21. - 3. "La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics; cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes..."
Lors de cette consultation —qui devra être organisée sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies— tous les héritiers des Savoisiens de 1860 devront exprimer leur volonté quant au devenir de la Savoie.
Nous avons posé les bases de cette argumentation devant un tribunal français mais nous ne nous faisons aucune illusion: un tribunal français a récemment condamné Alain Juppé, en place de Jacques Chirac, pour "trahison du peuple souverain", mais il ne faut pas s'attendre à ce qu'un tribunal français condamne la France pour trahison du peuple souverain de la Savoie!
Et pourtant, aujourd'hui plus que jamais, nous devons réclamer le droit de dire à la France ce que nos aïeux n'ont pas pu lui dire en 1860:
NON à la France!
Et nous y ajouterons:
Non au totalitarisme, Non à l'islamisme, NON au quatrième État maghrébin, pour que vive la Savoie Libre!
JdP.
 
 
6-1 Quel avenir pour l'OTAN?
La Savoie est en Europe, et nettement plus proche de l'Atlantique que de l'Oural. Préparer la restauration de la souveraineté du peuple savoisien, oeuvrer pour la désannexion de la Savoie, sur laquelle la France maintient une domination abusive, sans droit ni titre, impose de s'interroger sur la place future de notre pays dans les relations internationales.
Le texte qui suit peut nous y aider. Il s'agit de longs extraits d'un discours prononcé le 20 novembre 2002, à Prague, par Vaclav Havel, qui était encore Président de la République Tchèque. Le président Havel était l'invité de l'Institut Aspen, à l'occasion d'une conférence préparatoire à un sommet de l'OTAN. Cette traduction a été publiée par le journal "Le Monde" le 22 novembre 2002.
Vaclav Havel a vécu dans un pays annexé: la Tchécoslovaquie était théoriquement un État souverain, mais en fait ce pays était un satellite de l'Union soviétique. Ce statut de dépendance permit l'écrasement, en août 1968, des initiatives des peuples tchèque, morave et slovaque par les troupes du Pacte de Varsovie, dirigées par l'état-major de l'armée rouge.
Vaclav Havel donne à tous les patriotes un exemple de courage et de responsabilité. Dramaturge et écrivain, il a protesté pendant la dictature et a supporté avec courage les effets de la répression. Il fut l'un des principaux inspirateurs de la "révolution de velours" qui, fin 1989 et début 1990, permit aux peuples de la Tchécoslovaquie de sortir sans catastrophe de quarante ans de dictature, puis de se réorganiser pacifiquement en deux républiques: la Tchéquie et la Slovaquie.
6-2 OTAN: comment je vois l'avenir.
par Vaclav Havel.
photo sans légende: Havel (numérique)
Treize ans après la chute du rideau de fer, à une époque où sont perpétrées d'horribles attaques terroristes contre la population civile, nul ne peut désormais ignorer que le principal ennemi des valeurs que défend l'OTAN n'est plus incarné par un pouvoir d'État ou une grande puissance quelconque, mais se révèle un mal très diffus et dangereux car extrêmement difficile à saisir, voir à comprendre.
Or, si l'Alliance veut continuer d'accomplir sa mission originelle, force lui est d'opérer une transformation franche et rapide: de se métamorphoser en un instrument efficace, apte à faire front à un ensemble de menaces jusqu'ici inconnu. Elle ne doit plus être assimilable à des comités et commissions sans grande influence ni se limiter à un commandement sans armées, auquel les États membres sont prêts, s'il le faut, à affecter des unités détachées de leurs propres forces. Si l'Alliance veut avoir un sens aujourd'hui, il lui est indispensable de disposer d'informations nombreuses, bien et rapidement traitées, afin d'être capable de prendre des décisions éclair et de déployer partout où c'est nécessaire des unités permanentes toujours prêtes et excellemment entraînées ou bien des forces spécialisées, telles qu'elles existent parmi les pays membres, capables de faire face aux dangers modernes que représentent le terrorisme, les armes nucléaires, chimiques ou bactériologiques.
Quitte à déplaire à certains, j'estime qu'une partie au moins de ces unités devraient se voir également doter de compétences policières, et non seulement militaires.
Qu'est-ce qui empêche aujourd'hui ce type de transformation, qu'est-ce qui la freine? À mes yeux, rien d'autre que l'inertie et le bureaucratisme, des habitudes acquises avec le temps et qui provoquent l'effroi devant tout ce qui est nouveau, chez ceux qui y ont succombé. Il est nécessaire de rompre avec cette inertie, avant qu'il ne soit trop tard. (...)
Le sommet de Prague sera celui d'un élargissement considérable, le plus important, en quelque sorte le plus explosif que l'Alliance ait jamais vécu (1). Il lui compliquera la vie, c'est certain. Mais ces complications seront, à mes yeux, mille fois récompensées parce qu'elles représentent sur le principe et à long terme cet élargissement. Ce sera la manière pour l'Alliance de faire enfin savoir qu'elle a pris au sérieux le fait que l'Europe divisée en deux n'existe plus.
Si certains pouvaient prendre le précédent élargissement, qui vit accéder au statut de membres la Pologne, la République tchèque et la Hongrie, comme une tentative, un signe de changement, comme une concession face aux conséquences de ces changements, un acte d'altruisme, l'élargissement qui se présente aujourd'hui ne saurait plus être compris sous ce jour-là. Au contraire, il est désormais évident que l'Alliance n'est plus un club de vétérans de la guerre froide, un peu effrayés par ce qui se trame dans les pays post-communistes, mais qu'elle veut devenir une organisation embrassant tout l'espace culturel euroaméricain sans égard aux revendications d'appartenance territoriale, passées ou présentes, des uns et des autres.
Si les grandes puissances, au cours des derniers siècles, avaient pris l'habitude de se répartir entre elles les pays européens de taille et d'importance plus modestes sans leur demander leur avis, que ce soit par un pacte tel que celui de Ribbentropp-Molotov, ou, indirectement, par des traités, comme celui de Yalta, le présent élargissement de l'Alliance indique clairement que la période de ce genre de partage est définitivement révolue. L'Europe n'est plus, ne sera plus et ne doit plus être partagée en deux, malgré ses citoyens et malgré leur volonté de rejoindre une sphère d'intérêt ou d'influence. (...)
 
Puisque nous discutons de l'élargissement de notre organisation de défense, nous ne pouvons nous enfouir la tête dans le sable devant la question de ses limites. Est-il possible d'élargir ce type d'organisation à l'infini?
Je suis convaincu que l'élargissement de l'OTAN a ses limites logiques dont le dépassement signifierait ôter tout sens à cette institution. Or je comprends l'OTAN comme une institution un tant soit peu régionale. Elle couvre une civilisation, un espace spécifique, qualifié d'euroatlantique, d'euroaméricain ou, tout simplement, d'Ouest. Les pays de cet espace partagent une histoire, des traditions, des traits culturels ainsi que des valeurs, un système politique et une vision de la position de l'homme dans l'univers.
Par ailleurs, les frontières géographiques de cet espace sont bien délimitées. Personne n'aura l'idée de proposer l'adhésion à l'OTAN à la Nouvelle-Zélande qui, par sa civilisation, est certainement plus proche de la Grande-Bretagne que l'Albanie, alors que, tôt ou tard, l'Albanie figurera certainement parmi les candidats à l'adhésion. La Russie occupe une grosse partie de l'Europe, mais elle est indubitablement une entité euroasiatique, entièrement autonome, et son adhésion à l'Alliance n'aurait aucun sens. La seule conséquence serait de rendre les deux partenaires considérablement affaiblis, sinon dérisoires. (...)
Où commence et s'arrête la civilisation que l'Alliance cerne ou devrait cerner, selon toute logique?
À l'Ouest, c'est sans doute la frontière séparant les États-Unis et le Mexique.
À l'Est, je n'ose pas m'exprimer avec la même certitude. Tout dépend non seulement des réflexions stratégiques de l'organisation en question, mais aussi de la vision qu'ont les différents États d'eux-mêmes.
De toute manière, une discussion concrète devrait être ouverte à ce sujet. Il me semble qu'en dehors des États invités à rejoindre l'Alliance demain, on devrait, tôt ou tard en le formulant clairement dès maintenant— proposer l'accession à l'OTAN à d'autres pays des Balkans: Croatie, Albanie, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, Serbie et Monténégro.
Quant aux frontières entre Est et Ouest, j'estime que l'Alliance devrait demeurer ouverte à toutes les démocraties européennes jusqu'ici neutres, depuis la Finlande et la Suisse jusqu'à l'Irlande. Nous respectons tous ici l'attachement que ces pays témoignent à leur tradition historique de neutralité. Néanmoins, je pense qu'ils se poseront un jour la question de l'intérêt du statut de neutralité dans le monde d'aujourd'hui et réévalueront à la fois son intérêt et ses contraintes.
On comprend aisément que dans un monde bipolaire, beaucoup de pays souhaitent pour une raison ou une autre conserver leur neutralité. Mais si ces blocs n'existent plus et si tous les hommes ont pour ennemi commun le crime organisé, le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive, que penser de la neutralité? Peut-on rester neutre à l'égard de ceux qui commettent des attentats et des meurtres de masse contre la population civile? (...)
Après tout ce que nous avons vécu au XXe. siècle et compte tenu de tout ce qui se passe sur cette planète qui implique d'une manière ou d'une autre les États-Unis, il me semble que les Européens devraient avoir une meilleure intelligence de la nature de la responsabilité américaine. Ils devraient aussi, s'il le faut, savoir pardonner le manque de sensibilité, la maladresse ou la prétention qui peuvent parfois accompagner cette dernière. J'irai encore plus loin en vous avouant que tout Européen qui en veut aux États-Unis pour la domination qu'ils exercent à travers leurs firmes mondiales sur l'économie planétaire devrait savoir que c'est l'Europe qui a créé cette culture du bénéfice et de l'expansion économique avant de la léguer à l'Amérique. Ce n'est pas faire preuve d'une grande finesse que d'en vouloir à son miroir. D'ailleurs, ne s'agit-il pas ici d'une ethnicisation inadmissible du problème? Ce n'est pas un hasard si les grandes firmes portent le qualificatif de "supranationales".
De son côté, l'Amérique devrait comprendre qu'elle doit, entre autres, sa grandeur et sa force à des racines qui puisent au plus profond de la civilisation européenne, mais surtout qu'elle aura, assurément, rudement besoin de l'Europe! Il n'est guère difficile d'imaginer que, d'ici dix ou vingt ans, on verra naître sur les différents continents d'autres puissances, tout aussi développées que les États-Unis d'aujourd'hui, et que les étroits liens culturels, politiques, sécuritaires et de civilisation unissant l'Amérique et les 500 millions d'Européens peuvent se révéler utiles, ne serait-ce que pour assurer le maintien d'un équilibre.
Les controverses, ô combien complexes, avec ce sac de nœuds qu'est parfois l'Europe aux yeux des Américains, ont un sens, et cela vaut la peine de continuer à les supporter. Dans quel coin du monde l'Amérique irait-elle chercher un allié ou un partenaire plus proche que l'Europe?
Il y a six mois, à l'occasion du rendez-vous de l'OTAN avec la Russie en Italie, nous avons consacré la validité d'un lien institutionnel nouveau, plus fort, unissant ces deux entités importantes. J'attends avec impatience les nouvelles sur le fonctionnement de ce nouveau partenariat, les résultats de la coopération qu'il institue en matière de lutte contre le terrorisme et les autres dangers menaçant les deux parties.
Néanmoins, je tiens à rappeler l'avertissement que j'ai formulé à Rome: ce lien solide entre l'OTAN et la Russie ne devrait nullement donner l'impression que l'hémisphère Nord, plus riche que le Sud, pactise à son détriment. Commence l'ère d'un monde multipolaire dont l'ordre politique et la sécurité devraient reposer sur le principe d'égalité entre différentes cultures ou civilisations, différents mondes religieux, diverses organisations régionales, divers continents. Outre l'édification de bonnes relations avec la Russie, j'estime qu'il convient, dès maintenant, avant qu'il ne soit trop tard, de chercher et de définir ces relations de l'OTAN avec d'autres formations importantes du monde actuel, qu'il s'agisse d'États ou de leurs associations régionales.
On répète souvent que l'OTAN est une alliance pour la défense de certaines valeurs, par lesquelles on entend d'ordinaire un ordre démocratique, les droits de l'homme, l'État de droit, l'économie de marché, la liberté d'expression, etc. Oui, il en est certainement ainsi. Je recommanderais pourtant de s'appliquer à trouver des termes plus fins et de parler, plutôt que de valeurs, d'une certaine conception —en l'occurrence, occidentale— des valeurs humaines. En effet, si nous rabâchons que nous représentons et défendons certaines valeurs, cela peut donner l'impression que les autres respectent et défendent des valeurs erronées. L'humanité a déjà fait la cruelle expérience de situations où certains se prennent pour les seuls gardiens de la vérité et les partisans de divinités plus "vraies" que d'autres, ce qui les élève plus haut que les barbares, les païens et autres sauvages. Dans la lutte contre les sauvages, c'est au nom de la "bonne et juste vérité" que les plus grandes atrocités ont eu lieu. (...)
J'ai du mal à imaginer comment on pourrait faire front au terrorisme mondial aux côtés des Russes, sans leur faire savoir ce que l'on pense de la guerre qu'ils mènent contre la nation tchétchène, ou encore comment on pourrait lutter, aux côtés de la République populaire de Chine, pour le droit des peuples à la souveraineté sans mentionner la politique de cette dernière au Tibet. (...)
Vaclav Havel.
(1): Le sommet de Prague de l'OTAN, réuni les 21 et 22 novembre 2002, a ouvert la voie de l'adhésion à 7 nouveaux États: Bulgarie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Estonie, Lettonie, Lituanie. Ces États ont consulté leurs citoyens par la voie du référendum. Leur adhésion, majoritairement souhaitée par des peuples qui ont souffert de l'hégémonie russe, sera effective dans le courant de l'année 2004. Cinq de ces sept États deviendront en même temps membres de l'Union européenne (l'adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie étant envisagée pour plus tard).
 
 
7-1 Jean Blanc: pour défendre les montagnards.
Voir également : les élections en Savoie.
Vice-chancelier de la Ligue savoisienne en province de Maurienne, Jean Blanc est agriculteur et moniteur de ski à Bonneval sur Arc. Conseiller municipal de sa commune, il a été en 2002 candidat à l'élection législative dans la 3e. circonscription du département de la Savoie.
Quelles sont vos motivations pour présenter votre candidature dans le canton de Lanslebourg?
J'ai fait en 2002 une campagne très active, avec des réunions dans presque toutes les communes de la circonscription. À cette occasion les propositions de la Ligue savoisienne ont pu être mieux connues, voire découvertes par certains. Les montagnards sont des gens prudents, ils ne changent pas d'avis facilement: il faut leur dire et leur redire un certain nombre de fois ce qu'ils ont envie d'entendre. La situation était très défavorable en 2002, à cause de la "vague UMP" qui a tout emporté, beaucoup de montagnards étant convaincus que la gauche au pouvoir était la source de leurs problèmes. Aujourd'hui la droite détient tous les leviers, mais les menaces demeurent sur les patrimoines privés et communaux, sur la survie même des montagnards dans leur pays.
Il y a beaucoup de choses à faire: tourisme et agriculture, gestion des déchets, transports,
Je suis donc très motivé pour m'engager dans tous ces domaines. Beaucoup de monde ici compte sur la Ligue savoisienne pour proposer une alternative à l'abstention ou au vote extrémiste, qui ne convient pas à la tradition de la Savoie.
René Girard était-il un bon Conseiller général?
Il a représenté le canton pendant 31 ans! C'est un "grand bonhomme" qui a toujours été élu au premier tour, si mes souvenirs sont exacts. Il a été un ambassadeur de la Haute Maurienne, de la Savoie, de la montagne, et même de la région Rhône-Alpes quand il y occupait des fonctions. Parlant très bien l'italien, il a joué un rôle très positif dans les relations avec la région Piémont, par exemple pour le pilotage des projets Interreg financés par l'Union européenne. René Girard sera difficile à égaler. Je me sens assez proche de cet homme, de sa façon de voir les choses, de les faire et de les dire.
René Girard regrette certaines décisions prises par Michel Barnier, comme la convention de Berne qui impose la protection du loup, ou certains articles de la "loi Barnier" sur l'environnement. S'il abandonne la politique aujourd'hui, c'est peut-être qu'il se rend compte que rien ne va plus, même à l'intérieur de son propre camp...
Comme conseiller général, quelles seront vos priorités sur le plan de la Savoie?
Le Conseil général peut restaurer la connaissance de l'histoire de la Savoie: c'est un élément indispensable de la formation des jeunes, et je serai très exigeant là-dessus. Il faut relancer l'Assemblée (des Pays) de Savoie, qui s'est déshonorée face au gouvernement français fin 2002, au moment du débat sur la décentralisation, en renonçant à exiger la création d'une Région Savoie. Les Savoyards ont besoin d'élus qui ne s'aplatissent pas devant le pouvoir central et les états-majors des partis politiques.
Nous avons fait un travail de fond en 2002, en démontrant que la Savoie a les capacités nécessaires pour s'administrer elle-même. En ce moment, toutes nos prévisions sont en train de se vérifier, la France entraîne la Savoie dans ses calamités, c'est le moment de reprendre l'initiative.
Beaucoup de montagnards pensent être victimes de "Bruxelles": quel est votre avis?
Je dis qu'il y a tromperie! Toutes les mesures dont l'Union européenne impose l'application à la France ont été d'abord acceptées, et souvent même proposées ou exigées, par des ministres français. Ensuite ces mêmes ministres, ou leurs successeurs, se défilent en disant: "c'est la faute à Bruxelles". Ils sont malhonnêtes.
Nos voisins du Piémont s'entendent beaucoup mieux avec l'Union européenne: ils présentent directement leurs dossiers à Bruxelles, alors qu'ici il faut passer par tous les méandres de l'administration française. En haute montagne la saison pour faire des travaux est courte, nous perdons souvent une année ou deux à cause du centralisme bureaucratique français.
Sur un point toutefois, le libéralisme européen est nocif pour la Savoie: le marché de l'électricité. L'ouverture à la concurrence amène un besoin de nouvelles interconnexions des réseaux. Je m'opposerai à la construction d'une nouvelle ligne à très haute tension entre la France et l'Italie. Au minimum, les nouveaux câbles devraient passer par les tunnels du Lyon-Turin.
Quel avenir pour l'agriculture de montagne?
Le Conseil général ne peut pas tout faire, mais il peut agir. Par exemple, il peut faire quelque chose pour la sauvegarde des races animales. La race de moutons "Thônes et Marthod" n'est plus représentée que par 2000 têtes de bétail en France, dont 1000 ne sont pas en Savoie. Un centre de testage est en place au Lycée agricole de La Motte Servolex, une association travaille sur la réintroduction de ces moutons, mais elle ne reçoit que trop peu d'aide. De même, il faut soutenir la race tarine dans l'élevage bovin. Elle n'est pas suffisamment protégée dans le cadre de la production du Beaufort. Les Valdôtains et les Valaisans font bien plus, grâce à leurs autonomies, pour leur vaches d'Hérens...
Je pousserai le Conseil général à adopter des mesures strictes pour la protection des troupeaux contre les prédateurs, le loup et le lynx principalement. Actuellement nous sommes confrontés à une aggravation de la pression des prédateurs, alors que les aides du programme européen LIFE sont terminées. Deux éleveurs de moutons du canton ont déjà arrêté leur activité.
Le Conseil général doit aussi participer au financement des remplacements pour que les éleveurs puissent prendre quelques vacances.
Le tourisme constitue plus de la moitié de la création de richesses dans le département de la Savoie. Il est donc légitime qu'une partie de ses contributions fiscales bénéficient à l'agriculture, sans laquelle les paysages ne seraient pas ce qu'ils sont.
Que pensez-vous du syndicalisme agricole?
Je ne suis pas syndiqué, mais je n'adhérerai pas à la FNSEA, je suis plutôt du côté de la Confédération paysanne ou de la Coordination rurale. Je ne suis pas certain que toutes les subventions à l'agriculture soient bien utilisées.
La protection de l'environnement vous gêne?
Dans le principe j'y suis favorable, puisque je travaille dans un paysage exceptionnel et que j'y suis profondément attaché. L'inscription des sites "Natura 2000" de France auprès de l'UE est faite depuis le 23 décembre 2003. 90% de ces sites ont été inscrits contre l'avis des propriétaires et des communes, qui craignent la protection d'espèces prédatrices comme le lynx.
Le Parc National de la Vanoise va évoluer, malheureusement pas dans le sens de la régionalisation. Le rapport du député Giran indique la possibilité inquiétante de contraindre les propriétaires à vendre leurs terrains. Pour certains, qui rêvent d'une nature vierge, le montagnard est l'ennemi!
Ce que je voudrais, c'est un Parc savoisien, géré pas seulement par les gens du pays (car certains se laissent acheter facilement) mais en tenant compte des avis des habitants de chaque village. Aujourd'hui il n'y a que 20% d'élus au Conseil d'administration du PNV!
Défendre les montagnards, c'est rejeter les étrangers?
Non, c'est défendre l'art de vivre de la montagne. Ici, presque tous les habitants sont du pays, mais la vie locale est empoisonnée par des rivalités de familles ancestrales. Les visiteurs et les nouveaux venus recherchent l'authenticité que les montagnards défendent. J'appelle à surmonter les vieilles querelles pour promouvoir ce qui nous unit. Pour défendre vraiment la montagne, il vaut mieux être libre vis-à-vis des pouvoirs politiques français.
Comment voyez-vous l'avenir touristique?
Bessans a la chance d'avoir un site de biathlon, seul domaine homologué en France pour les compétitions internationales: fin janvier a eu lieu le championnat du monde junior de cette discipline. Dans le haut du canton l'enneigement est garanti de novembre à mai. En revanche le plateau du bas (Termignon, Bramans, Sollières-Sardières) doit trouver d'autres arguments touristiques, sinon il restera un dortoir pour toutes les personnes employées dans le haut ou sur Modane. Il faut une entente entre toutes les communes du canton pour réfléchir globalement et s'orienter ensemble vers un développement touristique qui soit bénéfique à tout le monde.
Quelles sont vos propositions pour les déchets?
Le plan départemental est catastrophique: rien n'est prévu pour le tri, pour le recyclage des déchets organiques. Je suis pour la mise en oeuvre d'un tri sélectif, pour la production de biogaz à partir des déchets organiques. L'incinération a atteint ses limites, le transport des déchets vers les incinérateurs coûte très cher, et la mise en décharge des résidus des usines d'incinération n'est pas assurée en Savoie. Il est urgent de prendre des décisions pour une gestion des déchets plus respectueuse de l'environnement.
Propos recueillis par Patrice Abeille à Bonneval sur Arc le 13 février 2004.
7-2 Les "Montagnards de Vanoise" cherchent une nouvelle stratégie.
Dans un long communiqué, signé par son président Christophe Mattis, l'Association des Montagnards de la Vanoise (dont le siège est à Val d'Isère) fait le point sur 53 mois d'action. Ce texte résulte de l'assemblée générale qui s'est tenue le 19 février 2004. Il n'est pas rédigé en langue d'arolle!
L'AMV réaffirme ses principales revendications:
— décentralisation du Parc National de la Vanoise afin qu'il respecte les engagements pris lors de sa création et cesse d'ignorer les droits des propriétaires fonciers;
— co-gestion des espaces Natura 2000, car "la Vanoise n'est pas une jungle, mais un territoire composé d'espaces façonnés et entretenus dans lesquels la disparition de l'homme est catastrophique!"
Le président Mattis explique ensuite comment l'association a été ignorée par l'administration et trompée ou dénigrée par les élus, à part deux ou trois maires et un seul Conseiller général, René Girard.
L'AMV annonce en conclusion un programme d'action en 4 points:
"1. Soutenir ouvertement aux futures élections les candidats qui s'engageront dans leur programme à défendre les intérêts locaux et montagnards comme définis dans ses statuts.
2. Dénoncer les actions des élus qui oeuvrent contre les intérêts montagnards.
3. Mettre en avant ses représentants locaux aux futures échéances électorales.
4. Agrandir sa zone d'influence à d'autres régions de montagne."
Voilà qui pourrait mettre de l'animation dans les campagnes cantonales...
Contact:
Association des Montagnards de la Vanoise
BP 119 "Le Fornet"
73150 Val d'Isère
7-3 Les autres candidats savoisiens aux cantonales.
                      Voir également : les élections en Savoie.
Faverges:
Lionel Falcy
Albertville nord:
Alain Ract
Saint-Michel de Maurienne:
Christian Montagnon
La Chambre:
Albert Prallet
Chamoux sur Gelon:
Jean-Luc Évreux
Montmélian:
Marcelle Bonnet-Montagnon
8-1 Jean-Pierre Rambicur: la Ligue savoisienne prend racine en Bas-Chablais. 
Voir également : les élections en Savoie.
En mars 2001, Jean-Pierre Rambicur a été le premier maire savoisien (c'est-à-dire favorable à la souveraineté de la Savoie) élu depuis l'annexion de 1860. Cette élection a été une étape importante dans la progression de l'influence de la Ligue savoisienne. L'Écho de Savoie avait fait le point avec Jean-Pierre en juin 2002 (n° 56, page 5) après sa première année de mandat municipal. Aujourd'hui, tout naturellement, Jean-Pierre Rambicur est candidat à l'élection cantonale dans le canton de Thonon-ouest. Et nous avons de nouvelles questions à lui poser...
Les électeurs aiment bien se faire une idée sur la personnalité des candidats: commençons donc par votre parcours personnel...
Je suis né en 1955 à Aubenas, où mon père, originaire de la Loire, travaillait dans une banque. Notre famille s'est installée dans le Chablais en 1967. Mon père, devenu directeur de la banque Marin et Gianola, a été trésorier du FC Thonon, et a beaucoup travaillé à la "défusion" de la commune d'Anthy, qui a repris son indépendance par rapport à Thonon.
J'ai acheté une maison à Margencel en 1984, voilà donc vingt ans que je vis dans cette commune où je me plais énormément. Je suis marié et nous avons deux enfants, deux filles: l'aînée a 21 ans, elle est employée comme secrétaire dans une mairie du canton, et la cadette, qui a 16 ans, est en classe de Seconde et voudrait devenir puéricultrice.
Votre formation, votre vie professionnelle?
J'ai fait mes études secondaires et j'ai eu mon bac en Savoie, j'étais pensionnaire à Albertville au lycée Jeanne d'Arc. Après mon service militaire je suis entré dans la vie active, dans le secteur commercial (magasin de jouets), puis dans le négoce où j'ai appris la comptabilité en suivant des stages. En 1986 j'ai repris un magasin Intersport à Thonon. En 1995 j'ai été obligé de me reconvertir, je suis devenu salarié d'une compagnie d'assurances et je me suis formé à ce nouveau métier dans lequel je suis toujours: en tant que commercial je peux organiser mon travail en fonction de mes obligations de maire. Mon secteur est un peu plus large que le canton de Thonon-ouest.
Votre fonction de maire correspond-elle à ce que vous aviez prévu?
Honnêtement, je n'avais pas prévu grand-chose, mais j'ai essayé de faire de mon mieux puisque les gens m'avaient fait confiance pour exercer ce mandat.
Ce que j'ai découvert, c'est la lourdeur du formalisme de l'administration, qui n'hésite pas à rejeter un an de travail au motif d'un défaut mineur, qui n'a aucune incidence sur le projet. Malgré cette contrainte permanente, ce mandat de maire est très enrichissant sur le plan intellectuel: on peut écouter tout le monde et découvrir la diversité des sujets qui préoccupent chacun des habitants de la commune.
Vous avez réussi à gérer dans le calme le séjour de fortes communautés de nomades. Quels enseignements tirez-vous de cette expérience?
Quand on arrive à se débrouiller tout seul, au niveau de la commune et de l'intercommunalité, le sous-préfet et la gendarmerie sont contents. Ensuite les frais (enlèvement des ordures, remise en état des terrains, dédommagements aux agriculteurs pour les pertes subies) sont à la charge de l'intercommunalité, c'est-à-dire des contribuables locaux...
La Ligue savoisienne a fait des propositions qui restent tout à fait valables: créer des aires d'accueil et exiger des utilisateurs, ceux qu'on appelle les "gens du voyage", une attitude responsable et disciplinée. Le plan départemental en vigueur depuis plus d'un an va un peu dans ce sens, car c'est tout simplement le bon sens, mais il n'est pas appliqué! Il n'y a pas eu de tensions spectaculaires en 2003 mais beaucoup de difficultés qui semblent mineures (on s'habitue!). En 2004 on sait très bien que, du 15 juin à fin août, les maires seront confrontés à nouveau à ce problème, sans gravité jusqu'à ce qu'une catastrophe arrive...
Et sur la délinquance, qui avait défrayé la chronique à Thonon en 2001, où en est-on?
Ces évènements malheureux sont la résultante d'années de délinquance latente et banalisée, d'une insécurité quotidienne qui permettait d'alimenter la rubrique des faits divers de la presse locale. Le laxisme des autorités a permis à la marmite d'exploser.
Depuis, les élus se sont remis en question. Nous avons créé, avec la ville de Thonon aux commandes, une Antenne de Justice. Ensuite, en relation avec les forces de l'ordre, la Justice, les principaux des collèges et les proviseurs des lycées, et les travailleurs sociaux, les maires de l'agglomération thononaise ont signé un Contrat Local de Sécurité. Ce contrat a le mérite de mettre officiellement en relation tous les intervenants. Une fois de plus nous avons dû suppléer à la carence de l'État français dans sa mission de sécurité publique, aux frais bien sûr des contribuables locaux.
Le canton de Thonon-ouest, comme la Savoie du nord en général, est riche. Le candidat savoisien veut-il représenter les favorisés, qui voudraient avoir toujours plus et ne rien partager?
Pas du tout! Ce qui me préoccupe, c'est que ces richesses actuelles, en partie artificielles et excessives, produisent beaucoup d'exclusion, j'entends par là quelque chose de beaucoup plus précis que le discours sur l'exclusion en général.
Le Chablais doit sa prospérité principalement à la Suisse et à la mise en valeur de ses ressources naturelles (l'eau d'Évian, exploitée par le groupe français Danone, mais ça aurait pu être Nestlé ou tout autre groupe industriel international) et de ses sites touristiques, à son industrie, à son artisanat et à son agriculture. Avec cette prospérité, le secteur commercial s'est énormément développé. L'économie est donc prospère, mais dans cette économie il y a des gens qui travaillent, ils ne sont pas tous frontaliers, loin de là, et les salaires payés ici sont dans la moyenne française. Or les prix, en particulier pour se loger, sont beaucoup plus élevés qu'ailleurs. Aujourd'hui une partie de la richesse apparente provient, malheureusement, des investissements fonciers et immobiliers faits par des "étrangers", qui viennent de plus en plus loin: France, Genève, Suisse, Europe, Amérique, Émirats arabes, Russie, etc. Ainsi les populations qui ont des revenus ordinaires (travailleurs et retraités) se trouvent exclus du marché de l'immobilier, et parfois exclus physiquement, ils sont obligés de partir...
Je pense donc qu'il faut en priorité favoriser socialement les gens qui travaillent et qui ne peuvent pas se loger dans les conditions actuelles. Quand la Savoie sera souveraine, elle aura les moyens de maîtriser la croissance immobilière, mais dès aujourd'hui certaines actions sont possibles, il faut en avoir la volonté politique.
Dans la commune nous avons un programme de 25 logements en locatif et accession à la propriété. Ceux qui avaient une image négative du logement social ont constaté que ceux qui ont été faits à Margencel (un petit immeuble de 16 logements) sont très bien intégrés au paysage et à la vie du village: les habitants sont des jeunes de la commune et des personnes âgées, ce n'est pas une "pièce rapportée". C'est d'utilité publique pour les jeunes bien sûr, mais aussi pour les personnes âgées: leur place n'est pas forcément dans les MAPAD, beaucoup d'entre elles peuvent vivre dans un logement social, à condition qu'il soit conçu pour elles, par exemple avec un ascenseur, des accès commodes et étudiés pour les handicapés, etc.
Comme Conseiller général, je soutiendrai le développement de l'EPF (Établissement Public Foncier): c'est un outil qui permet aux communes d'acheter du terrain à crédit (sur six ans) quand l'opportunité se présente et qu'elles n'ont pas dans l'immédiat le budget disponible nécessaire.
Tout cela coûte cher: quelle sera votre position sur la fiscalité départementale?
Le Conseil général vient de voter son budget sans augmentation des impôts, alors qu'en 2004 le RMI et le RMA, en plus de l'APA (Allocation Personnalisée d'Autonomie), sont mis à la charge du département: les allocataires sont de plus en plus nombreux, mais l'État ne transfère les crédits que sur la base des années passées. Par démagogie électoraliste, le Conseil général trompe les contribuables-électeurs sur sa capacité financière. Il y a déjà eu augmentation massive de l'impôt départemental en 2002, et il y en aura d'autres quand les élections seront passées...
Pour moi la fiscalité, comme le budget en général, doit être transparente: il faut expliquer, dans une perspective de plusieurs années, les contraintes et les choix qui sont faits, montrer sans artifice ni hypocrisie à quoi servent les prélèvements fiscaux. Pour 2002 par exemple, le président Nycollin s'est expliqué après le vote du budget, il a mis en avant l'APA et les 35 heures mais il est resté bien discret sur l'endettement excessif de la Haute-Savoie, qui résulte pourtant d'une gestion passée dans laquelle il a joué un rôle majeur. Il faut dire la vérité, et l'assumer.
Le Conseil général doit être très ferme sur le respect de la Constitution, qui depuis janvier 2003 garantit qu'aucune charge de l'État central ne sera transférée aux collectivités territoriales sans transfert des ressources budgétaires correspondantes. Or on sait que le ministère des Finances gère un endettement et un déficit catastrophiques, et que ses technocrates sont riches d'imagination pour ne pas tenir leurs promesses.
 
Avant d'adhérer à la Ligue savoisienne, quels ont été vos engagements politiques?
Mon parcours politique est relativement simple: je n'ai jamais adhéré à un parti politique français, et avec le temps j'en suis de plus en plus fier, quand je vois toutes ces casseroles qu'ils traînent! Je suis quelqu'un de foncièrement honnête et je me suis forgé par moi-même, je suis donc complètement étranger à ces systèmes de combines et de corruption qui ont envahi toute la vie politique française, et qui au-delà contaminent les syndicats, les mutuelles, les associations caritatives, les entreprises...
Les idées du Front national ne sont pas du tout les miennes. Ce parti souhaite le rétablissement du franc, brandit le tricolore et chante la Marseillaise, ce chant guerrier, à tout propos, il veut porter le conflit partout. Je suis pour la paix et la concorde européenne.
Quand j'ai connu la Ligue savoisienne, en 2000, j'ai adhéré tout de suite, je me suis senti parfaitement à l'aise dans des idées très saines, qui s'adressent aux habitants de la Savoie. Même si je suis né ailleurs, sans attaches familiales avec la Savoie, je me sens ancré ici et je fais mienne la devise de L'Écho de Savoie: "être savoisien aujourd'hui, c'est plus un choix qu'un héritage".
Au-delà des arguments historiques et juridiques qui permettent de fonder le projet savoisien, je me reconnais dans les valeurs du peuple d'ici: des gens accueillants quand on "montre patte blanche", c'est-à-dire quand on fait un effort pour s'intégrer à eux, quand on prouve qu'on partage leur sens du respect, du travail et de l'honnêteté.
Maire, puis vice-président d'une communauté de communes, c'est déjà une lourde tâche. Avec cette candidature au Conseil général, vous voulez cumuler les mandats, comme les autres?
Depuis 2001 je me suis beaucoup impliqué dans la vie du canton, à travers ma fonction de maire, et j'ai été élu vice-président de la communauté de communes du Bas-Chablais, j'ai d'ailleurs toujours cru à l'intercommunalité. J'ai maintenant envie de suivre les mêmes dossiers au niveau départemental: la fonction de Conseiller général est un prolongement naturel de ce que je fais depuis trois ans dans ce canton. J'ai envie d'exercer la même liberté et le même pragmatisme dans une assemblée qui, à mon avis, est trop passive vis-à-vis du pouvoir central. Il y a trop de Conseillers généraux qui sont des béni-oui-oui, qui acceptent tout ce qui vient de l'administration centrale et des partis parisiens...
Sur le plan pratique, je suspendrai mon activité professionnelle pour me consacrer entièrement à mes mandats électifs; je ne deviendrai pas pour autant un professionnel de la politique, puisque je pourrai à tout moment reprendre mon métier.
Arrivant au Conseil général, vous vous inscrivez à quel groupe?
Les idées de la droite et de la gauche ne sont pas spécialement les miennes, et en plus il y a un gouffre entre leurs idées et leurs pratiques! Je ne m'inscrirai donc à aucun groupe politique, je peux seulement envisager d'appartenir à un groupe technique, s'il en existe un, pour partager un secrétariat. On peut très bien s'exprimer et participer aux décisions en restant indépendant, sans parti-pris.
Comment voyez-vous le canton de Thonon-ouest dans les 20 prochaines années?
De même qu'un maire ne peut pas ignorer le territoire qui entoure sa commune, il faut envisager l'avenir du canton dans un ensemble plus vaste. Le développement actuel va se poursuivre, mais il faut y mettre de l'ordre pour éviter que ça parte dans tous les sens et que certains problèmes ne deviennent insolubles. En priorité il faut établir sur tout le Chablais un schéma d'équipement commercial. D'une manière générale le Bas-Chablais fait partie de la zone péri-urbaine dont Genève est le centre. Cette situation a ses avantages, elle peut rester tout à fait favorable à condition de maîtriser l'aménagement du territoire, de protéger nos paysages et notre caractère encore largement rural, de mettre des limites à l'action des investisseurs, et d'organiser les transports et les communications sur le long terme. C'est la tâche la plus difficile mais la plus importante des élus, qui implique une large concertation.
Le Conseil municipal de Margencel a voté pour la création d'une Région Savoie. C'est aussi votre objectif?
Ce serait une étape intéressante, pour avoir une assemblée commune à toute la Savoie, et on trouverait facilement une majorité d'électeurs et d'élus pour ce redécoupage: c'est ce qui s'est passé à l'Assemblée (des Pays) de Savoie, fin 2002. Ensuite un ministre a dit non à la Région Savoie, et l'Assemblée (des Pays) de Savoie, qui était la préfiguration d'un Conseil régional, a pratiquement cessé d'exister, ce qui est révélateur sur la démocratie à la française!
Mais une Région Savoie ne changerait rien aux contraintes et aux tutelles administratives, le préfet de région aurait bien plus de pouvoir que le président élu. Il faut donc aller beaucoup plus loin et pour moi la meilleure solution pour la Savoie est la souveraineté, dans le cadre européen, lorsque les habitants seront en majorité prêts à envisager cette formule, qui a le vent en poupe en Europe.
La souveraineté c'est l'inconnu, cela fait peur à beaucoup, de même que la Ligue...
La France est pourtant un État souverain, de même que la Suisse, le Luxembourg ou Malte, et tout le monde trouve cela naturel! Quant à la Ligue savoisienne, elle évolue, on y rencontre de plus en plus de personnes compétentes dans des domaines très variés, mais les gens qui ne prennent pas le temps de s'informer en restent peut-être à leur première impression. Bien du chemin a été fait depuis 1996!
Je remercie au passage Pierre Mudry, de Margencel, qui a été plusieurs fois candidat de la Ligue aux élections et qui a beaucoup fait pour son implantation dans le canton. Jean Jacquier, Conseiller municipal à Sciez, est à mes côtés pour l'organisation de cette campagne. Avec des personnes de leur qualité, on peut avoir confiance. Et en dehors de nos adhérents, je connais beaucoup de fortes personnalités qui sont très proches de nous, il faudrait très peu de choses pour qu'elles nous rejoignent ouvertement. Une élection est un moment privilégié pour approfondir ces contacts.
Je pense souvent à cette phrase de Paul-Émile Victor: "La seule chose qui est vraiment vouée à l'échec, c'est celle qu'on ne tente pas".
Propos recueillis à Margencel le 6 février 2004 par Patrice Abeille.
9-1 Épigone du professeur Patagan,
Michel Amoudry en pince pour Rhône-Alpes.
La célèbre thèse du professeur J. Patagan (1975, Le livre blanc de la région Rhône-Alpes, les avantages d'une grande région exposés clairement) faisait depuis plus de trente ans autorité en la matière, malgré sa concision (24 pages entièrement blanches) et l'extrême modestie de son auteur, qui a toujours refusé d'apparaître en public ou dans les média. Le MRS (Mouvement Région Savoie) avait eu le fair-play de diffuser les arguments de ses adversaires politiques en éditant puis en rééditant (en 2001) cette fameuse thèse.
Pourtant l'Annécien (et Rumillien d'origine) Michel Amoudry, vice-président du Conseil régional depuis 1999 dans l'exécutif UDF dirigé par Anne-Marie Comparini, n'a pas craint de relever le défi en publiant ses propres réflexions rhônalpines, à l'automne 2003, sous le titre "Quel avenir pour la Savoie?", aux éditions Cabédita. L'ouvrage (150 pages) n'a pas fait grand bruit dans la saison des cadeaux de Noël, mais nul n'est fondé à en faire grief à son auteur, car depuis 2002 au moins le débat politique, au sens très large, a tout simplement cessé d'exister en Savoie comme en France. Désormais toutes les voix sont condamnées à retentir dans le silence le plus absolu...
Le "livre blanc" de Région Savoie J'y Crois, rédigé par Noël Communod, exposant la thèse inverse de celle d'Amoudry (voir L'Écho de Savoie n°65, pages 3 et 4) n'a pas connu un plus grand succès.
Prenons cependant connaissance des réflexions d'un auteur "mû par l'expérience de deux mandats d'élu régional", comme il l'indique dans sa préface.
Adepte de la formule "pour savoir où l'on va, il faut savoir d'où l'on vient", Michel Amoudry nous entraîne d'abord, en cent pages, dans un vaste survol historique: histoire du régionalisme en Savoie depuis 1965, histoire de la Savoie, histoire de la coopération entre les deux Départements. Ces chapitres ne manquent pas d'intérêt, surtout pour le lecteur qui, de près ou de loin, a vécu ou connu les péripéties de la politique locale de ces dernières décennies.
Le Passenalyu rhônalpin braque son projecteur sur la diversité de la Savoie plutôt que sur son unité. Il insiste lourdement sur le particularisme du Genevois (il pourrait en dire autant du Faucigny...) qui ne rejoint, par achat, le domaine du Comte de Savoie qu'en 1401 et conserve longtemps son autonomie sous la forme d'un apanage. Il brode abondamment sur les contrastes et les oppositions entre Savoie du nord et Savoie du sud, dont il déduit l'absence d'une identité commune. Sur la question linguistique, il rejette dans le néant la "langue savoyarde": à côté du français, il ne voit que des patois. Tout cela est instrumentalisé contre l'idée d'une institution politique savoisienne. Ce faisant, le professeur Amoudry (qui n'enseigne, il est vrai, que les mathématiques pendant les quelques heures laissées libres par son mandat politique...) ne s'avise pas qu'avec les même arguments on récuserait encore bien plus facilement la légitimité de l'État français, "agrégat informe de peuples désunis", selon Mirabeau. Mais passons...
Dans ce panorama historique, le lecteur aperçoit, de temps en temps, un discret personnage qui "entre dans le débat", qui voit, entend et agit: Michel Amoudry lui-même, modeste et opiniâtre, on ne se refait pas! Michel au service militaire à Ambérieu en Bugey, "entouré par le réseau des Savoyards du contingent"; Michel rédacteur, pour le "Républicain savoyard", d'un point de vue "tempérant" les arguments du Mouvement Région Savoie, article signé "prudemment des initiales de (ses) deux prénoms non usuels"; Michel maire-adjoint qui décide en 1973, avec Georges Grandchamp et le maire André Fumex, de pavoiser l'Hôtel de Ville d'Annecy aux couleurs de la Savoie pour le 19 février; Michel qui soutient, à Charbonnières, le projet d'Institut du francoprovençal, parce qu'il "ne donne lieu à aucune confusion avec une langue savoyarde"; Michel qui passe une mauvaise nuit après le vote des Conseillers généraux le 5 décembre 2002 récusant la Région Rhône-Alpes ("Avec mon collègue Éric Fournier, nos délégations représentent les trois quarts du budget régional: avons-nous mal défendu la Savoie? Ai-je bien fait mon travail de proximité auprès des élus, de la presse et des habitants de la Savoie?"). Étrange parcours que celui de ce Candide qui s'efforce de servir un pays sans unité et sans identité, une nation imaginaire, une utopie peut-être?
Restent quarante pages pour développer l'argumentation proprement dite: les avantages d'une grande région exposés clairement, comme disait le professeur Patagan. Là, le vice-président Amoudry est à son affaire: il nous fait l'article avec conviction, tel un camelot éblouissant les ménagères avec sa batterie de cuisine rutilante. Tout y passe. D'abord la "taille européenne", un mystère que nous devons au "technocrate inconnu" selon Denis de Rougemont, mais le débat est tranché par la préférence de Jacques Chirac pour des régions de grande taille, d'ailleurs le président de la grande nation n'aime pas ce qui est petit, comme Sarkozy... Puis le budget: non, la Savoie n'est pas spoliée par les autres départements de Rhône-Alpes, même Patrice Abeille en convient. Et les lycées, et les transports, et la politique culturelle, l'enseignement supérieur, la recherche, les politiques internationales, l'agriculture, l'environnement, la montagne... N'en jetez plus! Dans tous ces domaines et dans quelques autres (Amoudry oublie l'action économique et l'aménagement du territoire) Rhône-Alpes fait oeuvre philanthropique, et nous ne le savions pas! Notre Candide rhônalpin nous l'affirme, preuves à l'appui: tout va pour le mieux en Rhône-Alpes dans la meilleure Région possible! Car "la taille de Rhône-Alpes lui permet de bénéficier du savoir-faire de services spécialisés, faisant appel à des compétences avérées, capables de fournir la logistique nécessaire". Espérons que le livre de Michel Amoudry ne soit pas diffusé hors des limites régionales: il répandrait alors l'amertume et la frustration sur les malheureux habitants de l'Alsace, de Genève, du Val d'Aoste ou de la Sarre, épouvantés d'être privés à jamais de ces savoir-faire et de ces compétences que le monde entier nous envie!
Dès lors la conclusion s'impose: "dans l'immédiat, l'intérêt de la Savoie, c'est de participer pleinement et avec enthousiasme à Rhône-Alpes". Et sans doute, pourrait-on ajouter, de réélire un vice-président si clairvoyant et si dévoué. Mais ça, c'est une autre histoire...
Patrice Abeille.
Note:
Il appartient aux régionalistes de discuter avec Amoudry des mérites comparés d'une grande et d'une petite région dans le cadre français. Les Savoisiens, eux, savent bien que dans la République colonisatrice et oppressive l'échelon régional n'est qu'un petit rouage chargé de la gestion de services et de fonctions que Paris n'a plus envie d'assumer. La seule chose qui leur importe, c'est que la Savoie dispose d'une assemblée démocratiquement élue qui puisse débattre librement de l'avenir de notre peuple. Pour les Savoisiens, la voie de l'émancipation est européenne, elle ne passe ni par Lyon ni par Paris, mais par le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
9-2 Les Expressions Savoyardes en BD,
par Laurent Fiorese.
Fernand et Roger, nos deux Savoyards, font la rioule*: ces deux bamboués* en font voir à leur fenoles* respectives... Ils vont en prendre une abadée*! Ce sont pourtant de bien sympathiques bagolus* bien de chez nous!
Dans ce livret en couleurs, page après page, l’auteur nous raconte la vie d’aujourd’hui en Savoie, à la campagne, à travers les aventures pas tellement imaginaires de Fernand et Roger. Les anecdotes croustillantes se succèdent et vous mettent en joie. On s’y croirait! Humour, tendresse, amitié et saine naïveté, beaucoup d’ironie dans les légendes qui accompagnent les dessins humoristiques.
Laurent Fiorese est un artiste, ses dessins sont expressifs, pittoresques et éloquents. Il a bien observé, bien écouté et n’a pas lésiné sur les expressions en savoyard. Elles y sont toutes ou presque. Un petit livre à mettre entre toutes les mains et à offrir pour le plus grand bonheur de tous.
*Faire la rioule: faire la fête hors de chez soi
*Bamboué: fanfaron bruyant et buveur
*Fenole: femme
*Abadée: sévère remontrance
*Bagolu: ivrogne et dissipateur
"Les expressions savoyardes en BD"
En vente au Secrétariat de la Ligue savoisienne: 11,50 euros.
9-3 Gastronomie : le restaurant l'Éterlou à Faverges.
Les bords du lac d'Annecy recèlent de bonnes tables étoilées, mais les additions y sont le plus souvent salées, contrairement aux eaux du lac dans lesquels se reflètent ces grands établissements bien notés dans les guides gastronomiques.
Alors, peut-on encore bien manger sans voir fondre ses économies? Il suffit de s'éloigner un peu des rives du lac et de savoir dénicher un restaurant au bon rapport qualité-prix. Un tel établissement, je l'ai trouvé à Faverges: c'est L'Éterlou, à côté de l'église, où le propriétaire et Chef Lagarrigue et sa charmante épouse originaire de Seythenex vous accueillent avec sourire et convivialité. Monsieur Lagarrigue, originaire de Figeac, est diplômé de l'école hôtelière de Souillac (département du Lot), dans ce sud-ouest, pays du "bon vivre" et du "bien vivre". Dès sa sortie de l'école, il s'est perfectionné dans de bonnes maisons de Figeac et à Montlouis dans les Pyrénées, pour ensuite venir dans notre région, pour notre plus grand bonheur.
La salle à manger et la salle à l'étage peuvent recevoir 44 couverts. Les murs sont recouverts de bois et le Chef officie devant ses convives, créant ainsi une ambiance chaleureuse. Monsieur Lagarrigue mitonne des spécialités du sud-ouest: magrets de canard, confits de canard, foie gras, coq au vin, cassoulet, civet d'oie, choucroute du sud-ouest, confit de poule, confit de porc, spécialités auxquelles s'ajoutent une cuisine traditionnelle et même un menu savoyard!
Les prix des menus varient de 14,50 à 24,50 euros, de quoi satisfaire tous les appétits. Par exemple, le menu à 22,50 euros comprend: Duo de foie gras (canard et oie) ou Salade de boudin de canard tiède, Coq au vin ou Pavé de loup de mer, fromage et dessert. Le menu du jour (servi à midi) à 11,50 euros comporte entrée, plat, dessert, 1/4 de vin et café. La carte des vins propose une sélection de vins du sud-ouest, Bordeaux, Côtes du Rhône et vins de Savoie.
Qu'est-ce que l'éterlou? Eh bien c'est le nom du petit du chamois. Si après avoir dégusté le menu évoqué ci-dessus vous voulez vous faire pardonner ce péché de gourmandise, l'église de Faverges est juste à côté...
Jean-Claude Garin.
L'Éterlou, 117 rue Tissot-Dupont à Faverges (à côté de l'église).
Fermeture le mardi soir et le mercredi. Tel. 0450 63 41 73.