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- 1-1 Nuage
toxique en Maurienne: que fait la sécurité civile?
- Lundi 12 janvier, une usine de La Chambre (Maurienne) qui fabrique des produits à base
de chlore pour l'entretien des piscines a connu un accident de fabrication: c'est la
troisième fois en peu d'années. La nouvelle a été rapidement diffusée à la radio,
mais sur place les mesures de précaution ont laissé à désirer.
- Ce jour-là, une Savoisienne est descendue d'un train vers 9 heures du matin en gare de
Saint-Avre La Chambre. Chargée de sa valise, elle a remonté la rue principale pour
regagner son domicile. Aucune annonce ne lui a été faite en gare. Le long de son
parcours, elle a vu passer de nombreux véhicules, dont ceux des gendarmes et des
pompiers: aucun ne s'est arrêté pour la prévenir. Ce n'est qu'à la boulangerie qu'elle
a été mise au courant de ce qui se passait.
- Cette personne a souffert d'une intoxication aux formes multiples: sinus bouchés, mal
de ventre et vomissements. Ces symptômes douloureux ont duré plusieurs jours, et deux
semaines plus tard elle avait encore le goût du chlore sur la langue.
- La chaîne de télé France3 s'est déplacée, mais les témoignages des habitants
mécontents n'ont pas été diffusés. Il semble bien que cette affaire ait été
étouffée. Sur ordre de qui?
On se demande à quoi sert la Sécurité civile, auprès du
préfet du département de la Savoie. La moindre des choses serait pourtant d'informer
rapidement les habitants des risques qu'ils encourent et des précautions à prendre...
- 1-2 Le
député Bouvard n'ira pas en correctionnelle.
- Début décembre, Patrice Abeille s'est rendu, sur convocation, à la Gendarmerie
d'Annecy. C'était pour s'entendre lire la réponse du Procureur d'Albertville à son
courrier du 11 octobre, par lequel il l'interrogeait publiquement sur les poursuites
engagées contre les élus qui avaient, le député Bouvard en tête, bloqué un TGV en
gare de Saint-Avre le 27 septembre.
- Eh bien, ô surprise, il n'y aura pas de poursuites! Parce que le chef de file de la
manifestation est un député UMP? Vous n'y êtes pas: tout simplement, la manifestation
était autorisée par le sous-préfet de Saint-Jean de Maurienne, et la SNCF n'a pas
porté plainte.
- Les Savoisiens le sauront à partir de maintenant: il est permis de bloquer des voies
ferrées (ou des autoroutes, ce que des élus mauriennais ont déjà fait) mais à
condition d'y être autorisé par le représentant de l'État. Nul doute qu'il ne donne
volontiers son autorisation à quiconque en fait la demande...
- Pourtant, en avril 1999, c'est par surprise et sans déclaration aucune (ni a fortiori
aucune demande d'autorisation) que des élus de Haute-Savoie avaient bloqué de 7 heures
à 14 heures la gare de Bellegarde. Aucun n'avait été inquiété ni poursuivi. Mais
Bellegarde, c'est dans le département de l'Ain, et la loi républicaine y est peut-être
différente...
- Cette loi équitable (la même pour tous, sans aucune discrimination) a en revanche
été appliquée sans faiblesse à Patrice Abeille lui-même, coupable d'avoir participé
à une manifestation sur la voie ferrée de Voglans au Viviers-du-Lac le 24 janvier 2001:
6000 francs d'amende avec sursis (ne pas recommencer!) et 7000 francs à payer à la SNCF.
- Beaucoup de Français ont perdu confiance en la justice de leur pays. Quant aux
Savoisiens, ce n'est pas demain la veille qu'ils pourront se fier aux tribunaux de leurs
encombrants et annexants voisins.
- 1-3 Décentralisation et
défiscalisation: les électeurs de la Caraïbe votent deux fois oui!
- Les référendums du 7 décembre 2003 dans les Antilles françaises, malgré l'activisme
de dernière minute de François Bayrou en faveur du non, n'ont guère retenu l'attention
de ce côté-ci de l'Atlantique. On a juste noté en passant qu'après l'échec de la
réforme proposée en Corse le 6 juillet, la victoire du non en Martinique (à 50,5%) et
en Guadeloupe (à 73%) compromet lourdement l'application des quelques grands principes
gravés dans le marbre de la Constitution à l'initiative de M. Raffarin.
- Mais ce qui est passé totalement inaperçu, c'est l'adhésion enthousiaste de deux
autres îles au nouveau statut qui leur était offert. 75% des électeurs de Saint-Martin
l'ont accepté (taux de participation 44%) et 95,5% de ceux de Saint-Barthélemy ont fait
de même, avec un taux de participation record de 79%!
- De quelle réforme s'agissait-il? D'une double innovation. Sur le plan institutionnel,
les deux petites îles, paradis des navigateurs de plaisance, vont cesser de dépendre de
la Guadeloupe: elles deviennent deux "collectivités à statut spécial" et
éliront deux assemblées pour s'administrer de façon autonome. Sur le plan fiscal, les
exonérations très nombreuses dont bénéficiaient depuis toujours leurs résidents
auront une base légale certaine.
- Déjà à la fin de l'année 1996 un certain Pierre Mazeaud (qui fut un certain temps
député de la Haute-Savoie et siège aujourd'hui au Conseil Constitutionnel) avait tenté
de faire passer discrètement deux amendements établissant sans ambiguïté le statut de
zone franche de Saint-Barth et Saint-Martin. Étant président de la Commission des Lois
de l'Assemblée nationale, il y était parvenu devant quelques députés en séance de
nuit, mais les sénateurs avaient repoussé un procédé qu'ils jugeait par trop cavalier
(voir le dossier complet dans L'Écho de Savoie n°5 du 23 avril 1997).
- Le plus intéressant pour les Savoisiens, c'est que le "grand juriste
républicain" Pierre Mazeaud justifiait l'un de ses amendements par l'obligation
absolue de respecter le traité conclu au dix-neuvième siècle avec le précédent
possesseur de Saint-Barthélemy, le roi de Suède, qui cédait l'île à condition que ses
habitants continuent de jouir des franchises fiscales que la Suède leur avait accordées
en 1783. On sait ce que la France a fait des zones franches de la Savoie, et de sa
neutralité!
- Les résidents fort peu contribuables de Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont
maintenant complètement rassurés quant à leur avenir, et peuvent se féliciter d'être
français sous un si bon gouvernement. Il ne reste plus à monsieur Raffarin, pour redorer
le blason de sa grande décentralisation, qu'à organiser un référendum en Savoie sur
l'idée du statut suivant: constitution d'une Région Savoie à statut particulier,
assemblée territoriale unique et suppression de la quasi-totalité des impôts. L'Écho
de Savoie est prêt à parier une très forte somme sur un résultat clairement positif...
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- 1-4 Comme au bon temps des
colonies
- Le colonialisme français est plus que jamais à l'uvre dans le département de la
Guyane qui compte 170 000 habitants, un pays bien mal en point selon le magazine du SNES,
principal syndicat de l'enseignement secondaire, l'US n° 595 du 5 décembre 2003, qui
titre un article "La Guyane, un département français du tiers monde: un système
éducatif à la dérive".
- On y apprend ceci: "La non-scolarisation (3000 enfants) progresse de pair avec une
déscolarisation en collège dont le taux a presque doublé de 1996 à 2003, passant de 7%
environ à 14% d'une classe d'âge." L'école publique scolarise donc de plus en plus
au compte-gouttes et cède le terrain aux sectes qui s'engouffrent dans le vide laissé
par l'État. Par contre le Conseil général de Guyane a l'argent pour payer le clergé
catholique, 25 curés qui sont rémunérés sur la grille indiciaire de catégorie B de la
fonction publique, l'évêque quant à lui ayant un traitement de cadre A!
- L'autoritarisme et l'arbitraire de l'administration coloniale sur les personnels est
bien entendu la règle: ainsi le Recteur Bellegarde vient d'infliger un blâme au
secrétaire départemental du SNUIPP (le syndicat de Professeurs des écoles), également
élu du personnel comme commissaire du premier degré. Le Recteur lui reproche de s'être
exprimé en créole dans le cadre de la Commission Administrative Paritaire
Départementale (CAPD)!
- Et nous n'évoquerons même pas ici le sort que prépare aux Amérindiens l'actuel
secrétaire d'État au tourisme Léon Bertrand. Il veut transformer les tribus en
véritables "zoo humains" en ouvrant au tourisme les 30 000 km2 de territoires
encore réservés aux autochtones.
- Que ce soit en Afrique, dans les Régions identitaires de l'hexagone ou outre-mer,
l'État colonial français n'a vraiment pas beaucoup évolué dans ses pratiques depuis le
19e. siècle: le sabre et le goupillon toujours!
- P.G.
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- 1-5 Catalogne: les indépendantistes
accèdent au gouvernement et obtiennent la présidence du Parlement.
- Les négociations faisant suite aux élections catalanes du 16 novembre 2003 (voir notre
analyse dans le n°68 de L'Écho de Savoie) ont abouti à la formation d'une coalition
nationaliste de gauche. Le parti indépendantiste ERC (partenaire de la Ligue savoisienne
dans le cadre européen du PDPE-ALE), qui avait doublé ses suffrages et le nombre de ses
députés, y figure en bonne place, aux côtés du parti socialiste catalan et du
mouvement Initiative pour une Catalogne Verte.
- Le 5 décembre, lors de sa première réunion, le Parlement de Catalogne a élu
président le candidat présenté par ERC (Esquerra Republicana de Catalunya), Ernest
Benach. Les vice-présidents élus sont les candidats du Parti Socialiste Catalan et de
Convergencia i Unio (le parti de l'ancien président de la Generalitat, désormais dans
l'opposition).
- Dans les jours suivants, les négociations se sont accélérées entre les partis de la
gauche catalane. Elles ont abouti à un accord de gouvernement. Eles ont produit un accord
de gouvernement, valable pour quatre ans, qui a été approuvé à l'unanimité par
l'exécutif puis le Conseil national d'ERC. Le 20 décembre le parlement catalan élisait
Pascual Maragall (ancien maire socialiste de Barcelone) président de la Generalitat, et
le 22 décembre était investi le gouvernement, dans lequel siègent six conseillers
d'ERC, aux côtés de huit conseillers socialistes et de deux conseillers du parti ICV.
Josep-Lluis Carod-Rovira, Secrétaire général d'ERC, fait partie de ce gouvernement avec
le titre de Conseiller en chef, c'est le numéro deux de l'exécutif catalan.
- Du côté de Convergencia i Unio, les partis qui soutenaient Jordi Pujol, qui fut
président de la Generalitat pendant 21 ans, on crie à la trahison. Des électeurs d'ERC
seraient désorientés eux aussi, car ils espéraient une coalition nationaliste ERC +
CiU.
- Josep-Lluis Carod-Rovira demande aux partis de l'opposition (Partido Popular, dont le
leader José-Maria Aznar est Premier Ministre à Madrid, et Convergencia i Unio, dont le
président Artur Mas doit renoncer à succéder à Jordi Pujol à la présidence de la
Generalitat) de laisser sa chance au catalanisme de gauche et de ne pas le juger avant
qu'il n'ait commencé son parcours. Plus largement, il s'adresse à la société catalane:
"Nous ne voulons pas une Catalogne divisée entre nationalistes et non-nationalistes.
Nous voulons une Catalogne nationale dans laquelle tous fassent un compromis historique,
dans le cadre de notre pays et d'une vision claire de son avenir."
- Il ajoute: "Il est l'heure de fixer comme objectif prioritaire l'unité civile du
peuple de Catalogne, un peuple uni, par-delà les origines, les noms de familles et la
langue parlée à la maison."
- Le nouveau gouvernement s'est engagé sur un programme de quatre ans. Sa tâche la plus
politique sera de préparer un nouveau statut d'autonomie pour acquérir de nouveaux
pouvoirs dans une négociation avec Madrid; si une telle négociation était impossible ou
échouait, le projet de nouveau statut serait soumis à un référendum au peuple catalan.
Il conviendra de juger sur pièces les réalisations de cette nouvelle alliance au sud des
Pyrénées. Évidemment les institutions espagnoles, pour imparfaites qu'elles soient,
contrastent fortement avec celles de la France des préfets et des conseils régionaux: la
prison des peuples est au nord des Pyrénées.
- illustration (photo jpg) Josep-Lluis Carod-Rovira
- légende: Josep-Lluis Carod-Rovira, Secrétaire général d'ERC et Conseiller en chef de
Catalogne.
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- 1-6 Loi sur l'internet: 10 millions
de présumés coupables.
- Dans son acharnement à légiférer sur tout et à tour de bras, le gouvernement
français est en train de préparer un mauvais coup contre les internautes, qui sont
maintenant plus de 10 millions dans ce pays. Le parlement examine actuellement un projet
de loi "pour la confiance dans l'économie numérique". Derrière ce beau
prétexte se cache la volonté de mettre en place un filtrage et une surveillance. Les
courriers électroniques (e-mail) ne seraient plus considérés comme de la correspondance
privée: ils pourraient être lus, détournés ou poursuivis! Les fournisseurs d'accès
seraient obligés de contrôler les pages de leurs clients avant de les mettre en ligne,
et seraient tenus responsables des contenus!
- Sous prétexte de lutter contre la fraude aux droits d'auteur, la haine raciale et la
pédophilie (actes contre lesquels existe déjà tout un arsenal législatif), le
"Pays des Droits de l'Homme" met en place la censure et l'espionnage.
- Ce genre de mesures est caractéristique de nombreux pays où des dictatures interdisent
ou limitent sévèrement l'accès à l'internet. La France, si la loi est adoptée, se
trouvera en compagnie de la Chine, de l'Iran ou de la Birmanie...
- Or, à moins de mettre en place un État policier et totalitaire (ce qui heureusement
n'est pas encore fait en France), la loi de censure sera inapplicable, étant donné que
chaque jour des milliards de pages sont échangées sur le réseau mondial. Nous aurons
donc une loi inutile de plus, avec le risque de la voir ressortir un jour ou l'autre au
service d'une mauvaise querelle, d'un règlement de comptes ou d'une répression
politique. Lamentable.
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- 1-7 Délinquance à Massongy
(Chablais).
- C'est le Dauphiné "libéré" qui nous l'apprend (édition du 16 décembre):
au fronton de la Mairie de Massongy, tous les drapeaux ont disparu! Tous? Non! Les
drapeaux de la Savoie n'ont pas été enlevés...
- Un reporter de L'Écho de Savoie s'est rendu sur place. Il n'a pas vu de drapeaux, mais
a eu le temps de photographier un suspect, habillé en rouge et blanc, qui s'échappait
par le balcon. La gendarmerie n'est pas encore parvenue à l'arrêter ni à le localiser.
Le mystère demeure...
- photo 1: Un suspect s'échappe de la mairie de Massongy.
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- 1-8 Le francoprovençal enseigné
dans une école valaisanne.
- Une commune de la région sierroise s'est lancée depuis la rentrée 2003 dans un
programme pilote, à savoir l'enseignement dans les classes de 5e et 6e primaires de
l'arpitan (la langue savoyarde ou francoprovençale), avec l'aval de l'État du Valais!
- Au centre scolaire de Corin, on a désormais pris l'habitude parmi les instituteurs de
saluer les élèves et les collègues du cordial "bonzhor".
- Malgré tout, un adjoint au chef du département de l'éducation, de la culture et des
sports précise qu'il "n'existe pas de volonté du département de promouvoir et de
généraliser le patois à l'école. Il s'agit bien d'une expérience qui s'inscrit dans
une démarche d'éveil aux langues. Nous tirerons le bilan après une année". Manque
de volonté ou manière d'amadouer les parents d'élèves, pour nombreux réticents?
- L'arpitan a été interdit dans les écoles romandes au XIXe siècle pour ne pas faire
obstacle à l'enseignement de la langue française, mais il semble bien que l'heure du
sursaut pour sauvegarder l'élément essentiel d'un peuple la langue à
sonné, tant en Savoie que dans le reste des pays alpins francoprovençaux.
- Alban Lavy.
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- 1-9 Le football des Croix de
Savoie fait le plein au stade d'Annecy.
- Ce n'était pas arrivé depuis 26 ans, paraît-il: le stade d'Annecy était plein (plus
de 10 000 spectateurs) le dimanche 25 janvier dernier, pour le match de 16e. de finale de
Coupe de France entre les professionnels de Ligue 1 du Stade Rennais et les amateurs du
nouveau club FC Croix de Savoie, né le 19 mai 2003 de la fusion des clubs de Gaillard et
Ville-la-Grand.
- Les Savoyards n'ont pas réalisé leur rêve le plus fou et ont dû s'incliner (2-0)
devant la supériorité d'une équipe bretonne évoluant dans une tout autre catégorie.
Mais ils ont donné bien du fil à retordre à leurs adversaires, qui ont rendu hommage à
leurs qualités certaines: cohésion, technicité et détermination.
- Jamais on n'avait vu autant de rouge-et-blanc dans ce stade: la Ville d'Annecy avait
déployé tout le pavoisement disponible dans ses services techniques, et le public
arborait d'innombrables casquettes, drapeaux et écharpes aux couleurs de la Savoie. Peu
de supporters rennais, cela se comprend, avaient fait le déplacement.
- Les débuts du FC Croix de Savoie en compétition sont éclatants et prometteurs. Bravo
et hourrah aux joueurs (qui ont tous participé à la fête par rotation) et à leur
entraîneur Pascal Dupraz, un peu déçu mais qui n'a rien à se reprocher, bien au
contraire. Pascal Dupraz est membre de la Ligue savoisienne, comme son père Jo Dupraz,
ils sont bien connus tous les deux de nos amis du Faucigny.

-
- 2-1 Francoprovençal: le
dictionnaire Stich est paru: commandez-le!
- Préfacé par Henriette Walter (linguiste qui a dirigé la thèse de Dominique Stich à
la Sorbonne), ce dictionnaire de 591 pages, luxueusement relié, est sans précédent. Il
comporte deux parties principales: francoprovençal/français et
français/francoprovençal. Il est augmenté d'une grammaire, de répertoires de toponymes
et de néologismes, et d'extraits bibliographiques (avec leur transcription) d'auteurs des
différentes régions francoprovençales: Vallée d'Aoste, Beaujolais, Bresse, Bugey,
Dauphiné, Dombes, Forez, Franche-Comté, Fribourg, Genève, Lyonnais, Neuchâtel,
Piémont, Pouilles, Savoie, Valais, Vaud et zone du francoprovençal francisé.
- Dominique Stich présente dans cet ouvrage la commodité de l'orthographe
supradialectale standardisée qu'il a mise au point. Il s'est donné pour tâche de faire
connaître et reconnaître le francoprovençal, cette langue romane souvent oubliée, et
ses remarquables oeuvres littéraires, inconnues jusque chez ses propres locuteurs. Son
dictionnaire est le premier à traiter la langue francoprovençale dans sa globalité,
alors que l'on ne considérait que le savoyard, le valdôtain, le vaudois, le lyonnais,
etc.
- Ont également contribué à l'ouvrage:
- - Xavier Gouvert, enseignant et diplômé de la Sorbonne en linguistique romane,
- - Alain Favre, professeur des écoles en Chablais.
- Vous pouvez vous procurer le dictionnaire au secrétariat de la Ligue savoisienne (2
avenue de la Mavéria. 74940 Annecy le Vieux) au prix de 48 euros, frais de port 5 euros
quel que soit le nombre d'exemplaires commandés. Chèque à libeller à l'ordre de la
Ligue savoisienne.
-
- 2-2 Le site de L'Écho de Savoie
vous informe: inscrivez-le en page d'ouverture!
- L'Écho de Savoie dispose maintenant d'un site internet, lié à celui de la Ligue
savoisienne. Sur ce site, vous retrouvez les articles récemment parus dans votre journal,
mais aussi des informations exclusives sur la Ligue savoisienne et ses activités.
- Il vous est possible de configurer votre navigateur internet de telle façon que la
première page ouverte à la connexion soit la page de L'Écho de Savoie. Si vous le
faites, vous serez informé chaque jour des actualités de la Ligue savoisienne.
- Dans Internet Explorer, cliquez sur Edition/Préférences/Navigateur web/Affichage du
navigateur, et entrez l'adresse que vous souhaitez voir atteinte chaque jour:
- http://notre.savoie.free.fr/echo/
- Ainsi vous aurez à chaque connexion les dernières infos savoisiennes...

-
- 3-1 Marcieux:
méfiance généralisée face au projet de stockage de déchets.
- Le 13 juillet 1992, un certain Michel Barnier, alors président du Conseil général de
la Savoie du sud et ministre de l'environnement, donnait son nom à une loi fixant les
règles de la gestion des déchets en France. Douze ans après, le Département de la
Savoie ne respecte toujours pas cette loi!
- Rappelons lurgence de la situation: 417kg de déchets par habitant et par an
(ménagers et industriels), 253 000 tonnes d'ordures ménagères collectées dans le
Département en 2002, soit 4% de plus qu'en 2001 (le tonnage d'ordures ménagères en
France a doublé en 30 ans!), incinérateur de Gilly sur Isère fermé, et aucune
décharge de classe 2! Depuis dix ans tous les projets de stockage de déchets ultimes ont
échoué. Ces déchets, en plus des ordures du bassin d'Albertville, sont donc
"exportés" vers la Drôme, lIsère, le Vaucluse. Mais tour à tour les
départements, qui ont les mêmes problèmes, refusent ces livraisons non désirées. La
Savoie doit avoir les moyens de traiter ses déchets: cest une évidence que
personne ne conteste.
- Pourtant, du côté des responsables politiques (préfecture et Conseil général) la
transparence n'est toujours pas au rendez-vous. Dans l'Avant-Pays savoyard, on s'alarme au
sujet du site de Marcieux, petite commune au nord de Novalaise, qui fait l'objet d'une
étude de "pré-faisabilité" d'un centre de stockage de classe 2. On se demande
ce que les autorités de Chambéry ont en vue. Nature et conditions du stockage,
transport, nuisances, risques, rien n'est clair. Le vrai problème n'est jamais posé non
plus: personne ne veut d'une décharge près de chez soi, mais personne n'envisage non
plus le moment où il faudra changer ses habitudes de vie.
- Politique et vérité ne font pas bon ménage dans ce pays: le système repose sur le
mensonge et l'hypocrisie, la Ligue savoisienne le combat fermement. Trop d'abus
étouffés, trop de scandales si parcimonieusement révélés, si légèrement punis, si
facilement amnistiés! Dans notre Savoie, on n'a pas oublié les morts du tunnel du
Mont-Blanc, dont la sécurité était négligée mais les profits considérables, ni les
dioxines de Gilly. Comment, dans un tel système de corruption généralisée et d'abus de
pouvoir permanent que celui de la France, les habitants pourraient-ils accueillir avec
confiance les discours de leurs élus et des fonctionnaires que le pouvoir leur envoie?
Comment s'étonner de la vigueur, au fond regrettable, du fameux principe NIMBY ("Not
in my backyard, pas dans ma cour, faites ce que vous voulez mais loin de chez moi!")
qui tient si souvent lieu de débat public?
- Dans les pages qui suivent, L'Écho de Savoie, grâce à ses correspondants dans
l'Avant-Pays, vous informe sur les débats et les oppositions que soulève cette affaire.
Il donne largement la parole à Marc Laurençon, président de l'association Avenir
Avant-Pays qui refuse la décharge à Marcieux. Enfin votre journal savoisien, révélant
le dessous de certaines cartes, pose clairement les questions qui devront être résolues
dans les prochaines années. La démocratie ne peut exister sans la transparence des faits
et la clarté du débat.

- 3-2 La première réunion d'information.
Chaud, ce fut chaud le 10 décembre 2003 à Novalaise. Jean-Pierre
Vial, devant une salle archi-comble, était venu expliquer et défendre le projet de
centre de stockage de déchets de classe 2 à Marcieux. Il a eu bien du mal à se faire
entendre au milieu des invectives. Cest toujours déplaisant, et surtout stérile
pour ceux qui viennent chercher de linfo. Le président du Conseil général en vint
à brandir la menace de refermer le dossier et de le remettre au placard comme
lavait fait son prédécesseur Michel Barnier en 1994
-
- 3-3 Le projet de Marcieux.
- Dans un esprit de "solidarité des territoires", proposition est donc faite du
site de la carrière Richard à Marcieux pour stocker les rebuts de lAvant-Pays bien
sûr mais aussi et surtout ceux de lagglomération chambérienne. La Maurienne et la
Tarentaise auront chacune leurs traitements et leurs centres de stockage à terme.
Lincinérateur de Gilly, fermé, devrait être remplacé
Le marché semble
donc être le suivant: les ordures de lAvant-Pays sont incinérées à Chambéry, il
faut accepter la contrepartie du stockage. Telle est la position de certains élus, à
commencer par Mme. Christiane Bellemin, Maire de Novalaise, première à être huée en
début de réunion: "être citoyen, faire preuve de civisme"
oui, nous
lavouons, nous culpabilisons
nous sommes tous daffreux égoïstes. Car
cest bien le genre de décharge que lon veut toujours chez le voisin!
- Jean-Pierre Vial a mis tout son talent davocat en oeuvre pour tenter de nous
rassurer. Dabord, nous nen sommes quaux études de
"pré-faisabilité": des études hydrogéologiques devront dire si oui ou non le
site est propice. Preuve en passant que ces déchets dits "inertes" ne sont pas
si anodins que cela. Malgré la bâche imperméable (mais quen sera-t-il dans 30 ans
ou plus?), malgré un système de collecte et de traitement des eaux de ruissellement
(quels traitements pour quelles pollutions?), il est donc exclu dentasser du déchet
de classe 2 sur un site perméable, a fortiori sil existe un réseau deaux
souterraines. Cest dailleurs ce qui avait définitivement sauvé le site du
Tremblay, un moment pressenti il y a une dizaine dannées à la Motte-Servolex.
- Il revient alors au maire de Marcieux, Monsieur Zucchero, le difficile exercice de
justifier le choix de "sa" carrière. Très chahuté ("tu lauras ta
salle des fêtes"!), il tente de nous montrer que la décharge naurait aucun
impact sur le tourisme, lagriculture, que le site est éloigné des hameaux, pas
dune grande richesse faunistique et floristique (tout ce qui nest pas classé
est-il dénué dintérêt?), quil ny aurait aucune nuisance (poussière,
bruit, visuel), et que le terrain est naturellement étanche (avant même les premières
études!). Ce qui suscite bien des remous dans la salle, et des interventions du genre:
"mais au fond de la carrière Richard, leau ne reste jamais, même quand il
pleut beaucoup: preuve que ça sinfiltre!". Bref, officiellement, quelques
camions par jour pendant 10 ou 12 ans, puis une fois la carrière comblée, on plante une
belle pelouse, des arbres, et
ce sera même mieux quavant. À laide de
diapositives, un technicien nous prouve que la future décharge sera quasiment invisible;
nouvelles protestations dans le public
Le Président Vial nous assure que
contrairement aux rumeurs il ny aura jamais dordures ménagères à Marcieux.
Donc pas de biogaz, pas de "torchères" ou dincinérateurs, et pas
dodeurs. Il nous explique le "principe dexcellence" qui prévaut,
avec le respect de la "norme environnementale 14001", et la transparence de la
démarche. Les associations de protection de la nature seront notamment impliquées au
sein du Comité départemental de concertation. Il serait par exemple intéressant
davoir lavis de la FRAPNA qui fait partie du tour de table, ou de lACALP
(association de riverains de lincinérateur de Gilly).
- Mais il faut bientôt aborder le sujet qui fâche le plus : les camions. Le Conseil
général ne donnant pas l'exemple, les déchets seront évidemment transportés par
camions. Ils emprunteront lautoroute, sortiront à Aiguebelette, et passeront dans
le bourg de Novalaise. La tension monte donc dun cran, car au vu du volume de la
carrière les chiffres de 200 camions par jour circulent! Un technicien nous fait un
calcul apparemment sans faille, résultat: maxi 10 arrivées de camions/jour, soit 20
trajets. Stupeur, doute, protestations
On a du mal à y croire. Les apostrophes
reprennent, Jean-Pierre Vial perd son sang-froid et menace de poursuivre en justice ceux
qui véhiculent de fausses informations!
- Le paroxysme est atteint quand lun des techniciens patentés, relayé par le
Président, tente de nous faire croire que grâce à la décharge il y aura même moins de
camions sur les routes de Novalaise!
Parlons des itinéraires de ces chers poids-lourds: la diapo
nest pas très claire, mais je dirais que tous les itinéraires possibles sont
retenus! Y compris le tunnel du Chat, via Saint-Jean de Chevelu et Saint-Paul sur Yenne!
Les riverains de Saint-Jean de Chevelu apprécieront de voir leurs efforts ruinés.
-
- 3-4 Un débat confus.
- Après ces explications vient le débat: les questions fusent, le micro circule.
Certains contestent le nombre de camions. Un artisan du BTP précise quil faut tenir
compte de la densité du matériau transporté, et de son foisonnement (le volume réel et
le poids peuvent être très différents du volume théorique). Faut-il partir de la
capacité de la carrière en volume et
- faire la division, comme la version officielle, ou plutôt prendre en compte ce que
génère chaque jour Chambéry Métropole? Les chiffres pourraient être très
différents!
- Quelquun demande si dautres sites potentiels ont été étudiés, dans
lagglomération chambérienne. On finit par comprendre quil nen est
rien. Alors lintervenant suggère lidée de lancienne carrière Chiron,
vers Montagnole et Jacob Bellecombette. Au fond de ce gigantesque canyon leau reste
en surface, preuve dune meilleure imperméabilité. Et surtout il y a un accès
souterrain par un petit train qui part des anciennes usines Vicat à Cognin. (Je confirme,
jai lu un bouquin là-dessus, que mavait prêté un ingénieur Vicat à la
retraite). Embarras de M. Vial qui répond: "ce nest pas tombé dans
loreille dun sourd"!
- Beaucoup dhabitants ont peur quune fois la boîte de Pandore ouverte, la
décharge installée, la vigilance émoussée, les règles fixées changent, les
dérogations de "Monsieur le Préfet" se multiplient. La durée
dexploitation fixée à 10/12 ans ne risque-t-elle pas être prolongée? La
décharge ne pourrait-elle pas être étendue aux terrains voisins, qui ayant perdu toute
valeur pourraient être rachetés à vil prix? Les élus passent, les habitants restent!
Les assurances du Président Vial nont à lévidence pas convaincu les
opposants au projet. Sont-ils majoritaires? Jai pu constater une fois de plus la
méfiance de certains vis-à-vis du monde politique. Jai eu limpression que
malgré leffort de communication tendant à prouver linverse, tout est déjà
ficelé. Que les élus se sont jetés sur Marcieux comme une mouche sur le miel avec la
complicité du Maire et ne sont pas prêts à lâcher le morceau. On na pas abordé
le sujet sensible des "contreparties", Michel Bouvard parle de "redevance
spécifique significative pour la commune"
Rien na été dit sur la
réduction des déchets à la source, pourtant le bon sens le commande
- Il est certain que lAvant-Pays va de plus en plus souffrir du développement
anarchique de lagglomération chambérienne
- Bertrand Lefèbvre.
-
- 3-5 Le classement des centres de stockage.
- Classe 3: installation soumise à autorisation du Maire. Les déchets acceptés:
déchets "inertes", stables physiquement et chimiquement (déblais, pierres,
gravats, bétons
)
- Classe 2: installation classée soumise à autorisation préfectorale (et donc
enquête publique). Les déchets acceptés: "déchets banals", ni inertes, ni
toxiques (encombrants, refus de tri, plâtre, mâchefers non valorisables
)
- Classe 1: installation classée soumise à autorisation préfectorale (enquête
publique). Les déchets acceptés: "déchets spéciaux", dangereux pour
lhomme et lenvironnement. Les déchets doivent être stabilisés avant
stockage.
-
- 3-6 Le Conseil régional demande un moratoire.
- Lors de sa dernière réunion de l'année, le 19 décembre 2003, le Conseil régional a
examiné un vu concernant le projet de centre de stockage de déchets à Marcieux.
Déposé par le groupe communiste (dont l'unique élu du département de la Savoie est
Roger Gandet, de Yenne), le vu demande au Conseil général de la Savoie de surseoir
aux études sur le site de Marcieux pour prendre en considération:
- la situation particulière de la zone envisagée, déjà pénalisée
économiquement suite aux mesures de restriction de la circulation au tunnel du Chat;
- les conséquences à terme sur le réseau hydrologique du bassin versant du Flon
débouchant sur le Rhône, lui aussi pénalisé dans ce secteur par la dérivation et
recevant déjà les effluents du bassin chambérien et aixois;
- les efforts engagés par les collectivités riveraines pour compenser ces
handicaps et s'engager dans une démarche de tourisme vert et de productions de qualité
incompatibles avec le projet.
- Patrice Abeille a voté ce vu, qui a été adopté par le Conseil régional et
donc transmis à M. Jean-Pierre Vial.
- Les votes de l'assemblée:
- Pour: PC/PS/Verts/FN/M. Abeille/Mme. Morel/M. Roure.
- Contre: UDF/UMP/EI/INI.
Abstention: M. Dullin/M. Jond/Mme. Martin-Retord/M. Rochette.
-
- 3-7 Interview de Marc Laurençon, vice-président de
l'association "avenir avant-pays".
- Marc Laurençon, présentez-nous votre association:
- En 93, on a créé cette association pour obtenir la fermeture dune
porcherie industrielle à Verthemex, qui était non conforme. Le but atteint,
lassociation a été mise en sommeil, puis réactivée dès les premières rumeurs
du projet dune décharge de classe 2 à Marcieux, rumeurs confirmées par la presse.
Aujourdhui on a 150 adhérents et notre pétition a recueilli plus de 1000
signatures. On a un très large soutien de la population locale.
- Pourquoi contestez-vous le projet de Marcieux?
- Le projet est contestable dabord dans sa forme! Les choses nont pas
été présentées franchement, il ny a eu aucune consultation. Quand on amène un
projet qui est bénéfique pour une commune, ou un ensemble de communes, on vient en
lexpliquant sans détour. Au début, Jean-Pierre Vial a convoqué les mairies de
certaines communes sous prétexte de parler de la canicule passée et des problèmes
deau. En fait il sest avéré que lordre du jour de cette réunion
était bien la décharge de Marcieux. Et le Conseil Général parle de transparence! Il y
a un certain nombre de manipulations de lopinion; il y a une part de mystification
dans les chiffres annoncés, comme le fait de dire quil y aura moins de camions
après linstallation de la décharge, le fait de dire que lon ne court aucun
risque grâce à la norme iso 14001, qui nest quune certification
- Nous contestons le choix de Marcieux pour plusieurs raisons: dabord, ce qui est
intéressant dans une politique raisonnable de gestion des déchets cest de les
enfouir à proximité des lieux de production. Clairement, ceux-ci sont de lautre
côté de lÉpine.
- Prenons lexemple du Tremblay (site à la Motte-Servolex, longtemps pressenti puis
abandonné dans les années 90). Lélément décisif de labandon du projet a
été le risque de pollution du Lac du Bourget. Sil y a un risque de pollution
souterraine, il existe aussi chez nous, pour le Rhône: nous avons à proximité des
ruisseaux, le bassin versant se jette dans le Flon, qui se jette dans le Rhône. Soit on
nous dit que les bâches sont 100% étanches, et dans ce sens il ny avait pas de
raison pour que ça pollue au Tremblay, soit il y avait un risque au Tremblay, donc risque
ici aussi.
- Nous nous posons aussi des questions sur le type exact de déchets susceptibles
dêtre stockés à Marcieux. Dans les décharges de classe 3, on identifie très
bien ce qui va rentrer, comme les matériaux de démolition, pierres, gravats, choses
totalement inertes. Par contre pour la classe 2, cest absolument impossible
dobtenir la liste des intrants exacts. On sait que ce sont par exemple les DIB,
(déchets industriels banals), mais on ne sait pas exactement ce qui les compose. Au
niveau national les textes disent quil peut y avoir des ordures ménagères, chez
nous on nous dit quon ne va pas en mettre. Il peut aussi y avoir des
fermentescibles. Rentrent dans la catégorie DIB les déchets par exemple de boulangerie,
déchets déquarrissage, cuir, etc., il y a quand même des choses qui peuvent
apporter de grosses, grosses nuisances. Ce serait bien davoir une liste exhaustive
de ce qui rentrerait dans cette décharge.
- Ensuite, laccessibilité de notre territoire aux camions nest pas évidente.
Il ny a que 2 moyens, soit par le tunnel du Chat soit par lautoroute. Dans les
2 cas, il faut traverser des zones fortement touristiques. Par lautoroute,
cest la sortie du lac dAiguebelette, troisième lac naturel de France, il y a
énormément de tourisme, cest un environnement qui est préservé, naturel, il
ny a pas dindustrie, pas de pollution
Envoyer des camions dans cet
environnement ne nous paraît pas raisonnable. Il faut ensuite traverser le bourg de
Novalaise qui nest absolument pas adapté, calibré pour le passage et le
croisements de poids lourds. Puis jusquà Marcieux, on traverse une zone purement
agricole, où il y a des producteurs bio. Tout ce trafic va être extrêmement perturbant
pour eux, la proximité dune décharge va nuire à la qualité de leurs produits.
Les camions peuvent aussi sortir à Saint-Genix et revenir par la Balme, Yenne, Saint-Paul
sur Yenne
mais également par ce côté-ci les routes ne sont pas prévues pour les
poids-lourds. Le tunnel du Chat est pour linstant toujours fermé aux camions. Il y
a eu une très forte mobilisation dassociations dans ce sens. Maintenant on parle de
remettre des camions sur ces routes, ce nest pas très correct ni cohérent, y
compris vis-à-vis de ceux qui ont eu à subir les contraintes et les problèmes
économiques liés à linterdiction des poids-lourds.
- Dans lAvant-Pays nous navons que lagriculture et le tourisme, pour les
communautés de commune dYenne et dAiguebelette. Cest une zone
totalement préservée, nous avons de lartisanat et de rares petites entreprises.
Les décisions politiques précédentes, notamment au niveau du Syndicat Mixte de
lAvant-Pays, ont été de fixer le développement industriel sur la plate-forme de
Belmont-Tramonet, ce qui semble logique par rapport à la proximité de lautoroute,
et de décider que nos territoires seraient purement agricoles et touristiques. Dans ce
cadre la fermeture du Chat aux camions, même si elle a pénalisé fortement notre
secteur, surtout celui de Yenne, nest pas incohérente. On a une possibilité de
développement en jouant la carte de cette nature préservée. Dans le secteur agricole on
a tout un tas de produits intéressants, fromages et vins principalement. Des produits
agricoles labellisés de qualité dans un environnement de qualité. Limplantation
dune telle décharge remet en cause toute cette politique qui a été menée jusque
là et la rend incohérente.
- Que répondez-vous à ceux qui vous reprochent votre manque de civisme et de
solidarité, voire votre égoïsme?
- Un des arguments forts de M. Vial pour nous imposer cette décharge est de
rappeler que les deux communautés de communes dAiguebelette et de Yenne font
incinérer leurs ordures à Chambéry. Nous navons pas participé financièrement à
la construction de cet incinérateur. Celui-ci étant à peu près saturé, il y a un
risque pour nous qui sommes seulement "clients" de nous en voir un jour refuser
laccès. Cest un argument fort pour convaincre nos élus daccepter la
décharge en contrepartie de lincinération des déchets à Chambéry.
Lélimination des déchets est du ressort des communes et communautés de communes.
Nous sommes 8000 habitants dans lAvant-Pays. Un citadin produit 450kg de déchets
par an. Une personne en milieu rural en produit 150kg. De lautre côté de
lÉpine il y a 160 000 habitants, soit 20 fois plus, produisant 3 fois plus de
déchets. Approximativement, nos déchets ne représentent que 1/60e de ce qui est
incinéré à Chambéry: pas grand-chose. Donc on nous demande en contrepartie
daccepter une décharge de classe 2 dans laquelle on va mettre les résidus de ces
160 000 habitants, plus les 8000 de notre côté. Il faut savoir que dans la communauté
de communes de Yenne, à la Balme exactement, on récupère les égouts (traités), du
bassin chambérien, en provenance de la station du Bourget. Si on veut parler de civisme,
il faut tout peser. Si on pèse tout, on donne déjà beaucoup. Je pense que nous demander
encore davantage pour nous permettre dincinérer nos ordures à Chambéry,
cest un faux problème. Rappelons aussi que dans les décharges classe 2, on va
enfouir les DIB (déchets industriels banals). Ces déchets viennent principalement du
bassin chambérien, puisque de notre côté on na quasiment pas dindustrie. Ce
sont les déchets correspondant à 12 000 emplois salariés côté Chambéry, alors que
nous ne sommes que 8000 habitants. Sil faut partager les déchets, partageons aussi
les richesses induites par ces emplois!
- Nature préservée, qualité de vie, des arguments auxquels sont attachés les
habitants de lAvant-Pays?
- Oui. Nous avons principalement 2 types dhabitants ici: les habitants de
souche, quand même attachés à leur territoire quils entretiennent depuis si
longtemps. Ils y travaillent, ce sont entre autres les agriculteurs, qui ont fait le choix
de rester ici pour travailler. Ces gens-là sont sensibles au fait que lon détruise
ce quils ont reçu de leurs parents, leur patrimoine. Pour les autres habitants,
ceux-ci ont fait un choix de vie et sont prêts à en subir les conséquences. On a
beaucoup de personnes qui travaillent sur Chambéry, Lyon, Grenoble, ils nhésitent
pas à faire 100km aller pour se rendre au travail; je lai fait pendant 10 ans. Il y
a des inconvénients quon na pas en ville, les poubelles ne sont ramassées
quune fois par semaine, les communications ne passent pas bien, on est loin de tout,
il faut sorganiser pour avoir le privilège de vivre loin de la pollution des
villes, cest un effort que lon consent à faire pour cette qualité de vie. Si
une décharge est installée avec son cortège de menaces potentielles, si cest pour
avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête, ces gens-là vont peut-être
reconsidérer leur choix et migrer ailleurs. Les gens du bassin chambérien viennent ici
le week-end pour faire du vélo, se balader, se ressourcer, dans ce cadre de vie entretenu
par les agriculteurs et les habitants.
- Notre territoire est aussi une porte dentrée de la Savoie. Si on associe
limage de notre territoire à une décharge, cest quand même dommage.
- Comment réagissent les élus locaux au projet de décharge ?
- Une partie sest mobilisée fortement pour ou contre le projet. Une autre
partie des élus ne joue pas son rôle, et ne prend pas position, sous prétexte
quils nont pas linformation nécessaire. Le rôle dun élu est
aussi de se forger une intime conviction en faisant le nécessaire pour avoir toutes les
données du problème. Les élus doivent sinterroger sur ce sujet qui est vraiment
crucial pour le développement de notre canton. Dans ce sens notre association a pour but
daider à une meilleure compréhension des choses pour les habitants, et pour nos
élus! Elle a pour but dexposer une vision alternative, dessayer de
simpliquer activement dans la résolution du problème de la gestion des déchets en
Savoie. En participant si possible au Comité départemental de concertation. (NDR: si ce
nest pas du civisme, ça!)
- Votre proposition?
- Notre point de vue, cest quil faut avoir des solutions qui prennent
en compte la motivation des populations localement dans lensemble de la Savoie, et
qui intègrent les besoins des industriels pour arriver à une solution globale de gestion
des déchets: réduction à la source, plus de tri, compostage des déchets organiques. Et
surtout quil y ait un traitement de proximité qui soit à léchelle des
territoires. Cest-à-dire quon ne fasse pas un grand trou où lon mette
à labri des regards de la majorité les déchets quon ne veut plus voir.
Linconvénient de cette solution-là, cest quon nimplique pas les
populations. Ceux qui envoient leurs déchets ailleurs que chez eux ne sont plus
concernés par leur devenir.
- Propos recueillis par Bertrand Lefèbvre le 31 décembre 2003.
- Association Avenir Avant-Pays: tél 04 79 65 90 83 ou 04 79 65 35 24.
-
- 3-8 Les points sensibles.
- Pour que chacun puisse se prononcer en toute objectivité sur le projet de centre de
stockage de déchets de Marcieux (comme sur tout autre site envisagé) il est
indispensable que des réponses claires, précises et sûres soient données aux questions
qui préoccupent légitimement les habitants. En voici les principales, mais la liste
n'est pas exhaustive.
- 1. Quels déchets seraient déposés? Il faut une liste détaillée et limitative, et
l'engagement de ne tolérer aucune dérive, aucun passe-droit.
- 2. Quelle durée d'exploitation? Il faut une date butoir impérative pour la remise en
état du site.
- 3. Quel périmètre? Il faut un plan précis, et l'engagement de ne pas agrandir la
décharge.
- 4. Quelle étanchéité? Pourquoi faut-il un sol sans infiltrations alors qu'une bâche
"100% étanche" est prévue en fond de décharge?
- 5. Quel serait l'itinéraire des transports de déchets?
- 6. Combien de trajets seraient autorisés par jour?
- Sur ces point sensibles, et sur quelques autres sans doute, les habitants de
l'Avant-Pays ont le droit d'être considérés comme les partenaires d'un véritable
contrat, ayant un caractère contraignant pour toutes les parties. Faute de quoi ils
s'opposeront à une opération dont le développement ultérieur leur échapperait
complètement, et ils auront raison.
- L'Écho de Savoie.
-
- 3-9 Déchets: pour éviter les "poubelles à ciel
ouvert", il faut changer les habitudes.
- En Savoie, la gestion des déchets se résume à l'incinération et à la mise en
décharge (hors de Savoie) des résidus d'incinérateurs et des rebuts industriels. Or on
sait maintenant (voir le dossier "dioxines" de L'Écho de Savoie n°68,
décembre 2003) que l'incinération est la pire des solutions, celle qui disperse le plus
de substances polluantes et toxiques dans l'atmosphère et dans le sol.
- Comme les centrales nucléaires, les incinérateurs produisent des déchets dont ne sait
que faire. Les mâchefers sont parfois recyclés comme remblais routiers, mais seulement
dans quelques endroits bien précis et avec un luxe de précautions: c'est assez dire que
ces résidus sont loin d'être aussi inertes et inoffensifs qu'on le prétend parfois
quand on veut les stocker.
- Les déchets d'incinérateurs s'ajoutent aux rebuts industriels, et les Conseils
généraux cherchent désespérément des sites pour s'en débarrasser. Alors apparaît
une choquante inégalité de droits entre les territoires. Là où vivent en grand nombre
les bourgeois, les professions libérales et les cadres à haut niveau de culture et de
revenus, la résistance s'organise, fait jouer ses moyens juridiques et ses réseaux, et
fait capoter le projet de décharge. C'est ce qui s'est passé il y a quelques années à
la Motte-Servolex: le site du Tremblay, proche de la commune du Bourget dont Jean-Pierre
Vial était le maire (il ne peut plus l'être officiellement à cause de la loi sur le
cumul de mandats), avait été abandonné. Michel Barnier avait "eu les boules",
selon le propos exact de Jean-Pierre Vial. Celui-ci essaie donc de refiler les
cochonneries, dont son quartier n'a pas voulu, à des populations d'un niveau social plus
modeste: à Aiguebelle en Maurienne (une vallée ouvrière déjà ravagée par les
pollutions industrielles) ou à Marcieux dans l'Avant-Pays, deux des cantons les plus
pauvres de toute la Savoie...
- Alors, le tri et le recyclage? Il y a de gros progrès à faire de ce côté-là. Il va
falloir que chacun s'habitue à s'organiser avec plusieurs poubelles, à réfléchir avant
de jeter. Et après la collecte, qu'advient-il des déchets triés? Si à l'arrivée on se
contente d'entasser des tonnes de piles électriques usagées dans une cour d'usine à
l'abandon, comme cela a été filmé il y a quelque temps, le tri n'a plus aucune
utilité. Là encore, les autorités politiques en Savoie sont particulièrement avares
d'informations. Et rien n'a encore été fait pour mettre à part les matières
organiques, qui composent un tiers de nos ordures, et que l'on devrait composter pour un
recyclage tout à fait naturel.
- Mais même le recyclage ne suffira pas, si notre consommation continue à croître au
même rythme. Certains écologistes n'hésitent pas à soutenir que "le recyclage est
une idée mise en place par les grandes entreprises pour éviter de remettre en cause
notre mode de consommation; il donne bonne conscience au consommateur qui, du coup,
n'hésite pas à acheter, et donc à jeter sans compter" (Florence Couraud,
responsable des questions de "production propre" au CNIID). Or chaque année, le
style de vie de loccidental moyen nécessite lutilisation de 100 tonnes de
ressources non renouvelables par personne. 94% des matériaux extraits de
lenvironnement deviennent des déchets avant même que les produits soient
manufacturés et 80% des biens sont jetés dans les 6 mois suivant leur production. Bref
nous croulons sous les déchets, épuisons les ressources non renouvelables et polluons
lensemble des écosystèmes.
- On se rendra donc bientôt compte de la nécessité de réduire la production de
déchets à la source. Très concrètement, mais aussi assez facilement avec un minimum de
volonté politique, cela suppose de s'orienter vers une réduction des emballages
superflus, dont les sacs qui nous ont fait perdre l'habitude du cabas et des paniers. Il y
a aussi la possibilité de produire des matériaux récupérables, comme les plastiques
biodégradables (amidon et polyesters modifiés) qui existent depuis 1970 et qui n'ont pas
été adoptés car leurs coûts sont de 1,5 à 3 fois supérieurs à ceux des dérivés
des produits pétroliers: par exemple le Mater-Bi est un plastique qui se dégrade à 90%
en 40 jours. Enfin à la suite d'un tri poussé, des filières expérimentales existent
pour recycler la plupart des plastiques actuellement mis en décharge ou à
l'incinération.
- Bien entendu ce type de discours n'est pas facile à tenir car cela suppose pour la
plupart d'entre nous une évolution dans notre comportement de consommateurs.
- Ainsi toute cette histoire a aussi une morale économique: si on avait incorporé au
prix d'un produit son coût de destruction après usage, on aurait dû se restreindre mais
cela aurait évité de bien mauvaises surprises. Et plus grave encore, on le repaiera
incommensurablement plus cher par les dégâts sur les milieux naturels et notre santé,
à Marcieux comme partout ailleurs!
- Pascal Garnier et Patrice Abeille.
- Contacts: www.cniid.org . e-mail : info@cniid.org
- CNIID 51 Boulevard Saint-Antoine 75011 Paris. Tél 01 55 78 28 60

-
- 4-1 Avec Pierre Fournier, une autre Savoie est possible!
- par Pascal Garnier.
Étrange et fulgurant destin que celui de Pierre Fournier, un nom
que la parution d'un ouvrage écrit par sa veuve vient tirer quelque peu d'un injuste
oubli. Pourtant par ses longs articles abondamment documentés et illustrés, ses
chroniques percutantes en prise directe sur l'actualité, ses dessins lourds de sens et de
sentiments, il a véritablement lancé le mouvement écologiste en France au début des
années septante, notamment dans son éphémère journal "La gueule ouverte".
-
- 4-2 Les débuts retardataires de l'écologie dans l'hexagone.
- Qu'il lui en a donc fallu du courage, dans cet hexagone si rétif à l'écologie!
- L'Allemagne avait forgé ce concept d'écologie dès 1867 et l'avait développé avec
des savants comme Ernst Haeckel. Aux États-Unis, des écrivains comme Emerson ou
Henri-David Thoreau (le génial auteur de "Walden ou la vie dans les bois")
rencontraient depuis un siècle un immense succès.
- Mais en France, ce n'est qu'en 1974, grâce à la candidature de René Dumont à
l'élection présidentielle, que l'écologie politique va véritablement se faire
connaître du grand public. Soit dit en passant, 30 ans plus tard, la quasi-totalité des
prédictions de Dumont (récemment décédé) se sont réalisées ou sont en voie de
l'être.
- Quelque temps auparavant, dans quelques petits cercles et journaux, les idées
écologistes avaient germé. Elles contestaient radicalement la logique de
lintérêt, léconomisme, le pouvoir absolu des valeurs marchandes et même
assez souvent la dichotomie gauche-droite. Elles cherchaient en revanche à donner une
nouvelle impulsion aux luttes des mouvements autonomistes et régionalistes.
- Quelques esprits précurseurs osaient:
- préférer les pays véritables aux États-Nations pour construire lEurope
des peuples,
- éveiller les solidarités concrètes pour faire contrepoids à
lindividualisme concurrentiel,
- prôner linstauration dun système de sécurité continental
européen,
- développer une critique de limmigration en tant que déracinement sans
tomber dans la xénophobie ou la logique du bouc émissaire,
- rappeler que la fuite en avant dans une croissance en expansion continue ne peut
quaugmenter le chômage, multiplier les laissés-pour-compte, l'insécurité sociale
en général.
- Ils voulaient dépasser à la fois le libéralisme du 18e. siècle (transformé
aujourd'hui en capitalisme mondial arrogant) et le socialisme du 19e. qui, tous deux,
conduisent à lépuisement des ressources de la planète. Ces convictions, si elles
sont partagées par beaucoup aujourd'hui, c'est grâce à des éveilleurs de conscience
comme le mauriennais Pierre Fournier que nous le devons. Celui-ci a joué un rôle majeur
de catalyseur, leur faisant prendre, contre vents et marées, une ampleur jamais atteinte
jusqu'alors.
- Au début des années 70, Fournier tirait déjà à boulets rouges, dans les pages de
son mensuel, sur tous les pollueurs de la planète, des pétroliers aux chimistes de
lagroalimentaire en passant par les promoteurs du nucléaire, les arracheurs de
haies et les bétonneurs.
Les écologistes de lépoque reconnaissaient en lui leur
porte-parole. Ainsi il a joué le rôle de figure de proue de toute une jeunesse, assumant
de façon réfléchie et sans aucune compromission les prolongements du grand éclat de
rire libérateur de mai 1968. Il se faisait également le porte-parole du mouvement
communautaire et du combat non-violent. Sa réflexion sur la technostructure et le sens de
la "révolution écologique" était des plus profondes.
-
- 4-3 Pierre Fournier, le Savoisien.
- Les paysages de Savoie de son enfance lont fortement imprégné, il en gardait ce
coté austère, rigoureux, massif, volontaire. Derrière ses lunettes de myope, il ne
perdait aucun détail de la vie de ses contemporains. Il naimait pas
lévolution de son époque, son coté nouveau riche de la fin des trente glorieuses,
son coté consommateur effréné qui piétine le bon sens et massacre les paysages sans
vergogne. Que dirait-il aujourd'hui, s'il revenait, en voyant ces paysages, jusque dans
notre avant-pays, totalement mités par les nouveaux colonisateurs qui veulent
s'approprier le pays? Les yeux ouverts, trop ouverts, comment survivre à ce quil
voyait? Alors il partit en guerre contre tout ce qui lui gâchait la vie.
- Il avait le sens aigu de lurgence, car depuis lâge de 21 ans il se savait
personnellement condamné par la médecine pour son rétrécissement congénital de
l'aorte; cette grave malformation cardiaque restée longtemps invisible, il lui devait à
la fois sa lenteur et son impatience, son urgence à vivre. En fait, alors quil
dénonçait lapoplexie de la civilisation technique, c'est lui-même qui a été
terrassé par une crise cardiaque due au surmenage, le 15 février 1973, quatre mois
après le lancement de son journal. Il savait que dans les différents domaines des idées
aussi, il faut semer, planter, récolter et engranger avant que tout ne sendorme
dans cet hiver qui pour lui allait s'avérer éternel.
- Tout avait pourtant bien commencé le jour de sa naissance à lhôpital de
Saint-Jean de Maurienne le 12 mai 1937, à la fonte des neiges. Ses parents sont de tous
jeunes instituteurs à quelques dizaines de lacets de là, à Saint-Sorlin dArves,
un petit village perché à 1800 mètres daltitude.
- C'est alors en Maurienne encore une époque où le temps de présence des enfants à
lécole se négocie entre parents et instituteurs: il faut garder les vaches du
printemps à lautomne. Heureuse époque de l'école buissonnière... En 1939 sa
petite sur naît et remplace Pierre dans le berceau de bois, uvre du
grand-père paternel, menuisier ébéniste. Dès l'âge de 3 ou 4 ans, Pierre commence à
gribouiller à la craie sur les lauzes, ces ardoises épaisses dont on recouvre des toits
quon tire de lardoisière voisine.
Mais en 1945 ses parents sont mutés à Pont de Beauvoisin, le
gros bourg de l'avant-pays, à la frontière Savoie-France, dans une école primaire de 4
classes. Là les Fournier font connaissance avec Célestin et Elise Freinet: leur
pédagogie, révolutionnaire pour lépoque, mais fort peu pratiquée aujourd'hui,
valorise le travail manuel et favorise lexpression de toutes les activités
artistiques: modelage, peinture, dessin, pyrogravure, écriture et impression dun
journal scolaire. Ils deviennent de fervents adeptes. Dans ce milieu de la
"laïque", Pierre va néanmoins au catéchisme, et ce fils dinstituteurs
républicains est toujours premier devant les élèves de lécole libre. Il sera
même enfant de chur.
-
- 4-4 Les années dapprentissage.
- Dès 1949, les dessins puis les pages régulières de Pierre sont publiés dans
"Enfantine", puis dans "La gerbe", les journaux scolaires du mouvement
Freinet. Il va ensuite faire son Lycée à Chambéry comme pensionnaire, ce quil ne
trouve évidemment pas très amusant. En 1953 les Fournier quittent la Savoie et le cocon
scolaire pour vivre en immeuble, dans lanonymat d'une banlieue parisienne. Une
mutation choisie pour faciliter la poursuite des études artistiques de Pierre et qui en
dit long sur le système centralisateur français, où pour réussir il faut
impérativement passer par Paris! Ils ne retourneront en Savoie, dans la maison familiale
des grands-parents maternels, que pour les vacances.
- Le jeune Pierre Fournier est un adolescent très solitaire qui n'aime pas les jeux de
société, mis à part le jeu de dames, et ne pratique aucun sport sauf, en vacances, du
ski à la Toussuire. L'été, il rejoint ses parents à Cannes en traversant les Alpes à
vélo avec un cousin. Celui-ci s'étonne de le voir si vite essoufflé. Personne ne se
doute alors que son cur pourrait le lâcher à chaque virage.
- Il passe le concours de professeur de dessin de la ville de Paris, commence à exercer
le 15 septembre 1959 et démissionne le 23 novembre mais persévère cependant dans son
apprentissage du dessin.
- C'est à la préparation militaire que l'on décèle enfin son problème à l'aorte, qui
est tellement rétrécie qu'elle ne laisse passer qu'un minuscule filet de sang. Il lui
faut alors subir une opération de 8 heures afin de remplacer le bout d'aorte rabougri par
un tube de dacron, opération dont on ne ressort vivant qu'une fois sur trois à cette
époque. En novembre 1960, l'opération réussit mais il ne pourra quasiment rien faire
pendant des mois sinon écouter la radio, lire les journaux et les livres de ses parents
qui, chose étonnante, sont à cette époque-là "Minute", "Rivarol"
et les oeuvres d'Alexis Carrrel... Il envoie ses dessins par la poste aux rédactions:
certains seront publiés dans "Minute"!
En 1964 il devient gratte-papier à la Caisse des Dépôts et
Consignations après avoir réussi un concours. Son travail consiste à instruire, au
stylo à bille avec copie en 3 exemplaires grâce au papier carbone, les dossiers des
communes qui sollicitent des prêts pour construire gymnases et salles des fêtes.
Employé discret, il intrigue ses collègues. On se rend vite compte qu'il ne raffole pas
des pots de bureau où il se singularise par son mutisme. Pendant ses week-ends et ses
soirées, il illustre pour une misère "Don Quichotte", "Amélie" de
Troyat, "Le Caporal épinglé" de Jacques Perret, "Le Colleur
d'affiches" de Michel del Castillo, "Les Misérables" de Victor Hugo et
"L'Éloge de la folie" d'Erasme.
-
- 4-5 La prise
de conscience.
- Grand lecteur de journaux, Fournier commence à ferrailler dans le courrier des lecteurs
avec les journalistes qui s'aventurent sur le terrain de l'environnement, de
l'agriculture, de la santé, du naturisme, comme par exemple dans
"Arts-Lettres-Spectacles, le grand hebdomadaire français" où il demande à ce
que l'on préserve un quartier en plein cur de Pont de Beauvoisin.
- Dès 1963 il comprend les enjeux liés à l'alimentation, notamment le rôle nocif que
peuvent jouer les insecticides. Il pressent que nourrir tout le monde grâce au progrès
technique hypothèquera l'avenir des générations futures en surexploitant les terres
agricoles. En bref, il rejette tout ce qu'il nomme l'alimentation "chimiquée".
- En juillet 1965 il épouse Danielle, qui est la grande copine de sa petite sur,
après lui avoir appris la cuisine aux céréales et la lecture de Giono et Lanza del
Vasto. Ils vont camper très sommairement au sixième étage d'une tour en face de son
lieu de travail, dans un univers qui se bouleverse de plus en plus jusqu'à devenir le
triste chaos urbain que l'on sait. Le premier de leurs trois enfants naît en février
1966.
- Il va à Paris pour faire ses courses dans les rares magasins bio qui existent en ce
temps-là, et avant de rentrer passe à la rédaction d'Hara-Kiri pour proposer ses
dessins. Nous sommes alors à la période des premières catastrophes écologiques comme
le naufrage du Torrey Canyon, la guerre du Vietnam, l'explosion de la première bombe
atomique chinoise, chez nous le parc de la Vanoise est menacé par les promoteurs
immobiliers. Il va s'inventer dans Hara-Kiri un personnage de grand reporter: Jean Neyrien
Nafoutre de Séquonlat! Désormais il fait 2 ou 4 pages tous les mois dans ce journal,
illustrées souvent de dessins violents et grinçants.
- Dans le même temps, ses vues sur lévolution du monde saffinent et il
écrit à un ami: "Mes vues simplistes, mes idées dépassées, mes sentiments
réactionnaires et mon style de béotien faussement primaire ont dix ans d'avance sur la
pseudo-révolution "hippie", qui n'est que le signe avant-coureur de
bouleversements plus sérieux."
Fournier est de plus en plus accaparé par ses articles, et en
avril 1969 il lance un véritable manifeste assénant les idées maîtresses qui
deviendront le leitmotiv des années suivantes: "Pendant qu'on nous amuse avec des
guerres et des révolutions qui s'engendrent les unes les autres en répétant toujours la
même chose, l'homme est en train, à force d'exploitation technologique incontrôlée, de
rendre la terre inhabitable, non seulement pour lui mais pour toutes les formes de vie
supérieures qui s'étaient jusqu'alors accommodées de sa présence. Le paradis
concentrationnaire qui s'esquisse et que nous permettent les technocrates ne verra jamais
le jour parce que leur ignorance et le mépris des contingences biologiques le tueront
dans l'uf. La seule vraie question qui se pose n'est pas de savoir s'il sera
supportable une fois né mais si, oui ou non, son avortement provoquera notre mort."
-
- 4-6 L'éveilleur de conscience.
- Mais à Hara-Kiri à cette date Fournier fait encore figure de franc-tireur, et puis il
manque toujours cruellement d'argent. Malgré tout, en septembre 1969, il prend un congé
sans solde de 18 mois et déménage avec sa petite famille à Leyment, un village de la
plaine de l'Ain près d'Ambérieu en Bugey, dans la minuscule maison de sa grand-mère.
Pas de télévision, pas de téléphone, pas de machine à laver.
- Et un jour, en ballade à la cité médiévale de Pérouges, c'est le choc qui annonce
le dernier combat de sa vie: au-delà du champ de tir militaire de la Valbonne et de
l'usine de conservation alimentaire, une énorme construction: c'est la centrale
nucléaire dite Bugey 1.
- Elle doit entrer en service en septembre 1971 et dans l'Ain les écolos battent le
rappel. Fournier quitte alors définitivement son travail de la Caisse des Dépôts et
Consignations et s'investit pleinement dans le nouveau "Charlie" qui devient
hebdomadaire. Avec le comité Bugey-Cobayes et son ami l'instituteur Émile Prémillieu,
il rédige le tract de la manifestation du 10 juillet 1971 où l'on prend l'exemple d'un
accident nucléaire qui a eu lieu à Windscale (Angleterre) le 10 octobre 1957:
- "Dans le réacteur n°1, deux cartouches d'uranium ont fait éclater leur
revêtement protecteur d'aluminium et ont pris feu. Le feu a pu être arrêté
immédiatement, mais le réacteur était si chaud qu'il a fallu le mettre hors service...
Le lendemain, on constatait que parmi les matériaux échappés se trouvait en outre du
strontium 90. La nuit suivante, des voitures de police allèrent réquisitionner le lait
dans toutes les fermes. À partir de cette date, 600 000 litres de lait ont été jetés
chaque jour... Le soir du 12 octobre, le secteur considéré comme pollué devait être
étendu à 500 km2. À Londres qui se trouve à 500 km de là, la radioactivité avait
atteint 20 fois la valeur normale. L'ensemble des mesures effectuées sur le lait, l'eau,
les produits de ferme, puisés à toutes les sources partout sur le territoire, fut sans
précédent. L'iode 131 a été détecté dès le 11 octobre dans le lait, l'eau potable,
le bétail et même la glande thyroïde d'adultes et d'enfants vivant entre 30 et 40 km de
Windscale."
- Depuis nous avons eu Three Miles Island aux États-Unis, Tchernobyl en Ukraine. Il est
vrai quen France, le nuage radioactif sest arrêté à la frontière! À
l'heure où le gouvernement Raffarin veut nous engager dans une nouvelle aventure
nucléaire avec l'EPR et où l'Allemagne ferme sa première centrale avant toutes les
autres, encore aujourd'hui, plus que jamais, rappelons qu'en France le choix de l'énergie
nucléaire n'a jamais fait l'objet d'un véritable débat national. La raison d'État
toujours.
- page 87 logo de Bugey 01 (sans légende)
- Bénéficiant donc de la force de frappe de "Charlie-hebdo", Fournier rameute
près de 20 000 personnes qui vont marcher sur le site de la future centrale Bugey 1.
Parmi les manifestants, le grand savant Théodore Monod, Maxime le Forestier... C'est du
succès monstre de cette première manifestation que découleront tous les futurs combats.
- Mais en même temps, il se verrait bien en une sorte de Giono savoyard, le Giono
missionnaire du Contadour qui aurait été éleveur de Tarines. Quelques années
auparavant, il avait imaginé un projet de village communautaire (un concept qui
s'accordait mal à son tempérament renfermé), qui sauverait un village de montagne de la
désertification absolue tout en le préservant de la "chienlit vacancière". Il
envisage de le faire d'abord à Montendry en Maurienne: il y aurait eu des artisans, des
artistes, une coopérative et une école. Mais l'année suivante, en août, les copains ne
seront pas au rendez-vous. Fournier a toujours cette idée de sa communauté. Elle se
concrétisera en partie après la manifestation du Bugey. Ses copains se voient
naturellement mieux en Ardèche ou sur le plateau du Larzac. Pour Fournier pas question:
il ne dépassera pas les frontières de sa Savoie natale! Alors il repère la vallée du
Beaufortain près d'Albertville, avec toujours l'idée de faire un journal purement
écologiste. Ses pages environnementales dans Charlie et Hara-Kiri tiennent de plus en
plus de place et le directeur des publications Bernier lui suggère de faire son propre
journal. Malgré sa santé fragile, il accepte et "La gueule ouverte",
sous-titré "le journal qui annonce la fin du monde" paraît en novembre 1972,
juste après le rassemblement du Larzac auquel ont participé 125 000 personnes. Le
mensuel est un succès immense et on lui demande même de fonder un parti...
- C'est à Queige, finalement, qu'il va trouver la maison de ses rêves, entre Albertville
et Beaufort, une vieille ferme savoyarde jamais rénovée, sans eau ni électricité
(comme chez José Bové qui a vécu ainsi jusquen 1987), avec la pluie qui traverse
le toit de chaume pourri! Par contre, il a une vue magnifique sur la vallée, les
cimes
Le siège du journal "La gueule ouverte" est à Outrechaise, un
hameau d'Ugine, dans les locaux de l'ancienne mairie où le premier numéro est conçu.
Fournier, quant à lui, installe son bureau à Queige. Il s'aperçoit que cette écologie
qui se cherche un discours, une théorie, peut aussi être récupérée par le système
qui a l'art de tout digérer: "Je sais bien qu'il y a une clientèle pour les revues
de pêche à la ligne, de philatélie, de football, de politique ou de cul, et que
l'avenir est à la presse spécialisée: chacun bien enfermé dans son "hobby"
pendant qu'au pouvoir on gère la grande usine collective. L'écologie devenant un
"hobby" comme les autres. Le but n'est pas là."
- page 90: la couverture de la "Gueule ouverte" (sans légende)
- Pour lui, il faut aller beaucoup plus loin, toujours remonter aux causes. C'est donc à
cette tâche harassante de défricheur qu'il se donne à fond, même si cela n'est pas
dans sa nature: "Je fais ce canard pas pour le plaisir de militer mais pour qu'il
serve à quelque chose. Je milite parce que je suis obligé. J'ai horreur de ça. Donc
s'il s'avère que ça sert à rien, j'arrête. Et c'est bien parce que le militantisme est
en contradiction avec ma nature que je m'y attelle avec un tel souci d'efficacité et tant
de hargne méprisante."
Quatre numéros de "La gueule ouverte" sortent alors,
marquant toute une génération bien que totalement à contre-courant de l'air du temps,
dans cet univers de consommation frénétique, pas encore frappé par le premier choc
pétrolier.
-
- 4-7 La mort au bout du combat.
- Cependant la responsabilité du journal l'épuise, obligé quil est dans ce pays
où tout se décide à Paris de faire des allers-retours incessants. Il se remet mal d'une
grippe. Lors d'un séjour dans la capitale, il meurt allongé sur son lit, frappé d'un
infarctus, le 15 février 1973. "La gueule Ouverte" continuera tant bien que mal
après sa mort et fusionnera en 1977 avec "Combat Non Violent", puis deviendra
hebdomadaire sous la direction dIsabelle Cabut, et cessera finalement de paraître
en 1980. Danielle Fournier avait réuni un premier recueil posthume de ses textes et
dessins: "Où on va? J'en sais rien, mais on y va" (éditions du Square,
1973). Enfin, en hommage à son ami et pour entretenir la ferveur radicale de ses idées,
Roland de Miller composa une anthologie sélective de ses articles parue sous le titre
"Y'en a plus pour longtemps" (éditions du Square, 1975). Toujours des
titres dans l'état d'esprit pessimiste quant au devenir du monde moderne, titres qui ne
sont pas sans rappeler aujourd'hui les théories élaborées par les partisans de la
"décroissance soutenable" comme Serge Latouche, Jacques Ellul ou les
rédacteurs de la revue Silence.
- Avec le recul, on peut aussi deviner que le fait d'être né en Savoie a du beaucoup
jouer dans ses convictions: lorsque l'on voit une nature quasiment inviolée se dégrader
constamment et se trouver ensuite confrontée à un mode de vie urbain et industriel,
notre sensibilité ne peut que s'interroger, réagir et finalement s'opposer. Le contraste
entre la montagne mauriennaise et la banlieue parisienne a transformé l'adolescent
rêveur en défenseur acharné de la nature et en prophète éclairé de ce que l'on doit
bien nommer aujourd'hui engorgement de la civilisation.
- Pierre Fournier est mort de s'être donné à fond dans ce quil a entrepris. Il
n'avait pas 36 ans. Trente ans plus tard sa veuve, toujours fidèle à sa mémoire, nous
propose ce témoignage avec ces "Carnets davant la fin du monde" sur la
vie de ce mémorable Savoyard, fondateur de l'écologie politique dans l'hexagone.
-
- P.G.
- Danielle Fournier. Carnets d'avant la fin du monde. Buchet-Chastel. Collection les
cahiers dessinés. 26 euros.

-
- 5-1 Délocalisations:
inquiétude dans la vallée de l'Arve.
- L'aventure du décolletage dans la Vallée de l'Arve démarre avec les colporteurs qui
ont ramené d'Allemagne les techniques de l'industrie horlogère. Les paysans ont
commencé a fabriquer dans leur ferme dès le 18e. siècle des rouages de montres pour les
firmes genevoises. Puis au 19e. siècle l'artisanat est devenu industrie avec la
fabrication de petites pièces diverses en grande série, nécessitant un grand
savoir-faire, pour les grandes industries, notamment après la guerre pour l'automobile ou
aujourd'hui la téléphonie mobile. Au fil du temps, ils ont dû en baver, tous ces fils
et petit-fils de paysans, pour sélever à la force du poignet et après des années
et des années de salariat, réussir à devenir indépendants et à tout investir dans
leur entreprise. Ils ont fait de cette vallée le premier district industriel de
l'hexagone et le leader mondial incontesté dans le décolletage.
Pourtant aujourd'hui, la "Technic vallée", comme on
l'appelle, vit une profonde mutation. "La région n'a pas le moral, les patrons sont
fatigués, les ouvriers inquiets" dit Yves Bontaz, qui a vendu 46% du capital de son
entreprise de près de 800 personnes, "Bontaz centre", à un fonds
d'investissement contrôlé par des Américains. Dans cette vallée où on travaille 55-60
heures par semaine et où les salaires sont 30 à 40% supérieurs à ceux proposés dans
dautres régions de lhexagone, on invoque notamment "la concurrence
mondiale toujours plus violente". Les autres entreprises du type de celle d'Yves
Bontaz ont toutes été vendues aux Américains. Comme Frank & Pignard (Thyez, 1000
salariés) en 1998 à Autocam Corporation, STVI, Bouverat André et Fils, Lance, Gradel
Henri. Bien d'autres cessions sont en train de se réaliser
-
- 5-2 Concentration du capital.
- Ainsi, alors que lindustrie du décolletage était contrôlée par des familles
originaires de Haute-Savoie, des fonds dinvestissement étrangers, pour la plupart
américains, se sont emparés en seulement cinq années des plus beaux fleurons de la
vallée. Ce phénomène sème le désarroi dans cette région qui concentre sur 30
kilomètres, entre Bonneville et Cluses, 67% du décolletage de l'hexagone avec 800 PME
qui emploient directement 10 000 salariés.
- Près de 75% de ces entreprises comptent moins de 10 salariés et 2% plus de 200. Mais
les centres de décision sont désormais localisés ailleurs. Faute davoir pu
ou su se regrouper, les patrons du Faucigny, pourtant réputés farouchement
indépendants, ont livré leurs entreprises, bâties parfois sur quatre à cinq
générations, à des fonds dinvestissement étrangers. Dautres, parvenus à
lâge de la retraite, nont pu faire autrement que de vendre. Selon certains,
des banques locales voulant stabiliser un tissu industriel fragilisé et réduire leurs
risques dans le décolletage, auraient encouragé le mouvement, désignant aux acheteurs
les meilleures proies
- Une étude interne réalisée en mai 2003 par la banque de France sur les sociétés
ayant un chiffre daffaires supérieur à 750 000 euros mesure lampleur de la
mutation en cours: "À ce jour, 17 entreprises locales de décolletage sont détenues
à plus de 50% par les capitaux étrangers, directement ou par lintermédiaire de
sociétés holding de rachat. Elles représentent un chiffre daffaires cumulé de
434 millions deuros, soit le tiers du chiffre daffaires global de la vallée,
et 3300 salariés environ, soit le tiers également des effectifs. Ces rachats ne
devraient pas sarrêter, même sils ne concernent plus les grosses PME
indépendantes de plus de 200 salariés, de plus en plus rares."
- Selon le directeur de la Banque de France à Cluses, "le mouvement se généralise
à des entreprises de plus en plus modestes. Pour ce tissu de très petites PME, le
mouvement de concentration paraît inéluctable." Selon "Acteurs de
léconomie": "Faute datteindre une taille critique, nombre des
sociétés du décolletage auront de plus en plus de mal à répondre aux exigences de
qualité, de réactivité, de technologie, de logistique, quimposent des donneurs
dordre, notamment ceux de lautomobile avec qui travaillent plus de 50 % des
décolleteurs. Dans cette industrie très capitalistique, investir chaque année
jusquà 20% de son chiffre daffaire dans de nouveaux process (contre 6% en
moyenne dans la mécanique) devient de plus en plus difficile pour des entreprises
familiales dont les marges se réduisent comme peau de chagrin. De plus la mondialisation
se fait sentir et la guerre économique est quotidienne pour conserver ses clients. Les
équipementiers reportent sur les décolleteurs la très forte pression que les
constructeurs automobiles leur font subir."
- Les employés sont donc inquiets et craignent que leur patron aille délocaliser dans
les pays de lEst (la République tchèque ou la Pologne ont de très bons
mécaniciens qui coûtent 4 fois moins cher) ou en Chine, "nouvel atelier du
monde". C'est d'ailleurs ce que Bontaz, cité plus haut, a fait puisque sur 800
employés, 450 sont tchèques, 60 chinois et 50 brésiliens. Il risquerait de ne rester
que lusinage, le cur du savoir-faire des décolleteurs savoyards. Le danger
nest pas immédiat parce que lenvironnement exceptionnel rassemble sur un
même territoire les décolleteurs, les fabricants de machines, les outilleurs, les
spécialistes du traitement des métaux et la kyrielle de services associés:
lobservatoire du décolletage, le CTDEC qui se préoccupe de former la main
duvre qualifiée, les banques
Mais à 10 ans personne nose un
pronostic.
- Tout nest pas joué, alors que faire? Paul Rivier, PDG de la TV8 Mont-Blanc,
ex-PDG de Téfal et ancien Président de lAgence économique de Haute-Savoie, plaide
pour un effort encore accru dans le développement des compétences. Il juge indispensable
de "former des ingénieurs spécialisés dans la production de micro-pièces,
capables danticiper les technologies qui se substitueront demain au
décolletage". Un pari osé qui a été gagné dans le domaine de l'horlogerie suisse
avec les montres Swatch, devenu le numéro un mondial de l'horlogerie. Lorsque les montres
à quartz pas cher en provenance d'Asie sont arrivées, presque personne ne croyait à la
possibilité de survie de l'industrie horlogère suisse, sauf sur le créneau très
étroit du très haut de gamme. Le nouveau concept Swatch, qui devait connaître un
succès fulgurant malgré un prix plus élevé, a permis de garder les emplois en Suisse,
en Allemagne et en France, même s'il y a de petites unités de production en Malaisie, en
Chine et en Thaïlande.
-
- 5-3 Fatalité française?
- Le discours de Rivier semble logique si l'on observe les chiffres de l'industrie
française, qui a perdu 1,5 million d'emplois industriels en 25 ans (5,542 millions en
1978, 3,965 millions en 2002). Périodiquement ces saignées dues aux délocalisations
sont très douloureuses au niveau local (Nord, Lorraine etc.) mais sont amorties à
l'échelle d'une nation ou d'un continent. En effet, sur la même période, la population
active en France augmentait de 4 millions de personnes, emplois créés sur place ou dans
une autre région, dans tous les domaines et pas seulement dans la fonction publique
- Pourtant la situation semble encore plus complexe. Elle doit être rapprochée de la
situation globale dans laquelle se trouve notre monde industriel, de ce mouvement
progressif de délocalisations d'un certain nombre d'activités industrielles des pays
riches vers les pays à bas salaires. Les multinationales utilisent les disparités de
niveaux de rémunérations et de conditions de travail pour littéralement mettre en
concurrence les salariés de différents pays entre eux. L'économiste François Chesnais,
spécialiste de la mondialisation, explique: "Dans beaucoup d'industries, notamment
dans les branches mécaniques et électriques, les salariés de pays industriels ont
bénéficié d'une forme de "protection de la concurrence", qui limitait encore
les effets de la libéralisation des échanges. En raison de leur niveau de formation
professionnelle et de qualification, ils avaient une productivité très supérieure aux
pays industriels périphériques, les "nouveaux pays industriels" d'Asie et
d'Amérique latine ou d'Europe de l'Est." La situation est en train de changer, avec
la multiplication dans les multinationales d'expériences technologiques et
organisationnelles permettant d'obtenir des niveaux de productivité plus élevés dans
leurs filiales de ces pays. C'est dans ce cadre expérimental exactement que se situe le
rachat des entreprises de la Vallée de l'Arve par des multinationales américaines.
- Cette tendance est encore plus nette dans l'industrie automobile, avec laquelle les
décolleteurs font 50% de leur chiffre d'affaires. On sait également que maintenant le
travail transféré concerne de façon croissante le travail qualifié, celui des ouvriers
qualifiés, des techniciens et des ingénieurs. François Chesnais estime: "Nous
sommes entrés dans une phase où les multinationales vont chercher à tirer parti de la
situation extraordinairement favorable qui leur est offerte par ce croisement
"miraculeux" entre les convergences des productivités et le maintien des
disparités très fortes des salaires, des conditions de travail (sécurité, hygiène) et
des niveaux de protection sociale." Ainsi la boucle est bouclée: dans l'économie
libérale dominée actuellement par les firmes transnationales, les mécanismes vont
très, très vite et ceux qui bénéficiaient auparavant de la mondialisation peuvent,
quasiment du jour au lendemain, en devenir les victimes.
- Il est permis de douter que le cadre français, dont les rigidités et les pesanteurs
sont bien connues, permette encore à l'industrie de la vallée de l'Arve une rapidité de
réaction suffisante dans un monde où la compétition s'accélère à une allure folle.
Dès lors l'alternative d'un cadre savoisien, soixante fois plus petit et bénéficiant
d'une dynamique de la nouveauté et de l'adaptation au terrain, devrait retenir
l'attention des industriels concernés.
- Pascal Garnier.
-
- Sources: Acteurs de léconomie, n° 43, décembre 2003, p. 50-56. Hélène Goyet.
La Vallée de lArve se livre aux Américains.
- Alternatives économiques, n° 220, décembre 2003. Dossier désindustrialisation, p.
7-15

-
- 6-1 Rubrique
nécrologique du patrimoine.
- Par Bertrand Lefebvre.
- La liste est immense des bâtiments anciens massacrés au profit de logements neufs. La
pression immobilière dans notre pays est si forte, surtout dans les villes, quil
est maintenant intéressant pour un promoteur dacheter un bien ancien, même encore
habité, en bon état et bien placé, pour le raser et le reconstruire... plus grand. Le
secret est bien sûr dobtenir une surface habitable maximale dans la limite impartie
par le COS (coefficient doccupation des sols); parfois ces limites légales sont
dailleurs dépassées. Cest ainsi que des pans entiers de notre patrimoine ont
disparu, disparaissent et disparaîtront à un rythme de plus en plus soutenu. Chambéry,
parmi tant dautres villes, est depuis longtemps le paradis du promoteur. Exemple: au
8 Rue de Mérande, on peut (encore) voir une grosse maison que je daterai fin XIXe. -
début XXe. Ce nest pas un pur joyau darchitecture, mais si on a la curiosité
de passer dans larrière-cour par un portail ouvragé en pierres et fer forgé, on
découvre de magnifiques arcades en pierres sculptées, un balcon à balustres en pierre,
une mignonne capucine en fer forgé... Poussant la porte, on accède à un escalier
monumental en pierre, de très jolies huisseries, et boiseries. Et encore je nai
sûrement rien vu! La maison est cossue, spacieuse, certainement celle dun marchand
aisé. En bon état, cette maison mériterait un autre sort. Quel scandale et quelle
tristesse! Ces maisons de ville anciennes, avec leurs petits jardins, sont des proies
idéales, après les friches industrielles. La complicité de la mairie va de soi, qui
délivre sans état dâme les permis dimmoler. Au moins, quil y ait une
clause obligatoire de récupération des plus beaux matériaux, comme des plus belles
pierres! Au moins, que ces témoins du courage et du talent de nos anciens ne finissent
pas en vulgaire remblai! Vu pieux.
- Le ridicule ne tuant pas, les "tranches" de logements neufs sont souvent
pompeusement dénommées, genre petite maison dans la prairie, "clos des
mésanges" ou "hameau du pré riant", jardins de ceci, balcons ou terrasses
de cela, uniformes dans la médiocrité. Avec la fébrilité qui caractérise notre temps,
car il faut aller de plus en plus vite, on éventre, on préfabrique: béton, laine de
verre, placo, PVC, cocktail industriel tristement classique, sans charme, sans âme, mais
pas sans danger! Les déchets générés sont brûlés sur place sans aucune précaution,
ou alors il est tellement commode de les enterrer, ni vu, ni connu.
- Je souhaite bon courage aux nouveaux arrivants qui vont devoir gérer les malfaçons
inévitables, (artisans débordés, partis avant même lachèvemenent des travaux,
ou en faillite, victimes du moins disant ambiant), les dépassements de délais de
livraison, les prestations pas toujours à la hauteur du luxe de la brochure en papier
glacé et du sourire enjôleur du vendeur.
- Je plains les voisins actuels qui, non contents de voir leur univers complètement
bouleversé, connaîtront des nuisances diverses, variées, et sans limite de temps.
- Jinvite tous mes amis savoisiens à alimenter cette rubrique qui sera un ultime
hommage à la belle ouvrage.
- B.L.
-
- 6-2 Congrès
du Partit Occitan.
- Une forte délégation de la Ligue savoisienne a assisté aux travaux du Huitième
Congrès du Partit Occitan: elle était composée de Patrice Abeille, Christian Montagnon,
Evelyne Anthoine, Marcelle Montagnon, Bernard Bouvier et Thérèse Bouvier.
- L'Occitanie, c'est 31 départements français situés dans les régions Aquitaine,
Midi-Pyrénées, Limousin, Auvergne, Languedoc (mais le Roussillon est catalan), Provence,
Alpes, Côte d'Azur et Rhône-Alpes (la Drôme et l'Ardèche), et aussi le Val d'Aran
(dans la Généralité de Catalogne) et les vallées occitanes du Piémont. Environ 13
millions d'habitants au total! Pas facile d'organiser un mouvement politique sur un
territoire aussi vaste et divers...
- C'est pourtant ce que parvient à faire, depuis une quinzaine d'années, le Partit
Occitan, membre de la fédération Régions et Peuples Solidaires et du Parti
Démocratique des Peuples d'Europe. Le Partit Occitan affirme avec force l'identité
pan-occitane, au-delà du particularisme local. Cette identité se manifeste notamment par
une langue commune aux dialectes nombreux et différenciés, et les trois quarts des
débats du Congrès ont été tenus dans cette langue, qui a charmé les oreilles
savoisiennes par ses inflexions chantantes et ses formules expressives. Le
francoprovençal lui aussi permet aux originaires de ses différentes provinces et
vallées de se comprendre...
- Un jeune délégué d'ERC (Esquerra Republicana de Catalunya) est venu exposer (dans sa
langue catalane, assez bien comprise par les Occitans et même les Savoisiens) la
situation nouvelle de son pays, avec la nouvelle coalition installée au pouvoir à
Barcelone: son parti détient maintenant une position clé au gouvernement de la
Généralité.
- Gustave Alirol (maire de Saint-Hostien, en Haute-Loire), réélu président du Partit
Occitan, a réaffirmé l'exigence d'une vraie régionalisation démocratique, passant par
l'autonomie appliquée à l'ensemble des régions occitanes. Le contraire, en somme de la
décentralisation Raffarin, "adaptation de la centralisation française à l'âge de
l'internet".
- Les élections prochaines n'offrent pas une perspective facile pour le POc, qui a du mal
à se faire entendre d'une gauche française n'ayant rien compris de son échec de 2002.
Toutefois, en Languedoc-Roussillon, il participe à une liste occitane et catalane menée
par l'éditeur nîmois Christian Lacour et largement ouverte à la société civile.
- Le POc soutient également une initiative, "Gardarem la terra", née en août
dernier, qui va organiser une "caravane" dans les régions occitanes pour
soulever le problème de la difficulté des gens du pays à se loger ou à s'installer
dans l'agriculture dans une situation de flambée des prix du foncier.
- Patrice Abeille, dans son intervention, a décrit la dureté de la période actuelle
pour les mouvements qui contestent l'oppression du système français, véritable
"prison des peuples", et a souligné qu'il est d'autant plus nécessaire de
développer entre ces mouvements les échanges d'informations et la solidarité. Il a
également donné quelques éclaircissements sur l'alliance conclue en septembre entre la
Ligue savoisienne et la Ligue niçoise, en réponse à des inquiétudes formulées au sein
du POc.
- Plusieurs membres de la Ligue savoisienne, également adhérents du MRS, avaient déjà
fait connaissance avec les militants occitans dans les assemblées générales de
R&PS, notamment en août 2002 au Grand-Bornand, dont nos amis du Sud gardent un
excellent souvenir. Leur accueil de notre délégation à Montpellier a été à la
hauteur, notamment grâces aux étonnantes prestations de leurs deux artistes pendant le
souper: le chanteur Peire Boissière et le comique Paden.
- photo: Alirol (centrer sur visage du personnage de gauche)
- légende: Gustave Alirol, président du Partit Occitan.
-
- 6-3 L'aménagement
du territoire en Savoie, ou comment saccager le coeur de l'Europe.
- "La Savoie est belle, on y vit et travaille bien, venez nombreux!" Tel est le
message entendu depuis de nombreuses années dans toute la France et maintenant dans une
bonne partie de l'Europe.
- "La Savoie était belle, son peuple est dégoûté, vous y vivrez de plus en plus
mal", voilà la conclusion qui pourrait s'imposer dans quelques années.
- Le discours prospectif de nos élus locaux est loin d'être rassurant, car le plus
souvent il se contente de décliner des directives issues des bureaux parisiens.
- Parlons un peu du mal-nommé SCOT, le Schéma de COhérence Territoriale. L'intention
semblait bonne: définir un projet d'ensemble, respectueux de la philosophie du
développement durable, avant de décliner son application dans chaque commune. La
réalité des SCOT démontre qu'ils ne mettront pas un terme à l'urbanisation galopante
qui ronge nos vallées.
- Les élus, acceptant sans discussion la logique technocratique des fonctionnaires
d'État et la pulsion de course à la croissance à tout prix des milieux économiques, se
lancent dans la fuite en avant: urbaniser, développer, densifier.
- La Savoie est un pays montagneux, une grande partie de son territoire ne convient pas à
une présence humaine nombreuse, ou n'est pas habitable du tout. Si l'on retranche toutes
ces surfaces (reliefs, hautes montagnes, glaciers, zones à risques naturels, lacs et
plans d'eau, forêts, etc.) la densité de population sur le territoire habitable est une
des plus élevée d'Europe, avec déjà 400 habitants par kilomètre carré! Les
équipements collectifs, surtout en matière de transports, sont en revanche bien moins
développés qu'en Europe du nord. La pression est donc particulièrement forte sur notre
environnement: route embouteillées, eaux polluées, air empoisonné par les gaz
d'échappement des véhicules et les dioxines rejetées par les incinérateurs d'ordures
ménagères...
- Depuis quarante ans nos élus ont failli au principe "gouverner c'est
prévoir". Aujourd'hui ils s'enfoncent un peu plus dans l'irresponsabilité, en
acceptant sans s'interroger le moins du monde sur l'arrivée continue, pendant des
décennies encore, de dizaines de milliers de nouveaux habitants: dans le seul espace
Métropole (d'Albens à Montmélian, 205000 habitants) 45000 arrivées sont attendues
d'ici 2020!
- Il est légitime de suspecter beaucoup d'entre eux de s'intéresser bien plus à
l'aspect mercantile et financier de la construction immobilière qu'à la qualité du
territoire qu'ils transmettront aux générations futures. Ce faisant, ils organisent la
disparition de l'agriculture, qui perd des centaines d'hectares chaque année. C'est
impardonnable.
- À force de mettre en péril des équilibres géographiques déjà bien fragilisés, à
force de jouer les apprentis-sorciers avec la nature, on file tout droit vers une Savoie
bétonnée à outrance et polluée à l'extrême, une sorte d'immence banlieue morne et
indifférenciée dont bien des Savoyards auront été expulsés par le pouvoir de
l'argent.
- La Ligue savoisienne dénonce ce laisser-faire coupable, et travaille à mettre au point
des objectifs et des outils pour une bonne politique d'aménagement. Une tâche cruciale
et urgente.
- Joël Ducros.
-
- 6-4 Savoir
langue garder.
- Le développement de la zone frontalière genevoise suscite de nombreuses
interrogations, surtout depuis l'entrée en vigueur des accords bilatéraux. Ceux-ci ne
seront pleinement effectifs qu'en 2014, mais il est nécessaire de mesurer objectivement
les conséquences de ces bilatérales. Pour ce faire, il a été créé un observatoire
statistique transfrontalier.
- C'est pour prendre connaissance des données démographiques, économiques et sociales
de cet observatoire que les élus étaient invités à Gaillard le 2 octobre 2003.
- Lors du premier rendez-vous à Genève les invités, inquiets de l'évolution de ce
vaste espace de 13000 km2 et peuplé de plus de 2 millions d'habitants, répartis sur les
cantons de Vaud et Genève ainsi que sur les départements de l'Ain et de la Haute-Savoie,
n'avaient pas manqué de questionner le préfet Carenco sur l'évolution des pressions
foncières et immobilières qui éliminent progressivement de l'espace savoyard certaines
catégories sociales. L'évolution des moyens de transport faisait aussi partie de leurs
inquiétudes, et nombre d'entre eux étaient déçus que l'on en soit encore à mettre en
place un outil d'observation plutôt que d'être au stade des réalisations concrètes
dans cette région dynamique qui se développe depuis plus de 40 ans.
- Le document de synthèse, fort de 25 pages claires, nous fournit des informations
précises, qu'il serait fastidieux de développer dans cet article. Une lacune cependant,
l'impact écologique du développement transfrontalier sur la qualité de notre air, notre
eau, nos paysages n'est pas abordé.
- À la réunion de Gaillard, une nouvelle tactique des autorités devait réduire
radicalement les questions de l'assistance, en particulier sur la suppression de la
liaison bus Annemasse-Genève via la douane de Fossard par le préfet Carenco (lire écho
de Savoie n° 67). Des intervenants arrivés en retard, puis quittant prématurément la
tribune, seul monsieur Roland Pascal (directeur des services du département de
Haute-Savoie), moins rapide au démarrage que ses voisins, se fit rattraper par une
question vaudoise: "le niveau d'implication des fonds frontaliers dans la
construction sociale en France?"
- Ces fonds, environ 60 millions d'euros par an, sont une partie de l'impôt prélevé sur
les travailleurs exerçant en Suisse, et reversé en partie aux départements (12
millions) et en partie aux communes (48 millions), au prorata des salariés qui y
résident.
- Monsieur Pascal répondit, en chuchotant, qu'il convenait d'être très discret sur ces
fonds qui, selon lui, seraient convoités par une autre institution (?).
- En totalité, ou seule la part départementale est-elle visée?
- Par la Région ou par l'État?
- La Tribune de Genève suggérait le 4 décembre que le ministère français des Finances
aimerait percevoir les fonds frontaliers pour le compte des départements et communes:
dans ce cas, il ne manquerait pas de retenir sa dîme au passage! Pour l'instant le
versement direct est garanti par un traité international.
- Les communes bénéficiaires aimeraient en savoir plus... Mais sur le principe rien
d'étonnant, quand on se rappelle que M. Ernest Nycollin, président du Conseil général,
si muet à Lyon aux assises régionales des libertés locales (sic) devant M. Devedjian
pour soutenir une Région Savoie, mais si bavard à Thonon face à la présidente de
Région Madame Comparini et à la presse, a alors déclaré: "Le Département n'a pas
besoin d'argent" ("Le Faucigny" du 25/09/03)!
- En cette période de disette française et d'imposition en hausse, les
électeurs-payeurs apprécieront et sauront lui rappeler qu'en politique il faut savoir
langue garder.
- Alain Burtin.
-
- 6-5 L'Écho de
Savoie sauvé par ses lecteurs!
- L'équilibre des comptes de votre journal était gravement menacé par la perte d'un
procès que lui avait intenté la Compagnie des Alpes, instrument du pouvoir colonial
français dans nos montagnes (voir nos éditions précédentes). Une souscription, lancée
en septembre dernier, a permis à la Ligue savoisienne de recueillir 9946 euros. Les
sommes réclamées par les Avoués ont été réglées en totalité, pour un montant de
7593,62 euros. Le solde (2352,38 euros) est conservé par prévoyance.
- L'équipe qui travaille bénévolement à la rédaction du mensuel savoisien est très
touchée par l'esprit de solidarité qui s'est manifesté à travers tous ces dons, des
plus modestes aux plus importants: le succès de cette souscription constitue un grand
encouragement à continuer dans le chemin tracé et à toujours oeuvrer à l'amélioration
du principal moyen d'expression de la Ligue savoisienne.
Un très grand merci, et que
l'année 2004 soit favorable!
-
- 6-6 Carnet savoisien.
- Gérald Calmus et sa compagne Nathalie Fayard, à Ambilly (Faucigny) sont heureux
d'annoncer la naissance de Ryan, né le 13 décembre 2003. Les deux autres prénoms du
petit Savoisien sont Gaëtan et Mathias. Beaucoup de bonheur!
Félicitations de L'Écho de Savoie à Fabrice Dugerdil et son
épouse, à Passy (Faucigny) pour la naissance de leur fils Auxane.
-
- 6-7 Petites annonces savoisiennes.
- (insertion gratuite pour nos abonnés)
- Carte historique de la Savoie en 1856, éditée sur papier glacé 70X50cm. 3
euros la copie. tel 0450 43 33 95.
- Jeune couple en activité, avec bébé, recherche appartement type F2 ou plus,
secteur Thonon, Sciez ou environs. tel. 03 88 62 14 17 ou 06 82 49 30 01.
- Jeune couple recherche pour achat maison avec plusieurs appartements, à
rénover; si possible secteur Thônes, Aravis. Étudie toute proposition. Budget 200 000
euros. Écrire ou téléphoner au Secrétariat, qui transmettra.
- Jeune couple achète maison ou chalet, minimum 2 chambres et jardin, même avec
travaux. Budget 180 000 euros maximum. Secteurs: Bassin annécien, Albanais est, Faverges,
Thorens, Aravis. Appeler (le soir) 0450 32 76 79 ou secrétariat de la Ligue qui
transmettra.
- Vends chiots femelles (3 mois) BERGER DE SAVOIE. M. SCHINTY 06 23 74 04 85.
- RECHERCHE films argentiques (pas video) tous formats (principalement 16 mm)
tournés en Savoie ou dans la région lémanique (Chablais, Genève, Valais, Vaud).
Catégorie indifférente (voyage, famille, sport, films à scénario, fiction, etc.).
Courts ou longs métrages, sonores ou muets, noir et blanc ou couleurs, toutes époques.
Faire offre au 0450 35 48 97.
- RECHERCHE pour création d'un site internet, tous documents, renseignements
concernant les drapeaux et la vexillologie des communes de Savoie. Nicolas Deprez, Chemin
de Boissonnet 37, CH-1010 LAUSANNE. tel. 0041 21 652 00 88
-
6-8 Fête
de la Savoie le 19 février 2004: à Cluses (Parvis
des Esserts).
- Ne tardez plus à réserver votre place!
- Lanniversaire du couronnement
dAmédée VIII.
- Cest par lettres patentes données à Montluel en Bresse, et promulguées à
Chambéry le 19 février 1416, que Sigismond de Luxembourg conféra à Amédée VIII et à
ses successeurs, à perpétuité, le titre de Duc de Savoie qui remplaça pour eux celui
de Comte. Amédée VIII devenait ainsi Prince du Saint-Empire et la Savoie, pleinement
souveraine, un État européen à part entière.
Cette année la Fête de la Savoie tombe un jeudi et nous vous
attendons très nombreux au Parvis des Esserts à Cluses en Faucigny, pour festoyer,
rencontrer tous les dirigeants de la Ligue, chanter et danser en hommage à la Savoie.
- Banquet à partir de midi!
-
- Menu du banquet:
- Salade norvégienne avec saumon fumé
- Pot-au-feu de canard avec son riz pilaf, ses petits légumes et son farcement, sauce aux
olives
- Fromages du pays
- Vacherin glacé aux couleurs de la Savoie
- Café
-
- Tarif et vente des cartes:
- La participation au banquet est à 23 euros (12 euros pour enfant de moins de 10 ans).
- Les cartes sont en vente au secrétariat de la Ligue savoisienne (2 Avenue de la
Mavéria-74940 Annecy le Vieux. 04 50 09 87 13) ou auprès des chanceliers des provinces:
- Chablais 0450 72 39 64
- Faucigny 0450 93 44 97
- Genevois 0450 09 87 13
- Maurienne 0479 36 21 46
- Savoie Ducale 0479 84 01 00
- Tarentaise 0479 07 11 31
- Chèques à l'ordre de l'AEF (Amicale d'Entraide du Faucigny).
- Plusieurs autocars sont prévus pour vous rendre à Cluses. Renseignements au
secrétariat.