La Savoie - Histoire |
L'histoire de la Savoie, en tant qu'état libre et souverain, est millénaire :
La préhistoire |
L'occupation du sol a été fort
ancienne en Savoie, comme en attestent les pierres à cupule de Maurienne, de Tarentaise
ou de l'avant-Pays, les vestiges funéraires, les premières cités lacustres.
La population locale, les allobroges (gaulois), était largement fondée sur les
communautés de montagne.
La Savoie, terre romaine |
L'influence romaine, dès le 1er
siècle avant J.-C., s'est manifestée de quatre manières :
- mise en valeur agricole des parties basses;
- établissement de voies routières, avec deux grands axes : Grenoble (Cularo)
- Genève (Genabum) et Vienne (Vienna) - Milan (Mediolanum). Ce
dernier axe comporte un relais à Lemenc, Chambéry (Lemencum) et un poste de
douane Ad Publicanos dans la région de Conflans;
- création de petites villes : centres administratifs (Aime, Axima d'où le
procurateur administre la Tarentaise et le Valais), centres de plaisance (Aix, Aquae),
centres de commerce (Annecy, Boutae);
- introduction de la civilisation et de la langue latines et du christianisme.
C'est en 380 qu'apparaît dans l'oeuvre de l'historien latin Ammien
Marcellin le nom de Sapaudia (ou Sabaudia), terme appliqué à l'ancien territoire des
Allobroges.
De l'empire romain au moyen-âge |
Au Ve et VIe siècles,
se constituent les circonscriptions ecclésiastiques : Tarentaise, Maurienne, Abbaye de
Saint-Maurice (Valais), Genève, Belley, Grenoble.
Dès le IXè siècle, la Savoie fait partie de la Lotharingie.
Le Moyen-Age |
L'histoire de la Savoie, au Moyen Age, est celle des efforts d'une lignée de princes dont le génie fut, jusqu'au XVe siècle, de louvoyer au milieu de puissants seigneurs (dauphins du Viennois, comtes du Genevois, ducs de Bourgogne, rois de France,...) pour se rendre maître d'un territoire solide en Lotharingie. Cette politique est appuyée sur la reconnaissance explicite du pouvoir nominal de l'empereur d'Allemagne. Le territoire de la Savoie est bien à l'image d'un pays-carrefour, commandant toutes les routes de l'Europe moyenne.
1032 : Humbert aux
Blanches Mains, premier comte de Savoie, fait l'acquisition du Val d'Aoste.
1045 : Odon 1er, fils d'Humbert aux Blanches Mains, se marie avec
Adelaïde de Suse. Les comtes de Savoie deviennent marquis de Turin.
1264 : Pierre II fait adopter les Statuts par une assemblée de
nobles et de non-nobles. Ces statuts constituent la première assemblée
nationale : à partir du XIVe siècle on parlera de réunion des Etats, groupant
les représentants de la noblesse, du clergé et des communes.
1286 : Thomas de
Thonon (Province du Chablais, Savoie du Nord) est lauteur dun Traité
dhygiène en ancien français. Premier auteur dorigine savoisienne connu
à ce jour, il est aussi le premier, médecin et versifieur, à avoir rédigé
directement en français et en vers son poème scientifique.
1295 : Amédée V fait l'acquisition du
château de Chambéry et l'Etat se dote d'une capitale.
1329 : le comte Aymon crée un conseil comtal, conseil résident
de justice, fixé à Chambéry.
1416 : le comte de Savoie, Amédée VIII, est élevé au titre de prince
et duc du Saint-Empire par l'empereur germanique Sigismond de Luxembourg.
1419 : le comté de Piémont revient en apanage à la Maison de Savoie.
1427 :Amédée VIII réunit le comté de Piémont à la Savoie.
1430 : Amédée VIII fait refondre, sous le nom de Statuts de
Savoie (Statuta Sabaudiae), les multiples lois jusque là en vigueur d'un
bout à l'autre du duché.
La Savoie était, dès cette
époque, structurée en Etat-Nation.
L'Etat savoisien était déjà fortement constitué : une autorité unique, solidement
instaurée sur de bons fondements, des atouts juridiques, une force militaire importante,
un réseau d'alliés s'étendant de l'Angleterre jusqu'au monde Byzantin, un îlot de
sécurité en Europe. Les Statuta Sabaudiae se donnaient pour objet de
centraliser l'administration, d'affirmer le prestige du souverain face à
l'enchevêtrement des pouvoirs et des allégeances issus de la féodalité. A la tête de
l'édifice judiciaire se trouve le Conseil résident de Chambéry. Au degré
inférieur, la justice est exercée dans les provinces par les juges-mages, assistés d'un
procureur fiscal. Le chancelier de Savoie est le premier personnage de l'Etat après le
Souverain. Les assemblées des trois Etats ont pour but d'établir entre elles et le
souverain une communication désirée. De par leur étendue, les Statuts de Savoie sont
plus qu'une constitution, puisqu'il régissent également les rapports sociaux et fondent
un Etat aux finances solides. La nation puisait son essence dans une communauté
d'origine, d'histoire, de murs, de langue et de territoire. Les communautés rurales
et urbaines, les seigneurs et ecclésiastiques, acceptaient l'autorité de cet Etat qui
s'imposait dans les domaines de la juridiction, de la législation, du monnayage et de
l'imposition. En contrepartie, l'Etat apportait sa protection constante et efficace à
tous, honneurs et avantages aux seigneurs, franchises et politiques économiques aux
communautés rurales et urbaines (les villes étaient munies de chartes). L'Etat créait
également des emplois ouvert à tous dans l'administration princière. La Savoie était
un pays efficace et prospère. Dès 1450-1480, le Duché de Savoie figure
au premier plan des pays européens; il ne lui manque que la souveraineté.
De la renaissance à la révolution française |
La maison de France et la maison
d'Autriche avaient des ambitions contradictoires : l'une et l'autre convoitaient la
possession des cols Alpins entre la Méditerrannée et la Lombardie. Dans le même temps,
l'Etat Savoisien connaît une crise profonde à la fin du XVème sicèle, les successeurs
d'Amédée VIII n'arrivant pas à s'imposer, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur. Cela
se traduit par une succession d'invasions :
1536-1559 : la plus grande partie de la Savoie est occupée par troupes
françaises de François 1er, bernoises (Genevois et Pays de Gex), valaisannes (Chablais).
L'Etat Savoisien s'effondre. Il faut attendre la défaite du roi de France à
Saint-Quentin et la victoire des armées de l'empereur Charles-Quint, menées par
Emmanuel-Philibert de Savoie, pour assister à la renaissance de la Savoie.
1600-1601 : sous Henri IV, la France envahit et occupe la Savoie.
1630-1631 : sous Louis XIII, la France envahit et occupe la Savoie.
1690-1696 : sous Louis XIV, la France envahit et occupe la Savoie.
1703-1713 : sous Louis XIV, la France envahit et occupe la Savoie.
1742-1749 : la Savoie est occupée par l'Espagne.
Malgré tout, dès le XVIe
siècle, mais surtout à partir du XVIIIe siècle, la Savoie fait partie d'un domaine bien
organisé, avec des finances en ordre et des souverains aussi parcimonieux que leurs
voisins de France sont dépensiers.
1560 : le Sénat de Savoie, successeur du Conseil comtal fondé en 1329, devient
une vraie chambre législative et constituante, avec compétence sur tous les domaines
ducaux en deçà des Alpes ainsi que sur la vallée d'Aoste. Le Sénat de Savoie est
souverain : le premier président (nommé par le Prince parmi les sénateurs en poste)
gouvernait le duché en l'absence du représentant du Prince.
1563 : Emmanuel-Philibert transfère la capitale à Turin, Chambéry
étant jugée trop exposée aux troupes françaises. Le Sénat de Savoie reste à
Chambéry (deux autres Sénats existent en Piémont et à Nice). C'est à partir
d'Emmanuel-Philibert qu'il est possible de parler d'un Etat centralisé, construit sur le
modèle des grandes monarchies européennes.
1713 - 1720 : Lors du traité d'Utrecht (1713), la Savoie se voit
attribuer la Sicile, ancienne possession espagnole, puis la France et l'Angleterre
obligent Victor-Amédée II de Savoie à accepter la Sardaigne en échange de la Sicile,
échange concrétisé par le traité de Londres en 1720. "Le duc de Savoie ne se
souciait guère de posséder la Sardaigne plutôt que la Sicile; ce qui lui importait
essentiellement, c'était la couronne royale qui coiffait les blasons de ces deux îles.
Pour cause : la Savoie, qui était une ancienne terre d'empire (à l'image de la plupart
des cantons Suisses), ne pouvait devenir un royaume (
) Or, avec le temps, la famille
de Savoie, qui s'était définitivement exilée à Turin, voyait grandir son projet
italien et rêvait d'une couronne royale, condition essentielle pour unifier ce pays et y
régner. L'Italie n'était alors qu'une mosaïque de petits Etats, protectorats ou
possessions, que leurs rivalités ne cessaient d'affaiblir, alors que grandissait l'Etat
savoisien du Piémont. Ce titre royal rapprochait la famille de Savoie de son ambition
italienne".
1680 - 1773 : Deux souverains éclairés, Victor-Amédée II (1680 -
1730) et Charles-Emmanuel III (1730 - 1773) conçoivent et mettent en place un programme
d'innovations dont le dynamisme conduit l'Europe des lumières à admirer la Savoie pour
la volonté réformiste de sa monarchie. Celle-ci avait su précéder de plus d'un
demi-siècle le grand projet égalitaire porté par les révolutionnaires parisiens de
juillet 1789. L'élaboration d'un cadastre en 1730 -le premier d'Europe- avait permis
d'établir une certaine égalité devant l'impôt. Les droits seigneuriaux, les
privilèges du clergé, la vénalité des charges avaient été bannis de Savoie. L'Etat
est structuré, modernisé, les privilèges en voie d'extinction.
Révolution française et Napoléon 1er |
1792 : en
septembre, les troupes françaises viennent "libérer" les savoisiens. La
République française annexe, pour la première fois, la Savoie, par un décret de la
Convention nationale qui fait référence au "peuple souverain de la Savoie".
1793 : la situation est fortement dégradée : lorsqu'il fallut
lever une armée de 300 000 hommes sur toute la République, seuls 33 jeunes se
présentèrent à Chambéry. Une contre-offensive des armées Savoisienne libère les
vallées alpines et Annecy. Des émeutes hostiles à l'occupation française ont lieu à
Chambéry et Rumilly.
Cette occupation française va durer vingt-trois années durant lesquelles le pays va
régresser. L'état de guerre quasi-perpétuel lassa très rapidement des
populations avides de paix. Une partie de l'élite émigre et les pertes humaines
résultant de l'invasion de 1792 et de la conscription sont estimées à 80 000 personnes,
sur une population totale de 441 000 habitants, soit 18 % de la population. Pour
la Savoie, Napoléon
n'est pas un héros.
1814 : les représentants de Genève, appuyés par ceux de l'Autriche,
proposèrent de détacher une partie de la Savoie (le Chablais et le Faucigny) de la
monarchie Sarde pour la faire entrer dans la Confédération Helvétique, "aux
mêmes conditions que chacun des autres Etats souverains". Une partie restait
française (Genevois et Savoie Ducale). Le royaume de Sardaigne conservait la Tarentaise
et la Maurienne et recevait, en échange, l'Etat de Gênes, ville et territoire,
ainsi que l'avait déjà prévu un article secret du premier Traité de Paris.
Victor-Emmanuel Ier, duc de Savoie, s'y opposa en ces termes : "nous ne sommes ni
la Maison de Piémont, ni la Maison de Sardaigne, mais celle de Savoie". Pour sa
part, la population était opposée à l'éclatement de la Savoie et marquait son refus de
tout régime français, quel qu'il fût.
1815 : Le second traité de Paris qui corrige certaines des erreurs du
traité de 1814 : la Savoie n'était pas démantelée, et quelques communes étaient
transférées à Genève et contrepartie de la zone Franche et de la Neutralité.
Buon Governo et Statuto |
1815-1831 :
Victor-Emmanuel Ier (jusqu'en 1821) et Charles-Félix maintiennent tous les anciens usages
et le Buon Governo est une période anachronique où le Savoie est un ilôt de
paternalisme absolutiste. Le Sénat est rétabli, à Conflans (Albertville), mais perdait
peu à peu ses attributions. Dans le même temps, une bonne gestion est maintenue : les
impôts sont diminués et de grands travaux réalisés.
1848 : Charles-Albert octroie le Statuto qui reprend la charte
de 1815, sans attendre, comme la plupart des autres souverains d'Europe, que l'émeute
n'arrache une constitution. Les institutions nouvelles comportent une constitution (statut)
et un parlement et instaurent les élections au suffrage censitaire abaissant le cens à
payer en Savoie. Une tentative d'invasion par des troupes françaises, les voraces,
se produit, mais est arrêtée par la population de Chambéry.
1848-1860
: cette période est celle de l'apprentissage de la vie politique moderne. Les
institutions représentatives permettent à la population de s'exprimer, au moment même
où la France est soumise à l'arbitraire absolutiste de Napoléon III : les conseils
municipaux élus choisissent les syndics (maires), la chambre des députés est
renouvelable tous les cinq ans, la presse est libre, tous les citoyens sont égaux devant
la loi. Grâce à Cavour, qui élabore des projets de liaisons transalpines, le pays
retrouve sa vocation séculaire. Les députés savoisiens purent obtenir du gouvernement
de Turin un avantage de fait de la nationalité, ce qui ne sera plus possible à
partir de 1860.
L'annexion de 1860 |
1859 : Le sort de
la Savoie est scellé lors de l'entrevue secrète de Plombières, où le souverain
savoisien , par l'entremise de son ministre, le comte de Cavour, avait monnayé le berceau
de sa dynastie contre une aide militaire de 200 000 hommes, qui devait lui permettre de
conquérir et d'unifier l'Italie.
Tout cela fut consigné dans un traité d'alliance, signé le 23 janvier 1859. Ce traité,
longtemps tenu secret, fut rendu public en 1928 seulement.
Pas plus dans ce texte que dans le traité de cession qui suivit en 1860, il n'était
question de donner la Savoie à la France. Il s'agissait d'un échange entre deux
souverains : Victor-Emmanuel II et Napoléon III, qui ne représentait que lui-même.
Depuis la fin de la guerre de 1859 en Lombardie, des troupes françaises sont restées
échelonnées en Savoie, de Chambéry au Mont-Cenis.
1860 : Discours du trône du 1er mars : Napoléon III demande pour la
France les versants "français" des Alpes.
Traité du 24 mars : "art 1 : cette réunion sera effectuée sans nulle
contrainte de la volonté des populations". Le "peuple souverain de la
Savoie" reconnu comme tel par la République Française en 1792 est devenu
simple population en 1860. Par ce Traité
d'annexion de 1860 , Napoléon III, empereur des français, annexait la Savoie que la
France, royaliste, républicaine ou impériale avait tant de fois tenté de conquérir par
les armes, que ce fût au nom du droit du plus fort, sous le prétexte des frontières
naturelles, ou en vertu du principe des nationalités.
Le même jour, le drapeau Français est hissé à Chambéry.
Plébiscite du 22 avril : 99,8 % disent OUI à la France - dans des
conditions très douteuses - (96,5 % des inscrits sont allé voter) avec deux
conditions : Zone Franche
et Zone Neutre (c'est le sens du vote "oui ET zone" : il s'agit de la
condition sine qua non qui permettait à la Savoie du Nord d'accepter son
rattachement à la France - sans Zone Franche
, pas de France).
Le traité d'annexion est soumis, le 29 mai 1860, à la ratification du parlement de Turin
(ainsi que l'exige son article 7) : Victor-Emmanuel II espérait que les dix-huit
députés savoisiens se rendraient à Turin pour approuver l'annexion et lui apporter
ainsi une véritable approbation populaire : seuls trois députés le firent.
Devenir français ou italiens. Aucune autre alternative
ne fut proposée au peuple.
Une loi française du 21 novembre 1860 confirme la pérennité des droits acquis :
"
une annexion n'a pas pour conséquence de supprimer un état de chose
antérieurement consacré par la loi du pays annexé [la Savoie] et ne saurait porter
atteinte à des droits acquis".
Lorsqu'elle est annexée à la France, en 1860, la Savoie constituait une nation. Considérer la Savoie comme une "simple province" représente donc une approche totalement erronée, une légende en regard de l'histoire .
La Savoie depuis l'annexion |
dès 1860, les
Savoisiens durent déchanter. L'administration précédente s'était toujours efforcé de
tenir compte de la diversité des composantes du royaume, bien loin des exigences
centralisatrices et uniformisantes de la centralisation française. L'objectif des
autorités française était de tout remplacer, conformément aux seuls droits et usages
français. Les préfets nommés en 1860 étaient étrangers à la Savoie. Les relations
entre les savoisiens et les fonctionnaires français furent détestables : ces derniers,
pleins d'assurance, se croyaient en pays conquis.
1871 : après la défaite française de 1870, la fin de
l'Empire permet le réveil d'une opposition démocratique. Les Savoisiens dénoncent le
plébiscite truqué de 1860 et tentent de libérer leur pays. Un fort courant
sécessionniste naît en Savoie du Nord, remettant en cause l'annexion. Le Comité
Républicain de Bonneville fait savoir que "le vote de 1860, oeuvre de la
pression impériale, n'avait pas été la manifestation libre des aspirations de nos
contrées" et souhaite qu'il soit recommencé. La France envoit 10 000 hommes
pour remettre de l'ordre en Savoie.
1914-1918 : la neutralité de la Savoie n'est pas respectée par la
France. La participation de la Savoie à la première guerre mondiale entraîne la
disparition de plus de 43 000 Savoisiens, sur une population totale de 500 000 habitants,
soit 8,5 % de la population.
1919 : la France, par l'article 435 du Traité de Versailles,
supprime la neutralité de la Savoie et la grande zone franche.
1932 : la Cour
Internationale de Justice de la Haye condamne la France et l'invite à remettre en
place la zone franche, conformément aux traités antérieurs de 1815, 1816 et 1829, soit
640 km2, contre 4000 km2 dans le traité d'annexion.
1939-1945 : au début de la seconde guerre mondiale, le
front des Alpes demeure calme. Le 10 juin 1940, alors que la France est submergée sous la
poussée des divisions blindées allemandes, Mussolini déclare la guerre. Les troupes de
Savoie luttent en Tarentaise, en Maurienne et dans la Vallée du Rhône contre la
progression allemande. Après l'armistice de 1940, les territoires conquis -à la
différence de la France- sont très restreints. La Savoie connait l'occupation italienne,
puis subit l'occupation allemande. La résistance s'organise progressivement pour lutter
contre l'occupant. Après un attentisme initial, l'opposition à la collaboration commence
à se constituer dès l'automne 1940. Des maquis se constituent. Une partie importante se
rassemble au plateau des Glières. Leur résistance aux attaques des forces du maintien de
l'ordre (milice française) et des allemands a une issue malheureuse et devient un symbole
de la résistance au nazisme. En août et septembre 1944, la Savoie est libérée par les
résistants. Les cols Alpins sont pris au printemps 1945.
1965 : plusieurs mouvements régionalistes apparaîssent en Savoie
(Club des Savoyards de Savoie, Centre Savoisien d'Etudes Régionalistes, Cercle de
l'Annonciade). Leur souhait d'une Région Savoie conduit à la naissance du
"Mouvement Région Savoie" (MRS).
1973 : les deux Conseils Généraux des Départements de Savoie
(Savoie du Sud) et Haute-Savoie (Savoie du Nord) repoussent l'idée d'une Région Savoie.
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce choix : des désaccords entre les politiques des
deux départements, l'absence de contre-proposition (que peut représenter une Région
Savoie ?), le caractère précipité du projet, l'absence de consultation des élus
locaux, l'hostilité de la plupart des parlementaires, l'idée répandue qu'une "grande
région" est souhaitable, la passivité de la population. Celle-ci est largement
dûe au fait que celle-ci ne peut utiliser un droit de pétition, qui était dans les
moeurs de la Savoie jusqu'en 1860 (elle était reconnue dans l'article 57 du statut
albertain ["tout majeur a la droit d'adresser des pétitions aux Chambres"],
alors que la constitution française de 1958 ne la reconnaît même pas).
1986 : aux élections régionales, les régionalistes du MRS
obtiennent 4,3 % des voix en Savoie du Nord et 6,3 % des voix en Savoie du Sud (ce qui ne
permettait pas d'obtenir un élu).
1992 : la réflexion régionaliste n'a pas été renouvelée, le
MRS s'est replié sur lui-même - faute de militants, d'argent et d'élus -,
l'ardeur des régionalistes s'est émoussée, les idées régionalistes ont été
également reprises par d'autres mouvements, notamment les écologistes. Les résultats
sont catastrophiques : 4,8 % des voix en Savoie du Nord, 2,6 % des voix en Savoie du Sud.
1994 : La Ligue savoisienne
est créée : il ne s'agit pas de
conclure à la nécessité d'une Région Savoie, comme le souhaitait le MRS : la seule
voie possible pour la Savoie est celle de l'indépendance. La Ligue pousse la critique du
rôle de la France vis-à-vis de la Savoie à son terme : les traités de 1815 et 1860 ont
été violés par la France. Ces violations rendent caduc le Traité d'Annexion. La Savoie
se trouve ainsi libre de toute allégeance à l'égard de la France.
1998 : aux élections régionales, les indépendantistes de la
Ligue savoisienne
obtiennent 6,1 % des voix en Savoie du Nord et 4,8 % en Savoie du Sud,
auxquelles s'ajoutent 3,7 % pour les pseudo-régionalistes de "Mouvement
Savoie".
Pour en savoir plus :
Dernière mise à jour : 10/03/02